Voici le plus petit dictionnaire de monde. Il existe sur le marché des dictionn

Voici le plus petit dictionnaire de monde. Il existe sur le marché des dictionnaires imprimés tout menu. Mais, à y regarder de plus près, ils comportent, sous un format réduit, un très grand nombre de mots. Celui-ci est le seul à ne comporter qu'un seul mot par lettre de l'alphabet. A titre de comparaison, je signalerai au lecteur que la dernière édition du Petit Robert comporte 2000 pages, soit, à raison d’une moyenne de 20 mots par pages, 40 000 mots ! Ce qui revient à dire que le Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis comporte 39 994 mots de moins que son plus sérieux concurrent. Des chiffres qui se passent de commentaires et qui expliquent le prix relativement élevé de cet ouvrage hors du commun. En parcourant le Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis, le lecteur sera d’emblée frappé par la clarté de l’ouvrage, à tous points de vue. C’est en effet par souci de clarté qu'il ne comporte que 52 mots, à savoir 26 mots communs et 26 noms propres, séparés par des pages roses pour faire joli. C'est encore par souci de clarté que ces mots ont été répertoriés suivant l'ordre alphabétique, a avant b, b avant c, c avant d, et ainsi de suite jusqu'à z. Il va de soi que les mots écartés du Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis ne l'ont pas été arbitrairement, mais à la suite d'un choix réfléchi et en étroite collaboration avec les plus hautes autorités morales, politiques et religieuses qui se puissent rencontrer dans mon bureau, c'est-à-dire moi et mon chat sur les genoux car octobre est frisquet. Les mots communs volontairement écartés du Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis peuvent se diviser en cinq catégories : 1. les gros mots, comme bite, couille, liberté, etc. 2. les mots incompréhensibles, comme zérumbert, galipoute, honk, cancéropaf, etc. 3. les mots qu’on sait pas si y a deux n, comme conard, cannard, etc. 4. les mots qui font de la peine, comme enculé. En ce qui concerne les noms propres, mon choix, totalement serein et exempt de toute objectivité, m’a été essentiellement dicté par l’indifférence à peine polie que m’inspirent couramment les artistes inoubliables, les monuments impérissables, les villes gorgées d’histoire et les grands révolutionnaires qui se sont fait couper la tête pour que les ouvriers puissent aller s’emmerder au Tréport en attendant septembre. L'auteur Alunissage raté. a Alunissage n.m., du latin luna, la lune, et du préfixe a, très joli également. Procédé technique consistant à déposer des imbéciles sur un rêve enfantin. Les accessoires utiles à l’alunissage, outre les imbéciles, sont : 1. La fusée, sorte de véhicule autopropulsé comportant de noimbreux aménagements sophistiqués. 2. La terre, pour partir. 3. La lune, pour témoin. Fin 1984, on évaluait à un, environ, le nombre des alunissage. L’Union soviétique, pourtant surdéveloppée techniquement puisqu’on y produit en moyenne chaque année une chaussure de pointure 42 et une bombe thermonucléaire par habitant, n’a jamais procédé au moindre alunissage. Il faut voir, dans cette attitude antiscientifique de l’URSS, une volonté de respecter les rêves des enfants, qui ne manquera pas de surprendre, venant d’un pays dont le but idéologique avoué est d’établir une société comprenant plus de censeurs que de censurés, sans brûler les juifs. Exemple de soutane bleue (ici en noir). b Bleu,e adj, et n.m.[bloï, blo, blef, blou, bloue, blau, bla. XIe s.] Qui est d'une couleur voisine du rouge, mais pas très : un ciel bleu, des yeux bleus, les flots bleus, une Opel Kadett bleue. Fig. Bouch. : un steak bleu ; s'emploie pour désigner un steak rouge. Fig. Mar. : bizut ; « Faut pas me prendre pour un bleu » ( RACKHAM-LE-ROUGE ). Essayage de chaussures sacerdotales. c Chaussure n.f. Objet que l’on porte à son pied dans le but de l’isoler des sols froids ou grumeleux. La pénurie de chaussure désoblige le grincheux. Directeurs mexicains déposant leur bilano. d Directeur n.m., du latin di, la première porte, et rectus, à droite. Depuis l’aurore de l’humanité, et jusqu’à la semaine prochaine si les troupes du pacte de Varsovie ne se foutent pas sur la gueule avec celles de l’OTAN, le mot « directeur » a toujours désigné un personnage important. Alors qu’une blanche vaut deux noires, un directeur vaut douze Berrichons au moins. On ne dit pas « un petit directeur », on dit « un chef de rayon ». On ne dit pas « un grand directeur », on dit « un chef de diamètre ». Il y a en moyenne beaucoup plus de directeurs dans une administration que dans un orchestre de jazz. Le féminin de « directeur » est « la femme du directeur ». Endiviers ruinés par la sécheresse de 1864. e Endive n.f. Sorte de chicorée domestique que l’on élève à l’ombre pour la forcer à blanchir. La caractéristique de l’endive est sa fadeur : l’endive est fade jusqu’à l’exubérance. Sa forme, qu’on peut qualifier de n’importe quoi, genre machin, est fade. Sa couleur, tirant sur rien, avec des reflets indescriptibles à force d’inexistence, est fade. Son odeur, rappelant à l’amnésique qu’il a tout oublié, est fade. Son goût, enfin, puisque, dit-on, de nombreux pénitents mystiques préfèrent en manger plutôt que de crapahuter sur les genoux jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle, atteint dans la fadeur gastronomique des sommets que le rock mondial frôle à peine dans la pauvreté créatrice. L’endive, en tant que vivante apologie herbacée de la fadeur, est l’ennemie de l’homme qu’elle maintient au rang du quelconque, avec des frénésies mitigées, des rêves éteints sitôt rêvés, et même des pinces à vélo. L'homme qui s'adonne à l'endive est aisément reconnaissable, sa démarche est moyenne, la fièvre n'est pas dans ses yeux, il n'a pas de colère et sourit au guichet des Assédic. Il lit Télé 7 Jours. Il aime tendrement la banalité. Aux beaux jours, il vote, légèrement persuadé que cela sert à quelque chose. Sans femme, l’homme s’étiole. f Femme n.f., du latin femina. Être humain de sexe non masculin. «La femme est le produit d’un os surnuméraire », disait BOSSUET qu’on ne saurait taxer de misogynie eu égard à l’exquise compréhension qu’il afficha toute sa vie à l’endroit de la gent féminine, huguenotes et catins exceptées. Cette définition toute nimbée de délicatesse semble aujourd'hui quelque peu restrictive. La femme, à y regarder de plus près, est beaucoup plus qu’une excroissance osseuse. La femme est une substance matérielle organique composée de nombreux sels minéraux et autres produits chimiques parés de noms gréco-latins comme l’hydrogène ou le gaz carbonique, qu'on retrouve également chez l'Homme, mais dans des proportions qui forcent le respect. Diversement amalgamés entre eux en d’étranges réseaux cellulaires dont la palpable réalité nous fait appréhender l’existence de Dieu, ces tissus du corps féminin forment les viscères. Certains sont le siège de l’amour. La femme est assez proche de l’Homme, comme l’épagneul breton. A ce détail près qu’il ne manque à l’épagneul breton que la parole, alors qu’il ne manque à la femme que de se taire. Par ailleurs, la robe de l’épagneul breton est rouge feu et il lui en suffit d’une. Dépourvue d'âme, la femme est dans l'incapacité de s'élever vers Dieu. En revanche, elle est en général pourvue d'un escabeau qui lui permet de s’élever vers le plafond pour faire les carreaux. C’est tout ce qu’on lui demande. La femme ne peut se reproduire seule, elle a besoin du secours de l’Homme, lequel, parfois, n’hésite pas à prendre sur ses heures de sommeil pour la féconder. Des observateurs attentifs affirment que la femme prend un vif plaisir dans cette satisfaction de sa viviparité. La gestation, chez la femme, dure deux cent soixante-dix jours, au cours desquels elle s’empiffre, s’enlaidit, gémit vaguement, tout en contribuant à faire grimper les courbes de l’absentéisme dans l’entreprise. Au bout de ces neuf mois, le petit d’Homme vient au monde. L’accouchement est douloureux. Heureusement, la femme tient la main de l’Homme. Ainsi, il souffre moins. « A la porte du gynécée » (E. Delacroix, détail). g Gynécée n.m., du grec gunaïkos, la femme. Appartement de femmes à Athènes et à Rome, dans l’Antiquité, ou à Vierzon, dans le Cher, mais là ça ne compte pas, c’est un bordel. On retrouve également le terme gynécée dans le vocabulaire arabe littéraire classique, où il prend un sens nettement différent, « gynécée » signifiant ici — littéralement — « non-connaisance », comme le souligne son utilisation dans ce dialogue extrait des Contes des mille et une nuits : « Ou kilé li misée di Lôvre ? — Gynécée pas. » Divers stades d’évolution de l’hémiplégie. h Hémiplégique adj. et n. Relatif à l’hémiplégie. Personne atteinte d'hémiplégie, c'est-à-dire de la paralysie de la moitié du corps provoquée le plus souvent par une lésion cérébrale dans l'hémisphère Nord, où les nuits sont plus fraîches. « Qu’on soit de gauche ou qu’on soit de droite, on est hémiplégique », dit un jour Raymond Aron à Jean-Paul uploads/Geographie/ pierre-desproges-dictionnaire-superflu-a-l-x27-usage-de-l-x27-elite-et-des-biens-nantis.pdf

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