La personne dont je fais le portrait dans ce numéro est quelqu’un, due sa modes

La personne dont je fais le portrait dans ce numéro est quelqu’un, due sa modestie naturelle en souffrir, d’excep- tionnel (et je ne crois pas avoir em- ployé ce terme une fois dans tous mes « portraits », c’est dire). Il fait partie, évidemment des gens qui « font » des choses, mais il a un quelque chose en plus, de permanent, de rémanent… Depuis que je le connais : dès que je le vois ou que je l’entends, c’est un vrai plaisir. Non, plaisir n’est pas le bon mot, enfin pas exactement. Cherradi, puisque vous savez d’après le titre que c’est de lui dont je vais parler (j’ai dé- cidé de l’appeler ici par son patro- nyme, parce que, malgré nos relations déjà anciennes, je l’ai toujours vou- voyé et appelé « Monsieur Cherradi ». Il ne m’en voudra pas d’oublier le « Monsieur » par commodité rédac- tionnelle mais aussi parce que, d’après moi, c’est une marque supplémentaire de respect), Cherradi donc, dégage une sorte de charisme, ou des ondes posi- tives, inexplicables… Son physique d’ailleurs fait penser au bon génie de la lampe d’Aladin… Toujours le sou- rire, mais toujours un peu mystérieux, ou plutôt malicieux… Rien de grave, rassurez-vous, c’est son bon naturel. La première fois que j’ai entendu son nom, c’est par la bouche de M. Catalaa (voir le dossier dans ce numéro), qui était chef de la « Mission Roissy » et qui, toujours bien informé, et pour cause, m’avait confié que Cherradi se- rait le Directeur du futur « GIP » de Roissy. Je suis donc allé le voir, dans ce qui était encore ses bureaux, à la Plaine Saint-Denis, du fameux « GIP Stade de France » qu’il avait brillamment dirigé. C’était au premier semestre 98 et je lui ai fait part de mon projet de lance- ment de Bénéfice.net. D’emblée, il m’a bien écouté et m’a dit « ça tombe bien car je veux, dans le cadre du futur GIP de Roissy, refaire ce que j’ai fait en matière d’information sur les marchés et les emplois ». Et de me montrer fiè- rement ses « Tableaux de bord » tri- mestriels qui étaient des magazines informant sur l’évolution du Stade : emplois et marchés et qui avaient per- mis, je le saurai après, de réussir l’in- 80 BN 24 PORTRAIT N. Cherradi au Hilton, pendant l’un de nos entretiens Noureddine Cherradi, direct (just retraited…) «Il faut un le pour les choses à R 81 BN 24 PORTRAIT tégration économique et sociale de ce grand chantier dans cette région de la «Plaine » un peu si- nistrée à l’époque. C’est ainsi que j’avais demandé par la suite à Christian de la Guéron- nière (voir dossier) de l’intervie- wer dans le premier Bénéfice.net, ce qui fut fait, et sa relecture est instructive, 9 années plus tard. Le fameux « GIP Emploi » (on va l’appeler « GIP ») de Roissy fut créé cette année-là. C’était une des « compensations » donnée en « échange » de l’acceptation des nouvelles pistes de CDG par la gauche arrivée au pouvoir par ac- cident en 97, qui avait fait cam- pagne contre ces nouvelles pistes, mais qui les a acceptées une fois le pouvoir venu. Les électeurs l’ont oublié… Question organisation, le GIP était un modèle d’usine à gaz comme seuls les Français, à ma connais- sance, savent les faire. Y’avait « tout le monde » : plusieurs « collèges » dont l’Etat himself, certaines collectivités locales (pas toutes et notamment pas Roissy- en-France), les organisations pa- tronales, les syndicats de salariés, les chambres de commerce et de métier, les « entreprises », etc. Tout ça sur trois départements ! Et, au dernier moment l’Education nationale. Plus une présidence « tournante » annuelle pour chaque collège ! Je passe les dé- tails mais j’observais ça de loin. La mise en place a duré et je me suis un peu moqué de ça soit dans BN, soit dans le premier RoissyMail (papier) paru en juin 2000. Nous y reviendrons, mais Cherradi, qui vient de faire valoir ses droits à la retraite, n’aura pas pu faire exactement ce qu’il fait avec suc- cès à Saint-Denis. Il n’en a pas moins eu une action courageuse, efficace et exemplaire, avec des moyens que je qualifierai sans risque d’être contredit, indigents. Question de bon sens… sans électricité… C’est à partir de 2000 que je com- mence à le fréquenter, disons ré- gulièrement. Comme il s’intéresse passionnément au territoire, Bé- néfice.net lui plaît. Contrairement à d’autres, il ne s’inquiète pas du succès du journal et n’en prend pas ombrage. Je décèle petit à petit son côté diplômate, mais aussi malicieux : s’il me donne des informations, il sait ne pas livrer des « secrets » : c’est qu’il doit ménager une assemblée du GIP grosse de 80 organisations, aux intérêts parfois divergents. Il ex- cellera jusqu’à la fin dans cet exer- cice délicat. Mais je m’aperçois tout de suite qu’il n’a pas les moyens matériels et humains pour remplir entièrement sa lourde tâche : améliorer la situation de l’emploi et surtout de la formation professionnelle, initiale et conti- nue, de façon à ce que le dévelop- pement prévisible de la plate-forme aéroportuaire et de ses environs profitent aussi à ceux qui vivent à côté. Question diffusion de l’infor- mation économique, de façon à ce que les PME locales puissent bé- néficier au mieux des chantiers à venir, Cherradi, et c’est un ses crève-cœurs, n’arrivera pas à faire ce qu’il avait réussi à Saint-Denis. Là-bas, le GIP avait réussi à créer une cellule rassemblant tous les donneurs d’ordre du chantier du Grand Stade. Ce qui avait permis « de connaître tous les projets à venir et les besoins s’y rapportant à l’avance » avait expliqué Cher- radi dans BN 1 : « sans ce travail d’anticipation, l’information ne sort des bureaux d’études qu’au moment des appels d’offres et il est alors trop tard pour les petites entreprises qui n’ont plus le temps de s’adapter ». Et ça a marché, avec l’aide de l’APESSADE, une as- sociation créée par les entreprises de Saint-Denis pour l’occasion. Car Cherradi faisait preuve d’un bon sens évident (mais pas pour tout le monde) : « si elles ont l’infor- mation suffisamment à l’avance, les PME du secteur peuvent éven- tuellement faire les investisse- ments complémentaires qui leur permettront de répondre aux de- mandes, de se former à des tech- niques spécifiques ou encore de se regrouper ». Ceci ajouté à l’action du GIP envers les donneurs d’ordre pour qu’ils réduisent la taille des lots de façon à les rendre accessi- bles aux PME (la SNCF, qui avait prévu 15 lots à Saint-Denis, les a finalement découpés en 100 !). A cause, et c’est moi qui le dis, de la mauvaise volonté des grands donneurs d’ordre (devinez qui), ce bon sens ne sera jamais partagé à Roissy. Et la seule association qui aurait pu organiser le lobbying qu’avait déployé l’APESSADE, Roissy Entreprise, organisait pen- dant ce temps force choucroute- teur du GIP Emploi de Roissy leader politique faire avancer Roissy » parties, beaujolais nouveau et vi- sites annuelles de vendanges ! Question emploi et formation, les résultats furent meilleurs. Après la réorganisation de l’ANPE interve- nue en 98 (la productivité de l’Agence était lamentable, comme nous l’avons démontré dans un ar- ticle retentissant dans BN 4), Cherradi a réussi à promouvoir l’installation de CFA Thalès à Bon- neuil-en-France, du centre de conduite ECF à Dammartin, du grand centre AFPA à Gonesse. Mais aussi il fut l’interlocuteur de nom- breuses structures privées de for- mation comme Europrestige, pour ne citer qu’elle. Celles-ci trouvè- rent auprès du GIP aide et conseils pour se développer. Une de ses grandes réussites fut aussi l’organisation du Salon de l’emploi aéronautique, « Aérosalon », au Bourget, qui connut un succès grandissant à travers ses 4 édi- tions. Prometteur, ce salon avait vocation à devenir un grand salon national, voire international sur les métiers, les emplois et la for- mation liés à l’aéronautique. Mais la faiblesse de moyens alloués au GIP fut telle que le dernier salon, prévu en 2005 ne se tint pas. Cherradi fait avancer le schmilblik Petit à petit, je commençais à ad- mirer la passion avec laquelle Cherradi se consacrait à sa tâche. Passion qui tenait parfois de la vocation sacerdotale. Il nous fai- sait travailler parfois (c’est nous qui avons mis en page son maga- zine l’Aérien), qui n’a jamais rem- placé les fameux « Tableaux de Bord » de Saint-Denis, et pour cause), mais là aussi, le manque de moyens se faisait sentir. Cher- radi, dans la production de ses différents documents, « tuait le métier », comme je lui disais : lui-même mettait en page, sou- vent le dimanche d’ailleurs, ses différents rapports, par souci d’économie ! Question « staff », le GIP n’a jamais eu d’autre moyens pour se payer d’autres collaborateurs que des… emplois jeunes, ce qui m’a toujours effaré. D’un autre côté, l’organisation administrative, véritablement ubuesque, uploads/Geographie/ pages-de-bn24.pdf

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