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Archives du Présent Fondation Zinsou Wax Stories Archives du Présent Ce livre est dédié à la mémoire de ma mère, Marie-Christine Zinsou, et à mon fils Ayodele. Un pagne exprimera peut-être mieux que les mots la douloureuse contradiction des sentiments de tristesse intense et de bonheur immense!: Wèli kan. Quand le fil se rompt, il reprend racine et pousse à nouveau… Le Wax est utilisé de nos jours pour confectionner des tenues traditionnelles, pour porter les enfants au dos, mais également pour décorer la maison ou pour créer des tenues sportswear. Le Wax est plus que jamais à la mode!! Considéré parfois comme rétro par la jeune génération africaine, parfois inconnu aux yeux des autres continents, il est aujourd’hui de plus en plus valorisé par des créateurs dynamiques et devient «!branché!», en Afrique et ailleurs. C’est à la fin du XIXe siècle que le Wax a fait son apparition en Afrique. Aujourd’hui, il fait partie intégrante de la vie quotidienne et tout le monde s’accorde à dire qu’il est un des symboles de l’«!identité!» africaine. Le wax est un moyen de communication Si les pagnes sont à l’origine des tissus fabriqués aux Pays-Bas et en Angleterre, d’inspiration indonésienne, leur valeur, en Afrique, vient des histoires créées par les Nana Benz du Togo et d’Afrique de l’Ouest. Les Nana Benz ont inventé des slogans inspirés des motifs du Wax qu’elles vendaient. Aujourd’hui encore, elles continuent d’en inventer de nouveaux, que les clientes adoptent rapidement. C’est tout un langage iconographique qui s’est créé, fait de symboles, de couleurs, de slogans… On donne des noms en fonction du contexte social ou politique, par exemple un événement politique qui a lieu au moment de la sortie du motif, la venue d’une personnalité importante dans le pays, une rumeur à propos du président, etc. Le Wax est une véritable mémoire des événe- ments passés. Il est un moyen de communication à part entière, qui permet par exemple aux femmes d’exprimer silencieusement ce qu’elles pensent à leurs époux ou à leurs coépouses. Il évoque des thèmes de la vie quotidienne, des objets présents dans la société africaine, il exprime également des vœux de prospérité, de richesse… Le Wax a envahi tous les domaines de la vie!: la religion, la politique, le quotidien, les relations familiales, etc. Présents depuis les origines, certains motifs dits «!classiques!» sont devenus des incontournables, grâce notamment au succès des messages qu’ils véhiculent. Une transmission de génération en génération Traditionnellement, on offre le Wax pour la dot. À cette occasion, le choix des motifs est très important car il est symbolique du respect du mari pour la famille de la future mariée. Il n’est pas rare que ces Wax soient ensuite conservés et transmis de mère en fille. On se transmet le pagne, son his- toire, ses significations, sa valeur financière. Le Wax est un héritage. Véhiculés de manière orale, les noms des motifs Wax résistent au temps et font véritablement partie du patrimoine. Il est aujourd’hui devenu essentiel de recenser les significations des Wax afin de les inscrire dans la mémoire collective. «!Wax Stories!» n’a pas vocation à faire un recensement exhaustif du sujet, sachant qu’un même motif peut avoir une signification différente dans chaque pays, en français, en anglais, mais aussi en langue locale. Nous avons fait état de quelques uns, que nous avons récoltés sur les marchés, avec les Nana Benz, ou en faisant appel aux témoignages. La liste est encore longue… Et vous!? Parlez-vous le Wax!? Sophie Douay Zinsou Une technique indonésienne Wax signifie «!cire!» en anglais. En effet, ce tissu si prisé en Afrique, a été inventé d’après une technique indo- nésienne qui consiste à appliquer une teinture après avoir effectué une réserve à la cire d’abeille!: le «!batik!». En Indonésie, à Java plus précisément, cette technique est utilisée depuis le XIe siècle. Elle a d’ailleurs été ins- crite en 2009 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Le mot «!batik!», en javanais, signifie «!pointillés!». Les indonésiens utilisent le «!canting!», instrument qui per- met de déposer de petites gouttelettes de cire sur le tissu, afin de former un dessin. Il faut parfois plusieurs mois pour confectionner un seul «!sarong!», nom que donnent les indonésiens à ces tissus artisanaux. Ces sarongs étaient réservés aux classes élevées de Java, parfois même uniquement à la famille royale. Anglais et néerlandais, installés en Indonésie, découvrent cette technique et décident de l’indus- trialiser, réduisant ainsi considérablement le temps de production. C’est la société Prévinaire-HKM, aux Pays- Bas, qui releva la première le défi en 1850. Persuadés que le marché du batik industriel pourrait être floris- sant en Indonésie, ce ne fut finalement pas le suc- cès escompté. Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer cela!: le rendu du batik industriel ne plaisait pas aux indonésiens, habitués à un travail minutieux, ils remarquèrent tout de suite les défauts que compor- taient les tissus apportés par les européens; à partir de 1872, une taxe sur les produits d’importation serait une des difficultés à pénétrer le marché indonésien; les javanais trouvèrent un moyen d’accélérer la pro- duction du batik artisanal, avec le «!tjap!», un tampon de bois recouvert de fils de cuivre, ce qui leur permit de réduire les coûts de fabrication et donc de le rendre plus abordable. L’insertion du Wax sur le marché africain Des soldats ghanéens seraient rentrés d’Indonésie dans leur pays avec des batiks industriels européens, qui auraient créé l’engouement. C’est ainsi qu’une toute première cargaison de Wax hollandais, destinés à la vente, arriva au Ghana en 1893. Les Pays-Bas sont les premiers à avoir produit du Wax, ce sont d’ailleurs aujourd’hui les seuls à maintenir cette activité, à Helmond, avec l’usine Vlisco. Ont participé également à la production européenne du Wax!: la Suisse (de 1928 à 1974) par exemple, et l’Angleterre (de 1902 à 2007) dans la région de Manchester plus précisément, avec notamment la société ABC (Arnold Brunnschweiler & Company). Tous participèrent à l’acheminement du Wax vers l’Afrique. C’est au moment des indépendances des États africains, vers 1960, que des usines commencèrent à s’instal- lèrent en Afrique. En 1966, les néerlandais implantèrent une usine au Ghana, appelé Ghana Textiles Printing Company, futur GTP, et Uniwax en Côte d’Ivoire en 1968. Cela permit alors à la population locale de se procurer des tissus plus accessibles financièrement. La produc- tion aux Pays-Bas fut donc réduite pour se concentrer sur la confection d’un Wax de luxe. Les anglais installent également des usines au Nigéria et au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo, RDC). Les nouveaux États africains ouvrirent des usines au Bénin, au Sénégal, au Niger et au Burkina Faso. Celles-ci sont actuellement fermées ou ont été rachetées par des compagnies étrangères, notamment chinoises au Nigéria et en RDC, par exemple. Aujourd’hui, GTP au Ghana et Uniwax en Côte d’Ivoire, sont gérées par Vlisco. ABC Manchester et son usine ATL au Ghana, ont été rachetés par le groupe chinois Cha. L’arrivée des imitations de Wax De nos jours, le Wax est soumis à une concurrence de taille, celle de la copie et de la contrefaçon. Celles-ci s’attribuent le nom de Wax, à tort, car elles n’utilisent pas la technique de réserve à la cire, et copient les motifs, pourtant soumis au droit de propriété intel- lectuelle. Ce sont des impressions en sérigraphie, qui imitent le Wax et ses effets, notamment le «!cracking!1!» et le «!bubbling!2!». Le véritable Wax, contrairement à ses imitations, présente un caractère unique sur chaque yard!3. Au départ, entre 1960 et 2000, ce sont les usines au Bénin (Sobetex), Niger (Enitex), Togo (Togotex), Burkina Faso (Faso Fani), qui commencèrent à produire les premières copies et réinterprétations des motifs euro- péens. Mais ces usines ne résisteront pas à la concur- rence chinoise. Ces imitations, appelés «!fancy!», plus abordables financièrement pour toutes les couches de la population, trouvent une clientèle abondante en Afrique de l’Ouest de nos jours. Sophie Douay Zinsou D’où vient le Wax!? 4 À l’origine du royaume du Dahomey, la population s’habillait de pagne de raphia tissé. On distinguait les pagnes de raphia en deux catégories, le «!Adokpokan Hissi!» (Kan = la corde / Hissi = minuscule), et le «!Adokpokan Haza!» (maillage peu soigné), principalement utilisé dans les couvents. Le tissage local se développa sous le règne du Roi Agadja, qui fût à la tête du Dahomey de 1711 à 1740. À cette époque, le roi ne portait pas les tissages locaux, afin de se distinguer de la population. Son prédécesseur, le Roi Tegbéssou, ayant séjourné pendant 20 ans en pays Yorouba, était revenu avec les habitudes de la cour de Kétou. La cour faisait donc venir des tissages de la ville de Keta au Ghana et des «!Lonkpa!» (bande de tissé très fine et longue) du Nigéria. Début XIXe, les «!Hounmènou!», produits importés par les navires, arrivèrent à Ouidah (le port du Dahomey). Les soies commencèrent à apparaître à la cour (notamment sur les parasols royaux), ainsi que les velours. Des étoffes moins riches, tel que le percale, fleurirent sur le marché et furent uploads/Geographie/ wax-stories-pdf.pdf

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