0 PARTAGER RÉAGIR 0 Abonnez-vous au Nouvel Observateur SUR LE MÊME SUJET A l'éc

0 PARTAGER RÉAGIR 0 Abonnez-vous au Nouvel Observateur SUR LE MÊME SUJET A l'école de Francfort Créé le 06-06-2012 à 11h17 - Mis à jour à 18h32 Par Eric Aeschimann Adorno, Marcuse, Habermas... Depuis trois générations, les philosophes de l'école de Francfort essaient de penser les contradictions de la modernité. Eric Aeschimann en retrace la saga. Mots-clés : Ecole de Francfort, philosophie, Walter Benjamin, Herbert Marcuse, Max Horkeimer, Theodor Adorno Quatre figures de l'Ecole de Francfort: Horkheimer, Adorno, Benjamin, Habermas. Et ce qui les a inspirés: l'arrivée de la radio, Marx, un drive-in, Mai-68 à Berlin-Ouest... (©Baltel-Sipa/Allan Grant/Popperfoto-Getty Images/Imagno/"Suddeutesche Zeitung"-Rue des Archives/SPPS/Photomontage Yan)) Il était une fois le fils d'un bourgeois de Francfort dans l'Allemagne des années 1920. Epris de sciences politiques, il fréquentait un groupe de jeunes intellectuels socialistes qui rêvaient de créer un institut d'inspiration marxiste. L'histoire ne dit pas comment Felix Weil convainquit son père, commerçant millionnaire, d'en assurer le financement. Il est probable qu'il fut aidé par le microclimat local: ville de négoce et de banque, Francfort est l'héritière d'une vieille tradition culturelle et on trouve trace dès 1150 de sa Foire du Livre. En outre, contrairement à d'autres villes allemandes, l'importante communauté juive était largement acceptée à l'université. De quoi en faire un bastion libéral face à la montée du nazisme. Le 22 janvier 1924 est inauguré le bâtiment de l'Institut de Recherche sociale, dont l'objectif est de préparer «la transition du capitalisme au socialisme». Près d'un siècle plus tard, l'Institut existe toujours, mais son rayonnement intellectuel a largement dépassé la pure logique institutionnelle. C'est après la guerre, avec le retour d'exil de ses deux principales figures, Max Horkheimer et Theodor Adorno, qu'est apparue l'expression «école de Francfort», reconnaissance d'un véritable courant philosophique marqué par une grande exigence théorique et une puissance expressive peu commune. Par la suite, une deuxième puis une troisième génération ont pris le relais, modifiant les perspectives et s'éloignant de la flamboyance du début. Mais, jusqu'à ses plus récents avatars, il s'est toujours agi de penser les contradictions culturelles de la modernité. Et ce, à travers deux innovations: le dialogue avec d'autres sciences (la sociologie, la psychanalyse ou plus tard, avec Habermas, la linguistique) et ACCUEIL > ESSAIS > A L'ÉCOLE DE FRANCFORT Aller au menu Aller au contenu Aller à la recherche Culture Mise à jour 08h42 MARINA EURO 2012 ECONOMIE LE CHOIX DE LA RÉDACTION Les personnalités des parents passées au crible "Bref, je me suis fait pigeonner" Appel de Cameron : "Arrêtons les clichés sur les exilés... Suivre l'Obs Boutique Lire le magazine Espace abonné 61 Recommander » D'Adorno à Rosa: les six de Francfort » Walter Benjamin illustré » Y a-t-il un nazi pour penser la démocratie? » Vie et mort d'une collection? » En kabbale avec Gershom Scholem » A quoi sert la musique d'ascenseur Dia Elyzabeth Ana Jeannine Gérard Marian Cabaret Ahmed Irene Charles BibliObs sur Facebook 6,160 personnes aiment BibliObs. J’aime Module social Facebook L'Ecole de Francfort Jean-Marc Durand- Gasselin Gallimard, 17,10 € L'ACHETER L'Ecole de Francfort Paul-Laurent Assoun Puf, 9,98 € L'ACHETER Critique et utopie Walter Benjamin Rivages, 8,70 € L'ACHETER Rechercher Actualité Politique Société Culture High Tech Sport Santé Education Services BIBLIOGRAPHIE TEMPS FORTS A la Une de BibliObs ACTUALITES ROMANS ESSAIS DOCUMENTS BD Carte blanche à... Blogs Agenda Page 1 sur 4 A l'école de Francfort - - Bibliobs#xtor=EPR-1-[Hebdo]-20120622#xtor=EPR-1-[He... 23/06/2012 http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20120606.OBS7582/a-l-ecole-de-francfort.html l'abandon des gros traités académiques au profit d'une écriture plus nerveuse, proche de l'essai, voire, dans le cas des «Minima Moralia» d'Adorno, du fragment. Une exigence de créativité et d'engagement que résume un autre nom donné à cette famille de pensée: la «théorie critique». «Théorie», car il s'agit d'analyser la condition moderne; «critique», dans la mesure où une telle démarche n'a de sens qu'en se plaçant dans une perspective d'émancipation. Catalogue des pathologies du siècle écoulé En revisitant l'itinéraire intellectuel de l'école de Francfort (et malgré une écriture parfois confuse, au point d'en affecter la lisibilité), Jean-Marc Durand-Gasselin se livre à une fascinante reconstitution intellectuelle. On y suit l'élaboration progressive d'une constellation de concepts dont la recension ressemble au catalogue des pathologies du siècle écoulé: «appauvrissement du moi», «aliénation du désir», «consommation standardisée», «domination administrative», «tendances régressives», «industrie culturelle», «fétichisme»... L'intuition de départ, que Horkheimer et Adorno expliciteront dans leur opus magna de 1944 «la Dialectique de la raison», est que la modernité aurait détourné le programme rationnel des Lumières. Chantée par Kant comme la clé de l'autonomie humaine, la raison aurait été instrumentalisée par la science, l'économie ou l'Etat dans une logique de «calcul» visant à aliéner l'homme, à le transformer en objet, à le «réifier». Dans un monde entièrement administré, où tout incite à se couler dans les normes sociales, l'individu moderne «se durcit et renonce à lui-même pour devenir pure ruse, pure intelligence instrumentale dominatrice de la nature». Une pulsion d'adaptation, qui devient conformisme volontaire et, au final, mutilation de soi. Tous aliénés? Cette aliénation, Horkheimer et Adorno en trouvèrent trace d'abord dans la propagande du régime nazi, puis en débarquant aux Etats-Unis en 1940, où ils furent frappés par la toute-puissance du cinéma et de la radio. Adorno forgea alors le terme d'«industrie culturelle», appelé à une grande postérité. Passionné par les avant-gardes musicales (ce qui lui fit porter des jugements pour le moins hâtifs sur le jazz), celui-ci était très lié avec Walter Benjamin et fit épisodiquement travailler ce dernier pour l'Institut. Un compagnonnage qui n'est pas pour rien dans l'éclosion, chez les penseurs de l'école de Francfort, d'un très fertile «marxisme esthétique» où la culture, cessant d'être un simple effet de l'infrastructure économique, se révèle être le principal champ de bataille. L'exploitation sociale passe au second plan et, comme l'écrit Durand-Gasselin, «le désastre est surtout symbolique, c'est celui du fétichisme généralisé, de la réification, de la domination de l'entendement calculateur». «Le potentiel fasciste» de la population américaine En prenant les rênes de l'Institut en 1931, Horkheimer voulait que les hypothèses philosophiques soient testées avec les techniques de recherche sociale les plus avancées (questionnaires, statistiques, analyses psychologiques). «Trouver de nouvelles méthodes sans pour autant perdre de vue l'Universel» était le mot d'ordre. Il avait à l'esprit la propagation des idées nazies chez les ouvriers et les employés, que l'on commençait alors à attribuer à la forte présence du «caractère autoritaire» dans ces milieux. Une troublante continuité fit que l'enquête de terrain validant la thèse ne fut lancée qu'en 1944... aux Etats-Unis, dans le but de mesurer «le potentiel fasciste» de la population américaine. Adorno et Horkheimer ne furent jamais révolutionnaires et choisirent toujours le camp de la démocratie. Mais ils savaient que le meilleur service à rendre à cette dernière est de la soumettre à la critique la plus exigeante. Quitte à montrer, sans fausse pudeur, que le fascisme peut faire «corps avec les tendances du capitalisme tardif, celui des grandes entreprises et de la grande machinerie d'Etat». D'une génération l'autre Réfugiés en Suisse, dès 1933, puis à Paris, avant de gagner New York et de s'installer en Californie, Horkheimer et Adorno ont assisté dans les années 1950 et 1960 au miracle allemand, puis à la montée de la contestation étudiante. A leur pessimisme succéda l'optimisme de la deuxième génération incarnée par Jürgen Habermas: non, dit celui-ci, la raison n'est pas entièrement devenue un instrument de l'aliénation puisque, dans le langage, nous mettons en oeuvre une rationalité qui, au contraire, vise à construire avec autrui des pratiques communes; à «l'agir instrumental» s'oppose un «agir communicationnel » qui rend possible la démocratie. Et cet incroyable passage de relais tend à se perpétuer, puisqu'à la troisième génération, Axel Honneth a analysé les enjeux de la «reconnaissance» et qu'avec son travail sur l'accélération technique Hartmut Rosa redonne vie à la notion d'«aliénation» et esquisse une quatrième génération. Dans l'après-guerre, l'école de Francfort combattit avec la même vigueur le positivisme scientiste du cercle de Vienne et l'idéalisme grandiloquent de Heidegger. Ni progressiste ni nostalgique, donc, mais avec quelque chose de définitivement noir dans le regard porté sur l'homme. Dans «Minima Moralia», Adorno décrit le businessman américain rentrant le soir dans sa garçonnière et se servant un scotch: A chaque verre de whisky et à chaque bouffée tirée du cigare, on sent encore toute la répugnance qu'il en a coûté à l'organisme de réagir à des stimuli aussi violents. [...] Ces mâles Expérience et pauvreté Walter Benjamin Payot, 6,27 € L'ACHETER Ecrits français Walter Benjamin Gallimard, 8,65 € L'ACHETER La Dialectique de la raison Max Horkheimer Gallimard, 9,55 € L'ACHETER Kulturindustrie Theodor Wiesengrund Adorno Allia, 5,89 € L'ACHETER Jargon de l'authenticité Theodor Wiesengrund Adorno Payot, 8,70 € L'ACHETER Métacritique Theodor Wiesengrund Adorno Payot, 24,23 € L'ACHETER Minima moralia Theodor Wiesengrund Adorno Payot, 10,12 € L'ACHETER Les débuts de la philosophie bourgeoise Max Horkheimer Payot, 8,22 € L'ACHETER Notes sur la littérature Theodor Wiesengrund Adorno Flammarion, 9,69 € L'ACHETER Sur Walter Benjamin Theodor Page 2 sur 4 A l'école de Francfort - - Bibliobs#xtor=EPR-1-[Hebdo]-20120622#xtor=EPR-1-[He... 23/06/2012 http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20120606.OBS7582/a-l-ecole-de-francfort.html 0 PARTAGER RÉAGIR 0 Abonnez-vous au Nouvel Observateur seraient donc bien, au fond d'eux-mêmes, ce uploads/Geographie/a-l-x27-ecole-de-francfort.pdf

  • 11
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager