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HAL Id: tel-02007575 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02007575 Submitted on 5 Feb 2019 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. L’union de l’âme et du corps dans la philosophie de Descartes Megumi Toyooka To cite this version: Megumi Toyooka. L’union de l’âme et du corps dans la philosophie de Descartes. Philosophie. Université de Strasbourg, 2018. Français. ￿NNT : 2018STRAC015￿. ￿tel-02007575￿ UNIVERSITÉ DE STRASBOURG ÉCOLE DOCTORALE DES HUMANITES [ CREPHAC, EA 2326 ] THÈSE présentée par : Megumi TOYOOKA soutenue le : 27 septembre 2018 pour obtenir le grade de : Docteur de l’université de Strasbourg Discipline : Philosophie L'union de l'âme et du corps dans la philosophie de Descartes THÈSE dirigée par : M. Frédéric DE BUZON Professeur, université de Strasbourg RAPPORTEURS : M. Denis KAMBOUCHNER Professeur, université Paris I Panthéon-Sorbonne M. Thierry MARTIN Professeur, université de Franche-Comté, Besançon AUTRES MEMBRES DU JURY : Mme Kim-Sang ONG-VAN-CUNG Professeur, université Bordeaux-Montaigne INTRODUCTION L’œuvre philosophique de Descartes occupe une place majeure dans l’histoire de la philosophie occidentale, dans la mesure où elle inaugure ce que l’on peut appeler une philosophie du sujet, autrement dit, une philosophie qui ne suppose pas une connaissance ou une pratique prédéfinies, auxquelles le sujet doit se conformer, mais qui met au premier plan un sujet connaissant et agissant. Par là, Descartes inaugure la philosophie moderne. Or, la nature du sujet humain fait difficulté. Le cogito pose, en effet, le sujet comme essentiellement une chose qui pense. Mais ce n’est jamais directement à une chose qui pense que nous avons affaire ; mais à un homme de chair et d’os dont on admet qu’il dispose d’un esprit ou d’une âme. Et la relation de l’un à l’autre est loin d’être simple. Le développement contemporain des sciences cognitives d’un côté, de la philosophie de l’esprit de l’autre en est la preuve. Et c’est justement en référence à Descartes que la question de la relation entre l’esprit et le corps est posée aujourd’hui1. Ainsi Jaegwon Kim précise que le problème de la relation entre l’esprit et le corps (the mind-body problem) est le « problème central de la philosophie de l’esprit depuis que 1 « In contemporary philosophy, ”Cartesianism” is an term often used pejoratively to signify an unscientific faith in a mysterious distinction between soul and body and a conviction that introspection gives incorrigible epistemological results. The Cartesian, it is alleged, believes himself to be a mind that can have all its ordinary experiences, whether or not it is attached to a body, while at the same time believing himself to be attached to a body in some way that he admits he is helpless to explain ». Catherine Wilson, Descartes’s Meditations an introduction, Cambridge : Cambrige University press, 2003, p. 253. 2 Descartes l’a exposé il y a plus de trois cent cinquante ans »2. Sans doute, la question de la relation entre l’esprit et le corps se pose aujourd’hui en des termes différents de ceux auxquels Descartes avait recours. Cependant, cette référence permet d’apercevoir que la question soulevée par Descartes conserve aujourd’hui son actualité. La question telle qu’elle est posée par Descartes, sur le plan métaphysique, est un nœud de difficultés, car Descartes admet simultanément deux thèses qui semblent contradictoires : la distinction réelle de l’âme et du corps, pensées comme deux substances séparées, d’une part, et leur union substantielle de l’autre. Comment ces deux substances, radicalement distinctes, peuvent-elles être unies ? Comment l’âme et le corps peuvent-ils être substantiellement distincts, s’ils sont reliés au point qu’on puisse parler d’union entre les deux ? Ce sont ces questions que la présente recherche se propose d’étudier, en s’en tenant à la pensée de Descartes, indépendamment de ses développements contemporains. Autrement dit, notre recherche entend étudier les difficultés soulevées par la thèse de l'union de l'âme et du corps dans la pensée de Descartes. Il s’agira plus précisément d'examiner les façons dont on peut interpréter la pensée de Descartes concernant cette situation contradictoire, qu’est la position simultanée de la distinction réelle et de l’union substantielle de l’âme et du corps, et d’identifier quelle amorce de solution Descartes nous suggère, sachant que cette tentative de solution est elle-même source de difficultés. L’analyse portera d’abord sur la conception cartésienne telle qu’elle est développée dans les Méditations métaphysiques, puis telle qu’elle se révèle dans la correspondance de Descartes avec la princesse Elisabeth. Autrement dit, l’objet de notre réflexion est de voir comment doit être pensé ce que l’on appelle le dualisme cartésien et comment il se modifie des Méditations à la correspondance avec Elisabeth. Dans un premier temps, Descartes traite de la distinction réelle entre l’âme et le corps, d'après laquelle ces deux substances sont concevables l’une sans l’autre, puis dans un second temps il considère une union substantielle, chargée de rendre compte de la communication de ces deux substances. Le titre latin des Méditations indique qu’il s’agit de Meditationes de prima philosophia in quibus Dei existentia, & animae humanae a corpore distinctio, demonstratur. Autrement dit, il s’agit pour Descartes de démontrer à 2 J. Kim (2006) Philosophy of Mind, 2d ed., Boulder : Westview Press ; trad. fr. (2008), Philosophie de l’esprit, Paris : Les Éditions d’Ithaque, p. 3. Sandrine Roux, qui cite ce passage de Jaegwon Kim, montre clairement comment les sciences cognitives contemporaines héritent de la réflexion de Descartes, cf. S. Roux (2015) dir., Le corps et l’esprit : Problèmes cartésiens, problèmes contemporains, Paris : Éditions des Archives contemporaines ; voir également du même auteur L’empreinte cartésienne. L’interaction psychophysique, débats classiques et contemporains, Paris : Classiques Garnier, 2018. 3 la fois l’existence de Dieu et la distinction de l’âme d’avec le corps. On constate ainsi d’une part que Descartes lie ici la démonstration de l’existence de Dieu et la question de la distinction de l’âme et du corps, liaison qu’il nous faudra interroger, et d’autre part, qu’il n’est pas fait référence à l’union de l’âme et du corps, mais seulement à leur distinction. Et de fait, de la première Méditation à la première partie de la sixième, il traite de cette distinction, et c’est seulement dans la dernière partie que la question de leur union est abordée. Comment alors en arrive-t-il à traiter de l’union de l’âme et du corps ? Quelle position lui donne t-il par rapport à la distinction et aussi quelle signification reçoit-elle ? Le but de la présente recherche étant d’étudier les difficultés soulevées par la thèse de l’union de l’âme et du corps, et donc de mettre au clair leur relation en considérant la « force de l’âme »3, il convient de traiter les questions suivantes, qui permettent d’éclairer le dessin total de la relation entre les deux substances : Comment Descartes lui-même concilie-t-il les deux thèses pour penser la relation entre l’âme et le corps ? Quelle évolution peut-on apercevoir dans la pensée de Descartes entre les Méditations métaphysiques et la Correspondance avec Elisabeth ? Et quelle est l’influence de cette correspondance sur la solution cartésienne de la difficulté à penser l’union de l’âme et du corps ? Pourquoi Descartes a-t-il introduit la conception de l'union dans la sixième Méditation, où elle constitue un problème central du texte ? Et pourquoi, Descartes recourt-il à l’expression scolastique d’"unitas substantialis" ? La question se pose également de savoir si, lorsque Descartes traite de la distinction réelle entre l’âme humaine et le corps dans les Méditations, il s’agit pour lui de répondre à la question : qu’est-ce que l’homme ? Mais Descartes a déjà, semble-t-il, abordé cette question dans son traité De l’homme, publié en 1664, mais rédigé dès les années 1630. Sans doute la question est dans ce texte traitée à un niveau scientifique, celui de la physiologie, tandis que les Méditations se développent sur le plan métaphysique. On ne peut donc confondre ces deux perspectives. Il reste que la relation entre le texte des Méditations et les thèses développées dans le traité De l’homme devra être interrogée. 3 Cf. Denis Kambouchner, L’homme des passions, Paris : Albin Michel, 1995, pp. 163-164. 4 Dans le Synopsis présenté en ouverture des Méditations, Descartes assigne à l’ouvrage cinq buts à la sixième Méditation : 1. « intellectio ab imaginatione secernitur ; distinctionum signa describuntur » (« je distingue l’action de l’entendement d’avec celle de l’imagination ; les marques de cette distinction y sont décrites »)4. 2. « mentem realiter a corpore distingui, probatur » (« J’y montre que l’âme de l’homme est réellement distincte du corps »). 3. « tam arcte illi(corpori)esse conjunctam, ut unum quid cum ipsa componat, ostenditur » (« et toutefois … qu’elle ne compose que comme une même chose avec lui »). 4. « uploads/Geographie/ toyooka-megumi-2018-ed520-pdf.pdf

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