Après des années passées à courir le monde pour une multinationale, Lynda Aiche
Après des années passées à courir le monde pour une multinationale, Lynda Aicher a mis un terme à son mode de vie nomade pour élever ses deux enfants et réaliser son rêve : écrire un roman (et si c’est une romance érotique, c’est encore mieux) avant ses 40 ans. Depuis, son imagination est sa seule limite, et c’est dans un monde torride et sulfureux qu’elle s’échappe lorsque ses activités de mère et d’épouse (comprendre aussi : chauffeur, cuisinière, infirmière, coach et professeur particulier), lui en laissent l’occasion. Retrouvez son univers sur www.harlequin.fr A mes lectrices, mes proches et mes amis qui m’ont accompagnée tout au long de ce voyage. Merci à vous. Les mots peinent à exprimer toute ma gratitude. Puissiez-vous lire entre les lignes… Chapitre 1 Bon sang. Il n’avait aucune envie de baiser ce soir. Il le fallait, pourtant. Carter Montgomery s’arrêta devant l’hôtel et prit quelques secondes pour évacuer son ressentiment. Se mettre en colère n’y changerait rien. Il inspira à fond et remua les épaules pour dénouer la tension de sa nuque. Ce n’était pas le moment d’avoir une migraine. Une bourrasque glacée se rua dans l’habitacle dès qu’il ouvrit la portière. — Bonsoir, monsieur, le salua le voiturier d’un ton poli, les joues rougies par le froid. Carter lui tendit les clés, chassant d’un sourire les dernières traces de sa frustration. — Merci. Il enfonça son écharpe dans son manteau. L ’auvent protégeait les clients des chutes de neige qui balayaient la ville depuis la fin d’après-midi, et les lampes chauffantes conjuraient le froid mordant. Janvier pouvait être un mois redoutable à Minneapolis mais depuis douze ans qu’il vivait dans la région des dix mille lacs, Carter s’était habitué. Se plaindre du froid était tout aussi inutile que se lamenter sur son boulot. L ’hôtel de haut standing lui était familier : c’était le préféré de l’un de ses clients réguliers. Suffisamment vaste pour y passer inaperçu et suffisamment classe pour que la discrétion soit de mise même si le personnel se doutait de quelque chose. Preuve que l’argent pouvait tout acheter, y compris le respect de la vie privée. Il traversa le hall élégant en direction des ascenseurs, les mains dans les poches de son manteau. Un bref coup d’œil aux glaces qui tapissaient les murs l’informa qu’il était à son avantage, impression confirmée par les regards d’un groupe de jeunes femmes qui bavardaient un peu plus loin. Il appela l’ascenseur et mit à profit l’attente pour envoyer un texto de confirmation d’arrivée à l’agence. Il fit dérouler ses messages, vérifia le numéro de la chambre, bascula la sonnerie en mode silencieux et glissa son portable dans la poche intérieure de sa veste tandis que les portes de l’ascenseur s’ouvraient devant lui. Il y avait plus de trois ans qu’il ne s’était pas rendu à un rendez-vous à l’aveugle mais c’était loin d’être une première pour autant. Pourtant, l’anxiété lui nouait le ventre. Son client était un inconnu, ce qui signifiait que la soirée le serait aussi. Il avait créé une forme de complicité avec ses clients réguliers. Une clientèle qu’il avait fidélisée et étoffée durant sept années. Il savait très exactement à quoi s’attendre avec chacun d’entre eux. Mais ce soir il était face à un écran noir qui pouvait s’éclairer sur n’importe quoi. Cela dit, le suspens n’était pas dépourvu d’excitation. Il souffla profondément, ajusta son col et profita de ce dernier moment de répit pour se mettre dans l’humeur. En général, il réussissait à décrypter un client en quelques secondes. Tenue vestimentaire, nervosité, désordre dans la chambre, premiers mots échangés… C’était son job de s’adapter instantanément à chaque situation. Peu de gens avaient conscience de la somme de travail et du défi que représentait son métier. Il ne s’était pas hissé au top de la profession en livrant des prestations standard. Tout l’art consistait à deviner ce que chaque client voulait qu’il soit : timide, arrogant, soumis, dominant, bavard, silencieux… et à se glisser dans le personnage. N’importe qui pouvait baiser. Lui, il était un fantasme devenu réalité. Mais pour parvenir à ce résultat, il devait s’investir à cent pour cent dans son rôle. Il n’y avait pas de place pour les problèmes personnels — ni pour ses bisbilles avec l’agence. Il réglerait ça plus tard. Le fait que le client ait insisté pour que ce soit lui et pas un autre laissait penser qu’il lui avait été recommandé par quelqu’un. Mais par qui ? Aucun de ses clients réguliers ne lui avait dit quoi que ce soit, et l’agence ne lui avait livré aucune info. A supposer qu’ils sachent quelque chose… Le choix de l’hôtel indiquait que son client avait une certaine aisance financière mais ne révélait rien sur sa personnalité, son physique ou ses goûts. Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur un couloir tendu de moquette industrielle marron. Carter glissa une pastille de menthe dans sa bouche, jeta un coup d’œil aux numéros des chambres et marcha vers sa destination. * * * Ce foutu col était trop serré. Rock avait l’impression qu’un nœud coulant lui comprimait la trachée, le condamnant à une lente asphyxie. Etait-ce un signe ? Une façon de l’avertir que ce rendez- vous était une terrible erreur ? Comme s’il ne le savait pas déjà. C’était une évidence depuis la seconde où il avait décroché son téléphone pour appeler l’agence. Rockford Fielding tira sur son col dans l’espoir de desserrer l’étau, en vain. La chemise n’était pas en cause, évidemment. Il avait payé ce costume et cette chemise sur mesure neuf cents dollars, il était impossible qu’elle soit trop juste. Le problème c’était qu’il n’avait pas porté un vêtement élégant depuis six ans, et encore c’était son uniforme militaire. Il se détourna, passa la main dans ses cheveux coupés presque à ras et se figea en surprenant son geste dans le miroir de la chambre. Ce rendez-vous était une connerie monumentale. Il s’approcha des grandes fenêtres qui s’ouvraient sur la nuit. D’instinct, il se mit en position de repos — celle qu’on lui avait inculquée depuis qu’il était en âge de marcher. Jambes écartées, bras dans le dos, sa main droite enserrant son poignet gauche. Son menton se redressa, ses abdominaux se contractèrent, son poids s’équilibra sur ses deux pieds écartés, et il put enfin se concentrer. La lumière douce des deux lampes de bureau dessinait son reflet sur le rectangle noir de la fenêtre mais il regarda volontairement à travers, en direction de la nuit. Il ne voulait pas se voir. Il ne voulait surtout pas que son image lui rappelle pourquoi cette nuit était une erreur. La neige tombait en tourbillonnant, poussée par le vent. Il y avait encore une possibilité que son rendez-vous annule. Les rues n’étaient pas impraticables, pas selon les critères du Minnesota tout du moins, mais ce serait une excuse plausible pour décommander. Il en venait presque à l’espérer. Il pourrait alors rentrer chez lui et prétendre qu’il ne s’était rien passé. D’ailleurs, il ne s’était rien passé — pour le moment. Et rien ne disait qu’il se passerait quelque chose ce soir. Après tout, il ne s’agissait que d’un dîner. Ce ne serait pas son premier dîner entre hommes. Ça lui était arrivé plus d’une fois en trente- quatre ans d’existence. Mais jamais en tête à tête avec un homme loué via une agence d’escorts gays. Il déglutit péniblement, la gorge aussi aride qu’un désert. Le problème, ce n’était pas le dîner en lui-même mais l’intention derrière ce rendez-vous. Heureusement, personne ne saurait. Jamais. C’était moins dangereux que de retrouver un inconnu dans une ruelle derrière un bar. Cette pensée ramena son regard sur la longue cicatrice qui déchirait sa joue de haut en bas, du sourcil à la mâchoire. Elle était invisible dans le reflet de la vitre, et il pouvait presque imaginer qu’elle n’existait pas. Mais les souvenirs qui s’y rattachaient étaient indélébiles. Une goutte de transpiration se faufila entre ses omoplates mais il ne rompit pas sa position pour autant. Le chauffage se déclencha — un ronronnement sourd suivi d’un halo d’air chaud sur sa nuque, sa joue et son crâne. Un frisson lui coula dans le dos mais il le maîtrisa sans bouger un cil. Il compta les pulsations de son cœur qui battait trop fort et inspira lentement, profondément. Son esprit continua à dériver, le ramenant vers celui qui avait capté son attention la toute première fois qu’il était apparu sur l’un de ses multiples écrans de surveillance. Rock avait observé des milliers de personnes via les caméras dont le Red Room était truffé. Il avait assisté à toutes sortes de scénarios érotiques — domination, soumission, sadomasochisme, parties à deux, à trois ou en groupes… Mais il ne leur avait prêté qu’une attention purement professionnelle jusqu’à ce que Carter Montgomery pousse la porte du club. Ce qu’il avait ressenti alors était inexplicable. Une attirance foudroyante, irrésistible, qui n’avait cessé de grandir au fil des mois tandis qu’il l’observait à travers le prisme distant uploads/Geographie/ tu-assumeras.pdf
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- Publié le Aoû 22, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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