Cyrille Simonnet Destinée tectonique Destino tectónico Il y a des mots qui semb

Cyrille Simonnet Destinée tectonique Destino tectónico Il y a des mots qui semblent taillés dans la langue comme le cristal dans la roche. «Tectonique» est de ceux-là. Une rythmique vive, tranchée, accordée à un hybride sémantique qui allie un radical saillant et savant, tecton, avec une finale tonique, entraînante, bandée comme un ressort. Le mot est plaisant, assez rare cependant pour intimider, tant que son usage se cantonne au domaine des idiomes scientifiques. En géologie, la fameuse tectonique des plaques est vouée à un certain succès: le lent grincement du globe terrestre produit des mouvements de surface qui dessinent les continents, profilent les montagnes et provoquent des tremblements de terre. La tectonique est un objet de science, c'est une sorte de dynamique passive et puissante, où les vitesses se mesurent à l'échelle des millénaires. C'est de l'ordre du mouvement immobile, de la force tranquille. Le terme, malgré son potentiel métaphorique, s'est peu diffusé, et il n'y a guère qu'en architecture qu'il ait une résonance comparable. En réalité, l'usage architectural du mot tectonique est antérieur à son usage géologique. On parle couramment d'architectonique pour signifier la dimension à la fois constructive et structurelle de l'architecture. Mais jamais, à ma connaissance, le raccourci tectonique n'est sollicité pour qualifier une certaine connivence de l'architecture avec cette lointaine cousine, la géologie. Pourtant, tout se passe comme si quelque chose de ce mouvement tellurique imperceptible de la croûte terrestre se communiquait depuis les fondations jusqu'au toit de la maison, faisant de la bâtisse une entité stable mais non inerte, une masse articulée, parcourue de basses tensions, suffisamment sensibles toutefois pour composer un ordre. Un ordre non plus issu des traditionnels vecteurs cosmologiques, mais élaboré depuis le sol, depuis la substance des fondements. Un ordre qui doit moins à la géométrie, science céleste, qu'à la mécanique des charges infinies du sous-sol. Hay palabras que parecen talladas en la lengua como el cristal en la roca. "Tectonique" es uno de ellos. Un ritmo vivo, punzante, en sintonía con un híbrido semántico que combina un saliente y hábil radical, tecton, con un final tónico, pegadizo, apretado como un resorte. La palabra es agradable, pero lo suficientemente rara como para intimidar, siempre que su uso se limite al dominio de los modismos científicos. En geología, la famosa tectónica de placas está condenada a cierto éxito: el lento crujido del globo terrestre produce movimientos superficiales que dan forma a los continentes, perfilan las montañas y provocan terremotos. La tectónica es un objeto de la ciencia, es una especie de dinámica pasiva y poderosa, donde las velocidades se miden en la escala de milenios. Es del orden del movimiento inmóvil, de la fuerza tranquila. El término, a pesar de su potencial metafórico, no se ha generalizado, y sólo en arquitectura tiene una resonancia comparable. En realidad, el uso arquitectónico de la palabra tectónica es anterior a su uso geológico. Comúnmente hablamos de arquitectónica para significar tanto la dimensión constructiva como la estructural de la arquitectura. Pero nunca, que yo sepa, se recurre al atajo tectónico para calificar una cierta connivencia de la arquitectura con esta prima lejana, la geología. Sin embargo, todo sucede como si algo de ese imperceptible movimiento telúrico de la corteza terrestre se comunicara desde los cimientos hasta el techo de la casa, haciendo del edificio un ente estable pero no inerte, una masa articulada, atravesada por bajas tensiones, lo suficientemente sensible como para redactar un pedido. Un orden que ya no deriva de los vectores cosmológicos tradicionales, sino que se desarrolla desde la base, desde la sustancia de los fundamentos. Un orden que debe menos a la geometría, ciencia celeste, que a la mecánica de las cargas infinitas del basamento. Le terme de tectonique a connu une certaine destinée dans la tradition culturelle architecturale germanique, alors qu'il n'a pour ainsi dire jamais percé dans la tradition française. Récemment, il alimente un travail historiographique conséquent, sous la plume de Kenneth Frampton qui en a fait le titre de son dernier ouvrage[1]. Le chapitre introductif de ce texte circonscrit les usages du terme à un éventail d'acceptions plutôt étendu, à la mesure de l'érudition de l'auteur qui y décèle un fort potentiel critique, historiquement et philosophiquement légitime (Merleau-Ponty, Bourdieu, côtoient Gadamer, HeideggerÉ). Même si «tectonique» peut s'opposer à «stéréotomique» conformément à la théorie de Semper (1851), comme la charpente s'oppose à la maçonnerie, la notion déborde ses contraires par sa seule puissance phénoménologique. Tectonique a un gabarit supérieur, qui se mesure à des notions comme le type ou le site. C'est le paradigme majeur de l'architecture, à l'instar du fait matériel et du fait figuratif. Semper, encore, cautionne cette vue dans sa fameuse dissertation sur le revêtement[2] et l'origine textile de l'architecture, dont les tresses primitives des parois de jonc ou d'osier des cabanes légères dupliquent indistinctivement celles du vêtement, de la vannerie. Ce qui compte ici n'est pas l'exactitude du fait anthropologique, mais l'idée qu'une certaine gestuelle technique engendre la construction de l'enclos et imprime les traces d'une image de la construction, qui s'inscrit comme un décor originel. Le construit et sa figure en somme, confondus sous le même trait et sur la même paroi. L'histoire de l'architecture sera celle de cette superposition, constamment désolidarisée mais constamment reprisée. Une continuité rêvée cependant, comme un mythe d'origine, dont Francis Mallgrave, cité par Frampton, révèle la teneur dans un texte de Berlage de 1905[3] où murs, colonnes, chapiteauxÉ seraient dissolus dans un primordial «art of spatial enclosure». Le texte de Berlage pointe en effet un paradoxe intéressant de la composition architecturale, qui tendrait vers un continuum non articulé, sans couture, sans détail, où spatialité et solidité s'engendreraient mutuellement à partir de la même étoffe, lointaine mais précieuse métaphore de la protection primitive, peau, habit, couverture, que par ailleurs tout un courant de l'architecture moderne n'aura de cesse de faire remonter en surface[4]. El término tectónica ha conocido un cierto destino en la tradición cultural arquitectónica germánica, mientras que casi nunca ha llegado a la tradición francesa. Recientemente, alimenta un importante trabajo historiográfico, bajo la pluma de Kenneth Frampton, quien lo convirtió en el título de su último libro[1]. El capítulo introductorio de este texto circunscribe los usos del término a una gama bastante amplia de significados, acorde con la erudición del autor que detecta en él un fuerte potencial crítico, histórica y filosóficamente legítimo (Merleau-Ponty, Bourdieu, codearse con Gadamer, HeideggerÉ). Si bien "tectónico" puede oponerse a "estereotómico" de acuerdo con la teoría de Semper (1851), como el marco se opone a la mampostería, la noción desborda sus opuestos por su único poder fenomenológico. Tectonique tiene un tamaño superior, que se mide por nociones como tipo o sitio. Es el gran paradigma de la arquitectura, como el hecho material y el hecho figurativo. Semper, de nuevo, sostiene esta tesis en su célebre disertación sobre el revestimiento[2] y el origen textil de la arquitectura, cuyos primitivos trenzados de los muros de caña o mimbre de las chozas ligeras duplican indistintamente los de la ropa, la cestería. Lo que cuenta aquí no es la exactitud del hecho antropológico, sino la idea de que cierto gesto técnico engendra la construcción del recinto e imprime las huellas de una imagen de la construcción, que se inscribe como un decorado original. El constructo y su figura en definitiva, fusionados bajo una misma línea y en un mismo muro. La historia de la arquitectura será la de esta superposición, constantemente separada pero constantemente remendada. Una continuidad soñada, sin embargo, como un mito del origen, del que Francis Mallgrave, citado por Frampton, revela el tenor en un texto de Berlage de 1905[3] donde muros, columnas, capiteles se disolverían en un primordial "arte de cerramiento espacial". De hecho, el texto de Berlage apunta a una interesante paradoja de la composición arquitectónica, que tiende hacia un continuo desarticulado, sin costuras, sin detalles, donde la espacialidad y la solidez se engendran mutuamente a partir de un mismo tejido, una metáfora lejana pero preciosa de la protección primitiva, la piel, el vestido, la cubierta. , que además, toda una corriente de la arquitectura moderna sacará a la luz constantemente[4]. Anthony Vidler a ouvert la discussion sur le bien-fondé sémantique de l'idée de tectonique à partir du spectre large du terme d'«espace» dont la pertinence qu'on lui reconnaît aujourd'hui se construit plutôt laborieusement[5]. Tectonique apparaît semble-t-il au moment de la naissance de l'histoire de l'architecture (fin du XVIIIe siècle), dans le droit fil d'une discussion stylistique qu'une Théorie en crise exacerbe au plus haut point[6]. Anthony Vidler abrió la discusión sobre la validez semántica de la idea de tectónica desde el amplio espectro del término “espacio” cuya relevancia que hoy reconocemos está bastante laboriosamente construida[5]. La tectónica parece aparecer en el momento del nacimiento de la historia de la arquitectura (finales del siglo XVIII), en la línea de una discusión estilística que una Teoría en crisis exacerba al máximo[6] En reconstruisant les origines du débat sur la tectonique et ses différents points de vue, ce numéro de Faces essaie de faire la lumière uploads/Geographie/ simonnet-cyrille-2000-destino-tectonico-faces-no-47-1999-2000.pdf

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