Ouvrage édité à l'initiative de la Ville de Mons avec l'aide de la Promotion de

Ouvrage édité à l'initiative de la Ville de Mons avec l'aide de la Promotion des Lettres de la Communauté française de Belgique # Ministère de 1. Communauté français, © 2000 ANTE POST a.s.b.L responsable des éditions de La Lettre volée 20, bd Barthélémy, B-iooo Bruxelles Conception graphique : Sign* (Bruxelles) Dépôt légal : Bibliothèque Royale de Belgique I E R trimestre 2000 - D/2000/5636/9 ISBN 2-87317-112-x Cet ouvrage a été édité à Pinitiative de la Ville de Mons, en collaboration avec les éditions de La Lettre volée, dans le cadre de la troisième biennale « Patrimoine et Création 2000 ». Cette manifestation a reçu le soutien de la Communauté française Wallonie- Bruxelles. Elle a été inaugurée le 27 avril 2000. Nous tenons à remercier toutes les personnes et institutions qui ont permis de réaliser la commande des cinq œuvres d'art destinées à être installées dans des endroits remarquables du patrimoine architectural montois ainsi que l'édition du présent livre : Le Collège des Bourgmestres et Échevins de la Ville de Mons, Madame France Auquier, Chargée de Mission culturelle à la Ville de Mons, Messieurs Balthasar Burkhard, Patrick Corillon, Frédéric De Baere, Philippe De Gobert, Michel De Reymaeker, Conservateur en Chef des Musées Communaux, Georges Didi-Huberman, Pierre Dufour, Président de la Fabrique d'Église de sainte-Waudru, Gérard Garouste, Denis Gielen, Assistant au musée des Arts Contemporains-Grand Hornu, Jacques Hamaide, Échevin de la Culture de la Ville de Mons, Messieurs Guy Harpigny, Doyen de la Collégiale Sainte-Waudru, Pierre Hazette, Ministre de l'Enseignement Secondaire, des Arts et des Lettres de la Communauté française de Belgique, Pierre Hebbelinck, Henry Ingberg, Secrétaire Général de la Culture à la Communauté française de Belgique, Jacques Lacarrière, Maurice Lafosse, Bourgmestre de la Ville de Mons, Madame Martine Lahaye, Directrice Générale de la Culture à la Communauté française de Belgique, Messieurs Giuseppe Penone, José Maria Sicilia, Pierre Urbain, Chef de Bureau au service de la Culture de la Ville de Mons, Daniel Vander Gucht, les équipes techniques des différents services de la Ville de Mons et tous les partenaires de la Biennale « Patrimoine et Création ». Préface En Pan 2000, la ville de Mons, sur proposition du commissaire de l'opération « Patrimoine et Création », Laurent Busine, a souhaité passer commande à cinq artistes européens d'une œuvre destinée à représenter le mythe de saint Georges et du dragon. Les artistes désignés furent : Balthasar Burkhard (suisse), Patrick Corillon (belge), Gérard Garouste (français), Giuseppe Penone (italien) et José Maria Sicilia (espagnol). Les œuvres ont trouvé place dans des lieux remarquables du patrimoine de la ville : Hôtel de Ville, Collégiale Sainte-Waudru et Square Saint-Germain. Chaque année, à la fête de la Trinité, la ville de Mons organise une procession séculaire suivie d'un combat légendaire dit « Lumeçon » qui met aux prises saint Georges, et ses aides, et le dragon, et ses acolytes. Le combat folklo- rique suscite à chaque représentation un engouement fervent de la part de la population locale ainsi que de nombreux invités étrangers à la ville. Ce fait plaçait sans doute les habitants de Mons dans les conditions les plus adéquates pour accueillir les nouvelles propositions iconographiques des artistes contemporains. Ceux-ci ont développé sous forme métaphorique, narrative, figurative et surtout poétique, les différents aspects de la lutte qui oppose l'homme souverain aux forces obscures. Nul doute que ces œuvres exemplaires des visions artistiques actuelles fassent avancer la connaissance de notre position dans les rapports aux mythes qui traversent l'histoire des hommes. Maurice Lafosse Bourgmestre de la Ville de Mons JOSSE LIEFERINXE Saint Michel ca. 1500, Avignon, Musée du petit Palais © L'Œil et la Mémoire. Le combat de saint Georges et du dragon Laurent Busine L'histoire de saint Georges et du dragon est vieille comme la terre et elle durera jusqu'à la fin des temps ; jusqu'au moment du jugement dernier qui, ipso facto, mettra fin à leur lutte. En attendant le jour ultime, saint Georges et le dragon continuent de s'af- fronter régulièrement et depuis si longtemps. Et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent le iragon. Et le dragon et ses anges combattirent, mais ils ne jxirent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur terre, et ses anges furent précipités avec lui. (Apoc., 12. 7-9.) Nous le voyons, la rivalité qui oppose la bête et son vainqueur est ancienne ; cependant il convient d'en différencier les protagonistes pour comprendre en quoi la légende de saint Georges est particulière. L'iconographie traditionnelle a eu tendance, parfois, à confondre les figures de Michel et de Georges au point qu'il est difficile à certains moments de les identifier avec certitude, si ce n'est en se fiant aux ailes qui ornent le dos de l'archange et au cheval que monte le saint. De toute manière, tous deux livrent bataille à un monstre à l'apparence variable et le terrassent en le per- çant de leur lance. Cette confusion trouve une représentation exemplaire dans l'œuvre de l'ar- tiste hennuyer Josse Lieferinxe où l'artiste fond littéralement les deux person- nages dans une figure globale. L'archange Michel, harnaché comme un cheva- lier, combat Satan dans une salle richement tendue de tissus ; les ailes sont à peine visibles et servent surtout de support blanc à la bannière de saint Georges Saint Georges et le Dragon 9 quand devant elles, virevolte un léger drapeau rouge, comme une croix. Josse Lieferinxe a mêlé curieusement les deux héros, mais bien davantage, a réuni leurs différences essentielles. Car, au-delà des apparences (un personnage qui combat un monstre), tout sépare l'archange Michel de saint Georges et c'est dans la distinction que l'on pourra opérer entre leurs situations dans le monde que nous verrons s'affirmer la place de l'un et le rôle de l'autre. Michel est le bras armé de Dieu ; il combat Satan, le mal, la chute. L'archange a un glaive de feu quand il chasse du jardin d'Éden Adam et Ève séduits par le serpent ancien, après la faute. Michel livre bataille à la tête des armées célestes contre les cohortes d'anges rebelles et déchus. Il est la force et la volonté de Dieu ; il est le prolongement et la démonstration de Sa divine puissance. Mais Satan, le grand dragon ne meurt pas ; l'archange le précipite, lui et les siens, sur terre où le dragon vivra, jusqu'à l'accomplissement des prophéties. Georges est dans le monde, il a les pieds sur terre. On pourrait dire, en faisant référence à l'étymologie de son nom, qu'il a les pieds dans la terre et qu'il plonge les mains dans la glaise. Le saint est un homme qui poursuit son chemin en chevauchant et qui apprend le drame qui se prépare. On peut supposer que ce n'est pas par hasard que ses pas l'ont conduit en ces contrées mais que la main du Très- Haut l'y a guidé. Cependant, c'est à lui que revient la décision de ses actes, pour que s'accomplisse son destin. Il fait part de sa volonté et l'affirme à plu- sieurs reprises en s'opposant aux prières généreuses de la future victime — la Princesse — qui le supplie de quitter les lieux. Armé de sa lance, de sa cui- rasse, de ses muscles et de son courage, il décide, seul, d'accomplir l'exploit afin qu'ensuite soit évidente la présence de Dieu dans les actes des hommes qui ont foi en lui \ Tu te sauveras seul, telle est l'inspiration divine 3. Saint Georges tue le dragon ou, plutôt, tue un dragon, une des bêtes malfai- santes qui infestent la terre depuis qu'elle n'a plus trouvé place dans le ciel et qu'elle fut précipitée. Saint Georges et le Dragon 10 Satan est immortel, pas le dragon. Le dragon prend de multiples apparences : hydre, chimère, basilic, Seth, etc. et Georges s'oppose à lui diversement suivant les récits : Horus, Héraclès, Thésée, Roger, Persée, Béllérophon, Batman, etc. Quoi qu'il en soit, les dragons existent — le fait est avéré — et il faut qu'il y ait des hommes courageux pour les combattre afin de libérer régulièrement la surface de la terre de leur présence pernicieuse et affirmer la confiance en une autorité supérieure à laquelle ce geste est dédié. Le dragon existe — cela ne fait aucun doute — et les récits, les fables, les contes, les légendes et les mythes qui le rappellent sont légion dans le temps et dans le monde. Ces écrits brassent largement l'épopée : la hideur de la bête et la magnificence du héros. Toutefois, certains textes sont plus précis et plus descriptifs et, dans ce sens, nous intéressent davantage. Au xiie siècle, Hildegarde de Bingen, dans son Liure des subtilités des creatures divines, décrit le dragon dans la partie réservée aux reptiles mais surtout pro- pose une recette pour la confection de remèdes contre l'obscurcissement de la vue et la guérison des calculs, à partir du uploads/Geographie/ saint-georges-et-le-dragon.pdf

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