Bistra A. Cvetkova N. Beldiceanu : Recherche sur la ville ottomane au XVe siècl

Bistra A. Cvetkova N. Beldiceanu : Recherche sur la ville ottomane au XVe siècle In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°24, 1977. pp. 248-257. Citer ce document / Cite this document : Cvetkova Bistra A. N. Beldiceanu : Recherche sur la ville ottomane au XVe siècle. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°24, 1977. pp. 248-257. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1977_num_24_1_1433 248 COMPTES RENDUS 6 N. BELDICEANU, Recherche sur la ville ottomane au XVe siècle, Étude et Actes, Biblio thèque archéologique et historique de l'Institut français d'archéologie d'Istanbul, Paris, 1973. L'établissement de la domination ottomane dans le Sud-Est européen avait eu pour effet de modifier sous plusieurs rapports le destin et le développement de différents pays conquis. Cette domination avait porté atteinte â la dynamique naturelle de ce dé veloppement, en le faisant dépendre d'autres facteurs en vigueur dans l'Empire Otto man pris dans son ensemble. Parallèlement â cela, d'impérieux besoins utilitaires du pouvoir d'État l'obligeaient de conserver certaines institutions et pratiques existant déjà dans les Balkans, en vue de les mettre au service de ses besoins. En imposant sa domination dans les pays balkaniques qui, depuis la très haute anti quité, étaient traversés par des routes commerciales connaissant des échanges et où existaient des villes considérablement développées au point de vue de leur activité commerciale et artisanale, le pouvoir ottoman avait très bien compris l'avantage qu'il pouvait tirer de l'adaptation de ses propres institutions â la conjoncture existant sur place et tirer, de cette façon, plus de revenus pour le trésor de l'État, pour la classe gouvernante. Une partie des villes médiévales balkaniques supportent difficilement les pénibles décennies de la conquête dévastatrice des Ottomans. Ruinées, avec l'activité économi que en plein déclin, elles perdent leur importance et deviennent, sous le nouveau régime du conquérant, des localités sans importance. D'autres continuent â prospérer et jouis sent de la renommée d'importants centres commerciaux. De leur côté, les conquérants fondent dans différents endroits de nouvelles localités, dans lesquelles ils installent des populations turques ou des prisonniers de guerre convertis â l'islam, en vue d'accomp lir d'importantes tâches de l'État et de renforcer l'élément musulman au sein de la po pulation balkanique insoumise et mal disposée â l'égard des nouveaux venus. Quelques- unes de ces localités, fondées â la suite de la colonisation ottomane, s'étaient dévelop pées assez rapidement en tant que localités de type citadin. Le destin des villes du Sud-Est européen, au temps et après la conquête ottomane, n'a pas été jusqu'à présent suffisamment éclairé. L'étude de certains aspects et proces sus de la vie urbaine est loin de combler ce vide. Après les sérieuses recherches de 0. L. Barkan sur les villes de l'Empire Ottoman, depuis quelques années la science histor ique concentre de plus en plus son attention sur ces importants problèmes, dont l'élu- cidation contribuera â éclairer d'un jour nouveau certaines questions fondamentales de l'histoire des peuples balkaniques pendant l'époque de la domination ottomane. A la suite de cet intérêt accru apparurent, ces dernières années, des monographies sur diffé rents aspects des villes en question : aspects démographo-ethnique et socio-économique ^ ) , (1) Parallèlement â certains articles, voici les monographies les plus importantes : B. CVETKO- VA, «Vie économique de villes et ports balkaniques aux XV-XVI6 siècles», REI, 1970, 2, hors sé rie, p. 5-103. H. Toaopob, SanKaHCKURT zpad XV-XIX e«c. Cc|>. 1972; B. UBeiKoea. fJpoyveaHUf} Ha zpadcKoro crooaHcreo npe3 XV- XVI ee/c. C$., 1972; Xp. TaHAeB. Bb/izapcKara HapodHOcr npe3 XV eeK. C4>., 1972. 7 COMPTES RENDUS 249 institutionnel &), etc. Parmi ces études figure l'ouvrage de N. Beldiceanu consacré à la ville ottomane au XVe siècle. Cet ouvrage comprend deux parties — l'une contient la recherche et l'autre est do cumentaire. La première partie (p. 9-146) réunit quelques études plus anciennes de l'auteur, parues sous forme d'articles, et les résultats de ses plus récentes recherches dans les archives turques et les collections de documents turcs de la Bibliothèque natio nale de Paris et de la Westdeutsche Bibliothek de Marburg (Allemagne fédérale). Dans la deuxième partie (p. 167-287) on trouve la traduction française de 27 textes législa tifs et documents d'archives ottomans (en partie inédits) avec commentaire, diction naire des termes turcs (p. 289-313), bibliographie des sources et des ouvrages utilisés dans le livre (p. 317-349), fac-similés des textes documentaires (p. 353-432) et index des noms et termes (p. 433-463). La première partie, partie de recherche, comprend une préface et six chapitres. Dans la préface l'auteur précise le but de sa monographie : élucider certains aspects de la ville ottomane au XVe siècle, en s'intéressant plus spécialement à deux villes commerc iales — Kilia et Cetatea Alba (actuellement Bielgorod, URSS). Dans cette préface N. Beldiceanu promet de réfuter les idées erronées de certains chercheurs, selon lesquels les Ottomans étaient des «envahisseurs assoiffés de destruction». N. Beldiceanu pense que la vérité était tout autre. Plus loin nous allons voir si les faits évoqués par lui-même sont de nature à réfuter cette thèse, qu'il rejette résolument a priori. Le premier chapitre contient les résultats du travail sérieux que l'auteur a fait en analysant les sources, afin de les dater et classer pour sa recherche et de mettre en évidence leur valeur en tant que sources historiques. De l'avis de l'auteur, la base documentaire de son ouvrage est bien plus large que celle des Actes des premiers sultans conservés dans les manuscrits turcs de la Bibli othèque Nationale à Paris, publiés précédemment, pour la raison qu'il a utilisé et pré senté aussi des documents autres que les textes juridiques. Malgré cela, la documentat ion de son étude aurait pu s'enrichir s'il avait recouru à un plus grand nombre de sources européennes et balkaniques (sud-slaves et byzantines) qui ne manquent pas pour le XVe siècle sur certains aspects de la vie urbaine (comme par exemple les chan gements ethniques et démographiques, intervenus après la conquête ottomane, l'att itude du pouvoir turc à l'égard des usages et des institutions existant déjà dans les vil les, etc.) (3). Lors de la datation des sources, N. Beldiceanu recourt à des arguments (2) Les études de N. Todorov et B. Cvetkova traitent aussi certaines questions touchant le carac tère et le développement des institutions urbaines. Ces dernières ont fait l'objet d'une attention plus spéciale de la part de N. BELDICEANU dans Recherche sur la ville ottomane au XVe siècle. Étude et actes, Paris, 1 973. (3) Cf. B. UBeTKOBa. Oôsop Ha U3toihuiiutb no ochobhu npoônestu ot ucropuftra Ha Eepo- neûcKUft K)zou3tok npe3 nepuoda Ha ocmbhckoto nponuKoaneMpa» na XIV -mpeara nonoeuHa Ha XV e.A PodutUHUK na Co<Puûckur yHueepcumr-tfu/iococpCKO-ucToputecKU çpaKy/irer, LXVI, 1972-73, c. 197-218. De tels genres de sources ont été utilisés dans les aspects notés par Xp. Ta tue b, op. cit., B. UBeTKOBa. /TsMerna ft/ma Ha mpodure. Bapna, 1969, Chapitre II; B. CVETKOVA, Bataille mémorable des peuples. Le Sud-Est européen et la conquête ottomane — fin XIVe — premièr e moitié du XVe s., Sofia-Presse, 1971 . 250 COMPTES RENDUS ' 8 raisonnables de caractères différents et détermine adroitement et de manière convain cante l'époque et l'endroit de publication de la source étudiée. Aux arguments évoqués par l'auteur lors de la datation de la Loi de Skopje on aurait pu prendre en considéra tion aussi d'autres informations que l'on trouve soulignées lors de sa première publi cation (*). Indépendamment des signes purement extérieurs qui lient la Loi de Skopje aux actes de l'époque de Bayezid II, il est fort probable qu'elle est d'une époque plus reculée pour les raisons suivantes. Dans tout le kanun le soubashi est mentionné en tant que gouverneur suprême de la ville de Skopje. Un grand nombre des recettes, dont la perception est réglementée par le kanun, sont déterminées par le soubashi. Or, on sait à partir d'autres sources, que dans l'histoire administrative de Skopje le soubashi avait joué un plus grand rôle et qu'il disposait de pouvoirs plus vastes pendant la deu xième moitié du XVe siècle, au moment où Skopje était le centre d'une unité admin istrative et militaire très importante au point de vue stratégique, Voudj de Skopje et Bosnie ^ . Après l'asservissement de la Bosnie les choses changèrent — les fonctions du soubashi furent limitées, ses revenus diminués. A partir des années 80 il n'est plus mentionné dans les documents officiels, que comme le nzaim de Skopje». En tenant compte de ces considérations on peut admettre que les dispositions fon damentales du Kanun de Skopje datent de la période pendant laquelle le soubashi de la ville disposait de plus vastes prérogatives, c'est-à-dire jusqu'aux années 80 du XVe siècle. Il ressort de l'analyse même la plus sommaire des sources utilisées dans l'étude de Beldiceanu, que leur portée territoriale concerne surtout les provinces ottomanes euro péennes. Ce fait est attesté de manière incontestable même par les sources elles-mêmes publiées dans le livre : de toutes les 27 sources, 22 concernent justement ces provin ces. Pour cette raison il n'est pas justifié que l'auteur généralise ses observations et ses conclusions sans réserve aucune en parlant de la uploads/Geographie/ n-beldiceanu-recherche-sur-la-ville-ottomane-au-xve-siecle.pdf

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