Daniel Schlumberger Descendants non-méditerranéens de l'art grec In: Syria. Tom

Daniel Schlumberger Descendants non-méditerranéens de l'art grec In: Syria. Tome 37 fascicule 1-2, 1960. pp. 131-166. Citer ce document / Cite this document : Schlumberger Daniel. Descendants non-méditerranéens de l'art grec. In: Syria. Tome 37 fascicule 1-2, 1960. pp. 131-166. doi : 10.3406/syria.1960.8439 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1960_num_37_1_8439 DESCENDANTS NON-MÉDITERRANÉENS DE L'ART GREC w par DANIEL SCHLUMBERGER (Planches V-VIII) Introduction. — confins indo-iraniens et steppe syro-mésopotamienne Lorsque l'art grec de l'époque hellénistique, devenu l'art commun des pays riverains de la Méditerranée, passe, dans le cours du premier siècle (x) Abréviations bibliographiques Agrawala, Catalogue = V. S. Agrawala, Catalogue of the Mathura Museum, I (Buddha and Bodhisattva images), m Journal of the Uttar Pradesh Historical Society, Lucknow, 1948, pp. 42-98; II (Brahmanical images) , ibid., 1949, pp. 102- 210; III (Jaina Tirthankaras and other miscellaneous figures), ibid., 1950, pp. 35- 147; IV (Architectural pieces), ibid., 1951, pp. 1-160; V, Supplément ibid, (non vidi). Bernet Kempers, Begegnung = A. J. Bernet Kempers, Die Begegnung der griechisch- rômischen Kunst mit dem indischen Kul- turkreis, dans W. Otto, Handbuch der Archâologie fortgefûhrt v. R. Herbig II, 2 (7 te Lieferung), Munich, 1954, pp. 455- 483. Buchthal, Foundations — H. Buchthal, The Foundations for a Chronology of Gandhâra Sculpture, extr. des Transactions of the Oriental Ceramic Society, 4 nov. 1942. Buchthal, Western aspects = H. Buchthal, The Western Aspects of Gandhâra Sculpt ure, extr. des Proceedings of the British Academy, XXXI, 1948. Deydier, Contribution = H. Deydier, Contri bution à l'étude de l'art du Gandhâra, Paris, 1950. Foucher, AGB = A. Foucher, L'art gréco- bouddhique du Gandhâra, Paris, E. Leroux, 1, 1905; II, 1, 1918; II, 2, 1922; II, 3, 1951. Foucher, Vieille route = A. Foucher, La vieille route de l'Inde de Bactres à Taxila, Paris, I, 1942; II, 1947 (Mém. DAFA I). Hackin, Rech. = J. Hackin, Recherches archéo logiques à Be gram, Paris, 1939 (Mém. DAFA IX). Hackin, Nouv. Rech. = J. Hackin, Nouvelles recherches archéologiques à Begram, Paris, 1954 (Mém. DAFA XI). Herzfeld, Iran = E. Herzfeld, Iran in the Ancient East, London, New- York, 1941. Ingholt, Gandh. Art = H. Ingholt and I. Lyons, Gandhâran Art in Pakistan, New- York, 1957. Ingholt, Studier = H. Ingholt, Studier over palmyrensk Skulptur, Copenhague, 1928. Lohuizen-de Leeuw, Scyth. per. = J. E. van Lohuizen-de Leeuw, The Scythian Period, An Approach to the History... of North India..., Leiden, 1949. Krencker, Rom. Tempel = D. Krencker u. W. Zschietzschmann, Ro'mische Tempel in Syrien, Berlin, Leipz., 1938. Rostovtzeff, Parth. Art = M. Rostovtzeff, Dura and the Problem of Parthian art, Yale Class. Studies V, 1935, pp. 158-304. Rostovtzeff, Dura-Europos = M. Ros tovtzeff, Dura-Europos and its Art, Oxford, 1938. Seyrig, Ant. Syr. I-V = H. Seyrig, Antiquités syriennes (articles extraits de Syria, 1931- 1957, avec corrections et index). Vogel, Sculpt. Math. = J. Ph. Vogel, Sculp ture de Mathurâ, Ars Asiatica, XV, Paris, 1930. Wheeler, Rome = Sir Mortimer Wheeler, Rome Beyond the Imperial Frontiers, Lond. 1955. 132 SYRIA avant Jésus-Christ, au service des Romains, unificateurs et maîtres de ce vaste domaine, nous avons coutume de lui appliquer une nouvelle épithète : nous l'appelons l'art gréco-romain. Lorsque cet art gréco-romain passe lui- même au service de la Foi Nouvelle, d'abord clandestinement, puis, à partir du ive siècle de notre ère, ouvertement et officiellement, nous l'appe lons l'art paléochrétien. Dans la perspective traditionnelle de nos études, les descendants de l'art grec, ce sont avant tout ces deux arts-là, et ils sont méditerranéens l'un et l'autre. Cependant, l'art grec a eu dans le même temps des descendants (1) non-méditerranéens, et deux d'entre eux au moins sont connus depuis longtemps : l'art gandhârien, l'art palmyrénien. L'art dit du Gandhâra (2) est un art hellénisant des confins indo-iraniens (3), et, dès sa découverte vers 1830, ce qui frappa tous les observateurs, au point d'orienter presque exclusivement leurs recherches, ce fut cet « hell énisme » et le contraste qu'il offrait avec 1' « exotisme » des autres arts de l'Inde. Cet art nous le trouvons au service d'une foi (son cas est donc compar able à celui de l'art paléochrétien (4)), et dans un domaine géographique bien délimité. La foi qu'il sert, c'est le bouddhisme. Le domaine (5) où il (*) C'est à dessein que j'écris « descendants » plutôt que « successeurs ». Un successeur peut ne rien devoir qu'à un seul prédécesseur. Un descendant est nécessairement le débiteur de ses deux parents (bien que de façon souvent très inégale) et de nombreux ascendants. Je me borne à l'antiquité, et exclus de mon sujet les descendants plus tardifs et plus lointains (bien que directs) de l'art grec, notamment ceux qu'il a eus en Asie Centrale et en Extrême- Orient. (a) Bibliographie sommaire : Foucher, AGB et Vieille route; Deydier, Contribution; Marshall, Taxila; Lohuizen-de Leeuw, Scyth. Per.; Bussagli, L'irridigimento formate etc., dans Archeologia Classica V 1953, pp. 67- 83, et Osservazioni etc., dans Riv. 1st. Naz. d'Arch. e Storia dell'Arte, Nuov. Ser. V-VI, 1956-1957, pp. 150-247. Rowland, Art and Archit. of India, 1953, 3e partie; Ingholt, Gandh. Art; Bernet Kempers, Begegnung; K. Swoboda, Kun8tgesch. Anzeigen I, 1955- 56, pp. 111-118. (8) C'est confins « pakistano-afghans » qu'il faudrait écrire si l'on voulait tenir compte de la situation politique moderne. Nous la néglige rons : l'Inde, l'Iran désigneront dans les pages qui suivent les grandes régions géographiques sur lesquels sont depuis longtemps fixés ces noms. (*) On l'a souvent dit : p. ex. Rowland, Art and Archit., p. 80. (6) Sur les limites de ce domaine voir Fou cher, Vieille route, chap, vi, 1 ; Deydier, Contri bution, p. 6; Bernet Kempers, Begegnung, pp. 469-471. Indiquons une fois pour toutes que nous entendons ici l'art du Gandhâra comme le font Foucher et Deydier au sens le plus large, incluant Taxila et le Kâpiça. DESCENDANTS NON-MÉDITERRANÉENS DE L'ART GREC 133 fleurit, c'est celui de la Rivière de Kaboul et de ses affluents, depuis les hauteurs de l'Hindoukouch, d'où ces eaux descendent, jusqu'à l' Indus où elles se jettent. Dans ce domaine, tant au Gandhâra même qui en est la partie basse, géographiquement indienne (aujourd'hui pakistanaise), qu'aux Paropamisades qui en sont la partie haute, géographiquement iranienne (aujourd'hui afghane), c'est par centaines que les sites gréco-bouddhiques ont été reconnus, c'est par milliers ou dizaines de milliers que les fragments de sculptures ont été recueillis, et cette abondance a rendu l'art du Gan dhâra familier à un vaste public. Mais si la nature et les lieux de cet art sont clairs, son époque ne l'est pas. Nous ne connaissons aujourd'hui encore la date précise d'aucun de ses nombreux monuments, de sorte que nous ne sommes capables ni d'établir l'ordre de leur succession, ni même de placer cet art dans l'histoire autrement que de façon très incertaine. L'art de Palmyre (1), connu en Europe depuis le milieu du xvine siècle, parut longtemps un phénomène déconcertant et isolé. Qu'il fût lui aussi un art hellénisant était manifeste, mais ne soulevait guère de commenta ires. En revanche, comparé à l'art hellénisant de la Méditerranée romaine, et même aux formes syriennes de cet art, il présentait des originalités qui ne pouvaient manquer de frapper, bien qu'on sût mal les définir. Jusqu'à la révolution des idées qu'introduisirent les découvertes de Doura-Europos (à partir de 1921), on ne vit guère en lui qu'un aspect marginal de l'art de la Syrie romaine, très particulier certes, mais qui somme toute ne sur prenait pas plus dans l'histoire de l'art que ne surprenait, dans l'histoire politique et économique, Palmyre elle-même : n'étant connu que dans le cadre étroit de la ville et de son oasis, il n'était envisagé que comme une sorte d'accident local de peu de portée, que comme le produit singulier d'une société urbaine elle-même singulière. Cependant, si cet art était inexactement apprécié quant à sa nature, il ne souleva jamais, quant à son époque, les difficultés que présente encore l'art du Gandhâra. De nom breux monuments bien datés (2) firent voir très tôt que ses débuts coïn- (l) Bibliographie dans Starcky, Palmyre, (*) Voir les textes au Corpus inscr. sem., (L'Orient ancien illustré, 7) Paris, A. Maison- Pars secunda, III. neuve, 1952, p. 129. 134 SYRIA cidaient à peu près avec l'ère chrétienne, tandis que sa fin se plaçait en 272 (date de la chute de la ville); et ces jalons permirent ensuite d'en édifier avec précision la chronologie (1). Les fouilles de Doura-Europos (2) placèrent soudain l'art palmyrénien dans une perspective toute nouvelle, en révélant que son isolement n'était qu'une apparence. C'est le grand et durable mérite de Michel Rostovtzefî d'avoir compris que l'art de Doura ne différait par rien d'essentiel de celui de Palmyre, et que ces deux villes appartenaient elles-mêmes à un monde plus large dont l'art couvrait la steppe syro-mésopotamienne (3), la Babylonie et le rebord occidental du plateau iranien, comme l'attestaient nombre de monuments provenant de sites divers de cette vaste région (4). Rostovtzefî désigna l'art ainsi reconnu du nom d'art parthe, et bien que cette appel lation ait été discutée, je la conserverai, non seulement parce qu'elle est déjà uploads/Geographie/ schlumberger-d-descendants-non-mediterraneens-de-l-x27-art-grec-1-1960-syria.pdf

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