1 PROBLÉMATIQUES DE L’ENSEIGNEMENT DU FLE UNIVERSITÉ D’ARTOIS Jan GOES Responsa

1 PROBLÉMATIQUES DE L’ENSEIGNEMENT DU FLE UNIVERSITÉ D’ARTOIS Jan GOES Responsable du cours : Angélique MARTIN-MASSET Contact : angelique.masset@univ-artois.fr 2 I Les contextes culturels et la francophonie 1. Introduction Dans ce cours du M 1 FLE/FLS, nous examinerons les contextes culturels dans lesquels se produit l'apprentissage du Français Langue et Culture étrangères, ou secondes nous considérerons d'abord la situation du français en Europe, hors de l'Europe, et différentes politiques linguistiques concernant le français. Nous examinerons quelques systèmes éducatifs, quelques attitudes par rapport au français, etc. Le programme est vaste, il a fallu faire des choix. Ces choix, vous pourrez les compléter par vos travaux personnels (cf. le sujet du devoir). Quel est le but de tout ceci ? c’est que l’on ne peut partir vers un stage, en France ou dans un pays étranger, sans se préparer, sans essayer de se mettre au courant du système éducatif de ce pays, su statut du français et des attitudes envers le français (à l’étranger, ou dans le pays d’origine des primo-arrivants) et des problèmes éventuels qui pourraient en résulter. La langue et la politique sont, dans l'état actuel des choses inextricablement liées1. Pensons à la politique linguistique intérieure de la France depuis Villers-Cotterêts (François Ier - 1539, ordonnance qui impose le français dans les textes officiels et de justice) et après la Révolution Française (la campagne contre les « patois »). Pensons également aux politiques linguistiques européennes. 2. La présence du français dans le monde : le raisonnement des cercles concentriques... Le français est, avec l'anglais, la seule langue présente sur les cinq continents : le noyau est la France, d'où la langue s'est répandue (M. Têtu, La Francophonie, 1989). M. Têtu distingue plusieurs cercles qui entourent la France suivant le degré de francisation : les pays où la langue maternelle est le français (la Belgique, la Suisse Romande), suivis des pays où le français est langue officielle (la République Démocratique du Congo, la République Populaire du Congo, le Cameroun), ou langue d'usage (le Maghreb, depuis l'arabisation) - pour ce qui concerne l'enseignement, on parle dans ce contexte également de français langue seconde (FLS). En s'éloignant encore on trouve les pays francophones dans lesquels le français est la langue parlée par une élite (l'Égypte), ce que l'on pourrait qualifier de « francophonie résiduelle »2. Viennent ensuite les pays où le français n'est quasiment plus du tout parlé par la population (cf. francophonie résiduelle) mais constitue une langue de communication internationale (l'Indochine), et les pays non-francophones où le français est une des langues internationales plus ou moins privilégiées (l'Italie, le Vatican). Actuellement, un nouveau cercle s'ajoute, qui nous semble plus inspiré par des raisons politiques et économiques que culturelles (même si l'on ne peut pas négliger cette dimension, cf. les semaines de la francophonie, organisées avec beaucoup d'enthousiasme en Pologne, en Roumanie, ou en Moldavie) : les pays francophiles de l'ancienne Europe de l'Est s'ajoutent à la francophonie, même si l'on ne peut même pas parler de « francophonie résiduelle » dans leur cas. Voici ce qu'en dit L'année francophone internationale (2000) : 1 Cf. les ouvrages de Louis-Jean Calvet, sociolinguiste de renom : Linguistique et colonialisme, Paris, Payot, 1974 ou La guerre des Langues, Hachette Littérature, 1992. 2 Terme de Louis Porcher, Le Français langue étrangère, Paris, Hachette, 1995. 3 « Le français est présent en Europe centrale et en Europe de l'Est à divers degrés ; il y est langue de culture et d'enseignement dans tous les pays de la région, en particulier dans ceux où l'on parle le roumain, langue romane. La Roumanie, autrefois province romaine - la Dacie -, a donné à la francophonie de nombreux écrivains (Ionesco, Cioran, Gheorghiu, Istrati, etc.). C'est le pays où le français est le plus enseigné ; il participe aux sommets de la Francophonie. En Moldavie, république indépendante, le roumain écrit en caractères latins est langue officielle. Le français y est langue étrangère prédominante. Ce pays participe aux Sommets de la Francophonie depuis 1995. La Bulgarie a développé une tradition francophone, surtout dans l'élite et en milieu éducatif. Elle participe aux sommets de la Francophonie. La Pologne a été fortement liée à la culture française depuis que Marie Leszczynska épousa Louis XV et que son père le roi Stanislas, chassé de Pologne, s'établit à Nancy comme duc de Bar et de Lorraine. Le siècle des Lumières devait contribuer au développement du français en Pologne. C'est plus récemment que le français eut son importance en Albanie, où l'élite est francophone : on connaît au moins un de ses écrivains, Ismaïl Kadaré. La Macédoine, au carrefour d'anciennes civilisations, a été invitée, comme l'Albanie et la Pologne, à participer à la Francophonie au sommet de Hanoi, avec un statut d'observateur. De nombreux autres pays de la région ont une tradition française au moins chez les intellectuels ; ainsi en est-il de l'Autriche et de la Hongrie, de plusieurs républiques de la Russie. L'Arménie a entrepris des demandes pour participer aux Sommets de la Francophonie. Certaines organisations de la Francophonie couvrent une bonne partie des territoires identifiés ci-haut : c'est le cas notamment de l'Association des études francophones d'Europe centre- orientale, implantée à Vienne (Autriche) et à Pécs (Hongrie) » La première extension du français n'est autre que le fruit de l'histoire et en particulier de l'expansion coloniale de la France et de la Belgique. Une grande partie de l'espace francophone d'aujourd'hui est donc l'héritier des deux empires coloniaux français et belge. Il est très difficile de chiffrer précisément le nombre d'individus francophones. Faut-il uniquement compter les personnes parlant réellement le français, celles qui sont de culture française ou toutes celles qui habitent un pays officiellement francophone ? On s'en tiendra à une estimation prudente entre 100 et 200 millions d'individus. Nous avons donc affaire à plusieurs dizaines de millions de personnes plus ou moins francophones. Reste à savoir quel français ils parlent. La francophonie étant présente partout dans le monde, le français a dû s'adapter aux réalités locales : la culture de la région parisienne est toute différente de celle du Maghreb ou encore de l'Océanie. Il n'y a pas une langue française valable pour toute la communauté francophone, mais bien une langue française servant de base et à partir de laquelle plusieurs particularités se manifestent et se développent : particularités sur le plan phonique (variations d'accent et d'intonation), morphosyntaxique (tournures provenant d'autres langues ou d'habitudes socioculturelles) et lexical (selon la réalité locale). Cela pose parfois un petit problème aux enseignants de FLE (FLS/FOS) que nous sommes. Le français fonctionne à côté d'une autre langue dans bien des pays, bilinguisme qui est senti d'une autre façon par une population hautement scolarisée que par une population peu scolarisée : dans ce dernier cas, le français peut sembler tuer la langue locale et être perçu comme une forme de néocolonialisme culturel et littéraire. Dans les pays à haute scolarisation, on se pose la question de savoir si le français peut répondre aux besoins scientifiques : doit-on passer à l'anglais dans ce domaine, ou doit-on adapter le français et créer des néologismes3 ? Pour chaque pays, pour chaque francophone, il s'agit donc de savoir se situer par rapport à la langue française et à la culture française traditionnelle, dans le cadre de la francophonie. Difficilement acceptée au début, la coexistence des langues, la « pluralité des langues en francophonie » a été à l'honneur dès 1989 (session de février 1989 du Haut Conseil de la Francophonie) : 3 Une publication mérite d'être signalée ici : Robert Chaudenson, Mondialisation : la langue française a-t-elle encore un avenir, Institut de la Francophonie, Didier érudition, 2000. 4 « L'aménagement linguistique (compromis entre l'intervention politique, l'expertise scientifique et la vie des langues, doit s'attacher dans l'aire francophone autant à la conservation et à l'enrichissement de la langue française qu'à la gestion de la coexistence du français avec les créoles, la langue arabe, les langues africaines. Cet aménagement doit être conçu et mené d'une manière partagée entre partenaires. Cette gestion linguistique partagée est la seule démarche qui permette à la fois de concilier la vie bourgeonnante de la langue française avec le maintien d'une intercompréhension entre les continents et les générations et de dépasser les conflits de langues pour aboutir entre partenaires de la francophonie à une convivialité linguistique heureuse, créatrice de dynamique » (S. Farandjis, X. Michel, Documents de la Ve session du HCF, 1989 : 34, cités par Chaudenson (2000 :12)). Chaudenson appelle à une « révolution francophone » qui ne s'établirait pas sur le principe de l'éradication des langues de la francophonie autres que le français. Les citoyens des pays francophones ont un droit à cette langue, mais, il ne faut pas oublier qu'ils ont également un droit à une langue identitaire. La question est de taille : comment gérer la coexistence du français avec les autres langues de l'espace francophone ? [d'autant plus que s'y ajoutent, de plus en plus de pays dits « francophiles » à identité nationale et linguistique très fortes - JG]. Chaudenson constate que l'on a uploads/Geographie/ problacmatiques-du-fle-semestre-1-partie-1.pdf

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