Jean-Christophe BLANCHARD Le Collège et École Militaire d’ AUXERRE Mémoire de M

Jean-Christophe BLANCHARD Le Collège et École Militaire d’ AUXERRE Mémoire de Maîtrise d’Histoire Moderne sous la direction de Madame Christine LAMARRE Université de BOURGOGNE, 2003 1 REMERCIEMENTS. La philosophie du savoir des humanistes de la Renaissance était la suivante : la vérité est garantie par l’effort méthodique du savant critiqué par ses pairs. Ils avaient très certainement raison. Aussi, ce mémoire de maîtrise n’aurait certainement pas été ce qu’il est sans l’aide précieuse que m’a apportée madame Christine Lamarre qui a eu la gentillesse de bien vouloir assurer la direction de ce mémoire de maîtrise. Elle a su être à mon écoute, me conseiller et me guider tout au long de cette année, me permettant ainsi de surmonter les obstacles que tous les étudiants rencontrent lors de leur premier travail de recherche. Je lui en suis très reconnaissant. De façon plus générale j’aimerais remercier toutes les personnes qui m’ont apporté une aide plus ou moins directe au sein de l’Université de Bourgogne, et elles sont nombreuses. Je ne citerai donc que monsieur Cyril Enault du laboratoire de géographie qui m’a permis de réaliser les cartes qui figurent dans ce mémoire. Le travail de recherche ne pouvant se faire correctement dans de mauvaises conditions, il me faut remercier les Archives Départementales de l’Yonne pour son accueil, les Archives Municipales d’Auxerre et son personnel toujours sympathique, la Bibliothèque Municipale d’Auxerre qui reste un lieu que je prends toujours énormément de plaisir à fréquenter depuis que je sais lire. Merci également au Lycée Jacques Amyot, digne héritier de l’école militaire et de plus de 400 ans d’histoire d’enseignement à Auxerre, et dont je suis fier de compter parmi les nombreux anciens élèves. Pour terminer, je ne saurais oublier tous ceux qui par leur amitié ou leur amour m’ont permis de mener à bien ce travail dans les meilleures conditions possibles, ils se reconnaîtront. Je citerai tout de même parmi eux mes parents sans qui rien n’aurait été possible. Je tiens à leur dédier plus spécifiquement le résultat de mon travail. 2 INTRODUCTION. Le premier travail historique qui fut uniquement et entièrement consacré à l’école militaire d’Auxerre a vu le jour en 1893 dans le Bulletin des Sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne 1, à l’occasion du centième anniversaire de la fermeture de l’établissement. Cette dizaine de pages se voulait être un résumé de l’histoire événementielle de l’école. Sept années plus tard C. Cestre publiait le premier de sa longue série d’articles, qui avait pour but de mener à bien une histoire du collège d’Auxerre depuis la période révolutionnaire jusqu’à celle du premier Empire 2. Un article dans la même veine que celui de son prédécesseur, principalement dirigé vers une histoire événementielle, mais qui explorait beaucoup plus en profondeur les 3 dernières années de la vie de l’école militaire auxerroise. Pas moins de 70 pages étaient consacrées à ce sujet. Puis ce fût le vide total jusqu’en 1930, date à laquelle un inspecteur d’Académie du nom de M. Mollard décida de publier et de commenter deux documents issus des archives départementales de l’Yonne. Il s’agissait de l’emploi du temps qui avait cours à l’école d’Auxerre, ainsi que de la composition du trousseau des élèves. Ce premier travail qui ne se contentait plus uniquement d’une simple histoire événementielle de l’établissement, mais qui constituait en fait une première analyse de fond sur ce sujet, était hélas bien loin d’être complète, et son auteur en était parfaitement conscient. « Ce travail ne saurait avoir la prétention d’être une étude complète sur l’école militaire d’Auxerre, le temps nous a fait défaut pour l’entreprendre. […] Puissent nos recherches inspirer à d’autres plus favorisés que nous, le désir de les compléter et de les rendre plus fructueuses 3 ». Une invitation qui n’avait jamais reçu de réponse directe jusqu’à aujourd’hui. Certes, il y a eu avant et après 1930 des études historiques qui ont abordé de façon plus ou moins directe cette période de l’histoire du collège d’Auxerre, mais jamais aucun travail de synthèse n’avait été effectué. Aussi m’a-t-il paru nécessaire de consacrer un mémoire de maîtrise afin de combler une lacune qui me paraissait des plus sérieuses au regard de la place importante que l’étude des écoles royales militaires a pris dans l’historiographie 1 Ch. Moiset, « Le Collège Royal Militaire d’Auxerre », Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne, 1893, p. 5-22 2 C. Cestre, « Le collège d’Auxerre, de 1790 à 1796 », Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne, 1910, p.79-183. 3 M. Mollard, « A propos de l’école royale militaire d’auxerre. », Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne, 1930, p. 99. 3 consacrée à l’éducation en France au XVIIIe siècle. Il est en effet bien rare de ne pas trouver un ouvrage traitant de ce sujet, qui n’y consacre pas au moins un paragraphe. La bibliographie fournie en fin de ce mémoire rend parfaitement compte de cette situation. Et s’il fallait n’en citer que quelques-uns, on retiendrait tout particulièrement les travaux effectués par D. Julia. La France du XVIIIe siècle n’a pas connu qu’une seule et unique école militaire. Aussi, serait-il bon de resituer celle qui a existé à Auxerre de 1777 à 1793 parmi ses sœurs. La première a vu le jour à Paris en 1751 sous le règne de Louis XV. Instiguée par le financier Pâris-Duverney et Madame de Pompadour, elle s’inspirait très fortement des académies de cadets de Saint-Pétersbourg et de Berlin. Les disciplines scientifiques y étaient privilégiées, car les mathématiques, la physique, la géographie, ou les principes de fortifications étaient considérés comme utiles pour un futur officier. Mais cette préoccupation avait aussi pour but de palier les insuffisances de l’enseignement académique pour ces matières. L’édit de création de cette école, réservait cinq cents places pour des fils de gentilshommes pauvres ayant fait preuve de quatre degrés de noblesse du côté paternel, rejoignant ainsi la volonté de créer une véritable noblesse militaire. Mais la trop grande diversité des capacités des élèves inscrits dans cette maison obligea le roi à la réformer en 1764. A partir de cette date, la monarchie distingua la formation élémentaire de la formation supérieure, et c’est ainsi que le collège de La Flèche récemment devenu vacant par l’expulsion des Jésuites, fut transformé en école préparatoire. Il accueillait « 250 fils de gentilshommes pauvres âgés de 8 à 11 ans qui devaient recevoir un premier fond d’éducation classique avant d’entrer à 14 ans à l’école militaire de Paris 4. » En 1772, le système devint encore plus restrictif, car il fut créé un examen d’entrée à l’école de Paris, tandis que l’entrée au collège de La Flèche était réservée aux enfants capables d’entrer en sixième. Malgré ces nombreuses mesures, le système ne convenait toujours pas. L’école parisienne ne recevait que 250 élèves alors que l’édit de 1751 en prévoyait le double. La cause de cette situation était que le train de vie mené par l’établissement était très élevé, et occasionnait des dépenses beaucoup trop importantes pour lui permettre de recevoir le nombre d’enfants voulu. Aussi le ministre de la guerre nouvellement nommé, le comte de Saint-Germain, décida-t-il de réformer une fois de plus l’école militaire en 1776. Et le 1er février de cette année, le roi prit une ordonnance qui prévoyait qu’une éducation serait donnée gratuitement à 600 jeunes gentilshommes qui seraient répartis dans dix collèges de provinces qui recevraient chacun le titre d’Ecole royale 4 R. Chartier, M.M. Compère, D. Julia, L’éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, CDU et Cedes réunis, 1976, p. 219. 4 militaire. C’est ainsi qu’un règlement du 28 mars 1776 désigna les collèges de Sorèze, Tiron, Rebais, Beaumont-en-Auge, Pontlevoy, Brienne, Vendôme, Effiat, Tournon, et Pont-à- Mousson pour la réalisation de cette réforme. Ces dix maisons d’éducation devaient préparer les élèves au concours d’entrée à l’école de Paris rebaptisée l’année suivante, Ecole supérieure des Cadets. Cette préparation devait durer environ 6 années. Mais le 31 octobre 1776, deux nouveaux collèges étaient choisis pour venir compléter la liste ci-dessus. Il s’agissait de ceux de Dole et d’Auxerre. Le collège de cette ville du nord de la Bourgogne n’en était pas à son premier changement. Situé dans une ville qui comptait environ 10 000 âmes de toutes conditions. Sa position particulière, tiraillée entre deux influences, l’une au nord, l’autre au sud, lui permettait de garder une certaine indépendance. Si son évêché dépendait de l’archevêché de l’éternelle rivale, Sens, la ville et son territoire constituaient une enclave du duché de Bourgogne dans la Champagne voisine, tout en relevant de l’autorité du parlement de Paris. Une situation qui se matérialisait parfaitement dans les voies de communication qui reliaient la ville au reste du royaume. L’Yonne qui en ce temps là était une voie de communication fluviale importante, permettait à Auxerre de capter le trafic en provenance de la capitale. Mais la ville était également en position de carrefour routier avec des routes la reliant directement à Dijon, Avallon ou Châtillon. C’est dans cette uploads/Histoire/ college-et-ecole-militaire-auxerre.pdf

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  • Publié le Jan 06, 2023
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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