262 Grande saline de Salins-les-Bains (France) No 203 bis Nom officiel du bien

262 Grande saline de Salins-les-Bains (France) No 203 bis Nom officiel du bien tel que proposé par l’État partie : De la grande saline de Salins-les-Bains à la saline royale d’Arc-et-Senans, la production du sel ignigène Lieu : Région de Franche-Comté, départements du Doubs et du Jura France Brève description : La grande saline de Salins-les-Bains a exploité depuis le Moyen Âge, et vraisemblablement avant, des saumures extraites d’un important gisement souterrain. C’est l’un des rares témoins de la production de sel ignigène (cristallisé par chauffage), avec ses bâtiments et ses installations techniques encore en place, tant souterraines que de surface. Au XVIIIe siècle, la saline royale d’Arc-et-Senans est conçue comme une extension géographique et technique de Salins-les-Bains afin de pouvoir bénéficier de la proximité de la forêt de Chaux. Un saumoduc de 21 km reliait les ressources salines de Salins-les-Bains à Arc-et-Senans. La saline d’Arc-et-Senans a été construite par l’architecte Claude Nicolas Ledoux à partir de 1775 ; c’est la première grande réalisation d’architecture industrielle traduisant l’idéal progressiste du siècle des Lumières. Catégorie de bien : En termes de catégories de biens culturels, telles qu’elles sont définies à l’article premier de la Convention du patrimoine mondial de 1972, le bien et son extension forment un ensemble. 1. IDENTIFICATION Inclus dans la liste indicative : 1er février 2002 Assistance internationale au titre du Fonds du patrimoine mondial pour la préparation de la proposition d’inscription : Aucune Date de réception par le Centre du patrimoine mondial : 31 janvier 2008 Antécédents : Il s’agit d’une proposition d’extension de la Saline royale d’Arc-et-Senans qui a été inscrite lors de la 6e session du Comité du patrimoine mondial (Paris, 1982) sur la base des critères (i), (ii) et (iv). Consultations : L’ICOMOS a consulté le TICCIH. Littérature consultée (sélection) : Grassias, I., Markarian, Ph., Petrequin, P., Weller, O., De pierre et de sel. Les salines de Salins-les-Bains, Salins-les-Bains, musée des Techniques et Cultures comtoises, 2006. Mission d’évaluation technique : 3-6 septembre 2008 Information complémentaire demandée et reçue de l’État partie : Une lettre a été envoyée à l’État partie le 10 décembre 2008 sur les points suivants : - Revoir la zone tampon pour Arc-et-Senans et pour y inclure le saumoduc. - Apporter des garanties quant à l’adoption du plan de gestion et à la mise en œuvre de la structure de gestion commune des deux sites. - Revoir l’aménagement urbain de Salins-les-Bains dans les environs immédiats de la saline et en ce qui concerne l’enclos historique avec l’impact visuel du casino. L’État partie a apporté une réponse (80 pages) en date du 27 février 2009. L’analyse de cette documentation est incluse dans la présente évaluation. Date d’approbation de l’évaluation par l’ICOMOS : 10 mars 2009 2. LE BIEN Description Le bien proposé pour extension est formé par la grande saline de Salins-les-Bains, délimitée par son enclos historique entre le cours de rivière « la Furieuse » et la route nationale, au centre-ville. Les délimitations n’en sont que partiellement conservées, mais elles sont bien repérables au sein de l’emprise urbaine actuelle. L’enclos dessine un plan allongé, sinueux côté rivière et rectangulaire côté ville. Le portail d’entrée, réédifié en 1825, est le seul élément subsistant aujourd’hui du mur d’enceinte qui délimitait la saline du côté de la ville. Il est en grand appareil, surmonté d’un tympan triangulaire. L’inscription peinte « Ancienne saline nationale » suit le plein cintre du passage. Deux tours carrées et une tour ronde flanquent l’enceinte. En surface, trois bâtiments anciens sont conservés : - les magasins à sel et les bernes, le long de la Furieuse, double corps jointifs à deux niveaux, de plan rectangulaire brisé ; - le bâtiment du puits d’Amont, accédant aux galeries souterraines et au puits d’extraction ; - l’ancien logement ou partie de la maison du Pardessus. Ces constructions à deux niveaux sont en pierre locale partiellement crépie, et en pierre de taille. Les couvertures sont en tuile. Le bâtiment des bernes où la saumure était évaporée pour la production du sel ignigène utilisait des « poêles » métalliques rectangulaires de grande dimension. Les vestiges d’une poêle sont conservés, mais ils sont en cours de restauration car celle-ci est très corrodée. 263 Le bâtiment du puits d’Amont a abrité de 1950 à 2007 un casino, détruit par un incendie. En souterrain, les deux puits d’Amont et de Grès sont reliés par une galerie de 165 m de long et haute de 6 à 7 m, voûtée en berceau sur doubleaux. Plusieurs campagnes d’aménagements sont visibles dans les différences d’appareillage des pierres. Un canal d’évacuation des eaux la parcourt longitudinalement. Un certain nombre d’installations en bois, roues hydraulique, pompes, tuyaux, sont conservés. Extension La grande saline de Salins-les-Bains est proposée en extension de la saline royale d’Arc-et-Senans, à laquelle elle était reliée pour son alimentation en saumure par un « saumoduc ». Le bâtiment de la saline d’Arc-et-Senans, à proximité de Besançon, est l’œuvre de Claude Nicolas Ledoux. Sa construction, qui débuta en 1775 sous le règne de Louis XVI, est la première grande réalisation d’architecture industrielle qui reflète l’idéal de progrès du siècle des Lumières. Ce vaste ouvrage fut conçu pour permettre une organisation rationnelle et hiérarchisée du travail. La construction initiale en demi-cercle devait être suivie de l’édification d’une cité idéale, qui demeura à l’état de projet. L’ICOMOS note que le dossier s’étend beaucoup plus sur la description de la saline royale d’Arc-et-Senans, déjà inscrite et qui est un lieu bien connu, que sur la grande saline de Salins-les-Bains elle-même, objet de la demande d’extension et dont la description reste vague. L’ICOMOS considère que les éléments techniques et structurels de liaison entre les deux sites, notamment le « saumoduc » pour transport de la saumure de Salins à Arc-et-Senans, sont une partie importante de la justification de l’extension, mais qu’ils sont très peu décrits. Histoire et développement La ville de Salins-les-Bains a eu de l’importance dès l’Antiquité. À l’époque celtique, c’est un site princier et un grand centre religieux, puis oppidum à l’époque romaine. Au Moyen Âge, le sel contribue à faire de la ville la seconde cité la plus peuplée de Franche-Comté après Besançon. La ville comprend alors 17 communautés religieuses et elle est entourée d’une enceinte flanquée de vingt-cinq tours. C’est aussi un centre culturel. Dès 1115, deux salines y existent : la petite saline avec le puits à Muire, et la grande saline ou grande saunerie avec le puits d’Amont. Pendant plusieurs siècles, l’économie de la cité est basée sur l’exploitation du sel, denrée indispensable à la conservation des aliments et objet d’un impôt important sous l’administration française : la gabelle. Au milieu du XVIIIe siècle, la déforestation à proximité de Salins et les besoins croissants en sel entraînent la recherche d’un site plus favorable, en aval, à proximité de la vaste forêt de Chaux. Ce sera l’ambitieux projet de la saline royale d’Arc-et-Senans, étudié à la fin du règne de Louis XV, à partir de 1771, et dont la construction entreprise en 1774-1775 est achevée en 1778, sous le règne de Louis XVI. Toutefois, une moitié seulement du vaste plan industriel circulaire que proposait initialement l’architecte Claude Nicolas Ledoux a été réalisée. Techniquement, il s’agit d’exploiter à Arc-et-Senans la saumure extraite à Salins, en la transportant par une conduite de 21 km ou « saumoduc ». Celui-ci est initialement réalisé en grumes de sapin, dont le cœur est évidé à la tarière. Progressivement et dès la fin du XVIIIe siècle, le bois est remplacé par des tubes en fonte. La dénivellation du saumoduc est de 141 mètres. Compte tenu de l’intérêt matériel et financier du sel sous l’Ancien Régime français, il était surveillé en permanence sur tout son trajet par dix postes de garde. Avant d’entrer dans la saline royale proprement dite, le saumoduc aboutissait à la très vaste construction industrielle en bois du « bâtiment des gradations ». Celui- ci, de près de 500 mètres de long pour 7 mètres de haut, était destiné à concentrer la teneur en chlorure de sodium de la saumure, par évaporation. Un bassin couvert de 2 000 m2 environ recevait la saumure ainsi concentrée, avant son traitement thermique dans la saline royale pour en retirer le chlorure de sodium cristallisé ou sel ignigène. La saline royale entre en fonctionnement en 1779, accompagné d’une réduction notable de la production de sel ignigène à Salins, sans toutefois l’arrêter. Les deux établissements poursuivent leurs exploitations parallèles et complémentaires au cours du XIXe siècle. En 1825, la grande saline à Salins est partiellement détruite par un incendie. Plusieurs bâtiments et le porche d’entrée sont reconstruits à cette occasion. Sous le second Empire (1851-1870), la ville de Salins connaît un nouveau développement comme ville thermale. Une station thermale est construite en 1854 sur l’emplacement de la petite saline, exploitant la source d’eau salée de Muire. Cela fera évoluer le nom de la ville en Salins-les-Bains, en 1926. Concurrencé par le sel marin moins cher à produire et qui se transporte dans toute la France par le chemin de uploads/Histoire/ 203bis-icomos-1637-fr.pdf

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  • Publié le Mai 03, 2022
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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