Huit réacteurs nucléaires en coeur de ville sécurité La capitale du Var accueil
Huit réacteurs nucléaires en coeur de ville sécurité La capitale du Var accueille un site d'exploitation nucléaire : le port militaire. Aujourd'hui et demain, nous faisons le point sur les problématiques liées à cette activité C'était en novembre dernier. L'exercice PPI Toulon 2010 était destiné à simuler un scénario nucléaire catastrophe dans le port militaire. Ou comment gérer le danger quand l'hautement improbable devient possible. / Photo doc Patrick Blanchard La capitale du Var accueille un site d'exploitation nucléaire : le port militaire. Aujourd'hui et demain, nous faisons le point sur les problématiques liées à cette activité Alors qu'une catastrophe nucléaire se déroule à l'autre bout de la planète, dans l'Hexagone, tous les regards convergent vers les dix-neuf centrales françaises. Où sont-elles installées ? Sont-elles infaillibles, ou un danger potentiel persiste-t-il ? Si oui, lequel ? Il est toutefois rare que la situation toulonnaise soit évoquée. Pourtant, s'il n'existe aucune unité de production d'électricité dans la rade, Toulon accueille bien une activité nucléaire. Très spécifique certes, mais une activité nucléaire quand même. Et ici, pas moins qu'ailleurs, le risque zéro n'existe pas. « Cent fois moins puissant qu'une centrale » Six sous-marins d'attaque (SNA) et un porte-avions (PA) à propulsion nucléaire sont rattachés à la base navale. Sans compter les navires étrangers amenés à y faire escale. L'arsenal abrite également des structures permettant de charger et décharger le combustible de leurs huit réacteurs (1) : les Installations nucléaires de base secrètes (INBS). Avec Brest et Cherbourg, la capitale du Var est ainsi une exception française qui fait cohabiter son centre urbain et une exploitation industrielle de l'énergie atomique. Avec la menace théorique d'un scénario catastrophe que cela implique, si improbable soit-il. Même sans tremblement de terre, même sans tsunami. Peut-on affirmer pour autant que Toulon se trouve au coeur du danger ? Sans doute pas. Que l'équivalent d'une centrale nucléaire est implanté au pied du Faron ? À cette deuxième question, le contre-amiral Béraud, adjoint au préfet maritime, en charge notamment de la question du nucléaire, balaye toute ambiguïté : « Non. Ou alors d'une centrale de petite taille qui serait à l'arrêt. » La différence serait même, cette fois, de grande taille. D'abord, les huit bâtiments de la Marine en question sont rarement à quai en simultané. Et surtout, dans le port militaire, leurs chaufferies sont toujours stoppées, ou ne fonctionnent qu'a minima quand il s'agit d'appareiller ou de s'amarrer. En outre, « leur puissance est de 30 à 100 fois plus faible que celle d'un réacteur de centrale », insiste le contre-amiral Béraud. Des exercices de simulation bâclés ? De fait selon la plupart des observateurs, si un incident venait à se produire, sa gravité, sans être négligeable, ne serait pas comparable à ce qu'il pourrait arriver autour de l'une des centrales du pays. Ce qui n'empêche pas la Royale d'appliquer (au moins) les mêmes normes de sécurité que pour les sites d'EDF. Et que 26 000 Toulonnais pourraient potentiellement être évacués. Pour l'instant, l'histoire est plutôt rassurante : ça fait vingt-huit ans que la rade accueille des chaufferies nucléaires et aucun problème majeur ne s'est jamais produit. Mais les autorités civiles, doivent composer avec une situation peu confortable qu'elles n'ont pas choisie. Elles tentent de jouer leur rôle de prévention et de transparence, mais sont parfois critiquées pour la demi-mesure de leurs exercices préventifs. Dans ces cas-là, seule une infime partie de la population locale est invitée à suivre les procédures réglementaires, alors que la plupart ignore tout du risque nucléaire. La vie ne s'arrête pas, à Toulon, lorsque les petits hommes blancs sortent leurs masques et leurs tristes déguisements. Pas sûr qu'il faille s'en réjouir. 1. Le porte-avions possède deux chaufferies nucléaires : une pour chaque hélice. Exercice nucléaire : une population peu réactive au risque radioactif Devant la mairie du Pont-du-Las, des étudiants en gestion du risque naturel et technologique, de la faculté Saint- Charles de Marseille, informaient les passants sur les comportements à avoir en cas d'incident nucléaire. / Photo Patrick Blanchard Hier a eu lieu la deuxième partie de l'exercice nucléaire concernant les populations civiles. Celles-ci n'ont pas bronché à l'appel des sirènes militaires. L'exercice nucléaire s'est poursuivi, hier dans la matinée. Et, avec lui, son scénario catastrophe. La fuite sur réacteur d'un sous-marin nucléaire dans le port militaire de Toulon survenue mercredi n'a finalement pas pu être contenue par les autorités militaires de la base navale. Résultat : les craintes de rejets radioactifs dans l'atmosphère ont nécessité le déclenchement du plan particulier d'intervention (PPI) par le préfet du Var pour mettre les populations à l'abri. C'est ainsi qu'à 11 h 15, les habitants du Pont-du-Las, dont une partie du quartier se trouve dans le périmètre concerné, ont entendu les sirènes retentir. Leurs réactions ? Aucune, ou si peu. La plupart n'ont même pas bronché. Tout juste s'ils se sont interrogés devant les forces de police déployées devant la mairie annexe du Pont-au-Las et leur barrière placardée d'un écriteau indiquant une « zone d'exercice ». « Ça rappelle les films catastrophe » Evelyne, une habitante, témoigne en passant par là : « C'est mon fils qui a entendu à la radio qu'il y avait un exercice aujourd'hui et j'ai vu tout ce bataillon. Ça rappelle les films catastrophe. » Jocelyne, une habitante de la résidence Missiessy, rue Félix-Mayol, est, elle, plus au courant. Dans le scénario, la mise à l'abri des populations devait justement se faire dans sa résidence. « J'ai vu les affiches dans le couloir. On a déjà des cachets d'iode qu'on a eu il y a un peu plus d'un an. Si c'est utile ? Oui », répond-t-elle. « Mais vous ne croyez pas que ce serait déjà un peu trop tard ? » Des passants venant d'autres quartiers comme Danielle, de Siblas, regrettent de ne pas avoir été informés. « Je découvre. Nous n'avons pas eu d'information sur notre quartier. C'est certainement très utile ce genre d'exercice. Mais on aimerait être plus informé, surtout quand ça concerne notre ville, notre département. Il y a toujours des risques, même si je ne m'inquiète pas. Je suis sûre que notre pays est en possibilité d'oeuvrer s'il y a un problème. » Selon Yannick Chenevard, adjoint au maire chargé de la sécurité civile, l'information a pourtant été donnée, par voie de presse, distribution de tracts, sites web... « Il y a trois ans, lors du premier exercice de ce type, le quartier avait déjà été sensibilisé. On en profite aujourd'hui pour faire surtout de la pédagogie. Le collège Pierre-Puget et le lycée Bonaparte ont souhaité y participer. On a ainsi remplacé les évacuations par de la pédagogie. Nous inviterons les gens à se mettre à l'abri, résidence Missiessy, mais sans contrainte. » Pour Yannick Chenevard, les objectifs de cette opération sont surtout « de progresser dans la préparation aux risques, de banaliser le risque nucléaire auprès de la population et de leur montrer que les choses sont structurées, organisées ». Mais pour informer la population, il semblait bien, hier, qu'à défaut d'un nouvel exercice, il faille diffuser encore davantage l'information... Le risque nucléaire de Toulon En novembre dernier, l'exercice « PPI Toulon 2010 » a été mis en oeuvre pour tester la réactivité des autorités civiles et militaires face à un scénario catastrophe d'avarie sur un sous- marin nucléaire. La ville accueille un site d'exploitation nucléaire : le port militaire. Second volet de notre dossier sur les problématiques liées à cette activité. D'où provient le risque nucléaire ? Des chaufferies nucléaires servant à la propulsion de six sous-marins (SNA) et du porte-avions (PA). Elles leur garantissent une autonomie quasi illimitée. Quel est ce risque ? Une dispersion dans l'environnement d'éléments radioactifs issus de ces chaufferies. En grande quantité, ces éléments seraient susceptibles de contaminer les sols, l'eau, l'atmosphère et les individus les ayant absorbés ou respirés. Comment sont protégées les chaufferies ? Elles sont dotées de trois barrières de confinement : la gaine enveloppant l'uranium, l'eau du circuit primaire et le compartiment dans lequel est enfermé le réacteur. Les circuits de refroidissement sont également doublés et la coque des bâtiments est à même de constituer une ultime enveloppe. Les installations sont-elles protégées en cas de séisme ? La question ne se pose pas pour le PA ou les SNA, qui se trouvent dans l'eau, atout non négligeable en cas de catastrophe naturelle. Mais les Installations nucléaires de base secrète (INBS) comprennent aussi une « piscine », dans laquelle est entreposé tout ou partie des coeurs déchargés où à recharger. C'est en fait un grand cube de béton rempli d'eau pour garder le combustible « au froid ». La structure est effectivement construite sur des « amortisseurs » capables de répondre à un risque sismique de 6,5 sur l'échelle de Richter. Ce risque est à mettre en parallèle avec le plus gros tremblement de terre jamais recensé dans la région, en 1909, à Lambesc (Bouches-du-Rhône), de magnitude 6,2 sur l'échelle de Richter. L'impact sur l'environnement est-il observé par l'armée ? Oui. La Marine uploads/Geographie/ toulon-nucleaire-en-coeur-de-ville-pdf 1 .pdf
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- Publié le Fev 17, 2021
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