QUEL(S) MODÈLE(S) DE MANAGEMENT DES RESSOURCES HUMAINES EN EUROMÉDITERRANÉE ? A
QUEL(S) MODÈLE(S) DE MANAGEMENT DES RESSOURCES HUMAINES EN EUROMÉDITERRANÉE ? Aline Scouarnec, François Silva Lavoisier | « Revue française de gestion » 2006/7 no 166 | pages 129 à 147 ISSN 0338-4551 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2006-7-page-129.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Lavoisier. © Lavoisier. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Dans le présent article, nous nous attachons à définir les principaux concepts mobilisés dans notre recherche et en premier lieu, celui d’Euroméditerranée, à présenter les fondements théoriques, et enfin, le cadre d’analyse. S i de nombreux travaux traitent de l’internationali- sation de la GRH, c’est essentiellement dans le cadre de la transposabilité – ou non – d’un modèle dit « dominant » (anglo-saxon) à un contexte donné. Huault (1997) a ainsi mis en évidence les composantes d’une GIRH: la question de la mobilité géographique, l’équité entre des populations différentes, la gestion des carrières internationales, l’arbitrage des politiques glo- bales/locales, l’interrogation portant sur le rôle des managers de la maison-mère sur les filiales et la manière de pourvoir les postes-clés. Notre ambition dans cet article est tout autre. Dans le cadre du projet Agora1, nous voudrions tout d’abord proposer un cadre d’analyse des pratiques de manage- ment des ressources humaines en Euroméditerranée. Cet article est donc théorique; il est le reflet de l’état de l’art et des réflexions qui ont été menées dans le cadre de ce projet et qui ont permis la construction d’un cadre d’ana- lyse, base des enquêtes empiriques qui sont actuellement D O S S I E R PAR ALINE SCOUARNEC, FRANÇOIS SILVA Quel(s) modèle(s) demanagement des ressources humaines en Euroméditerranée? 1. Le projet Agora: site internet: https://agorarh.com © Lavoisier | Téléchargé le 08/02/2021 sur www.cairn.info (IP: 102.101.173.68) © Lavoisier | Téléchargé le 08/02/2021 sur www.cairn.info (IP: 102.101.173.68) menées dans les huit pays impliqués dans ce projet (France, Espagne, Italie, Portugal, Maroc, Algérie, Tunisie, Slovénie). Dans le présent article, nous nous attachons à défi- nir les principaux concepts mobilisés dans notre recherche et en premier lieu celui d’Euroméditerranée et nous présentons le cadre d’analyse. I. – L’EUROMÉDITERRANÉE La problématique de l’Euroméditerranée nous semble éclairée par l’évolution démo- graphique de l’Europe par rapport au reste du monde dans les prochaines décennies. En effet, sa place dans la population mon- diale va passer de 1950 à 2050 de 22 % à 7 % avec une part de plus en plus impor- tante des personnes de plus de 60 ans. Avec 729 millions d’habitants en 2000, l’Europe a une démographie déclinante. En effet, les démographes des Nations unies2 calculent que sa population devrait atteindre, en 2050, 628 millions d’habitants selon la variante « moyenne », soit une diminution de 13 %, c’est-à-dire de 100 millions d’ha- bitants, et 550 millions selon la variante « basse » (- 24 %). Rien aujourd’hui ne laisse prévoir une tendance « haute ». Ainsi, aujourd’hui un pays comme la Russie perd déjà chaque année 1 millions d’habitants, tout comme le taux de fécondité est de 1,3 en Italie. Aujourd’hui l’Europe représente 12 % de la population de la planète et elle n’en repré- sentera plus que 7 % en 2050. En 1950, avec 22 %, elle avait le même poids démo- graphique que celle de l’Afrique et de l’Amérique (du Nord et du Sud) réunies quant aujourd’hui, elle est sensiblement inférieure à chacun de ces deux continents; mais en 2050, l’Amérique comptera deux fois plus d’habitants que l’Europe, l’Afrique trois fois plus. La comparaison avec l’Asie fait apparaître un déséquilibre encore plus accentué. Tout comme en un siècle le poids des deux rives de la Méditer- ranée se rééquilibre. Enfin, nous constatons la formidable poussée démographique des pays du Sud de la Méditerranée avec une spectaculaire augmentation. Ces pays connaissent une population jeune à l’op- posé de l’Europe. Ainsi, l’augmentation considérable du rapport de dépendance éco- nomique3 qui devrait passer entre 1998 et 2050, de 49 à 78 % dans l’Union euro- péenne. Le nombre de personnes âgées aug- mentera considérablement. En 2030, la pro- portion de personnes âgées de 65 ans et plus dans les pays de l’OCDE sera comprise entre 33 % en Australie et 49,2 % en Alle- magne, contre respectivement 13,9 % et 16 % en 19604. Certes, si l’augmentation du nombre de personnes âgées, notamment les personnes dépendantes, entraînera une hausse importante de la demande de ser- vices sociaux et de santé, ce n’est pas intrinsèquement un élément de dynamique économique car le vieillissement de la population mettra certainement les finances publiques à rude épreuve, sans compter les régimes publics de retraite par répartition qui devraient se retrouver au bord de l’as- phyxie. Ainsi cette étude de l’OCDE indique que l’Europe va être confrontée à deux ques- 130 Revue française de gestion – N° 166/2006 2. Étude sur l’évolution de la population mondiale 2000-2050 (ONU, février 1995). 3. C’est le nombre de personnes âgées de moins de 15 ans et de plus de 64 ans rapporté à la population en âge de travailler (15-64 ans). 4. Sources « Programme de l’OCDE sur l’avenir » (OCDE, octobre 1999). © Lavoisier | Téléchargé le 08/02/2021 sur www.cairn.info (IP: 102.101.173.68) © Lavoisier | Téléchargé le 08/02/2021 sur www.cairn.info (IP: 102.101.173.68) tions: l’une exogène, le développement économique d’un certain nombre de pays émergents, tels que la Chine, l’Inde ou le Brésil et l’autre endogène, la baisse de sa natalité. Certes la France sera sans doute un des seuls pays européens qui aura su (???) limiter la baisse de sa population. D’autres, au contraire, tels que la Russie, l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne vont connaître (et commence à connaître) un décrochage important. Derrière ces questions démographiques se pose bien évidemment la question d’une rive nord – riche et vieille – et d’une rive sud – pauvre et jeune. L’immigration et la fuite des cerveaux peuvent engendrer de graves déséquilibres sociaux dans les pays des deux rives. Mais c’est la question de la capacité économique de l’Europe à rester innovante et compétitive au niveau mondial qui est posée. L’OCDE propose deux scé- narios fort opposés, à l’horizon 2040 avec en plus un troisième médian: un premier, celui d’une Europe refermée sur elle et lais- sant le Sud méditerranéen à ses difficultés, au contraire d’un second ayant développé un partenariat économique, social et cultu- rel qui s’appuie sur une libre circulation des hommes et des marchandises. Il faut avoir conscience que le reste de la planète va lui aussi croître, plus vite que cette partie du monde. Dans la première hypothèse, l’Eu- rope voit décliner son PIB par rapport au reste du monde passant de 27 % à moins de 13 %, tandis que les pays du Sud s’enfon- ceraient dans une spirale de difficultés liées à l’arrivée massives de jeunes sur le marché du travail, à l’exode rural et à l’incapacité des États de gérer leur développement urbain. Leur PIB représentant aujourd’hui 2 %, il serait plus bas encore. On imagine les tensions sociales qui devraient générer des tensions politiques porteuses de graves dangers de déstabilisation dont le terro- risme. Dans la deuxième hypothèse, une zone économique (l’Euroméditerranée?) se serait développée certes par un effort des pays européens. La baisse de l’Europe serait faible (globalement l’ensemble ferait 23 % du PIB mondial). Le scénario médian est un compromis entre les deux avec une ouverture moins importante. Le PIB serait à 17 % pour l’Europe et les pays du Sud à 2 %. L’idée de l’Euroméditerranée est une « euro-invention » des années 1990 comme l’appelle joliment Pierre Willa5 par la jonc- tion de l’Europe et de la Méditerranée. Elle est née d’une conférence qui s’est tenue en novembre 1995 à Barcelone entre les ministres des Affaires étrangères des quinze pays européens (à l’époque) et ceux des douze pays du Sud de la Méditerranée qu’on appelait les pays tiers méditerra- néens (PTM), dont Israël. L’objectif était de mettre en place une politique euro- péenne vers les pays du Sud de la Méditer- ranée. Cette conférence dite de Barcelone a lancé ce que l’on a appelé le « Processus de Barcelone uploads/Geographie/ rfg-166-0129.pdf
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- Publié le Jui 21, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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