TABLE DES MATIÈRES DOSSIER : Images mises en forme Marie-Christine VILLANUEVA-P
TABLE DES MATIÈRES DOSSIER : Images mises en forme Marie-Christine VILLANUEVA-PUIG...... Images mises en forme François LISSARRAGUE............................ L’image mise en cercle Ivonne MANFRINI..................................... Images mises en gestes Alexandra KARDIANOU........................... Le cratère corinthien Cornelia ISLER-KERÉNYI......................... Retour au stamnos attique : quelques réflexions sur l’usage et le répertoire Athéna TSINGARIDA................................. À la santé des dieux et des hommes. La phiale : un vase à boire au banquet athénien ? Stefan SCHMIDT........................................ Between Toy Box and Wedding Gift : Functions and Images of Athenian Pyxides Martine DENOYELLE................................ Conclusion VARIA David-Arthur DAIX................................. Priam ou la force de l’âge Stefano JEDRKIEWICZ............................... Aesop and the Gods. Divine Characters in the Aesop Romance Maria Cecilia D’ERCOLE........................ Arimaspes et griffons, de la Mer Noire à l’Adriatique via Athènes Pietro PUCCI.............................................. Euripides’ Writing Strategies in Foregrounding the Effects of Pity Marco V. García QUINTELA................... The Phonological Politics of Plato and the Myth of Protagoras Benjamin Coseo PERRIELLO.................. Hermes & the Euexia : A Note on Nudity, Youth, & Divinity in the Gymnasium Charles DELATTRE.................................... AITIOLOGIA : mythe et procédure étiologique CONFÉRENCE GERNET Bruno D’AGOSTINO................................. Aube de la cité, aube des images ? Résumés Ouvrages reçus 7-12 13-41 43-61 63-74 75-89 91-109 111-130 131-134 137-170 171-201 203-225 227-245 247-276 277-283 285-310 313-328 329-338 339-340 MÈTIS N. S. 7, 2009, p. 91 à 109. ATHÉNA TSINGARIDA Université Libre de Bruxelles À LA SANTÉ DES DIEUX ET DES HOMMES LA PHIALE : UN VASE À BOIRE AU BANQUET ATHÉNIEN ? Comme un homme opulent prend en main une phiale, où bouillonne la rosée de la vigne… Pindare, Olympiques VII, 1, traduction A. Puech, édition « Les Belles Lettres » Le terme de « phiale », souvent mentionné dans les sources littéraires et épigraphiques, est généralement associé à un bol peu profond, dépourvu d’anses et de pied. Le vase dans sa version hellénisée s’inspire d’un prototype métallique oriental auquel on a ajouté un bouton central, qui permet de l’identifier dans les textes à la « phiale mesomphalos »1. L’addition de cet élément dans un contexte grec s’explique par l’usage de la forme pour la pratique de la libation. L’omphalos permet une meilleure tenue du récipient lorsqu’on verse la spondé (sacrifice liquide). Le majeur et l’index sont placés dans cet espace creux alors que le pouce tient le bord2. Les plus anciens exemples connus de phiales grecques remontent au VIIIe siècle3. Bien que ce soit une forme essentiellement métallique (en or, 1. Pour la phiale grecque en métal, voir l’ouvrage, déjà ancien, de Heinz LUSCHEY, Die Phiale, Bleicherode, 1939, qui reste toujours l’étude de référence avec un corpus important de sources littéraires. Également pour une synthèse sur le sujet, Donald E. STRONG, Greek and Roman Gold and Silver Plate, London, 1966, p. 55-57. 2. Sur la manière de tenir et de manipuler le vase pour les libations, Dietrich VON BOTHMER, « A Gold Libation Bowl », Bulletin of the Metropolitan Museum of Art 21, 1962- 63, p. 154. 3. Voir pour des exemples anciens en bronze et en terre-cuite, LUSCHEY, op. cit., p. 31 ; Thomas J. DUNBABIN, Perachora, the Sanctuaries of Hera Akraia and Limenia : Excavations ATHÉNA TSINGARIDA 92 argent ou bronze), il existe également des exemples en terre cuite mais aussi des versions plus rares en verre ou en onyx. On connaît quelques phiales attiques en céramique dès le VIIe siècle mais c’est surtout à partir du milieu du VIe siècle que leur production augmente considérablement, notamment dans l’atelier de Nikosthénès4. Durant les VIe et Ve siècles, ces produits peuvent être décorés suivant des techniques variées, en figures noires, en figures rouges ou en vernis noir mais aussi dans des techniques plus rares et plus élaborées, telles que le fond blanc, la technique Six ou Six polychrome et le rouge corail. Les données archéologiques et l’iconographie attique confirment l’usage cultuel de la forme, alors que la thématique parfois religieuse de son décor figuré pointe également vers sa fonction liturgique5. On retrouve le vase non seulement dans les scènes de libations en l’honneur d’une divinité ou d’un mort, mais aussi dans les fouilles de sanctuaires et parmi le matériel funéraire de certaines tombes6. Dans ce contexte funéraire, le vase semble jouer un double rôle : à la fois utilisé pour les libations, il est également déposé devant ou dans la sépulture. Les inventaires épigraphiques des temples mentionnent également des phiales, souvent en métal, comme offrandes privilégiées et moyen de thésaurisation du sanctuaire7. Il est cependant un autre usage que cet article voudrait examiner, celui de la phiale en tant que vase à boire. Cette pratique, commune dans le monde of the British School at Athens, 1930-1933, vol. 2, Oxford, 1962, p. 80. 4. Vincenze TOSTO, The Black-figure Pottery signed Nikosthenes epoiesen, Amsterdam, 1999, p. 130, notes 525-535 ; Athéna TSINGARIDA, « Nikosthenes looking east ? Phialai in Six’s and polychrome Six’s technique », dans Donna C. KURTZ et alii (éd.), Essays in Classical Archaeology for Eleni Hatzivassiliou 1977-2007, Oxford, 2008, p. 105-114. 5. Phiale à fond blanc avec femmes dansant autour d’un autel : Boston, Museum of Fine Arts 65.908 ; Joan MERTENS, Attic White-ground. Its Development on Shapes other than Lekythoi, New York, 1977, pl. 21.4. Sur la libation, voir en dernier lieu avec bibliographie antérieure, « Libation », ThesCRA I, 2004, p. 241-245 ; p. 250-251 (Erika SIMON). 6. John OAKLEY, Picturing Death in Classical Athens : the Evidence of the White Lekythoi, Cambridge, 2004, p. 181 ; 206, fig. 169-170. Pour les phiales en contexte funéraire voir notamment, Ursula KNIGGE, Der Südhügel. Kerameikos Ergebnisse der Ausgrabungen 9, Berlin, 1976, 126, n° 11 ; phiale miniature (Swan Group) : Berlin, Antikensammlung, Staatliche Museen 31573, du Dipylon ; Éleusis (cimetière occidental), n° 150 (Tombe 512), Georgios E. MYLONAS, To ditikon nekrotafeio tis Eleusinas, vol. 1, Athènes, 1975, p. 104, no 150 ; p. 3, pl. 234. 7. Voir notamment, les données épigraphiques qui répertorient un nombre important de phiales métalliques dans les sanctuaires et qui enregistrent leur poids de métal dans une approche économique. Pour un rare exemple conservé de phiale en or consacrée à Olympie, voir Boston, Museum of Fine Arts 21.1843 (fin VIIe-début VIe s.) portant la dédicace : « Les fils de Kypsélos de Corinthe ont dédié avec le butin pris à Héraklée », STRONG, op. cit., p. 57. À LA SANTÉ DES DIEUX ET DES HOMMES 93 oriental, plus particulièrement perse ou lydien, est rare dans le monde grec8. Dans ce dernier contexte, le caractère essentiellement liturgique de la forme a poussé une majorité de chercheurs à attribuer aux banquets grecs avec phiales un caractère religieux ou rituel où le vase serait toujours utilisé pour des libations. Il existe, cependant, certaines représentations qui figurent des banquets où les participants ont clairement remplacé la coupe ou le skyphos par la phiale et dont le contexte ne renvoie à aucun élément religieux ou cultuel. Dans son étude sur les rhyta, H. Hoffmann les mentionne surtout à partir du milieu du Ve siècle, lorsque, après les Guerres Médiques, une partie importante de la population athénienne semble sensible à une « mode perse »9. L’iconographie attique nous livre un certain nombre d’exemples où les phiales sont utilisées comme vases à boire dès le VIe siècle. Ces scènes qui apparaissent surtout à partir du dernier quart du VIe siècle n’ont pas encore fait l’objet d’une étude systématique. Dans le cadre de cet article, on voudrait examiner à la fois les données tirées du corpus céramique mais aussi des sources littéraires et des contextes archéologiques. On présentera brièvement les quelques exemples liés à un contexte rituel ou divin, mais on mettra surtout l’accent sur la phiale au banquet des hommes. En effet, le caractère exceptionnel d’un tel usage à la fin de l’archaïsme implique qu’il devait concerner un cercle précis d’individus, qui choisissait consciemment certaines pratiques. On souhaiterait donc mettre en évidence l’originalité culturelle, voire sociale, que la phiale pouvait refléter à cette époque par son apparition dans le banquet. La phiale, un vase à boire dans un contexte rituel, divin et héroïque Nous boirons les libations (spondas) destinées aux dieux.10 Cette citation de Théognis décrit la dernière étape du sacrifice liquide, celle où l’on boit le contenu de la phiale. Bien que l’acte de manger ou de boire ne soit que très rarement montré dans la céramique grecque11, on 8. Comme le notait Martin ROBERTSON : « the phiale is seldom or never shown in use as an ordinary cup ; the context is always religious ritual, commonly libation-pouring, occasionally drinking », « A muffled dancer and others », dans Alexander CAMBITOGLOU (éd.), Studies in Honnour of Arthur Dale Trendall, Sydney, 1979, p. 131. 9. Voir Herbert HOFFMANN, « The Persian Origin of Attic Rhyta », Antike Kunst 4, 1965, p. 25-26. 10. Théognis, Élégies 762. 11. Pour la libation et l’usage de la phiale : François LISSARRAGUE, « La libation : essai de ATHÉNA TSINGARIDA 94 connaît quelques scènes, toute datées de la première moitié du Ve siècle, où des personnages, après avoir effectué la libation, boivent à la phiale ou uploads/Histoire/ a-la-sante-des-dieux-et-des-hommes-la-phiale-metis-n-s-7-tsingarida.pdf
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- Publié le Mar 12, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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