1 Socio-économie de l’éducation – P.O Ngoy Fiama – 2021-2022 CHAPITRE III. EDUC
1 Socio-économie de l’éducation – P.O Ngoy Fiama – 2021-2022 CHAPITRE III. EDUCATION ET SOCIETE 3.1. Introduction Interroger l’éducation sur le rôle qu’elle joue dans la société n’est pas nouveau. Tous les philosophes qui se sont posés des questions d’ordre éducatif l’ont fait. De Platon à Jean-Jacques Rousseau, de Wilhem Von Humbildt à John DEWEY, qui dans son ouvrage intitulé Democracy and education estimait que nous étions loin de percevoir toutes les possibilités constructives que recèle l’enseignement en tant qu’agent de l’amélioration de la société. Jusqu’aujourd’hui, le débat sur la dépendance des systèmes éducatifs vis-à- vis des systèmes sociaux ainsi que sur l’apport de l’éducation à la société et son changement est très animé dans les pays libéraux. Pour les pays socialistes, le problème ne parait pas se poser ce pour eux il va de soi que l’éducation est une émanation directe des systèmes sociaux et économique. Lorsqu’on examine les relations entre la société et l’éducation on se pose la question de savoir si l’éducation peut changer la société ou, par contre, lorsque l’on considère que les systèmes éducatifs sont dépendant des systèmes socio- économiques, il faut d’abord changer la société pour que l’éducation puisse contribuer au développement de cette dernière. Dans ce débat sur le rôle que l’éducation peut jouer dans une société, trois thèses sont formulées : La première thèse affirme que l’éducation permet de mette en mouvement toute une société, elle peut la transformer car c’est par l’éducation qu’on peut influencer l’avenir d’une société ; c’est par l’éducation qu’on forme les responsables de demain. Cette thèse est conforme à l’acte constitutif de l’UNISCO qui stipule que «les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes qu’il faut placer les barrières de la paix ». Cela signifie que pour qu’il y ait la paix, il faut que les hommes soient instruits. La deuxième thèse est conforme à la théorie marxiste qui soutient qu’un système éducatif est fonction et instrument de la société qui l’a conçu. C’est par 2 Socio-économie de l’éducation – P.O Ngoy Fiama – 2021-2022 l’éducation que la jeunesse est récupérée, façonnée selon un moule particulier et intégrée dans le système social. L’école devient dans la lutte des classes, un instrument de répression de la classe dominante qui exerce, à l’égard des jeunes, une sorte de colonialisme. Pour cette thèse, l’école ne peut donc pas transformer la société. La troisième thèse est plus pragmatique et considérée comme conservatrice car plus proche du pédocentrisme. Pour cette thèse, l’éducation devrait être un service social, utile à l’individu car l’individu jeune a besoin d’orientation dans le monde et il a surtout besoin de connaissance et de savoir-faire pour trouver l’emploi et gagner sa vie. C’est ainsi qu’il pourra être un membre utile de sa communauté et contribuer au développement de la société à laquelle il appartient. Après débat et délibération sur ces trois thèses, nous avons trouvé qu’au lieu d’être contradictoires, elles sont plutôt complémentaires. On le sait aujourd’hui, l’école est de plus en plus critiquée et contestée. Le mot selon lequel il faudrait déscolariser la société est devenu monnaie courante. On affirme que l’école n’est plus adaptée aux besoins de la société, qu’elle n’a pas pu suivre ses mutations dues au progrès explosif des science et de la technologie, aux déséquilibres sociaux croissants et à l’instabilité des systèmes économiques du monde occidental. Si les pays socialistes ont affirmé que chez eux ces problèmes sont résolus suite à l’intégration des structures et des programmes éducatifs dans la planification générale du développement, cependant, dans de nombreux pays en voie de développement, la concordance entre les systèmes éducatifs et les nécessité, les besoins, les structures et le niveau de développement de ce pays se pose d’une façon très particulière du fait que dans ces pays, les systèmes d’enseignement n’ont pas été secrétés (créés) par ces sociétés elles-mêmes. Ce sont, comme le dit Charles Hummel (1987), des corps étrangers imposés à l’époque coloniale, ensevelissant des systèmes d’apprentissage indigènes et qui ont hérités au moment de la libération, c’est-à-dire au moment de la décolonisation. Leurs finalités étaient celles de former des agents nécessaires au bon fonctionnement des territoires. Et ces finalités ne correspondent plus du tout aux besoins du moment, déterminé par des besoins politiques autonomes et par des besoins de développement. 3 Socio-économie de l’éducation – P.O Ngoy Fiama – 2021-2022 C’est pour cette raison que nous allons évoquer dans le deuxième volet de ce chapitre la question de lien entre l’éducation et le développement. 3.2. L’éducation et le développement Pour que les systèmes éducatifs des pays du monde entier puissent contribuer au développement de ces pays, il existe un certain nombre de préalables parmi lesquels les suivants : 3.2.1. L’éducation concernant à la majorité de la population. D’après l’UNESCO, pour qu’un système éducatif puisse contribuer au développement d’un pays, il faut qu’elle concerne la majorité de la population de ce pays et non une infime partie de cette population. En outre, l’UNESCO exige que chaque pays ait son propre potentiel économique. 3.2.2 La recherche de nouveaux modèles éducatifs Le monde étant en perpétuelles mutations, les systèmes éducatifs du monde doivent s’adapter à ces changements. C’est dans cette perspectives que les pays en voie de développement sont aussi à la recherche de nouveaux modèles éducatifs étant donné que ceux hérités de la colonisation sont fort couteux. C’est ainsi qu’ils commencent à se rappeler de pratiques éducatives qui étaient les leurs avant la colonisation ; car ces pays n’avaient pas d’école au sens moderne du terme, mais, ils avaient des pratiques éducatives très poussées qui leurs ont permit de bien éduquer leurs populations. Charles Hummel, déjà évoqué, affirme que le mariage de ces pratiques éducatives avec celles de l’éducation moderne sont riches d’avenir. 3.2.3. L’éducation des femmes pour le développement Un autre problème important sur lequel il faut insister lorsqu’on examine l’éducation au regard du développement concerne l’éducation des femmes pour le développement car dans la plupart des pays en voie de développement, il y a moins de filles que des garçons qui sont à l’école ; alors que l’apport des femmes au développement, surtout dans les zones rurales, est particulièrement important et ne saurait être sous-estimé, cela surtout dans trois domaines essentiels : nutrition, santé et éducation. En ce qui concerne ce dernier domaine, c’est-à-dire l’éduction, signalons 4 Socio-économie de l’éducation – P.O Ngoy Fiama – 2021-2022 que de nombreuses recherches ont confirmé que le rôle des mères est déterminant dans l’éducation des enfants et particulièrement dans les résultats scolaires. 3.2.4. L’éducation de base Elle a été définie, en 1974, à Nairobi, lors d’un séminaire des hauts fonctionnaires de l’éducation et du plan comme étant la possession minimale des connaissances, d’attitudes, des valeurs et d’expériences qui devaient être assurées à chaque individu et qui devaient être communes à tous. L’éducation de base devait permettre aux jeunes : a) De participer par leurs travaux au développement économique de leur pays ; b) De contribuer comme citoyen à l’unité sur le plan politique, culturel, en servant la communauté ; c) De développer leur personnalité Le contenu de l’éducation de base n’est nullement proprement rigide. Il est souple, il doit être adapté aux situations éducatives particulièrement et enraciné dans le milieu socio-culturel auquel il s’adresse. En effet, un des objectifs primordiaux d’une éducation qui vise le développement dont la productivité, est sans doute apprendre à travailler. Notons enfin que l’acquisition de l’éducation de base ne se fait pas exclusivement à l’école. Elle peut se faire dans des centres de formation professionnelle, des foyers sociaux, des ateliers, etc. 3.2.5. L’école et le monde du travail L’école et le monde du travail devaient être intensément liés car tout développement social, économique ou culturel ne peut se réaliser harmonieusement que s’il y a concordance profonde entre l’éducation et le monde du travail. C’est cela le sens du développement intégré. Signalons à ce sujet la déclaration formulée en 1975, à Paris, par les hauts fonctionnaires du ministère de l’éducation en 25 pays les moins développés. Cette déclaration affirme que les systèmes d’éducation traditionnelle hérité de la période coloniale sont axés sur la formation à des emplois de bureau et créé une situation où dans beaucoup de pays les moins développés, le chômage massif et le sous-emploi des jeunes qui quittent l’école après avoir reçu une 5 Socio-économie de l’éducation – P.O Ngoy Fiama – 2021-2022 instruction insuffisante et mal adaptée coexiste avec une demande critique des mains d’œuvre qualifiées pour répondre aux besoins du développement. La crise de l’emploi résulte donc selon Charles Hummel (1987) de l’incompatibilité entre une stratégie de l’éducation visant essentiellement à accroitre quantitativement le flux éducatif et une stratégie économique qui a pour objectif d’élargir le secteur moderne qui ne peut absorber la plupart des personnes en quête d’emploi et qui ont fait des études. 3.2.6. L’éducation dans le monde rural L’éducation dans le monde rural est l’un des problèmes clés du développement et de l’avenir de l’humanité. Elle est d’une grande complexité. Dans l’ensemble des pays en voie de développement, uploads/Geographie/ socio-economie-de-l-x27-education-po-ngoy-fyama.pdf
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- Publié le Mar 06, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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