UN APERCU HISTORIQUE DES RELATIONS ENTRE LE ROYAUME DU MAROC ET LE ROYAUME UNI
UN APERCU HISTORIQUE DES RELATIONS ENTRE LE ROYAUME DU MAROC ET LE ROYAUME UNI Dr Mohamed Chtatou Introduction Le Maroc et le Royaume Uni sont deux pays qui, malgré leur éloignement sur le plan géographique, la différence de leurs langues nationales, leurs religions, leurs cultures et leurs civilisations, ont beaucoup de points en commun. Ces points peuvent être résumés comme suit : -ils ont un long passé impérial ; -ils ont une culture et une civilisation des plus vieilles au monde ; -ils ont des systèmes politiques stables et durables ; -ils sont tous les deux des monarchies constitutionnelles au sein desquelles le chef d’état, en plus de son pouvoir temporel, est chef de l'église anglicane, dans le cas de l’Angleterre, et Amir al-Mu’minin, commandeur des croyants, dans le cas du Maroc ; -Ils sont tous les deux mus par le respect du droit et de la légitimité internationale. Depuis la visite de Sa Majesté La Reine Elizabeth II au Maroc en 1982 et celle de feu Sa Majesté Le Roi Hassan II en Angleterre en 1987, les relations diplomatiques, économiques et culturelles n'ont cessé de se consolider et de s'affermir entre les deux pays dans un esprit de respect mutuel et de convivialité exemplaire. Son Altesse Royale le Prince Charles a 1 visité le Maroc à plusieurs reprises ; sa dernière visite remonte aux funérailles du défunt Roi Hassan II, en 1999. Aujourd'hui, les relations diplomatiques, culturelles et économiques connaissent un essor sans précédent. Et le Maroc n’est plus cette terre éloignée et inconnue pour l’Anglais moyen, c’est le voisin d’à coté. En bref, c'est le début d'une nouvelle ère d'amitié et de partenariat entre une puissance du nord et un pays millénaire et émergent du sud. Dès le début du XXIème sicèle, les relations entre la Grande-Bretagne et le Maroc ont été marquées par une nouvelle force et un nouvel élan. Les échanges commerciaux ont triplés au cours de la dernière décennie. Les investissements sont en hausse. De plus en plus de britanniques se rendent au Maroc chaque année. L'étendue et la profondeur des contacts bilatéraux se développent plus rapidement. Durant sa visite au Maroc en décembre 1999, M. Peter Hain, Ministre Délégué aux Affaires Etrangères, a annoncé “un nouveau Partenariat entre le Royaume-Uni et le Maroc pour le nouveau millénaire”. Toutefois, ce partenariat ne peut être que bénéfique pour les deux pays qui sont liés par des rapports d’amitié et de respect mutuel de plus de huit siècles, mais aussi bénéfique pour un rapprochement entre l’Europe, d’une part, et le Monde arabo-islamique, de l’autre, pour le bien et la stabilité de toute l’humanité. Le Sultan Almohade Mohammed al-Nasir et le Roi John En 1200, l’Empire almohade, l'un des plus puissants du temps, s'étendais sur un axe est-ouest, de Tripoli jusqu'a l'Atlantique et, sur un axe nord-sud, de la péninsule ibérique au fleuve Sénégal. Une année auparavant, le pouvoir revenait au Sultan Mohammed al-Nasir dit « le Victorieux », dont la renommée fut le tour du monde de son temps. Alors que Mohammed al-Nasir volait de victoire en victoire, son contemporain le Roi John d'Angleterre avait son destin dans la balance. En effet, en 1209 celui-ci fut excommunié, puis en 1213 il fut menacé par une révolte interne, et une invasion externe de la part du Roi Philipe de France. Confronté par tout ces périls, il chercha aide et réconfort auprès du Sultan 2 almohade, communément connu en Europe en tant que Miramumelinus, c'est à dire Amir al-Mu'minin, « le Commandeur des Croyants », auquel il dépêcha trois envoyés secrets : les chevaliers Thomas Hardington, Ralph Fitz- Nicholas et Robert of London. King John 1167-1216 D'âpres le chroniqueur de cette mission : le prêtre Matthew Paris de St Albans Abbey, qui fut secondé dans son travail par un autre prêtre nommé Roger of Wendover, le Roi John offrait a al- Nasir, en contrepartie de son 3 aide, de se convertir a l'Islam et de se soumettre ainsi que son pays à l’immense et puissant l’empire de celui-ci : 1 « Sent secret messengers, namely the knights Thomas Hardington and Ralph Fitz-Nicholas, and Robert of London, a clerk, [i.e. in holy orders] to the Emir Murmelius, the great King of Africa (i.e.Tunisia and Libya) Morocco and Spain, who was commonly called Miramumelinus, to tell him that he would voluntarily give up to him himself and his kingdom, and if he pleased he would hold it a tributary from him ; and that he would also abondon the Christian faith, which he considered false, and would faithfully adhere to the law of Mahomet. » Al-Nasir accueilli les messagers du Roi John, et après avoir entendu les raisons qui les emmenèrent au Maroc, leur posa d'innombrables questions sur leur pays et leur souverain. Après un long moment de réflexion, il les informa qu'il n'a aucune estime pour leur roi et qu'il n'est nullement intéressé par une alliance avec lui : 2 « That King is of no consideration, but is a petty King, senseless and growing old, and I care nothing about him. He is unworthy of any alliance with me. » Donc, les liens politiques et commerciaux entre le Maroc et la Grande- Bretagne existent depuis longtemps. Les relations diplomatiques entre les deux pays remontent au moins à 1213, lorsque le Roi John d'Angleterre envoya des émissaires pour solliciter le soutien de Mohammed al-Nasir, quatrième souverain marocain appartenant à la dynastie des Almohades. Il semble que Mohammed al-Nasir ne fut point impressionné par ce qu'il avait entendu au sujet du roi anglais et qu'il informa les émissaires que ce Roi n'était pas digne d'une alliance avec lui. Apres ce premier contact, qui ne fut nullement concluant, pour la partie anglaise, trois siècles et demi s'écoulèrent sans qu'aucun autre contact n’eût lieu. Commerce Quelques décennies avant la prise de Grenade en 1492 par les catholiques et l'expulsion des Arabes de l’Espagne, le Portugal avait déjà 4 commencé à menacer les cotes marocaines. Une à une des villes passèrent sous son contrôle : ce fut d'abord Ceuta (1415), puis Ksar Kebir (1452), Azila (1471), et Tanger (1471). En 1506, ce fut au tour de Safi, Mazagan (El Jadida) et Mogador (Essaouira) et en 1513 Azemmour tomba dans son escarcelle. Quant aux Espagnols, une fois la reconquista achevée, ils commencèrent à regarder du coté du Maroc, avec l'idée de lui rendre la monnaie des plus belles. Ainsi, ils occupèrent Melilla en 1497 et en 1508, l'ile rocheuse Penon de Velez de la Gomera. Il est évident qu'une multitude de raisons étaient derrière ces conquêtes, mais, quoi qu'il en soit, les facteurs déterminants étaient sans aucun doute la religion et le commerce. D'ailleurs des rumeurs se propagèrent en Europe, dans le temps, comme quoi le Maroc regorgeait de richesses tel l’or, le sucre, les dattes, les amandes, etc. Attirés par ces opportunités commerciales, les anglais entamèrent un premier voyage vers Le Maroc en 1551, au moment ou le pouvoir politique passait des mains des Béni Wattas à celles des Saadiens, a bord du Lion de Londres sous le commandement de Thomas Windam. Un deuxième voyage de trois bateaux, sous le commandement de la même personne s'effectua en 1552. Cette expédition fut sponsorisée par les commerçants de la City of London. Les bateaux en question partirent de Bristol chargés de tissus, d'ambre ainsi que d'autres marchandises et déchargèrent leur cargaison à Safi pour charger à sa place du sucre, des dattes et des amandes. Ainsi, fut inauguré entre les deux pays un commerce très profitable : du côté marocain les sultans s'approvisionnaient en armes et munitions, en contrepartie les Anglais se procuraient le sucre marocain, très apprécié par le consommateur européen. Dans le temps, les Saadiens avaient encouragés la culture de la canne à sucre dans la région du sud dans des plantations dirigées par des Juifs. Eu égard a l'importante consommation de cette denrée en Europe, les Saadiens en tirèrent un très grand profit. A titre d’exemple, en 1589 les services d’approvisionnement du palais de Sa Majesté la Reine d'Angleterre placèrent une commande de sucre marocain de l'ordre de 60 caisses et d'une contenance de 300 livres chacune. 5 Queen Elizabeth I of England and Ireland 1533-1603 Les relations se sont améliorées au cours du 16ème siècle, quand en Angleterre, la nouvelle se répandit des considérables opportunités de commerce qui existaient au Maroc. La première mission commerciale enregistrée en date de 1551-52 avait comme destination Safi et Agadir. Elle était parrainée par des commerçants londoniens qui négociaient du drap anglais et d'autres marchandises contre du sucre, des dattes et des amandes du Maroc. Un commerce hautement lucratif se développa. La Reine Elizabeth I d'Angleterre, qui partageait les mêmes craintes que le Maroc à l'égard de la puissance espagnole, envoya plusieurs lettres à Abd el-Malik et à Ahmed el-Mansour du Maroc. Le commerce se développa rapidement et les commerçants anglais bénéficiaient d'un statut spécial par rapport aux autres partenaires commerciaux. Le premier agent commercial anglais, Henry Roberts, fut envoyé à la cour marocaine à Marrakech uploads/Geographie/ un-apercu-historique-des-relations-entre.pdf
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- Publié le Jul 10, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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