1 Chapitre 2 Les Théories du Commerce International Sommaire I. Le commerce int

1 Chapitre 2 Les Théories du Commerce International Sommaire I. Le commerce international expliqué par des différences de coûts entre les pays 1) De Smith à Ricardo a) L’avantage absolu chez Smith b) Les avantages comparatifs chez Ricardo 2) La théorie HOS a) Une spécialisation déterminée par les dotations factorielles b) Les effets de l’ouverture sur la rémunération des facteurs de production c) Evolutions des dotations factorielles et modification de la spécialisation 3) Les tests empiriques de la théorie des avantages comparatifs : le paradoxe de Leontief et ses suites II. Le commerce international expliqué par les imperfections de la concurrence Introduction : Pourquoi des « nouvelles » théories ? (« now quite often referred to as ‘the old new trade theory’ » (Krugman (2009))) 1) Les économies d’échelle externes à la firme a) La notion de rendements d’échelle (rappels) b) L’influence de l’histoire sur les spécialisations c) Les dynamiques d’agglomération (l’économie géographique) 2) Les économies d’échelle internes à la firme a) Préliminaires : les différents types de marchés en concurrence imparfaite b) Oligopole de Cournot avec dumping réciproque c) Le monopole contestable 3) La différenciation a) La différenciation horizontale b) la différenciation verticale 2 Bibliographie Krugman P., M. Obstfeld et M. Melitz, Economie internationale, 9ième édition, Pearson, 2012. Lemoine M., P. Madiès et T. Madiès, Les grandes questions d’économie de et finance internationales, 2ième édition, de Boeck, 2012 El Mouhoub M., Mondialisation et délocalisation des entreprises, Repères, La Découverte, 3ième édition, 2011. Mucchielli J.-L., Relations économiques internationales, Hachette, 2005, 4ième édition I. Le commerce international expliqué par des différences de coûts entre les pays 1) De Smith à Ricardo a) L’avantage absolu chez Smith L’essentiel. Dans Essai sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), Adam Smith présente, en rupture avec l’analyse mercantiliste, le commerce international comme un jeu à somme positive. Pour chaque produit, il est préférable de l’importer s’il peut être produit plus efficacement à l’étranger. Un pays se spécialise donc dans la production des biens pour lesquels il a un avantage absolu, c’est-à-dire qu’il est capable de produit à un coût plus faible que les pays étrangers. L’ouverture commerciale et la spécialisation qui en découle, donc la division internationale du travail, sont une source d’enrichissement pour chaque nation. Comme ce sera le cas chez les classiques et les néo-classiques en général, le gain à l’échange ‘passe’ par les importations – non par les exportations – car c’est grâce à elles que le pays peut se spécialiser dans les productions pour lesquelles il est le plus efficace. Approfondir. Le rôle de la taille des marché, donc des rendements d’échelle croissants : que l’on se situe au niveau d’une industrie ou au niveau des nations, l’accroissement de la taille des marchés permet, selon Adam Smith, d’approfondir la division du travail ; il s’agit, aux côtés de la spécialisation, d’une source supplémentaire d’efficacité (donc de gain) tirée de l’ouverture sur l’extérieur (le rôle des rendements d’échelle croissants sera central dans les ‘nouvelles’ théories du commerce international). b) Les avantages comparatifs chez Ricardo L’essentiel. Dans la théorie des avantages absolus de Smith, un pays n’ayant d’avantage absolu pour aucun bien ne parvient pas à commercer avec l’extérieur et, un pays ayant un avantage absolu dans la production de tous les biens n’a pas intérêt à échanger. Dans le chapitre VII des Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817), David Ricardo va plus loin en donnant naissance à la théorie de l’avantage comparatif, c’est-à-dire le principe selon lequel chaque pays a intérêt à se spécialiser dans le produit pour lequel il est le plus avantagé ou le moins désavantagé relativement aux autres produits. Tout pays a un avantage comparatif, même s’il n’a aucun avantage absolu, et a donc intérêt à s’ouvrir au commerce extérieur. Ricardo développe sa démonstration à partir de l’exemple du drap et du vin. Dans cet exemple, la Grande-Bretagne n’a aucun avantage absolu mais un désavantage comparatif minimal dans le drap, alors que le Portugal a un avantage absolu dans les deux biens mais un seul avantage comparatif, dans le vin. La Grande-Bretagne va alors se spécialiser dans le drap et le Portugal dans le vin. Les gains à l’échange sont liés au coût d’opportunité qui, en autarcie, est supporté par le pays mobilisant des ressources pour produire un bien alors que ces ressources pourraient être utilisées plus efficacement dans la production d’un autre bien ; c’est également le coût d’opportunité qui justifie la spécialisation même dans le cas où un pays un avantage absolu dans la production de tous les biens. La division internationale du travail (la spécialisation) s’explique ici par des différences de productivité du travail associées à des techniques de production différentes selon les pays et considérées comme des données. 3 Approfondir. Le modèle de Ricardo est un modèle à un seul facteur de production, le travail, mobile au sein des nations, immobile au niveau international. Les coûts de transport sont supposés négligeables. Une conséquence du modèle est que la spécialisation des pays est totale : chaque pays ne produit qu’un seul bien. Les coûts relatifs des biens dans les pays déterminent une fourchette de prix relatifs de ces biens à l’intérieur de laquelle les échanges commerciaux sont mutuellement avantageux ; c’est John Stuart Mill, dans ses Principes d’économie politique (1848) qui complétera le modèle en introduisant la demande pour chacun des biens dans les deux pays, ce qui détermine le prix (relatif) d’équilibre au niveau international, selon le principe de l’offre et de la demande. 2) La théorie HOS a) Une spécialisation déterminée par les dotations factorielles L’essentiel. Le modèle considéré comme l’aboutissement de la théorie des avantages comparatifs est celui développé par les économistes suédois Eli Heckscher (1919) et Bertil Ohlin (1933) puis par Paul Samuelson (1948), appelé modèle HOS. Fondamentalement, le modèle justifie l’ouverture commerciale sur l’extérieur, donc le libre-échange, de la même façon que Ricardo : le commerce avec l’extérieur accroit l’efficacité économique en permettant à chaque pays de se spécialiser dans les productions pour lesquelles il dispose d’un avantage comparatif et la structure du commerce international s’explique par des différences de coûts d’opportunité selon les pays. La différence avec le modèle de Ricardo se trouve dans la source des avantages comparatifs. Elle ne réside plus dans des différences dans les techniques de production mais dans des différences de dotations factorielles (travail, capital…) : un pays a un avantage comparatif dans la production qui est intensive dans le facteur relativement abondant (théorème d’Ohlin ou d’Heckscher- Ohlin). Le principe de l’offre et de la demande conduit à un prix (relatif) d’équilibre (unique) pour tous les biens au niveau international. Il est important de bien comprendre que, comme chez Ricardo, ce sont les mécanismes de marché (la concurrence), et eux seuls, qui sont à l’œuvre dans ce modèle (néo-classique) : ils déterminent la spécialisation des pays et les prix d’équilibre. Approfondir. Comme chez Ricardo, le modèle HOS suppose que les facteurs de production sont mobiles à l’intérieur des pays mais immobiles internationalement, que les coûts de transport sont négligeables. En revanche, le modèle HOS prend en compte deux facteurs de production, le capital et le travail (donc pas seulement le travail comme chez Ricardo) et suppose des technologies (donc des fonctions de production) identiques pour tous les pays. La spécialisation des pays n’est pas totale. b) Les effets de l’ouverture sur la rémunération des facteurs de production L’essentiel. Au-delà d’être un modèle décrivant les gains d’efficacité dont tous les pays bénéficient du fait de l’ouverture, le modèle HOS permet également d’étudier les conséquences de la spécialisation sur la rémunération des facteurs de production, à l’intérieur des pays et au niveau international. Dans leur article publié en 1941, Wolfgang Stolper et Paul Samuelson montrent qu’une hausse du prix d’un produit a pour effet d’augmenter la rémunération réelle du facteur de production dont l’emploi est le plus intensif dans la production de ce produit (théorème de Stolper-Samuelson). Dit autrement, l’ouverture commerciale d’un pays, qui implique sa spécialisation dans la production (relativement) intensive en facteur (relativement) abondant, sera plus profitable aux détenteurs de ce facteur abondant. Au niveau international, dans le cadre du modèle HOS, on observe une égalisation des prix des facteurs de production. Ce résultat s’explique par le fait que les échanges de biens entre les pays, qui se font aux prix (relatifs) d’équilibre au niveau international, peuvent s’interpréter comme des échanges implicites de facteurs : un pays qui importe un bien intensif en facteur travail bénéficie, via l’importation de ce bien, de l’abondance de facteur travail dans le pays exportateur de ce bien. Ainsi, malgré l’absence de marchés mondiaux des facteurs de production (du fait de l’hypothèse d’immobilité internationale de ces facteurs), le prix du travail est identique dans tous les pays, de même pour le prix du capital. c) Evolutions des dotations factorielles et modification de la spécialisation 4 Approfondir 1. Dans son article de 1955, l’économiste polonais Tadeusz Rybczynski démontre que l’évolution des dotations factorielles dans un pays modifie sa spécialisation de la manière suivante : uploads/Geographie/ plan-theoriescommerceinternational.pdf

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