A la folie… passionnément JULIA JAMES Cet ouvrage a été publié en langue anglai

A la folie… passionnément JULIA JAMES Cet ouvrage a été publié en langue anglaise sous le titre : THE MISTRESS’S SECRET Traduction française de ANNIE LEGENDRE © 2004, Harlequin Books S.A. © 2011, Traduction française : Harlequin S.A. 83-85, boulevard Vincent-Auriol, 75646 PARIS CEDEX 13 Service Lectrices — Tél. : 01 45 82 47 47 ISBN 9782280226561 — ISSN 11594837 Photos de couverture Arabesques : © JAPONKA/ROYALTY FREE/FOTOLIA Fleurs : © ROYALTY FREE/DYNAMIC GRAPHICS Texture : © GALYNA ANDRUSHKO/ROYALTY FREE/FOTOLIA Collection : Coup de Cœur HARLEQUIN® est une marque déposée par le Groupe Harlequin Coup de Cœur® est une marque déposée par Harlequin S.A. 3 1. Alanna Richards passait nonchalamment en revue les robes de cocktail suspendues sur leurs cintres. Protégées par un film transparent, toutes portaient le nom d’un grand couturier. Un petit sourire d’autodérision se dessina sur ses lèvres. Elle aussi avait un jour possédé une telle garde-robe. Avec des tenues toutes plus magnifiques et seyantes les unes que les autres. A cette époque-là, elle devait impérativement paraître à son avantage. Chaque jour. Et chaque nuit. Son sourire se crispa. Des souvenirs, enfouis depuis longtemps, remontèrent soudain à la surface. Un visage lui apparut, un visage aux yeux sombres, brûlants de désir. Elle laissa retomber sa main brusquement et se remit en marche, foulant silencieusement les épaisses moquettes. Il était plus que temps de rejoindre Maggie et les garçons. Ce moment de faiblesse était ridicule. A quoi bon ressasser le passé ? Ses souvenirs étaient soigneusement enfermés tout au fond d’elle, et elle n’avait pas le droit d’ouvrir la boîte de Pandore. Jamais. Peut-être un jour, quand elle serait une vieille femme, 4 elle les laisserait s’échapper pour les contempler à loisir. Mais pour le moment, ce n’était pas prudent. Pas prudent du tout. Elle se dirigea d’un pas décidé vers les escaliers roulants du plus grand et du plus prestigieux des grands magasins londoniens, dont, à une époque, elle avait été une cliente attitrée. Cela faisait une éternité qu’elle n’y avait pas remis les pieds. D’ailleurs, ce jour-là, ce n’était pas elle qui en avait eu l’idée. C’était Maggie qui avait insisté pour faire visiter aux garçons le département des jouets et les vitrines merveilleusement décorées pour Noël. « Pas pour acheter quoi que ce soit, bien sûr ! » s’était exclamée en riant son amie, gentille jeune femme qui, comme Alanna, élevait seule son petit garçon. « Juste pour regarder. Ben et Nicky seront tellement contents ! » Et en effet, ils s’étaient bien amusés, poussant des cris d’extase devant les jouets tous plus sophistiqués les uns que les autres et s’émerveillant devant la magie du décor. Les deux garçons étaient habitués à « regarder seulement » quand il s’agissait de jouets. Ni Maggie ni Alanna n’avaient les moyens de leur offrir ces cadeaux sophistiqués. Un vif sentiment de regret lui serra brièvement le cœur. Parfois, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si elle avait eu raison de se débarrasser de l’argent de Nikos comme elle l’avait fait. Et c’était toujours au moment des fêtes que lui venait ce genre d’idées. Non, c’était la meilleure chose à faire. La seule chose à faire. Il s’agissait d’un argent auquel elle n’avait pas droit. Le peu qu’elle avait gardé avait suffi jusqu’à ce jour pour subvenir à leurs besoins, à Nicky et à elle-même. L’an 5 prochain, quand le petit garçon commencerait à fréquenter l’école, elle pourrait chercher du travail et ses finances s’en porteraient mieux. Mais plus jamais, plus jamais elle ne porterait de telles toilettes. Toutes ces robes magnifiques, dont les prix n’étaient même pas affichés, n’étaient pas faites pour elle. Plus maintenant. Elle aperçut une blonde impeccablement moulée dans un tailleur de grand couturier qui considérait, la moue aux lèvres, une magnifique robe en lamé. Dire qu’elle avait été une femme de ce genre ! A cette idée, un petit frisson la parcourut. La femme devait avoir un peu moins de trente ans, comme elle, et son corps soigné, sa coupe de cheveux dont pas une mèche n’avait échappé à l’art du coiffeur, tout en elle disait qu’elle ne faisait rien d’autre de ses journées que de s’occuper de son apparence. Exactement comme elle, il y avait… une éternité. Alanna ralentit sa marche pour mieux observer l’inconnue. Oui, elle avait été exactement comme ça. Toujours en train de chercher ce qu’il pouvait y avoir de meilleur pour elle. Habitée par la seule obsession de paraître toujours abso- lument fabuleuse. Alanna prit le temps d’observer l’inconnue. Elle aussi avait passé son temps, tout son temps à s’efforcer d’être la plus belle. Pour Andréas. Les souvenirs l’assaillirent de nouveau, la prenant à la gorge, lui coupant le souffle. C’était ici que tout s’était passé, dans cet univers factice de luxe et d’argent. Et voilà que, à la seule vision de ces robes de soirée, le fragile rempart 6 qu’elle avait érigé, jour après jour, année après année, venait de s’effondrer. Un rempart destiné à la protéger d’un homme. Un seul homme. Andréas Andreakos. Grec. Riche. Beau. Fantastiquement, merveilleusement, irrésistiblement beau. Depuis ses épais cheveux bruns jusqu’à ses jambes longues et puissantes. Un homme qu’elle ne reverrait jamais. Le visage d’Andréas se levait maintenant derrière le rideau de ses paupières, tourmentant sa mémoire. Cet angle arrogant de sa mâchoire, ces pommettes hautes, et ces yeux noirs, si sombres, abrités par des cils si longs, si épais que c’en était presque un scandale chez un homme ! Tout, dans ce corps d’homme, souple et viril à la fois, qu’elle avait jadis connu si intimement, était réussi… Mais à ces souvenirs, sa bouche se contracta en une grimace de dépit. Elle n’avait jamais connu Andréas Andreakos. Elle avait connu son corps comme il avait connu le sien… Oh ! Comme il l’avait connu… et honoré ! Mais lui, elle n’avait jamais su qui il était vraiment. Il ne l’avait jamais permis. Toujours, même dans la merveilleuse tourmente de leur union physique, au milieu des moments les plus intenses de leur plaisir, il avait maintenu une distance, sans jamais la laisser s’approcher de lui. S’approcher vraiment. Maintenant, la mélancolie et la tristesse faisaient place à la colère et à l’amertume. La douleur amère qu’elle avait refoulée pendant cinq longues années explosait en elle en une lente spirale, suffocante, insupportable. 7 Pourquoi souffrir ? Elle savait bien à l’époque qu’Andréas ne l’aimerait jamais. Pire que cela. Il la haïrait toujours. Elle avait vu cette haine jaillir de ses yeux, brûlante comme une coulée de lave, tranchante comme un couteau plongé en plein cœur. De la haine pour ce qu’elle avait fait à sa famille, à son propre frère. Une autre émotion la traversa alors, envahissant sa bouche comme un acide âcre. Elle s’efforça de la refouler, elle aussi, mais en vain. Elle s’imposa, la submergeant bientôt, menaçant de la renverser. Le remords. Le remords envers Nikos, qui était mort à cause d’elle. Alanna se força à rouvrir les yeux. Elle devait oublier, revenir dans le monde réel. Se laisser reprendre par la bana- lité des choses. Il fallait qu’elle oublie cette nuit terrible. La nuit de la mort de Nikos. Son regard se posa sur la première chose qui se présenta. Et ce fut cette blonde sophistiquée qui tâtait d’une main experte l’étoffe scintillante de la robe en lamé, se demandant si elle mettrait suffisamment en valeur sa beauté. Alanna la considéra d’un œil vague, encore perdue dans la brume de ses souvenirs. Tout à coup, la femme tourna la tête. Alors, un sourire éclaira son visage. Un sourire de bienvenue, de plaisir, et de satisfaction. Une satisfaction presque animale. Un homme traversait les rayons à longues enjambées, se dirigeant tout droit vers la femme blonde qu’il devait couvrir de cadeaux en échange de partager sa couche. Elle souriait et il lui souriait. 8 Alanna sentit ses jambes lui faire défaut. L’espace se mit à tournoyer autour d’elle. Quelle horrible coïncidence ! Non, c’était impossible ! Et pourtant… c’était vrai. Le sang lui battait les tempes, l’assourdissant presque. Pour la première fois depuis toutes ces années, ces interminables années, elle revoyait Andréas Andreakos. 9 2. Alanna était incapable de bouger. Elle restait comme paralysée tandis qu’en face d’elle, Andréas s’approchait de sa maîtresse. De la femme que, peut-être, il aimait. L’éclat et l’agitation de ce magasin de vêtements de luxe s’évanouirent. Les années s’évanouirent. La jeune femme se retrouvait soudain derrière le comptoir de la minuscule boutique d’objets de luxe d’un grand hôtel alors que le plus bel homme qu’il lui ait été donné de voir se dirigeait droit vers elle. Il s’approchait avec un sourire et le cœur de la jeune femme prit son envol comme un oiseau plongeant dans le vide. Et, tel un oiseau, elle s’apprêtait à s’abattre à ses pieds, à se prosterner dans un geste d’adoration pour sa beauté parfaite. — Pourriez-vous faire un paquet cadeau pour cet objet ? demanda-t‑il, son regard parcourant brièvement son inter- locutrice avant de se reporter sur la cascade de uploads/Histoire/ a-la-folie-passionnement.pdf

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  • Publié le Sep 08, 2022
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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