L'Espace Politique 17 (2012-2) “La possibilité d’une île ?” Formes et hybridati
L'Espace Politique 17 (2012-2) “La possibilité d’une île ?” Formes et hybridation des espaces clos urbains ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Maíra Machado-Martins Les « copropriétés populaires » à Rio de Janeiro, émergence d’un nouveau modèle d’habitat spontané ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Maíra Machado-Martins, « Les « copropriétés populaires » à Rio de Janeiro, émergence d’un nouveau modèle d’habitat spontané », L'Espace Politique [En ligne], 17 | 2012-2, mis en ligne le 15 juin 2012, Consulté le 25 juin 2012. URL : /index2402.html ; DOI : 10.4000/espacepolitique.2402 Éditeur : Département de géographie de l'université de Reims Champagne-Ardenne http://espacepolitique.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : /index2402.html Document généré automatiquement le 25 juin 2012. T ous droits réservés Les « copropriétés populaires » à Rio de Janeiro, émergence d’un nouveau modèle d’habitat (...) 2 L'Espace Politique, 17 | 2012-2 Maíra Machado-Martins Les « copropriétés populaires » à Rio de Janeiro, émergence d’un nouveau modèle d’habitat spontané 1 Le processus de transformations urbaines liées à la privatisation et à la fermeture des espaces est en cours dans plusieurs métropoles dans le monde. Il s’agit d’une transformation du modèle urbain compromettant les valeurs idéal-typiques d’ouverture et de liberté de circulation. On le soupçonne ainsi de mettre en danger les interactions entre les individus et les différents groupes sociaux. Si l'intensité de ce processus varie selon la ville ou la métropole considérée, les signes de cette transformation sont souvent les mêmes : construction de murs, isolement de la couche la plus aisée, privatisation des espaces publics et accroissement des technologies de surveillance et de sécurité qui fragmentent de plus en plus l’espace urbain, divisent les groupes sociaux et changent le caractère de la vie publique en allant à l’encontre des idéaux modernes de la vie urbaine. Il s’agit d’une nouvelle forme de fabrication de la ville, où les pouvoirs publics appliquent un laisser-faire ; la production des espaces urbains résidentiels pour les couches les plus aisées de la société étant cédée au secteur privé (Caldeira, 2000). 2 L’expression de ce phénomène dans les grandes villes est observé notamment à partir de l’implantation des formes de logements en copropriété, fermés au public et souvent destinés aux couches les plus aisées de la population :barrio cerrado en Argentine, condominio fechado au Brésil, gated community aux États-Unis, fraccionamento cerrado au Mexique et au Chili. Les noms donnés à ce type d’habitat sont divers dans chaque pays, mais les raisons évoquées pour justifier cette fermeture sont souvent les mêmes :la sécurité, la recherche d’un statut social, le souhait de vivre entre soi, la volonté de s’éloigner de l’agitation qui règne dans des grandes villes. 3 Au Brésil, cette forme d’habitat s’incarne dans des ensembles résidentiels fermés et sécurisés. Dans le cas brésilien, Capron (2006, p. 264) la définit ainsi : C’est surtout le développement des immeubles, en particulier des tours de logement, qui a été privilégié, en partie en raison du sentiment d’insécurité. Un même ensemble grillagé et fermé peut ainsi contenir plusieurs immeubles ou tours elles-mêmes en copropriété, mais aussi des maisons qui ne le sont pas. La structure de copropriété est complexe, avec des niveaux d’emboîtement peu visibles à l’œil nu. 4 Les condominios fermés offrent à leurs résidents des piscines, des terrains de sports, des lieux de recréation, des salles de jeux, des saunas, mais aussi, entre autres, des services tels que laveries, parkings, salons pour les fêtes privées. Il y a des condominios fermés plus sophistiqués qui offrent également à l’intérieur des petits supermarchés, des pistes cyclables, des salles de sports, et autres produits et services de consommation faisant partie de la vie quotidienne des couches les plus aisées de la population brésilienne. 5 À Rio de Janeiro, ces condominios fermés apparurent dans les années 1970 et se sont sophistiqué du point de vue de la privatisation des espaces et de l’offre de services à partir de la fin des années 1980, lorsque la violence à Rio de Janeiro s’intensifia en raison du développement des organisations de trafiquants de drogues et de leurs guerres pour la conquête des espaces de vente de stupéfiants dans les favelas de la ville. Un nouveau type d’habitat se fit jour à partir de l’année 2000 à Rio de Janeiro, reprenant les caractéristiques des condominios fermés existant au Brésil, mais accueillant une couche plus populaire de la population. Dénommé« copropriété de fait » – c’est-à-dire fonctionnant comme s’il y avait un droit de copropriété établi – ce type d’habitat se constitue à partir de « l’invasion »de terrains par une population venue notamment des favelas. 6 La reconversion en habitat se fait par les occupants eux-mêmes, hybridant des caractéristiques provenant tant de leurs espaces d’habitat d’origine que de l’espace privé des condominios fermés de la ville. Jusqu’à fin 2009, on ne connaissait que trois « invasions »de ce type à Rio Les « copropriétés populaires » à Rio de Janeiro, émergence d’un nouveau modèle d’habitat (...) 3 L'Espace Politique, 17 | 2012-2 de Janeiro, situées très proches les unes des autres : le « Chaparral », le « Condominio Barra Vela » et le « Palace » (Figure 1). Morphologiquement, ces invasions sont clôturées par les murs qui existaient auparavant et ferment souvent leurs accès avec des portes ou des grilles, parfois surveillées jour et nuit par un gardien. Figure 1 : Localisation des trois « copropriétés de fait » dans le tissu industriel Source : Carte fabriquée par l’auteur à partir de la photo aérienne téléchargée sur « Google Earth », le 31 mars 2011. 7 Du point de vue de la forme d’habitat d’origine des occupants, la favela, les « copropriétés de fait » sont considérées comme un nouveau cas de figure de l’habitat informel dans la ville de Rio de Janeiro, même si elles sont quantitativement exceptionnelles. Leur originalité s’incarne tant dans leurs fonctionnements et modes de gestion internes que dans leurs constituants spatiaux et leurs rapports à leurs enveloppes territoriales. 8 Cet article propose d’en rendre compte et d’expliciter la production de cette forme d’habitat et sa signification dans le milieu urbain. Nous présenterons les trois « copropriétés de fait » observées du point de vue de leur organisation et de leur structure internes. Puis, sur la base des raisons évoquées par les habitants pour y déménager et l’analyse de leur mode d’habiter, nous testerons l’hypothèse de l’émergence d’un nouveau modèle d’habitat populaire intégrant– au moins partiellement – des éléments caractéristiques de l’habitat formel et de la favela. Enfin nous montrerons comment les« copropriétés de fait », malgré leur caractère informel, témoignent des transformations urbaines à Rio de Janeiro. Les « copropriétés de fait » de l’Avenida Brasil 9 Les caractéristiques générales communes aux trois invasions sont : • localisation dans des friches industrielles ou commerciales ; • gestion par un syndic, sorte d’administrateur de la « copropriété » ; • paiement par les habitants d’une taxe de copropriété, correspondant normalement aux dépenses collectives (gardien, femme de ménage, réparations et maintenances, etc.) ; • Illégalité juridique ; • implantation dans une zone sous contrôle d’un pouvoir parallèle à l’État, assez répandu dans la ville de Rio de Janeiro, dénommé milicia. 10 À Rio de Janeiro les milicias se caractérisent par la formation de groupes, en dehors de tout cadre formel, composés, entre autres, de pompiers, militaires, agents de prison et policiers, à la retraite ou en activité et dont l’objectif est l’extorsion de l’argent et le contrôle des zones Les « copropriétés populaires » à Rio de Janeiro, émergence d’un nouveau modèle d’habitat (...) 4 L'Espace Politique, 17 | 2012-2 d’habitat abandonnées par l’État, dont des favelas. Ces milicianos ont souvent expulsé les trafiquants de drogues des zones qu’ils dominaient pour en prendre le contrôle. 11 L’emploi du terme « copropriété de fait » dans la caractérisation des « invasions » de l’Avenida Brasil, est justifié, en partie, par les définitions de copropriété en France et au Brésil. Il s’agit bien d’un ensemble de constructions (immeuble et maisons) dont la propriété (même si illégale du point de vue juridique) est répartie entre plusieurs personnes par lots et appartements, comprenant chacun une partie privative et une quote-part de parties communes. Cependant, les parties communes sont progressivement occupées par des nouvelles unités d’habitation. 12 À l’inverse des favelas de Rio de Janeiro, la configuration spatiale à l’intérieur des « uploads/Geographie/ maira-machado-martins-les-coproprietes-populaires-a-rio-de-janeiro-emergence-d-x27-un-nouveau-modele-d-x27-habitat-spontane-pdf.pdf
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- Publié le Nov 01, 2021
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