MÉLANGES SUR L’ART AU QUÉBEC HISTORIQUE (XVIIe-XIXe SIÈCLES) Publié sous la dir

MÉLANGES SUR L’ART AU QUÉBEC HISTORIQUE (XVIIe-XIXe SIÈCLES) Publié sous la direction de NATHALIE MIGLIOLI et PIERRE-OLIVIER OUELLET MÉLANGES SUR L’ART AU QUÉBEC HISTORIQUE (XVIIE-XIXE SIÈCLES) CRILCQ Collection « Interlignes » Les Publications du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises © CRILCQ, 2009 MÉLANGES SUR L’ART AU QUÉBEC HISTORIQUE (XVIIe-XIXe SIÈCLES) INTRODUCTION Nathalie Miglioli et Pierre-Olivier Ouellet Écrire sur l’art au Québec historique (avant 1900), c’est accepter de se commettre en toute connaissance de cause. De fait, les ouvrages sur le sujet occupent déjà plusieurs rayons de nos bibliothèques, témoignant de plusieurs années de recherches, de découvertes et d’interprétations. Rappelons que c’est à partir des années 1930 que les pre- mières études consacrées à l’histoire des arts au Québec ont vu le jour. Animés par un souci de découverte et de conservation, des pionniers tels que Ramsay Traquair (1874-1952), Marius Barbeau (1883-1969) ou Gérard Morisset (1898-1970) n’ont eu de cesse d’inventorier et de documenter les oeuvres d’art de la province. Dans le sillage de ces premiers travaux, des publications majeures ont permis de témoigner de la richesse de l’art au Québec, que l’on se réfère aux études thématiques (F.-M. Gagnon, La conversion par l’image, 1975), aux monographies (M. Béland, Eugène Hamel. Peintre et dessinateur de Pour citer cet article : Nathalie MIGLIOLI et Pierre-Olivier OUELLET, « Mélanges sur l’art au Québec historique (XVIIe-XIXe siècles). Introduction », dans Nathalie MIGLIOLI et Pierre-Olivier OUELLET (dir.), Mélanges sur l’art au Québec historique (XVIIe-XIXe siècles), URL : http://www.crilcq.org/publications/melanges.pdf 5 6 Québec, 2007), aux expositions-synthèses (Le Grand Héri- tage. L’Église catholique et les arts au Québec, 1984), ou encore aux mémoires et thèses (L. Lacroix, Le fonds de tableaux Desjardins : nature et influence, 1998). À la lumière de ce corpus déjà défini, publier des écrits sur l’art au Québec historique consiste alors à participer aux processus conjoints de découverte et de redécouverte, d’actualisation et de réactualisation, processus qui récla- ment constamment de nouveaux regards. Ainsi, par un en- gagement enthousiaste dans le développement de ce volet de la discipline, sept étudiants de deuxième et troisième cycle ont décidé de réunir leurs essais dans cet ouvrage. Ces textes ont été écrits à l’occasion du colloque interna- tional étudiant Approches et perspectives actuelles : l’art au Québec du XVIIe au XIXe siècle, tenu les 4 et 5 avril 2006 à Montréal. Insistons d’ailleurs sur le fait qu’une entreprise essentiellement étudiante de cette envergure et sur un tel corpus n’avait pas eu lieu depuis plus de vingt ans (J. R. Porter (dir.), Questions d’art québécois, février 1987), révélant un véritable renouvellement de l’intérêt porté aux arts historiques. Cet ouvrage collectif répond donc, en quelque sorte, à l’appel lancé, il y a de cela quelques années, par le directeur général du Musée national des beaux-arts du Québec, M. John R. Porter. En introduction au recueil rédigé en hommage au grand historien de l’art Gérard Lavallée, il écrivait : On y trouvera aussi un message aux jeunes chercheurs de la relève, à savoir qu’il y a encore un butin patrimo- nial à découvrir [..] pour peu que l’on ouvre l’œil et le bon. De fait, le patrimoine artistique du Québec est souvent là, qui dort, attendant le jour de sa résurrection. Or, ce patrimoine demeure vulnérable. Comme il est MÉLANGES SUR L’ART AU QUÉBEC HISTORIQUE affaire de transmission, il réclame qu’on le découvre, qu’on l’éclaire et qu’on le fasse connaître1. Ces encouragements à la redécouverte de l’art au Québec ont donc trouvé un écho chez une nouvelle géné- ration d’universitaires. Ayant pour objectifs l’avancement des connaissances et leur diffusion selon des critères scientifiques, les textes proposés ici présentent de nou- velles interprétations, ou traitent d’œuvres ou de sujets inédits, exhumés d’une vaste période couvrant trois cents ans d’histoire. Plus encore, ces essais représentent aussi un échantil- lon révélateur de la transformation de la discipline depuis les années 1980, alors que la pensée post-structuraliste invite de plus en plus les chercheurs à aller au-delà de la seule « histoire » de l’art, afin d’aborder l’art selon d’autres perspectives. Ainsi, dans plusieurs textes, différentes pos- sibilités épistémologiques, comme la sociologie, la philo- sophie et les études littéraires ont été mises à contribution afin d’interpréter et d’enrichir les connaissances sur l’art. De même, l’étude plus spécifique des discours, des acti- vités et des contextes – plutôt que des artistes et de la pro- duction des œuvres, par exemple – ont permis d’aiguiller autrement l’œil des auteurs et d’intégrer l’art dans une lecture élargie de la culture au Québec avant la modernité. En tout, l’ouvrage comporte trois sections thématiques où les auteurs proposent divers points de vue qui rendent compte de la manière dont l’image est mobilisée par certaines pratiques humaines comme l’écriture (mise en récit), le transit (mise en circulation) et la célébration (mise en mémoire). 7 INTRODUCTION 8 Trois articles composent la première partie intitulée L’image mise en récit. Les auteurs y analysent des discours qui éclairent différents types de relation que le texte et l’image entretiennent lorsqu’ils rendent compte d’une réalité particulière. David Bureau s’intéresse aux récits de voyage illustrés. Intercalé dans le texte, le dessin construit un discours parallèle mais complice de l’histoire qu’on ra- conte sur cet ailleurs exotique, énigmatique et parfois ef- frayant qu’est, pour l’Européen du XVIIIe siècle, le Canada. Nathalie Miglioli et Guillaume Savard examinent les écrits de religieux. Il ne s’agit donc plus ici de textes accom- pagnés d’images, mais bien de textes qui portent sur des œuvres d’art. Les auteurs exposent les procédés d’écriture qui ont été employés pour décrire les images. Leurs ana- lyses dégagent des pistes où se dessinent les passages que le statut de l’œuvre traverse au fil des pages et du temps. David Bureau nous fait découvrir, dans « L’illustration du récit de voyage : un cas de la fin du XVIIIe siècle, Éli- sabeth Posthuma Gwillim, Lady Simcoe (1762-1850) », les dessins aquarellés méconnus d’une artiste amateur. En étu- diant le carnet « Panorama » de 1796, il aborde la pratique du dessin en relation avec le récit de voyage dans la tra- dition britannique. Selon D. Bureau, l’écriture de Lady Simcoe « alerte et souvent précise, s’accorde avec la minu- tie du dessin pour devenir, bien avant la lettre, un documentaire sur la colonie britannique en Amérique du Nord ». Nathalie Miglioli propose, pour sa part, une étude his- toriographique sur un genre littéraire florissant à la fin du XIXe siècle : la monographie de paroisse. Écrite surtout par des religieux passionnés d’histoire, la monographie parois- siale se distingue des autres productions historiques de MÉLANGES SUR L’ART AU QUÉBEC HISTORIQUE 9 l’époque par la présence d’un discours sur les œuvres d’art qui ornent l’église paroissiale. Au moyen d’extraits choisis, N. Miglioli rend compte de la diversité des approches utilisées par les auteurs lorsqu’ils décrivent et interprètent, pour leur lectorat, les œuvres d’art. Des liens se tissent « entre interprétation des oeuvres et idéologies véhiculées, entre fonction des œuvres et conceptions sur l’art ». Ces récits sur l’art semblent naître là où l’histoire des menta- lités, l’histoire littéraire et l’histoire de l’art se rencontrent. Enfin, dans « L’œuvre du passé dans l’écrit religieux », Guillaume Savard cerne la problématique de l’écriture de l’œuvre par une communauté monastique – en l’occur- rence les Augustines de l’Hôpital général de Québec – autour des concepts d’objet de mémoire et d’objet d’his- toire. G. Savard démontre que l’œuvre reçoit « une signifi- cation différente selon que son écriture procède de la mémoire ou de l’histoire ». Ainsi, lorsque mobilisée par la mémoire, l’œuvre se verrait « constamment imprimer une double trajectoire qui l’oriente à la fois vers le passé et le présent du passé » alors que « structurée selon un mode historique, l’écriture de l’œuvre ne se veut plus une aboli- tion de la distance temporelle séparant le passé du pré- sent, mais devient une écriture de la temporalité même ». Dans la partie intitulée L’image mise en circulation, nous avons regroupé deux textes qui portent sur diffé- rentes manifestations de l’usage et de la distribution des œuvres en Nouvelle-France. Ariane Généreux s’intéresse à la distribution des images peintes sur cuivre – et aux par- ticularités de ce support – arrivées dans la colonie au XVIIe siècle tandis que Pierre-Olivier Ouellet dresse le portrait de certains réseaux commerciaux que les œuvres ont empruntés. INTRODUCTION 10 Dans « Les huiles sur cuivre en Nouvelle-France », A. Généreux met en relation les mentions d’archives et les tableaux sur cuivre conservées dans les institutions mu- séales et religieuses. Ces mises en rapport permettraient « d’entrevoir l’étendue de la diffusion des huiles sur cuivre auprès des missionnaires ou des particuliers et de mettre en évidence la place qu’elles occupaient dans les pre- mières chapelles et autres bâtiments ». Les caractéristiques que le support de cuivre confère à l’œuvre (la durabilité et la polychromie, par exemple) conviennent particuliè- rement aux besoins de la Nouvelle-France. Selon A. Généreux, les huiles sur cuivre importées « forment un groupe d’œuvres cohérent et tout à uploads/Histoire/ arte-en-quebec.pdf

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  • Publié le Sep 11, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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