Cahiers de géographie du Québec Document généré le 16 nov. 2017 02:56 Cahiers d
Cahiers de géographie du Québec Document généré le 16 nov. 2017 02:56 Cahiers de géographie du Québec L’experience « artiviste » dans une favela de Rio de Janeiro Nicolas Bautès Les figures géographiques du sujet Volume 54, numéro 153, 2010 URI : id.erudit.org/iderudit/1005606ar DOI : 10.7202/1005606ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Département de géographie de l’Université Laval ISSN 0007-9766 (imprimé) 1708-8968 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Nicolas Bautès "L’experience « artiviste » dans une favela de Rio de Janeiro." Cahiers de géographie du Québec 54153 (2010): 471–498. DOI : 10.7202/1005606ar Résumé de l'article Dans le contexte de métropoles de plus en plus tournées vers la valorisation de leurs singularités patrimoniales, émergent de nouvelles formes d’interventions portées par des mouvements de résistance utilisant l’art et la culture comme supports de contestation et de revendication citoyenne. Ce phénomène, observé dans des métropoles d’espaces riches ou pauvres sans distinction, inspire l’étude d’une initiative artistique menée dans la favela de Morro da Providência, à Rio de Janeiro, de son caractère multiforme et des rapports complexes qu’elle établit avec les lieux. Cette expérience « artiviste », par la médiation du lieu, rendue possible par l’usage des médias et par un jeu d’images permet-elle de faire entendre des sujets, que ce soit l’artiste ou l’habitant ou, au contraire, doit-elle être caractérisée comme éphémère, et ainsi se voir limitée dans sa capacité de remise en cause politique ? Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. [https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique- dutilisation/] Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. www.erudit.org Tous droits réservés © Cahiers de géographie du Québec, 2010 Cahiers de géographie du Québec Volume 54, numéro 153, décembre 2010 Pages 471-498 L’experience « artiviste » dans une favela de Rio de Janeiro An “Artivistic” Experience of Life at a Favela in Rio de Janeiro La experiencia “artivista” en una favela de Rio de Janeiro Nicolas BAUTÈS UMR CNRS ESO-Université de Caen Nicolas.Bautes@unicaen.fr Résumé Dans le contexte de métropoles de plus en plus tournées vers la valorisation de leurs singulari- tés patrimoniales, émergent de nouvelles formes d’interventions portées par des mouvements de résistance utilisant l’art et la culture comme supports de contestation et de revendication citoyenne. Ce phénomène, observé dans des métropoles d’espaces riches ou pauvres sans dis- tinction, inspire l’étude d’une initiative artistique menée dans la favela de Morro da Providência, à Rio de Janeiro, de son caractère multiforme et des rapports complexes qu’elle établit avec les lieux. Cette expérience « artiviste », par la médiation du lieu, rendue possible par l’usage des médias et par un jeu d’images permet-elle de faire entendre des sujets, que ce soit l’artiste ou l’habitant ou, au contraire, doit-elle être caractérisée comme éphémère, et ainsi se voir limitée dans sa capacité de remise en cause politique ? Mots-clés Artivisme, expérience, sujet, lieu, esthétique, favela, Rio de Janeiro. Abstract Emerging from a backdrop of metropolises oriented more and more towards promoting the singularities of their heritage, are new forms of interventions, crafted by resistance movements using art and culture to support protests and demands by city-dwellers. This phenomenon, observed both in rich and poor spaces, is the inspiration for a study of an artistic initiative carried out in the favela of Morro da Providência, in Rio de Janeiro, and exhibiting the multiple forms and complex relationships it has with the places investigated. But does this “activist” experience, mediated by the use of the press and actualized by the interplay of imagery, provide the subject – an artist or inhabitant – with an opportunity to be heard? Or, in contrario, should this experience be considered as an ephemeral curbing the subject’s ability to challenge politics? Keywords Artivism, experience, subject, place, aesthetics, favela, Rio de Janeiro. Version originale soumise en mai 2010. Version révisée reçue en novembre 2010. 472 Cahiers de géographie du Québec Volume 54, numéro 153, décembre 2010 Resumen Del contexto de metrópolis emergen nuevas formas de intervención orientadas cada vez más hacia la valorización de sus singularidades patrimoniales. Estas son la obra de movimientos de resistencia que utilizan el arte y la cultura como base de contestación y reivindicación ciudada- nas. Este fenómeno, observado en las metrópolis de espacios indistintamente ricos o pobres, inspira el estudio de una iniciativa artística realizada en la favela Morro da Providência, en Rio de Janeiro. Se tiene en cuenta el carácter multiforme de esa iniciativa y las relaciones complejas que ella establece con los lugares. Esta experiencia “artivista”, gracias a la mediación del lugar lograda por los medios información y juego de imágenes, permitirá escuchar artistas y habi- tantes o, al contrario, sería efímera y tendría capacidad limitada al cuestionamiento político? Palabras claves Artivismo, experiencia, sujeto, lugar, estética, favela, Rio de Janeiro. C omme d’autres métropoles latino-américaines, Rio de Janeiro connaît depuis le milieu des années 1980 une dynamique de récupération et de restructura- tion de ses quartiers centraux. Ce « tonique d’interventions » (Rabha, 1985), qui n’a depuis lors cessé de s’accélérer, se traduit notamment par des initiatives pu- bliques en faveur de la conservation et de la valorisation du patrimoine culturel qui singularise le noyau ancien de la ville. Le nouvel élan se matérialise aussi dans des programmes œuvrant à la réhabilitation de zones entières, parmi lesquelles fi gurent la zone portuaire et plusieurs favelas (Favela Bairro 1, PAC 2). Ce mouvement en direction d’espaces jusqu’ici largement laissés en déshérence 3 s’inscrit dans une volonté de redynamisation de la ville postindustrielle, envisagée au travers de la concentration d’activités relevant de l’économie culturelle (Power et Scott, 2004 ; Scott et Leriche, 2005). Cette dynamique revêt un enjeu majeur dans la zone portuaire de Rio de Janeiro, à la fois en termes d’aménagement et en regard de 1 Lancé par la Municipalité de Rio de Janeiro en 1994 et largement fi nancé par la Banque interaméricaine de développement (BID), ce programme, signifi ant littéralement ville-quartier, a engagé de vastes travaux de réhabilitation dans plus de 300 favelas de la ville. Bien qu’ayant opéré de nombreuses transformations en matière d’implantation d’infrastructures sanitaires, il a subi de vives critiques, notamment par la Fédération des associations de favelas de l’État de Rio de Janeiro, en raison de son incapacité à stimuler le développement économique dans ces quartiers et à assurer leur régularisation foncière, deux objectifs pourtant clairement établis lors de sa défi nition. En outre, la question de la participation citoyenne, que nous avons envisagée dans d’autres travaux (Bautès et Gonçalves, 2009), est reconnue comme une grande faiblesse de ce programme. 2 Le Plan d’accélération de la croissance est le principal projet du second mandat de la présidence de Lula da Silva. Il engage un fort investissement dans la réhabilitation des zones d’habitat illégal. 3 Les quartiers composant la zone portuaire et le Centro de Rio de Janeiro détiennent le nombre le plus élevé d’édifi ces inoccupés de la ville. Ce phénomène est en partie la conséquence de la perte du statut de capitale par Rio en 1960, donnant lieu au départ de la plus grande partie des administrations fédérales vers Brasilia, nouvelle capitale nationale, et de la délocalisation de nombreuses entreprises vers São Paulo, ou même, à moins grande échelle, vers les nouveaux quartiers de Rio. Le centre subit une réelle décentralisation économique. Il tombe peu à peu à l’abandon, délaissé par les classes encore économiquement actives en son sein. La conséquence directe est un phénomène déjà observé dans de nombreuses métropoles, baptisé « décadence du centre ». Pour plus de détails sur les dynamiques urbaines à Rio de Janeiro, voir notamment Abreu (1997) et Moreira (2005). 473 L’expérience « artiviste » dans une favela de Rio de Janeiro la situation de pauvreté ou de marginalité 4 dans laquelle se trouvent de nombreux habitants des quartiers alentour. Sur un plan fonctionnel et économique, la zone por- tuaire est un espace stratégique pour la métropole. Adjacente au centre fi nancier et de services et principale entrée de la ville, elle présente une vaste superfi cie (317 ha) d’édifi ces souvent désaffectés, propice à une reconversion urbaine 5. Tout comme d’autres espaces portuaires, à l’exemple de ceux de Barcelone, de Lisbonne ou, en Amérique latine, de Puerto Madero à Buenos Aires ou de Belém dans l’État brésilien du Pará, la reconversion est engagée au moyen de l’implantation de nouvelles acti- vités économiques, résidentielles et touristiques. À Rio, cette initiative, portée par la municipalité, doit compter avec la prise en considération des sentiments et, souvent, de la réalité des problèmes de précarité de logement et d’emploi pour les habitants. Les quartiers portuaires de Gamboa, Saúde et Santo Cristo comptent en effet parmi ceux où les indicateurs de développement humain sont les plus faibles de la ville. La zone compte en outre plusieurs uploads/Geographie/ nicolas-bautes-l-x27-experience-artiviste-dans-une-favela-de-rio-de-janeiro-2010.pdf
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- Publié le Aoû 28, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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