L’ALGERIE DEVANT L’EMPEREUR Pour faire suite à L’ALGÉRIE DEVANT LE SÉNAT ET À L
L’ALGERIE DEVANT L’EMPEREUR Pour faire suite à L’ALGÉRIE DEVANT LE SÉNAT ET À L’ALGÉRIE DEVANT L’OPINI0N PUBLIQUE PAR LE DR A. WARNIER OFFICIER DE LA GÉGION D’HONNEUR MÉDECIN MILITAIRE EN RETRAITE, MEMBRE DE LA COMMISSION SCIENTIFIQUE DE L’ALGÉRIE, ANCIEN DIRECTEUR DES AFFAIRES CIVILES DE LA PROVINCE D’ORAN, ANCIEN MEMBRE DU CONSEIL DU GOUVERNEMENT DE L’ALGÉRIE TOUT OU RIEN : ENSE ET ARATO. MARÉCHAL BUGEAUD PARIS CHALLAMEL AINÉ, LIBRAIRE-ÉDLTEUR COMMISSIONNAIRE POUR L’ALGÉRIE ET L’ÉTRANGER 30 rue des Boulangers, 30 Octobre 1865 Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens, (du 14e au 20e siècle), à télécharger gratuitement ou à lire sur place. AVANT-PROPOS Pour la troisième fois depuis le commencement, de 1863, je suis détourné d’autres travaux pour prendre la défense des. intérêts de l’Algérie. J’espère, à l’avenir, ne plus avoir à improviser, au courant de la plume de nouveaux plaidoyers en faveur d’une cause jugée de- puis trente-cinq ans, et qui, s’il plaît à Dieu, va enfi n recevoir une solution irrévocable et conforme aux vœux de tous. En 1830; après avoir vengé l’insulte faite à notre Consul général, la France pouvait quitter Alger, en lais- sant au pays le soin de se gouverner lui-même la question II AVANT-PROPOS. fut posée et résolue négativement. L’opinion unanime du pays se prononça pour la colonisation. La conquête par les armes devait précéder la prise de possession par le travail. Elle fut diffi cile, nos soldats n’ayant pas seulement à soumettre des peuplades belli- queuses, mais ayant encore à lutter, sous un climat alors inhospitalier, contre une nature sauvage plus redoutable que l’ennemi. De l’avis des chefs de l’armée, on fi t immédiate- ment appel aux premiers pionniers de la colonisation, afi n de diminuer, par la division du travail, la tâche dé- volue aux troupes. Tout d’abord, l’œuvre civile fut complètement subordonnée aux besoins de l’occupation militaire ; de là, des débuts dans des conditions les plus défavorables à son développement : ici, sur des hauteurs arides, là, dans des marais dont l’assainissement devait exiger dix années de travaux continus. Dans ces positions ingrates, la colonisation rendait de grands services à l’armée, mais les sacrifi ces en hom- mes et en argent, qu’on lui imposait, devaient jeter plus de discrédit sur ses entreprises que provoquer l’appel de nouveaux immigrants. Cependant, elle n’a jamais failli à sa tâche Labo- rieuse : toujours son dévouement a été supérieur aux obstacles rencontrés, toujours elle a trouvé des bras pour conquérir sur la friche ou sur l’insalubrité les terres mises à sa disposition. S’il y a eu, en Algérie, une affi rmation qui fasse honneur à la France, c’est celle de la colonisation : le chif- fre de son commerce, les récompenses exceptionnelles AVANT-PROPOS. III décernées à ses produits dans toutes les expositions, l’hommage rendu à ses efforts et à ses succès par l’Em- pereur, à son dernier voyage, en sont le témoignage éclatant. Sans doute, l’armée d’Afrique a ajouté de belles pages aux fastes militaires de la France, – elle ne pou- vait introduire une exception dans nos annales de gloire et de bravoure. La colonisation elle avait à démontrer, contraire- ment à l’opinion générale, que la France possède dans ses enfants, – je ne dis pas dans son gouvernement, – les éléments d’une puissance colonisatrice de premier or- dre, et elle l’a surabondamment prouvé, ca, malgré bien des obstacles, aucune colonie étrangère, à l’âge actuel de l’Algérie, n’était dans de meilleures conditions de prospérité matérielle. Comme l’armée, elle a aussi sa part de gloire mili- taire. La seule commune, de Relizane, dans la dernière insurrection, a perdu 17 hommes en défendant, contre les Flita, ses foyers et ses récoltes. La colonisation a donc fait ses preuves matérielles et morales. En 1865, sa situation est celle-ci : Elle possède, soit par concessions domaniales, soit par achats faits aux indigènes, environ 700,000 hectares et elle compte 225,000 colons, Français ou Européens. La loi du peuplement est subordonnée à celle de la disponibilité des terres, à raison de trois hectares par tête, moyenne de la plupart des contrées exclusivement IV AVANT-PROPOS. agricoles de l’Europe : Espagne, Portugal, Pologne, Da- nemark, etc., etc. On trouve le chiffre de 33 habitants par kilomètre carré un peu trop modeste, quoiqu’il y ait en France plus d’un département dont la population n’atteint pas cette moyenne de densité. On ne réfl échit sans doute pas qu’une colonie, à sa fondation, ne peut se resser- rer dans les limites de 2 hectares par tête, comme en Prusse, en Suisse, en Autriche, dont les habitants, faute de terres, sont obligés à s’expatrier, ou dans celles de riches États, comme l’Italie, la France, la Hollande, l’Angleterre et la Belgique, où une partie notable de la population demande ses moyens d’existence à l’indus- trie, au commerce, aux sciences, aux arts, aux lettres, voire même à des rentes servies par tous les points du globe. En Algérie, les 225,000 colons qui s’y trouvent gagnent leur pain à la sueur de leur front ; alors un peu d’espace leur est nécessaire pour pouvoir y respirer à l’aise. D’ailleurs, la science économique reconnaît, com- me vérité parfaitement démontrée aujourd’hui, qu’un minimum de trois hectares, par tête d’habitant, est né- cessaire dans les pays agricoles, et qu’il y a nécessité de recourir à l’émigration ou à d’autres moyens d’exis- tence dès que ces rapports entre la terre et la population n’existent plus. Le peuplement de l’Algérie se développe donc dans les conditions normales et séculaires des contrées agricoles d’Europe. Une moyenne annuelle de 20,000 hectares a été mise AVANT-PROPOS. V à la disposition de la colonisation ; l’accroissement an- nuel moyen de la population a été de 6,428 âmes. Peut-on reprocher à cette prudente progression d’avoir, par sa rapidité, jeté la perturbation dans les moyens d’existence des indigènes ? Peut-on, en continuant à respecter les habitudes de culture pastorale de ces derniers, accélérer un peu plus le développement de la colonisation et de la population, en augmentant le chiffre moyen des terres mises à la disposition de l’une et de l’autre ? Des chiffres authentiques répondent à ces deux questions. La Tell, c’est-à-dire la zone colonisable par des Européens, compte 140,000 kilomètres carrés, soit 14 millions d’hectares, et sa population indigène est de 2,200,000 âmes. A la densité de 8 hectares par tête d’habitant il y a place pour 4,600,000 âmes. A supposer que la population musulmane, – dont chaque recensement constate la diminution, – se maintienne à son chiffre actuel, on pourrait encore y admettre 2,200,000 Européens, en sus du nombre déjà établi sur les 700,000 hectares, propriété des colons actuels. Mais la colonisation n’élève pas ses prétentions territoriales jusque-là. Elle se déclare satisfaite si, à ce qu’elle possède aujourd’hui, on ajoute 1,300,000 hecta- res, pour compléter son lot à 2 millions. L’État ayant encore une réserve de 900,000 hecta- res de terres provenant du domaine des Turcs, il suffi t, VI AVANT-PROPOS. pour satisfaire à ce vœu, de demander aux indigènes, soit par acquisition, soit par expropriation, un complé- ment de 400,000 hectares. Restreinte dans ces limites, la colonisation laisse aux indigènes, défalcation faite des forêts et des non- valeurs, savoir : Dans le Tell……....................10,000,000 hectares. Dans le Sahara…...................40,000,000 hectares. Avec un tel espace, un total de 2,764,848 indigènes (chiffre du dernier recensement et comprenant les cita- dins, les oasiens, trente mille israélites non cultivateurs, avec toutes les tribus du Tell et du Sahara), ne peuvent nous accuser; ni de les spolier, ni de les resserrer, ni de les opprimer au profi t de la colonisation. Quant à cette dernière, si on met à sa disposition des terres fertiles, assainies, pourvues de chemins et d’eaux d’irrigation, conformément aux promesses de la loi du 12 juillet et du décret impérial du 18 septembre dernier ; si on les lui donne dans des lieux d’élection, sa population ne tardera pas à arriver à l’équilibre des forces des indigènes et, alors, elle se charge de sa propre défense. D’ailleurs, la France est-elle, en Algérie; dans une condition à devoir sacrifi er constamment ses intérêts à ceux des Indigènes ? Nous leur avons octroyé la qualité de Français, sans les soumettre à nos lois ; Nous respectons leur religion, même dans ce qu’el- le a d’incompatible avec nos institutions ; AVANT-PROPOS. VII Notre justice est plutôt indulgente que sévère pour leurs nombreux méfaits ; Nous leur donnons l’instruction publique aussi li- béralement que possible, plus même qu’ils n’en sentent le besoin; Nous leur ouvrons l’accès à tous les emplois civils en Algérie, à tous les grades militaires dans l’armée française; Nous les avons rendus propriétaires incommuta- bles de toutes les terres dont la nue-propriété appartenait à l’État, et sur lesquelles ils n’avaient qu’un simple droit d’usufruit limité à l’espace couvert de leurs récoltes; Pour mieux respecter leur organisation politique, administrative et religieuse, le gouvernement a mainte- nu les colons uploads/Histoire/ algerie-devant-empereur.pdf
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- Publié le Apv 06, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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