Le mercantilisme Le mercantilisme désigne le courant de pensée économique domin
Le mercantilisme Le mercantilisme désigne le courant de pensée économique dominant du XVIe à la moitié du XVIIIe siècle. Selon ce courant, la puissance de l'Etat repose sur trois piliers : l'or et sa collecte par l'impôt, les marchands et leur favorisation dans le commerce intérieur, les exportations et l'excédent commercial qu'elles permettent d'obtenir en vue de l'accumulation de métaux précieux. Le mercantilisme n'est pas à proprement parler une école économique puisque ce courant recouvre un ensemble d'analyses hétérogènes. C'est Adam Smith qui dans De la richesse des nations réunit plusieurs penseurs sous cette étiquette en critiquant le « système mercantile » qui prône la puissance militaire de l'État, son intervention dans l'économie, ainsi que les protections douanières et les monopoles. Le mercantilisme s'est développé dans la plupart des pays européens. Il connaît différentes variantes suivant les pays. En Espagne, le courant mercantiliste est nommé bullioniste (de l'anglais bullion qui signifie lingot). Le bullionisme vise à accumuler les métaux précieux issus des colonies amérindiennes et à les empêcher ensuite de sortir de pays. Il fut pratiqué par Charles Quint et Philippe II. En France, le courant mercantiliste se traduit par le colbertisme pratiqué sous Louis XIV. L'objectif reste l'accumulation de métaux précieux, mais la France n'ayant pas les mêmes ressources aurifères, la politique colbertiste vise à se les procurer par le biais d'un protectionnisme sélectif et d'un interventionnisme industriel. Contemporain de la colonisation du Nouveau Monde et de la monarchie absolue, le mercantilisme s'est développé surtout dans les deux Etats-nation qui dominent alors l'Europe : l'Angleterre et la France. Les mercantilistes anglais les plus connus sont William Petty (1623-1687), John Law (1671-1729). En France, ce sont Jean Bodin (1529- 1596), Jean-Baptiste Colbert (1619-1665). Mais le pays le plus cité par les mercantilistes comme le modèle à suivre est la Hollande. Ce pays où le pouvoir appartient aux marchands, domine économiquement l'Europe grâce à la puissance de son commerce. Les mercantilistes français et anglais, tout en affirmant les spécificités nationales de chaque pays, se servent de la Hollande pour montrer que le commerce international est un vecteur de richesse pour une nation. La stratégie de leur discours consiste à placer l'Etat, pensé comme l'incarnation de l'intérêt général, contre les archaïsmes féodaux à l'intérieur du pays et contre les autres puissances nationales extérieures. L'Etat qui représente l'intérêt général est opposé au marché qui est le lieu où s'affrontent les intérêts particuliers, synonymes de désordre, et donc contrevenant à l'intérêt de l'Etat-nation. Le recours à l'Etat sert d'outil logique pour condamner les archaïsmes : les concessions octroyées à certaines villes, les péages intérieurs abusifs ou encore les privilèges de l'Eglise. Pour cette raison, les mercantilistes favorisent les monopoles accordés par l'Etat et plus généralement, sollicite son intervention dans l'économie afin que les intérêts particuliers soient modérés, l'objectif étant de doter l'Etat de moyens financiers, monétaires et fiscaux afin qu'il puisse mener une politique autonome. En ce sens, les mercantilistes sont animés par la rationalisation et la modernisation de l'Etat. On peut même dire que la pensée économique laïque naît avec le mercantilisme. Les analyses mercantilistes sont en rupture avec les analyses économiques des théologiens qui cherchaient à qualifier la nature bonne ou mauvaise de telle ou telle activité commerciale. Le problème spécifique des mercantilistes n'est pas celui du péché, mais la puissance du Prince ou de l'Etat. Ils introduisent donc une rupture avec la conception économique traditionnelle. La politique économique est menée en vue de la puissance politique et militaire au plan international. La puissance d'un Etat se mesure à sa capacité de pouvoir se procurer des armes et des armées, donc à l'accumulation des métaux précieux permettant de se les acheter (notamment à pouvoir recourir à des mercenaires le cas échéant). L'accumulation et le placement de l'or et de l'argent sont au cœur des préoccupations des mercantilistes. Selon eux, ces métaux sont mieux placés s'ils circulent dans l'économie nationale que s'ils sont accumulés dans des coffres. Néanmoins ils doivent pouvoir être rapidement saisis par le Prince en cas de besoin. Par conséquent, certains mercantilistes préconisent l'interdiction de l'exportation de l'or afin que l'Etat conserve sa puissance. D'autres soulignent cependant que comme le commerce extérieur apporte la richesse, et donc la puissance, il ne faut pas gêner les exportations, voire il faut même les favoriser, à condition cependant de limiter le plus possible les importations. Les mercantilistes ont également le goût des chiffres et des calculs. Ils cherchent en effet à évaluer les effets économiques de telle ou telle décision publique afin de démontrer au Prince la meilleure façon de gérer l'Etat, quels sont les produits qu'il faut taxer, quel est le niveau de population, etc. Bref une science politique s'élabore et prend le nom d'arithmétique politique, l'ancêtre de notre comptabilité nationale. La monnaie pour les mercantilistes est un bien qui importe plus que les autres. Cette analyse de la monnaie va à l'encontre des théories classiques de la monnaie développées par Smith ou Say qui analyse la monnaie comme un bien neutre, une marchandise comme les autres, soumise aux lois de l'offre et de la demande. A partir de la moitié du XVIIIe siècle, les penseurs libéraux tels que Smith, Hume ou Quesnay critiquent le mercantilisme, ce qui mettra fin à ce courant de pensée au profit des physiocrates et des classiques. On retrouve aujourd'hui des formes de néomercantilisme dans les politiques économiques protectionnistes visant à favoriser un excédent commercial. John Maynard Keynes reconnait à ces politiques le mérite de favoriser le décollage économique et la constitution d'un capitalisme national. Il reprend également certaines de leurs analyses concernant la monnaie ou les taux d'intérêt FICHE DE LECTURE DU COURANT MERCANTILISTE I- PRESENTATION DU COURANT MERCANTILISTE Il s’agit, dans cette première partie, de circonscrire la période de vie du courant mercantiliste et ses différentes formes (A), puis les principaux auteurs ayant initiés cette conception de l’économie (B). A- Période : du XVIe au XVIIIe siècle Le mercantilisme est une conception de l’économie qui prévaut entre le XVIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle en Europe. Elle a été appliquée par les pays de la péninsule Ibérique (le bullionisme ou « mercantilisme espagnol ») ; par la France (le colbertisme ou « mercantilisme français ») et par l’Angleterre (commercialisme ou « mercantilisme britannique »), mais s'est soldé par une asphyxie de ces économies. B- Auteurs mercantilistes Jean BODIN (1530-1596) ; Antoine de MONTCHRETIEN (1576-1621) ; William PETTY (1623-1687) ; Thomas MUN (1621) etc. II- ANALYSE MERCANTILISTE Les mercantilistes se sont intéressés à la relation entre la croissance économique (richesse des nations) , et le commerce extérieur. Pour comprendre l’approche de cette relation par les mercantilistes, il convient de présenter tout d’abord leur conception de valeur et de richesse (A), ensuite de mettre en évidence les procédés d’accumulation de cette valeur (B). A- Richesse : stock d’or et d’argent Dans l’analyse mercantiliste, la richesse est définie en terme de stock comme une accumulation de valeur, c'est-à-dire de métaux précieux (Or et argent). B- Procédés d’accumulation d’or et d’argent : Commerce extérieur, industrialisation et politiques protectionnistes Les penseurs mercantilistes prônent l’enrichissement des nations au moyen du commerce extérieur, qui permet de dégager un excédent de la balance commerciale (la différence entre les exportations et les importations doit être positive). Pour accroître les gains au commerce extérieur, le pays doit investir dans des activités économiques à rendement croissant (la création d'industrie doit permettre d'exporter des produits manufacturés à forte valeur ajoutée), d'une part, et appliquer des politiques protectionnistes. En effet, dans cette conception, l’Etat a un rôle primordial grâce à la mise en place de politiques protectionnistes. Il s’agit principalement d’établir des barrières tarifaires (exemple : droits de douanes) pour décourager les importations qui entraînent une sortie de métaux précieux, et en encourageant les exportations qui conduisent à une entrée de métaux précieux. Il faut noter que l’idée mercantiliste dominante, qui considère que le stock de richesse est fixe et que la seule façon d’accroître la richesse d’un pays doit se faire au détriment d’un autre, a alimenté les périodes de conflits armés des XVIIe et XVIIIe siècle (le commerce extérieur est un jeu à somme nulle ou les exportateurs sont les gagnants et les importateurs sont des perdants). III- LIMITES DU COURANT Les limites du courant mercantiliste portent autant dans leur conception de la richesse que dans leur compréhension du commerce extérieur. L’application de leurs préceptes par la France, l’Angleterre, le Portugal et l’Espagne s’est soldée par un appauvrissement de ces derniers. A- Mauvaise conception de la valeur et de la richesse Adam SMITH a montré que l'or est une marchandise comme les autres, et ne mérite donc pas un traitement spécial ; l'or n'est rien d'autre qu'un métal jaune qui a une valeur élevée uniquement du fait de sa rareté. De plus, la richesse d'une économie s’analyse désormais en terme de flux, et non plus en terme de stock. B- Mauvaise analyse du commerce extérieur et appauvrissement des pays. Comme l’on démontré Adam SMITH et David RICARDO, le commerce n'est plus vu comme un uploads/Geographie/ resume-le-mercantilisme 1 .pdf
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- Publié le Jui 29, 2022
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