Anade 17e Setéme-Ouctoubre 1915 Les fêtes Félibréennes de l'Escole ôastcu-Febus

Anade 17e Setéme-Ouctoubre 1915 Les fêtes Félibréennes de l'Escole ôastcu-Febus en 1913 RÉUNION D'AUCH C'est dans la capitale Auscitaine qu'avec un éclat particu- lier se sont déroulées les fêtes félibréennes. Le nouveau Président de l liscole a le droit d'être fier des collaborations gracieuses, distinguées, savantes qu'il a trouvées auprès de la Municipalité, de la Société Archéo- logique du Gers, de nombreuses personnalités et citons ici M. Bibal, auprès de tous ceux enfin qu'anime, unit l'amour de la terre mayrane dont l'Escole est la personnification. Le samedi soir a lieu une retraite aux flambeaux organisée par le régiment de ligne d'Auch, tambours et clairons, le régiment de cavalerie avait prêté son concours ; on se massait devant la mairie. L'Ame de France flotte, heureux prélude. Le Dimanche 31 Août, les Félibres arrivent nombreux par les premiers trains. Entre 1 h. 1/2 et 3 heures, se mettant à la disposition du Président de l'Escole et d'un groupe assez important, M. l'Archiprêtre de la Cathédrale, à l'amabilité de qui nous ne saurions assez rendre hommage, veut bien, de concert avec M. Lavergne, vice-président de la Société Archéologique du Gers nous faire les honneurs de l'imposant édifice. Quatre fois démolie, reprise aux fondements en 1489, la basilique ne fut achevée que deux siècles plus tard en 1689, ce qui explique le désacord de style qui existe dans la construction des tours et du porche avec le reste de la Cathédrale. Qu'on ne s'étonne point si je donne des aperçus. Le Félibre a le culte du beau ; nous contemplons, nous admi- rons, et notre pensée va aux artistes qui avec tant de richesse de conception, tant de fini, édifièrent des choses si merveilleu- ses. Tout félibre a le culte du passé, lien puissant qui le rattache aux choses vécues. *- 166 — Mais voici une de ces merveilles : les Stalles du Chœur, œuvre de la Renaissance qui ne peut trouver de similaires que celles d'Amiens. Dans les boiseries les deux Testaments se succèdent d'une manière distincte. L'étude des person- nages appartenant aux deux Alliances fixe pleinement l'attention. L'ancienne Alliance fait passer sous nos yeux l'histoire de la Création, de la Chute originelle de nos pre- miers parents, de la Rédemption promise ; La nouvelle, nous montre le Rédempteur venu, son œuvre, ses institutions. Les personnages semblent plus fouillés les uns que les autres : La Charité, Ste-Marthe et sa Tarasque, juges et rois, prophètes et sybilles, anges, légende de la Porte dorée, Calvaire, tout des chefs-d'œuvre. Sièges, miséricordes, par- closes, accoudoirs, museaux, dossiers et haut-dossiers, contreforts, tout nous frappe. Et l'œuvre est encore belle par les détails, motifs ciselés avec un soin extrême. Légendes, mythologie symbolique, fantaisie se donnent libre carrière. Une fantaisie ; trois hommes, (trois bourreaux, on ne frappe pas les femmes par qui tout s'idéalise) l'un avec une barre, le deuxième avec un marteau, l'autre une massue, à coups redoublés frappent, sans parvenir à la briser, sur la tête d'une femme renversée, irré- ductible; ce qui, au regard d'un entêté a donné naissance au dicton : « Il a la tête forte comme la femme de la Cathédrale d'Auch ». Je signale la stalle de la Couronne réservée aux com- tes d'Armagnac, à gauche de l'entrée de la porte d'honneur, et celle de l'Archevêque à la droite. Et nous nous arrachons à ces merveilles car il en est d'autres : les vitraux d'Arnaud de Moles, verrier du com- mencement du XVIe siècle qui, originaire de Mugron (Landes) travailla à Nay, Auch, Fleurance, Lombez, St-Etienne de Toulouse. La série de ces belles verrières commence à l'est de la porte septentrionale par l'histoire de la Création, Dieu débrouillant le Chaos, puis faisant le premier homme d'un peu de terre, et la première femme de l'une des côtes d'Adam endormi. A la verrière delà chapelle de Notre-Dame d'Auch, figurent Madeleine et St-Thomas adorant le Sauveur ressus- cité. Dans une frise on lit : LO XXV DE IHVN M V CENS XIII FON ACABADES LAS PRESENS BERINES EN AV NOVR DE DIEV DE NOTRE (sous-entendu DAME). — 167 — Le XXV de juin 1513 furent achevés les présents vitraux en l'honneur de Dieu et de Notre-Dame. Plus basées paroles du Sauveur : NOLI ME TANGER (E) et la signature de l'auteur : ARNAVT DE MOLES. Dans cette chapelle se trouve le tombeau d'un Béarnais, ancien Archevêque d'Auch, Monseigneur Antoine de Salinis 1856-1861. Il appartenait à un Béarnais de saluer sa dépouille mortelle. Egalement nous visitons la crypte ; là, un sarcophage du VIe siècle fort curieux, de St-Taurin, qui porte les marques du style Wisigothique : fleurs stylisées, palmettes. Ce sarco- phage, transféré dans la crypte dès le XVIe siècle a été sculpté avant l'existence del'évêque. —Nous faisons une promenade à la vieille tour à plusieurs étages, d'où l'on jouit d'une vue admirable sur la ville et les campagnes environnantes et où l'on enfermait quelquefois les chanoines récalcitrants. Avant- chœur, chœur, vitraux, cryptes, sarcophages méritent autre chose qu'une mention: il faut les voir, les étudier, on en tire de multiples enseignements. Par quel miracle ces richesses ont-elles échappé aux ravages de la Révolution ! à Auch on devait être conscient des belles choses ! Une des curiosités de la ville est l'escalier monumental qui de la rivière accède à la Cathédrale. A 5 heures commenceront les fêtes officielles. Le temps de faire une promenade. Les allées d'Etigny sont bien tran- quilles et les places et les rues. Que sera la fête? Que nous amènera le train de 4 h. 1/2? Les voilà nos amis, les félibres de Béarn et de Bigorre et de Gascogne : Lalanne, le sympathique secrétaire-général de l'Escole, impatiemment attendu, et Camelat, l'auteur de " Beline" et de Cardaillac, et d'autres, beaucoup d'autres. Nos mains se tendent vers eux, ils viennent se ranger autour du Président aimé de l'Escole et de M. Bibal, le Président d'Honneur, de Carrive le savoureux conteur. La ville se réveille, la place de l'Hôtel de Ville s'anime de façon extraordinaire. La population auscitaine se montre sympathique aux Félibres venus pour célébrer leur attache- ment à la vieille Gascogne, à sa langue, à ses coutumes, mus tous par une même foi, rattachés par un même idéal, unis dans un même sentiment: l'amour. La bannière de Gaston-Phébus flotte escortée de ses fidèles : — 168 — Batcave, Lalarme, Bibal, Camelat, Carrive, Simin Palay. l'abbé Laborde, Canton... Fébus aban. L'atmosphère est saturée d'affection vive ; la communion commence. Réception à l'Hôtel-de-Ville Les Félibres furent accueillis avec une distinction et une courtoisie particulière par le Député-Maire d'Auch, entouré de la plupart des membres du Conseil municipal. Il fit à ses hôtes les honneurs de la Mairie, de la salle du balcon, de la salle des Illustres où un goûter était offert par la Municipalité. On remarquait Madame Guillot, l'exquise reine de ces fêtes entourée de ses six ravissantes dames d'honneur dontl'arrivée fut saluée par des applaudissements répétés, les présidents de l'Escole, la société archéologique du Gers avec son dis- tingué président M. Lauzun, son vice-président M. Lavergne, M. Despaux, trésorier. M. Bibal, Président d'Honneur; M. Batcave, capiscol de l'Escole ; MM. Lalanne, (secrétaire- général de l'Escole Gastou- Febus, Majorai ; Cassaët d'Eauze ; Duphil; Docteur Sentoux ; Cournet, Trouette, Dauréan, Castex, St-Arromain, conseillers municipaux ; Lagarde, Bonassies, avocats ; Petitbon, inspecteur primaire et Mme Petitbon ; Guillaume Pujos, conservateur du Musée et vice- consul d'Espagne ; de Cardaillac ; comte de Viforano ; Carrive; Camelat; Palay; Branet; Félix Lavât, auteur dra- matique, auteur " d'Athénaïs", joué au Capitole Théâtre de Toulouse. La salle des Illustres! Félibres, saluons bas, bien bas. Voici les glorieux enfants de la glorieuse Gascogne. Saluons ses Cadets, ses guerriers, marins, littérateurs, troubadours et poètes. La province qui a produit de tels hommes a le droit d'être glorieuse de son passé. Par dessus ces pléiades de grands hommes, planant, nous est apparue vivante, la figure symbolique de la Gascogne que M. Bibal nous a montrée dans son " Histoire chronolo- gique du vieux chàteau-fort de Mauvezin " jetant son cri. « La Gascogne ne meurt pas » — 169 — Et dans un discours éloquent, ému, persuasif, ajoutant une page nouvelle aux annales si glorieuses de l'antique cité, M. le Maire-député d'Auch, fait revivre ces gloires gasconnes. Voici le texte du discours. Mes chers Compatriotes, Mesdames, Messieurs. J'aurais aimé, et c'eût été, n'est ce pas ? de circonstance, vous recevoir comme eût su te faire jadis un médecin aussi, mais poète patois, Géraud Bédout, qui tient une des premières places, je crois, dans la pléiade gasconne par l'esprit et la verve sentant le terroir dont nous aimons tant le parfum. Je n'aurais peut être pas osé comme lui, car son lyrisme débor- dait d'enthousiasme pour sa ville natale, vous dire : « Què noste bile d'Auch ei, auta plan per parla come hè, la mai, « la princesse, la douts et la prumera bile de Gascougne. » Mais j'aurais moi aussi célébré devant vous la beauté incompa- rable de notre langue et j'aurais répété ainsi qu'il uploads/Geographie/ reclams-de-biarn-e-gascounhe-setembre-ouctoubre-1913-n09-10-17e-anade.pdf

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