Petite histoire du contrôle territorial du Moyen Atlas Central (Maroc) - Christ

Petite histoire du contrôle territorial du Moyen Atlas Central (Maroc) - Christian Potin, 2004 http://christianpotin.canalblog.com/archives/2012/07/26/24577099.html Sommaire 1. Arrière-plans civilisationnels et géopolitiques 1.1. Des origines à l’avènement de l’Islam 1.2. Mouvance Sanhaja et périphéries makhzéniennes anciennes 1.3. Guerre de " pacification " et derniers sursauts de l’assabiya géopolitique 2. Evolution contemporaine des genres de vie agro-sylvo-pastoraux : du protectorat à l’indépendance --------------------------------------- 1. Arrière-plans civilisationnels et géopolitiques 1.1. Des origines à l’avènement de l’Islam La préhistoire de l’Afrique du Maroc en général et du Moyen Atlas en particulier reste très mal connue. C’est sans doute pendant la période préhistorique (entre 3000 et 1000 A.C.) que se mettent en place les grands rameaux berbères venus pour la plupart de l’Est et qui ont envahi tout le Maghreb en assimilant des groupes négroïdes anciens qui vivaient dans la zone méridionale et dans celle de l’oued Draa. A l’époque romaine, les Baquates, qui seront ensuite dénommés berbères Botoüyas ou Sanhadja du Rif oriental, et les Boqoïas, berbères Sanhadja de l’Atlas central sont organisés en petites principautés ou petits royaumes à fondement tribal ou clanique et sont alors les alliés de Rome qui en fait ses protégés. La chute de l’empire romain sera consommée par l’invasion vandale et à la fin du VIIe siècle Volubilis devient plus ou moins autonome de Byzance contrairement aux villes côtières. A la même époque, si l’Atlas central et occidental sont occupés par des tribus païennes, dans le Fezaz (Moyen Atlas Nord et Oriental), des tribus d’origine Zenata professent le judaïsme. La dynastie Miknassa venue de l’Est va ensuite contrôler les territoires de Meknes, Fès jusqu’à Sijilmassa, Moyen Atlas central et oriental compris, de la moitié du VIIIe siècle à la fin du Xe siècle. L’islamisation va gagner progressivement ces régions. Soixante ans après l’hégire, l’Islam fait son apparition au Maghreb. Les tribus berbères semblent l’avoir accueilli assez aisément au départ puisqu’on retrouve certaines d’entre elles parmi les troupes qui conquièrent l’Espagne. A partir de 740, l’Islam s’affirme au Maghreb. Cependant les exactions fiscales arabes (kharej et Jaziya aux nouveaux convertis), et les prélèvements d’esclaves entraînent une crise Kharéjite violente partie du Maghreb el Aqsa. Le contrôle de cette révolte, qui demandera du temps et sera difficile, ne permettra pas de revenir à la situation antérieure d’allégeance aux califes orientaux. Sijilmassa au Tafilalet demeure le centre d’une principauté kharejite dont l’importance va largement éclipser celle de Fès du fait de sa place stratégique sur les routes du commerce avec l’Afrique Tous les berbères ne sont pas encore convertis à l’Islam et dans l’Atlas et le Sous, la plupart des tribus restent encore païennes. Ce sont les Idrissides (799-923), qui rassembleront une bonne partie de ces tribus dans un Etat unique. Des campagnes seront menées contre les berbères du Maroc qui professaient le paganisme, le judaïsme et le christianisme et qui s’étaient retranchés dans les montagnes et des forteresses du dir des Fendlaoua, Mediouna , Bahoula, Fer Bahlil , Ghiatas et de la région. Sous Idriss II (803-829), le Moyen Atlas n’est pas encore contrôlé. Ahmed fils d’Idriss II et frère du Sultan en titre Mohamed Ben Idriss reçoit en héritage le commandement de la ville de Miknassa, celle de Tadla et les territoires intérmédiaires du Fezaz. De la moitié du Xème siècle jusqu’au XIIème (avènement des Almoravides venus du désert), l’histoire reste trouble et mal connue. Il y a de nombreuses expéditions, alliances, contre- alliances, et le Maghreb occidental est le champ clos d’affrontements entre Fatimides et Omeyades. Le Moyen Atlas est séparé politiquement en deux zones, à la limite d’influence entre les principautés zénètes. Maghraoua et Beni Ifren de Fès (fondée auparavant par Idriss II) et des Beni Ouanoudin ou Beni Khazroun de Sijlmassa. 1.2. Mouvance Sanhaja et périphéries makhzéniennes anciennes Au Xème siècle, on observe des percées des Zirides Sanhajiens venues de l’Est (kharejites), plus guerriers et envahissants, organisés en royaume et principauté. Ils vont supporter le premier choc Almoravide, après avoir subi la résistance acharnée des Zénètes Maghrawa qui étaient eux alliés aux Omeyyades sunnites, tandis que les Zirides étaient chiites. Mais finalement, les poussées Fatimides resteront en demi-teinte malgré les enjeux géopolitiques du Maghreb el Aqsa et les enjeux économiques de la route de l’or Fès-Sijilmassa au Sahara, eu égard aux autres préoccupations plus orientales de ceux-ci (Hammadites , Abassides). L’invasion des Almoravides vers le Nord s’explique à la fois par des raisons économiques et de recherche de terres “ riches ” et de parcours, et des raisons religieuses. Cette dynastie “ al morabitun , combattants de la foi” prend ses origines des tribus sanhaja du Sahara occidental , les Lemtouna “ Al Moualithoum ” : les hommes voilés, porteurs du litham. Ils contrôlent la route de l’or du Ghana : Aoudaghost Taroudant jusqu’au XIème siècle (El Bekri) et sont réputés comme étant des nomades sillonnant le Sahara. Eleveurs, ils pratiquent le trafic caravanier, la guerre et la chasse. En 1054, les troupes almoravides réussissent la prise du royaume de Sijlmassa à la suite de l’appel des sanhaja du crû, en lutte contre les zénètes Maghraoua. Ils contrôlent désormais les deux grandes routes sahariennes partant du Maghreb el Aqsa. Après la prise de Taroudant, les Almoravides pénètrent dans le Haut Altas occidentale Tensift. Nfis (avec une résistance plus dure dans la ville d’Aghmat). Ils rencontrent des difficultés pour la conquête des Berrghouata hérétiques du Maroc atlantique (soumission politique mais non conversion à l’Islam) Youssef ben Tachfin (1060-1106), successeur d’Abdalla Ben Yassin, devient ensuite maître du Maghreb. Il fait le siège de la citadelle du Fezaz (qalaa Fazaza) en 1063 après avoir effectué une première prise de Fès. L’histoire des mouvements et mixages de populations du Moyen Atlas sous la poussée almoravides reste mal connue. Sans entrer dans le détail de l’épopée Almohade et de son organisation tribalo-guerrière nous rapporteront des éléments issus de l’ouvrage de Levi Provencal[1] qui fit la traduction des « mémoires d’Al Baidaq », qui fournissent des témoignages sur les affrontements Almoravides/Almohades au XIème siècle, et les tentatives de rebellions sanhadjiennes dans le Maroc central. « …Les gens du Fezaz ayant adopté le parti Almohade allèrent assiéger Al Kala capitale alors du Fezaz. Tachkin et Reverter étaient alors à Fès, ils mobilisèrent de cette ville et de Meknès des troupes qui furent défaites à Al Kala. La reconnaissance du pouvoir Almohade fut ordonnée par Abd El Mumen avec exécutions symboliques mais massives de centaines de guerriers fauteurs de troubles parmi les tribus jadis soumises au pouvoir Almoravides et parmi eux notamment les Sanhadja Jaraoua du Tadla… » Finalement, (Lieutenant de la chapelle[2]) : sous les Almohades (1147-1269) et les premiers Merinides, les Sanhadja de L’Atlas sont cantonnés en montagne et se voient spoliés de leurs terres et parcours de plaine au profit des tribus ennemies arabes ou berbères soumises aux Sultans (exactions des tribus arabes Oudayas par exemple, devenus agents de commandement et collecteurs d’impôts). Il y a une accumulation des motifs de rébellion qui provoquent des révoltes en bled siba (indépendance recouverte). Au début du XVème siècle, des razzias sont menées jusque dans la plaine du Tadla, et vers 1515, Léon l’Africain, déclare les Sanhadja de l’Atlas tout à fait maîtres chez eux, déboutant une harka sultanienne contre eux. Les Béni Merin nomades, d’islamisation fruste, avaient leurs lieux de parcours qui s’étendaient de Figuig à Sijilmassa, et de là, à la Moulouya. Anciennes tribus Zenaga qui habitaient la Moulouya (les Meghraoua notamment), dont il restait des fragments éparpillés au début du XIIIe siècle. Il n’y avait pas de buts religieux précis chez eux, pas de buts politiques non plus, mais des buts économiques avant tout. Ils possédaient déjà les hauts plateaux de l’oriental et contrôlaient les routes Sijilmassa-Draa-Fès ; Meknès-Fès-Taza. Sous Othman Ben Abd el Haak (début XIIIe siècle), on observe une montée en puissance des Béni Merin au Maroc contre les Almohades. Des révoltes multi locales sont conduites par des tribus qui refusent de payer l’impôt. « Tout le pays ouvert (hors des cités) » tomba au pouvoir des Mérinides, les gens de la campagne restèrent sans protection et les tribus se virent imposer le Kharadj. En 1223, Othman se retourne contre les Zenata nomades et les muselle de leurs brigandages. Abou Yahya Ibn Abd El Hak, fonde l’empire Mérinide en 1245 et conduit des opérations de conquête sur le territoire d'Outat (Midelt) dans la Moulouya avec la prise de Fès en 1248. Un an plus tard une campagne est menée afin de réduire Fezaz et Maden et soumettre le pays des Zenata. Abou Youssef Ibn yacoub Ibn Abd El Hak étant enfin parvenu à la conquête de l’ensemble du Maroc, et ayant renversé définitivement la dynastie d’Abd el Moumen l'Almohade, se remet en marche en 1274 contre Sijilmassa à la tête de tous les contingents du Maroc : Zenata, Arabes, Berbères soumis et troupes B. Mérin et en fait le siège pendant un an, avant que la cité ne capitule. En 1366 Abd El Moumen, le Mérinide est proclamé sultan de Sijilmassa. Sous les Saadiens (vers 1539) qui s’appuient sur uploads/Geographie/ petite-histoire-du-controle-territorial.pdf

  • 50
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager