UNIVERSITÉ BABEŞ-BOLYAI FACULTÉ DES LETTRES Département de Langues et Littératu

UNIVERSITÉ BABEŞ-BOLYAI FACULTÉ DES LETTRES Département de Langues et Littératures romanes Mémoire de licence UTOPIE ET REPRÉSENTATION SPATIALE DANS CANDIDE OU L’OPTIMISME DE VOLTAIRE Directeur scientifique : Lect. Dr. Andreea Bugiac Étudiante : Țolaș Alina Cluj-Napoca 2019 2 SOMMAIRE Sommaire 2 Introduction 3 Chapitre I : Les utopies des Lumières 5 1.1. Les sources pour les utopies du XVIIIe siècle 5 1.2. Les fonctions de l’utopie des Lumières 9 1.3. Les espaces utopiques 13 1.4. L’utopie chez Voltaire 19 Chapitre II : Les utopies de Candide : des représentations spatiales idéales au XVIIIe siècle ? 27 2.1. Le château de Thunder-ten-tronckh, un idéal spatial pour l’aristocratie du XVIIIe siècle 29 2.2. L’Eldorado, un espace idéal pour la société des Lumières 33 Chapitre III : La ferme, une synthèse de l’imagination utopique voltairienne 39 3.1. Une pseudo-utopie ouverte 40 3.2. Un retour au jardin d’Éden ? 43 3.3. De l’utopie spatiale voltairienne aux jardins urbains de nos jours 46 Conclusion 51 Bibliographie 53 Annexes 57 3 INTRODUCTION Ce mémoire a comme sujet une problématique moins discutée en soi dans le cadre de l’exégèse de l’œuvre de Voltaire, en particulier de son conte philosophique, Candide ou l’Optimisme : la quête d’un espace de bonheur et les diverses valeurs de l’espace utopique dans le processus de l’évolution de Candide vers la maturité philosophique. Ce mémoire, structuré en trois chapitres, poursuivra donc cette quête en examinant le sujet à partir du général pour arriver au particulier. Dans le premier chapitre je me propose de faire une analyse des utopies du siècle des Lumières, période représentative pour la valeur de modèle des utopies, grâce à la préoccupation ardente des philosophes de cette époque d’aider la population à renoncer à l’obscurantisme et de promouvoir la raison. Je commencerai le premier sous-chapitre par une courte histoire des utopies, depuis l’Antiquité jusqu’au XVIIIe siècle. Puis, dans le deuxième sous-chapitre je vais essayer d’identifier les fonctions de l’utopie spécifiques pour ce siècle et dans le sous-chapitre suivant j’insisterai sur les traits des espaces utopiques. Finalement, dans le dernier sous-chapitre je ferai une analyse générale d’œuvre de Voltaire en essayant d’identifier la place de l’utopie dans son système philosophique. Le deuxième chapitre sera dédié aux représentations spatiales idéales illustrées par Voltaire dans son conte philosophique Candide ou l’Optimisme. Deux de ces utopies seront analysées dans ce chapitre : le château de Thunder-ten-tronckh, imaginé par Voltaire comme l’espace idéal de l’aristocratie du XVIIIe siècle, et le pays de l’Eldorado, un État utopique pour la société du siècle des Lumières. Dans le dernier chapitre je vais argumenter l’hypothèse selon laquelle la ferme est une synthèse de l’imagination utopique voltairienne. Le premier sous-chapitre sera une argumentation pour le jardin comme pseudo-utopie ouverte, un espace idéal, mais sans la clôture des utopies classiques. Puis, j’argumenterai l’idée selon laquelle la fin du voyage de Candide est le retour au jardin d’Eden, mais non le Paradis perdu du château Thunder-ten- tronckh, même pas celui d’Eldorado, mais un jardin où, par sa simplicité, les personnages trouvent finalement le bonheur. Enfin, dans le dernier sous-chapitre j’essayerai de repenser les rapports entre utopie littéraire rêvée par Voltaire et notre contemporain et j’analyserai la manière dont les espaces idéaux voltairiens entretiennent de possibles correspondances avec l’urbanisme écologique de nos jours. J’ai choisi ce sujet parce que j’apprécie le ton sarcastique, ironique de Voltaire, mais aussi parce que j’admire son esprit libre. En ce qui concerne le choix de cette œuvre son 4 message résonne avec ma personnalité, et cette raison m’a déterminée de choisir comme sujet de mon mémoire le conte Candide ou l’Optimisme. Moi aussi je pense qu’il faut « cultiver notre jardin » dans le sens de cultiver nos talents et de faire tous les efforts possibles pour trouver notre bonheur sur la Terre. Pendant mes recherches, j’ai parfois eu des difficultés à trouver des ouvrages critiques plus récents sur la variété des utopies de Candide ou l’Optimisme. La plupart des ouvrages ne traitaient que l’utopie centrale présente dans le conte, à savoir l’épisode de l’Eldorado. L’utopie de la métairie y était rarement traitée, ce qui m’a poussée à y réfléchir davantage. Pour la rédaction de ce mémoire de licence j’ai utilisé comme corpus le volume de Candide ou l’Optimisme publié en 1759 aux éditions Cramer de Genève. Comme méthodes de travail j’ai fait la lecture de mon corpus de recherche afin d’identifier les espaces utopiques présents dans le conte, puis j’ai entrepris une recherche biographique pour identifier les idéaux de Voltaire afin de voir s’il valorise les expériences de sa vie dans ses œuvres et finalement j’ai fait une analyse du conte lui-même. Une partie originale de mon mémoire est, à mon avis, la manière dont j’ai essayé de mettre en parallèle les théories spatiales de Voltaire et celles, très récentes, sur l’urbanisme écologique. 5 CHAPITRE I LES UTOPIES DES LUMIERES L’homme a besoin d’un espace où il peut sentir un état de bien être, d’accomplissement ou de satisfaction et la recherche de cet espace a été toujours un sujet de préoccupation. Pour les hommes des Lumières, cette recherche est devenue un moyen de comparer les vertus de différents modèles de civilisations, de se faire du plaisir et dans le même temps d’instruire. À son tour, Voltaire a utilisé la critique constructiviste pour éduquer ses lecteurs et pour signaler les tares de la société du XVIIIe siècle. Le concept d’« utopie » est un terme en permanente évolution, et dans ce chapitre on va examiner l’histoire de ce mot en examinant ses différents sens, son évolution et finalement, les utopies de Voltaire. 1.1. Les sources pour les utopies du XVIIIe siècle Inventé par l’humaniste Thomas More, le mot utopie a fait une belle carrière dans la littérature et l’urbanisme européens à partir du XVIe siècle. En effet, dès le début du XVIe siècle, le mot « utopie » sera repris par la littérature et, plus récemment, par l’urbanisme aussi. Inventé par l’humaniste Thomas More, le mot utopie a fait une belle carrière dans la littérature et l’urbanisme européens à partir du XVIe siècle. En effet, dès le début du XVIe siècle, le mot « utopie » sera repris par la littérature et, plus récemment, par l’urbanisme aussi. Utopia de Thomas More est publié en 1516 sous le titre Libellus vere aureus, nec minus salutaris quam festivus, de optimo rei publicae statu deque nova insula Utopia en latine, et traduite en français en 1550 et en anglais en 1551. Le nom de l’île « Utopia » qui apparaît dans le titre, est choisi pour aider le lecteur à comprendre, dès le debout, le concept présenté. « Utopia » est un néologisme composé du grec ou, qui signifie « non » et topos, qui signifie « lieu », donc l’île est une « pays de nulle part ». La forme grecque correcte était a-topia mais Thomas More a préféré la forme anglaise « ou-topia » (prononcée [jutopja]) pour créer une homophonie avec le mot « eu-topia », qui signifie « pays de bonheur ». Ce 6 jeu des sens permet d’accentuer le caractère idéal de cette société et de la mettre en contraste avec la réalité.1 Peu de temps après la parution d’Utopia le nom propre qui désigne le nom d’un pays imaginaire devient un nom commun utilisé pour désigner une « construction imaginaire et rigoureuse d’une société, qui consiste, par rapport à celui qui la réalise, un idéal ou un contre-idéal. »2 Plus tard, elle se diversifie et apparaissent les eutopies (du grec eu qui signifie « bien »), les dystopies (du grec dys, exprimant une difficulté, un trouble), des utopies satiriques ou critiques, des anti-utopies ou des contre-utopies. Thomas More a construit ce mot pour nommer une cité idéale, mais l’idée d’espace et de société parfaite sont antiques. En décrivant l’âge d’or, Hésiode et Ovide sont nostalgiques d’un passé idéal même s’ils ne proposent pas une société de rêve pour le futur. Iamboulos décrit l’île du Soleil dans la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile dans un contexte similaire à celui de la Renaissance. Platon critique la société de son temps et offre des modèles dans les descriptions de l’Atlantide dans le Timée et le Critias et de la cité idéale dans La République, celle-ci étant considérée comme la source d’inspiration pour Utopia de Thomas More. Le texte biblique est une autre source d’utopies, particulièrement l’Ancien Testament. Le Jardin d’Éden, dont les hommes sont chassés comme une punition pour le « péché originel », est vu comme un endroit d’autosuffisance. Ce paradis perdu sera une source d’inspiration pour les écrivains nostalgiques du Moyen Âge et de la Renaissance. À son tour, Babel dévoile un modèle où les habitants parlent une langue unique et coopèrent pour un résultat commun : construire une tour jusqu’au ciel. Le monde des utopies s’enrichit pendant le XIIIe siècle avec la description du pays de Cocagne, où les pénitences attachées à la Chute ont été abolies. Sa description permet de dénoncer certains problèmes de la société de l’époque. Le pays de Cocagne a uploads/Histoire/ alina-tolas-utopie-et-representation-spatiale-dans-candide-ou-l-x27-optimisme-de-voltaire.pdf

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  • Publié le Jul 18, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
  • Taille du fichier 1.6088MB