Cahiers de recherches médiévales et humanistes 11 (2004) Figures mythiques médi
Cahiers de recherches médiévales et humanistes 11 (2004) Figures mythiques médiévales aux XIXe et XXe siècles ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Arlette Bouloumié Le mythe de Merlin dans la littérature française du XX e siècle (Jean Cocteau, René Barjavel, Jacques Roubaud, Théophile Briant, Michel Rio) ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Arlette Bouloumié, « Le mythe de Merlin dans la littérature française du XX e siècle », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 11 | 2004, mis en ligne le 10 octobre 2007. URL : http://crm.revues.org/1833 DOI : en cours d'attribution Éditeur : Ribémont, Bernard http://crm.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://crm.revues.org/1833 Document généré automatiquement le 26 décembre 2011. La pagination ne correspond pas à la pagination de l'édition papier. © Cahiers de recherches médiévales et humanistes Le mythe de Merlin dans la littérature française du XXe siècle 2 Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 11 | 2004 Arlette Bouloumié Le mythe de Merlin dans la littérature française du XX e siècle (Jean Cocteau, René Barjavel, Jacques Roubaud, Théophile Briant, Michel Rio) Pagination de l’édition papier : p. 181-193 1 Merlin est une figure centrale de la mythologie et du folklore celte que nous fait connaître l’œuvre de Robert de Boron 1 mais surtout celle du Gallois Geoffroy de Monmouth (1100-1155) : La Vita Merlini ainsi que les récits parallèles, l’un irlandais, La Folie Suibhné (en gaélique) ; l’autre écossais, La Vie de Saint Kentigern (XII e siècle) 2. 2 Geoffroy de Monmouth est un érudit gallois latinisant qui fut dans la mouvance des Ducs de Normandie puis des Plantagenêt devenus rois d’Angleterre. Ce fut pendant les dernières années de sa vie qu’il écrivit La Vita Merlini (1148) après Les Prophéties de Merlin et une Histoire des rois de Grande Bretagne (1135-1148) qui sera adaptée en 1155 par Robert Wace sous le titre : Roman de Brut. Il y reprend la légende médiévale galloise de Myrrddhin évoquant un fou exilé dans la forêt et traqué par ses ennemis à la suite d’une bataille qui lui aurait fait perdre la raison. 3 L’analyse du mythe à travers ces différents textes permet de dégager plusieurs composantes du personnage. C’est d’abord un enfant bâtard qui étonne par ses prodiges. Les démons, exaspérés par la descente du Christ dans les enfers et la rédemption des justes, auraient tenté de faire échec à Dieu en produisant une sorte d’Antéchrist, mi-homme mi-démon. Ainsi l’un d’eux aurait- il abusé d’une jeune vierge qui aurait mis au monde un enfant velu, doué d’une perspicacité surnaturelle, Merlin. 4 Un autre aspect du mythe met en valeur le rôle politique de Merlin : barde et prophète, il protège et conseille les rois, Uter et Uterpandragon, il préside à la naissance du roi Arthur et lui conseille la création de la Table ronde qui réunit les chevaliers du roi Arthur, en souvenir de la Cène. Ses prérogatives sont celles des druides. Il a aussi une fonction guerrière de stratège pendant les combats. 5 Merlin est encore l’homme sauvage qui vit en communion avec la nature et qui a des pouvoirs sur elle. Maître des animaux, il apparaît souvent monté sur un cerf ou accompagné d’un loup. Il possède le don de métamorphose, surgit et disparaît subitement. Il a des visions, des accès de fureur prophétique vécus comme une sorte de possession. Ces thèmes sont surtout développés dans La Vita Merlini auquel fait écho La Folie Suibhné et La Vie de Saint Kentigern (qui donne un rôle à Lailoken, sorte de Merlin sylvestre 3). 6 La dernière facette du personnage est celle de l’amoureux de Viviane, celui qui, à sa demande, lui enseigne comment procéder pour le garder prisonnier. 7 De Merlin, le médiéviste Claude Lecouteux écrit : Son caractère énigmatique derrière lequel se distinguent des traits archaïques résiste à l’analyse et les traditions médiévales, très répétitives, sont embrouillées et témoignent de la littérarisation et de la christianisation d’un individu venu d’ailleurs, d’un lointain autrefois que même les auteurs du XII e siècle ne comprenaient sans doute plus 4. 8 Né de l’union d’une vierge et du Diable, image inversée du Christ né d’une vierge et de Dieu, Merlin est considéré tantôt comme le voyant, le prophète, le poète, le suprême savant, tantôt comme le sorcier, le magicien, l’enchanteur maléfique 5. Prophète du Graal et de la chevalerie, conseiller du roi Arthur, il est aussi l’enfant prodige, l’homme des bois évoquant une divinité sylvestre ou la victime de l’amour. Ces multiples facettes expliquent la fortune du personnage au XIX e siècle dans les littératures allemande, anglaise et française 6. La littérature française du XX e siècle ne lui fait pas une place moindre comme le montrent la pièce de Cocteau, Les Chevaliers de la Table ronde 7, créée en 1937, Graal fiction 8 de Jacques Roubaud publié en Le mythe de Merlin dans la littérature française du XXe siècle 3 Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 11 | 2004 1978, le roman de Barjavel, L’Enchanteur 9, publié en 1984, et deux œuvres moins connues, celle de Théophile Briant, un poète breton, intitulée Le Testament de Merlin 10, publiée en 1985 et celle de Michel Rio (lui aussi breton d’origine), Merlin 11, publiée en 1989. Le rapprochement dans le temps de toutes ces œuvres consacrées à Merlin, témoigne d’un intérêt renouvelé pour le mythe qu’il nous appartient d’éclairer. 9 Le Merlin de Cocteau retient l’aspect entièrement négatif de l’enchanteur. Cocteau écrit : L’inspiration n’arrive pas nécessairement de quelque ciel. Il faudrait pour l’expliquer remuer la ténèbre humaine, et sans doute n’en sortirait-il rien de flatteur. Le rôle du poète est humble. Le poète est aux ordres de la nuit. (Ch.T.R. 72) 10 Il raconte ainsi la genèse de l’œuvre : En 1934 j’étais malade. Je m’éveillai un matin, déshabitué de dormir et j’assistai d’un bout à l’autre à ce drame dont l’intrigue, l’époque et les personnages m’étaient aussi peu familiers que possible… C’est trois ans après […] que j’arrivais à sortir l’ouvrage du vague où je le tenais en marge, comme il nous arrive, malades, le matin, de prolonger nos rêves, de barboter entre chien et loup et d’inventer un monde intermédiaire qui nous évite le choc de la réalité. (Ch.T.R. 72) 11 L’opium auquel se livre Cocteau après la mort de Radiguet apaise la douleur et favorise le contact avec l’au-delà en supprimant une partie de la barrière entre le conscient et l’inconscient 12. Mais en même temps il peut stériliser : le moment de la création est le moment intermédiaire, quand la drogue a encore une présence mais laisse place au retour du pouvoir de communication. Merlin entretient donc quelque analogie avec Orphée le poète, mais il représente surtout, pour Cocteau, les enchantements de la drogue avec toute leur ambiguïté. Il donne accès à une illusion de bonheur qui protège de la cruauté du monde. 12 Le château enchanté du roi Artus, sous l’influence de Merlin, est « intoxiqué, drogué » (Ch.T.R. 73). Ginifer, un démon au service de Merlin, a pris la forme de Gauvain, le fiancé de la fille d’Artus que Merlin a fait enfermer. Celui-ci a acquis de l’influence sur le roi, il fait régner le désordre, la débauche : « Artus dort sous l’influence d’un charme », dit Merlin (Ch.T.R. 84). La fille d’Artus qui s’étonne du changement de son père s’écrie : « on dirait d’un roi aveugle mené en laisse par son fou » (Ch.T.R. 92). 13 Le thème du sommeil est repris par Lancelot qui constate devant Guenièvre : « Ce château ne vit plus, il dort. Ce château dort debout et nous sommes ses rêves » (Ch.T.R. 94). Il en perçoit confusément la cause : « Depuis que Merlin habite le château et que Gauvain le gouverne, je ne croise que des figures sinistres qui […] nous dévisagent d’un air moqueur » (Ch.T.R. 97). Il évoque encore « un vieil enchanteur, génial et cruel dont la méthode consiste à endormir et stériliser un lieu qu’il adopte et dont il suce la sève. Il s’y loge comme une araignée au centre de sa toile. Il portait le nom de Merlin » (Ch.T.R. 98). Le pouvoir stérilisateur de l’enchanteur diabolique est ici clairement dénoncé par Lancelot qui, lui-même, fait partie du mensonge puisqu’il trahit son roi en aimant Guenièvre. Artus, lui, présente Merlin comme « uploads/Geographie/ merlin.pdf
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- Publié le Mai 15, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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