LA VILLE INTELLIGENTE : MODÈLES ET FINALITÉS Rapport de Ludovic VIÉVARD

    LA VILLE INTELLIGENTE : MODÈLES ET FINALITÉS Rapport de Ludovic VIÉVARD - FRV100 Octobre 2014 MODÈLES ÉCONOMIQUES  SOMMAIRE Avant-Propos.....................................................................................................................................................................3 1. De la ville high-tech à la ville auto-gérée : différents modèles de villes intelligentes............................4 # La « smart city », une utopie totalisante ? ............................................................................. 5 # La « techno-cité » ou la ville intelligente des systèmes techniques ....................................... 7 # La « ville contributive » : usagers et producteurs de services...............................................11 # La « e-cité » ou la ville maillée au service du rapport institution / citoyen.............................15 # Produire un écosystème équilibré en faisant discuter les modèles.......................................18 2. finalité de la ville intelligente : comment Sécuriser les choix de la collectivité ?...................................22 # Finalités sectorielles vs fins collectives.................................................................................22 # 20 points clés pour « sécuriser » la ville intelligente.............................................................23 Bibliographie, sources utilisées et abréviations....................................................................................................34 Métropole de Lyon Direction de la prospective et du dialogue public 20 rue du Lac - BP 3103 - 69399 LYON CEDEX 03 www.millenaire3.com 2 Octobre 2014 Avant-Propos Si les villes sont aujourd’hui le lieu où vivent 50% de la population mondiale — une part qui passera à 70% en 2050 —, elles ne sont pas une réalité nouvelle. Si ce n’est pas le lieu pour retracer leur histoire, c’est celui pour rappeler que le génie de la logistique urbaine s’exerce depuis près de 6000 ans. De fait, la première « révolution urbaine », selon l’expression popularisée par l’archéologue australien Vere Gordon Childe, date du 5e millénaire avant notre ère, en Mésopotamie. Si ces premières cités ne regroupent que peu d’habitants, elles représentent cependant une véritable rupture et un défi posé à l’intelligence humaine. Un cercle (vertueux) s’installe : des réponses techniques et logistiques sont développées pour faciliter la vie des populations urbaines (adduction d’eau et évacuation des eaux usées, transport et stockage de nourriture, etc.), solutions permettant aux villes de croître davantage en accueillant de nouvelles populations. Aujourd’hui, le numérique est un des outils utilisé pour répondre aux difficultés technico- logistiques des villes, en aidant, notamment, à la gestion en temps réel des flux de la ville. Mais la promesse portée par l’outil numérique va bien au-delà ! Elle dit l’intelligence de la ville qui se laisse alors appréhender comme une entité reliée à elle-même et à ses différentes fonctions, à l’image d’un organisme vivant. Si la métaphore corporelle de l’espace urbain n’est pas nouvelle, elle visait autrefois le plus souvent des fonctions internes et inférieures, comme en témoigne le Ventre de Paris, de Émile Zola. Désormais, la métaphore peut référer à des fonctions nobles, des fonctions réflexives. Mais qu’en est-il vraiment de cette promesse ? Nous interrogeons ici la ville intelligente en suivant trois pistes de réflexion. Quels en sont les différents modèles ? Comment ceux-ci s’articulent-ils aux différentes finalités de la ville ? Comment privilégier et sécuriser un modèle de la ville intelligente ? Métropole de Lyon Direction de la prospective et du dialogue public 20 rue du Lac - BP 3103 - 69399 LYON CEDEX 03 www.millenaire3.com 3 Octobre 2014 1. De la ville high-tech à la ville auto-gérée : différents modèles de villes intelligentes L’expression « ville intelligente » est une traduction qui rend partiellement l’anglais « smart city », le terme smart portant également les sens d’élégant, chic, ainsi que malin, astucieux (Collins). Au-delà de la signification du mot à mot, l’expression ville intelligente désigne, assez largement, une ville aux fonctions et services optimisés par les technologies de l’information et de la communication (TIC) gérant en temps réels les données qu’elle produit. Il s’agit donc d’une ville qui collecte une masse importante d’informations (big data) et qui les analyse — le plus souvent en temps réel (mais pas nécessairement) — pour documenter son action et sa gestion avec des indicateurs. Mais, derrière cette définition1 a minima — que nous retenons pour la suite de notre investigation —, se tiennent des visions de la ville du futur — voire des idéologies — beaucoup plus larges, portant des représentations différentes et parfois antagonistes. Au-delà du fantasme de la smart city répondant possiblement à toutes les attentes, il nous semble que trois grands modèles se dégagent permettant de regrouper différents idéaux de la ville intelligente :  « techno-cité » : la ville des capteurs produite par ceux qui en déploient les infrastructures ;  « ville contributive » : la ville coproduite par les usages et les utilisateurs ;  « e-cité » : la ville orientée par l’institution pour mixer enjeux d’usage, gestion urbaine et gouvernance publique. 1 Pour une revue des définitions dans la littérature, voir Mapping Smart Cities in the EU 2014, p. 25. Métropole de Lyon Direction de la prospective et du dialogue public 20 rue du Lac - BP 3103 - 69399 LYON CEDEX 03 www.millenaire3.com 4 Octobre 2014 # La « smart city », une utopie totalisante ? La plupart des discours sur la smart city sont des discours que l’on pourrait qualifier de globalisant en ce qu’ils incluent l’ensemble des aspects de la vie commune. En ce sens, ils se situent dans la droite file du concept de développement durable. Ainsi, selon le dossier établit par la Commission de la régulation de l’énergie (CRE), le concept de « ville intelligente cherche […] à concilier les piliers sociaux, culturels et environnementaux à travers une approche systémique qui allie gouvernance participative et gestion éclairée des ressources naturelles afin de faire face aux besoins des institutions, des entreprises et des citoyens ». Selon cette acception, les critères de la smart city pourront être décomposés en autant de tranches que l’on voudra mettre en avant pour refléter la diversité de la vie urbaine et l’amélioration que pourront leur apporter les TIC, point commun à tout déploiement intelligent de la ville. Le dossier de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) cite par exemple les six piliers qui, selon l’urbaniste autrichien, Rudolf Giffinger définissent la smart city : C’est dans le cadre du Smart Cites Project, qui vise à créer un réseau associant recherche académique et collectivités territoriales des régions de la Mer du Nord, que Rudolf Giffinger a notamment été amené à préciser les six critères permettant d’évaluer le degré d’intelligence de la ville. Le tableau ci-dessous montre l’étendue du concept de smart qui s’applique aussi bien à l’ouverture d’esprit des habitants qu’à la flexibilité du marché du travail, en passant par la présence d’équipements culturels ou la protection environnementale. Autant dire que la smart city renvoie ici à une nouvelle utopie. Métropole de Lyon Direction de la prospective et du dialogue public 20 rue du Lac - BP 3103 - 69399 LYON CEDEX 03 www.millenaire3.com 5 Octobre 2014 Dans cette promesse de la smart city, totalisant l’ensemble des axes souhaitables de développement de la ville du futur, chacun peut piocher ce qu’il souhaite, selon ce qui lui semble le plus important. Aussi, au-delà de ce modèle peu opératoire, qui met au même niveau l’ensemble des aspects de la ville du futur, il nous semble souhaitable de caractériser plus finement les différents modèles de la ville intelligente afin d’en faire mieux ressortir les implicites. Métropole de Lyon Direction de la prospective et du dialogue public 20 rue du Lac - BP 3103 - 69399 LYON CEDEX 03 www.millenaire3.com 6 Octobre 2014 # La « techno-cité » ou la ville intelligente des systèmes techniques Techno-cité Ville déterminée par la technique Opérateurs clés : équipementiers (hard et soft) Principe : les infrastructures déterminent les possibles et pilotent la ville intelligente Mots clé : technique, capteurs, équipement, normatif, centralisation, top-down  Les éléments clés du modèle Sous « techno-cité » nous regroupons l’ensemble des modèles produits par les systèmes techniques : sens city, ville des capteurs, ville des systèmes réseaux, ubiquitous city, etc. En tant qu’elle est la ville intelligente produite par les équipementiers, la techno-cité est première dans l’ordre de la chronologie. C’est cette dimension qui fonde en grande partie la possibilité même de la ville intelligente, car sans capteurs ni « tuyaux », impossible de construire les données et faire circuler l’information. Plusieurs modèles de la ville intelligente mettent ainsi en avant les capteurs comme outils structurants. Grâce à ceux-ci, c’est l’ensemble de l’urbain qui est monitoré. Mesure des flux automobiles, mesure des flux de consommation d’énergie, mesure du nombre de voyageurs en attentes d’un métro, d’un bus, etc. Source : Postscapes Métropole de Lyon Direction de la prospective et du dialogue public 20 rue du Lac - BP 3103 - 69399 LYON CEDEX 03 www.millenaire3.com 7 Octobre 2014 8 Ces modèles de ville intelligente sont des modèles de high-tech community, tels qu’on peut les voir se développer à Songdo (Corée), Masdar (Émirats Arabes Unis), Putrajaya (Malaisie), ou encore PlanIT Valley (Portugal). Quartiers nouveaux en kit, voire villes entières, pensés à partir des infrastructures nécessaires à leur monitoring, ces ensembles urbains sont pour l’heure conçus comme des prototypes. Songdo, la ville qui voit tout Quartier de 610 ha de la ville d'Incheon (Corée), Sondgo est un centre d’affaire aménagé par un groupement privé emmené uploads/Geographie/ smart-cities-modeles-et-finalites 1 .pdf

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