La Lettredu Patrimoine [ Institut du Patrimoine wallon • Rue du Lombard, 79 • 5

La Lettredu Patrimoine [ Institut du Patrimoine wallon • Rue du Lombard, 79 • 5000 Namur ] 1 [ Trimestriel • Juillet - Août - Septembre 2016 • N° 43 • Bureau de dépôt : Liège X • P501407 ] La renaissance de deux monuments liégeois Après l’Archéoforum, la nouvelle billetterie du Forum, l’ancien Institut de Botanique, le château Nagelmackers, le théâtre de Liège dans l’ancienne Émulation, notamment, deux autres monuments sur le territoire de la ville de Liège ont pu bénéficier récemment du travail de sauvegarde assuré par l’IPW auprès des propriétaires de ceux-ci. Ces deux exemples illustrent à la fois deux types de montages pour leur sauvetage et… deux types de monuments classés. Le 21 juin dernier, l’échevin liégeois du Patrimoine Michel Firket, l’ancien ministre du Patrimoine Jean- Claude Marcourt et un représentant du ministre du Patrimoine Maxime Prévot ont inauguré le « retour à la vie » de la Tour Schöffer en présence de la veuve de son auteur, cela au terme de nombreuses années de démarches menées par l’IPW à partir du début des années 2000, conjointement avec l’échevin du Patrimoine. Œuvre de Nicolas Schöffer, un des artistes les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle, la Tour cybernétique depuis 1961 s’inscrit dans un des sites les plus remarquables de la ville de Liège, le parc de la Boverie, et son remarquable nouveau Musée d’art. Sculpture abstraite de 52 mètres de haut, elle marque de sa silhouette métallique le bord de Meuse. Elle se compose d’une ossature tubulaire quadrangulaire munie de bras de longueurs différentes, portant des pales motorisées en aluminium anodisé de formes et de dimensions variées. La Tour, interactive, est commandée par un cerveau électronique qui réagit, grâce à des capteurs, à différents stimuli et déclenche, via des algorithmes cybernétiques, trois types d’action : mouvements, sons et lumières. Un « moteur d’indifférence » intervient aléatoirement pour briser toute monotonie dans les réactions de la Tour. Dans La Libre du 4 juillet dernier, l’ancienne directrice des pages liégeoises, Lily Portugaels, rappelait que la Tour était loin de n’avoir que des partisans à sa créa- tion. Et c’est d’ailleurs dans une relative indifférence qu’au fil du temps, la Tour s’était tue puis im- mobilisée. Sa structure s’est détériorée et son dispositif électronique est devenu totalement obsolète. Un travail de longue haleine, ras- semblant de nombreux intervenants d’horizons divers, commence dans les années ’90 : étude par l’asbl « Les Amis de la Tour cybernétique » (1995) ; classement comme monument (1997) ; début de la procédure de certificat de patrimoine et inscription sur la liste de l’Institut du Patrimoine wallon (2002), qui épaule la Ville tant dans ses démarches administratives que dans ses recherches de financement ; désignation du bureau d’architecture Greisch comme auteur de projet (2007) ; étude de fai- sabilité et reconnaissance comme Patrimoine exceptionnel de Wallonie (2009), octroi des autorisations (certificat de patrimoine et per- mis d’urbanisme, 2013), marchés publics, octroi des subsides (2014) et enfin ce chantier (2015-2016) achevé au début de cet été. Afin de permettre la concrétisation de ce dossier hors du commun, différents montages budgétaires ont été successivement envisagés : subsidiation par le Patrimoine, avec un taux majoré ; appel fructueux au mécénat privé en collaboration avec Prométhéa (2008), finalement non concrétisé mais préfigurant le collectif d’entreprises-mécènes Co-legia ; co- subsidiation via deux politiques wallonnes, les Pouvoirs locaux et le Patrimoine, avec mise au point par l’IPW d’une clef de répartition. C’est ce dernier montage qui fut concrétisé, permettant ainsi à la Tour de reprendre vie grâce à un investissement total de l’ordre de 3,3 Mi €, dont 28 % en provenance du Patrimoine et 60 % de la part des Pouvoirs locaux. C’est un autre type de monument, plus « classique » celui-là, qui renaît progressivement à la vie en plein cœur de Liège, avec un schéma de financement plus « classique » lui aussi, mais également ici aussi grâce à un travail de très longue haleine de la part de l’IPW : l’ancien hôtel de Clercx, rue Saint-Paul, bâti à la fin du XVIIIe siècle pour la famille d’un bourgmestre de Liège, est en chantier depuis plusieurs mois après des décennies de quasi abandon. PB- PP BELGIE(N) - BELGIQUE © J.-L. DERU - photo-daylight.com-courtesy bag-Greisch-Galère © J.-P. Ers / Urbanisme Ville de Liège 2 [ La Lettre du Patrimoine • n° 43 • Juillet - Août - Septembre 2016 ] [ La Lettre du Patrimoine ] Suite à l’incendie de la pizzeria et du dancing qui l’occupaient dans les années ’70, le bâtiment était en effet resté vide à l’exception de quelques pièces. Durant de nombreuses années, les interventions répétées de l’Institut du Patrimoine wallon pour sensibiliser les anciens propriétaires à la nécessité et même l’obligation de restaurer cet édifice de caractère se sont heurtées à des refus obstinés. Il aura fallu la mise en vente du monument pour que l’IPW puisse reprendre efficacement des démarches de prospection auprès d’investisseurs potentiels, qui aboutirent à l’intervention d’un voisin amoureux de belles pierres : l’entrepreneur liégeois Stéphan Uhoda, qui racheta les lieux en 2010 et confia à l’architecte Paul Hauteclerc un projet visant à réaffecter ceux-ci en hôtel de charme doublé de salles de réception. Pouvant s’appuyer sur un architecte expérimenté et sur le soutien de l’IPW qui l’accompagna dans toutes les procédures administratives, le nouveau propriétaire put obtenir en 2015, au terme de celles-ci, les autorisations de travaux et début 2016, un subside de 841.000 € pour la restauration des parties classées. Les travaux pourraient être un modèle en la matière puisque plusieurs lots séparés (toiture, menuiseries, etc.) ont été confiés à des artisans (souvent membres de l’Union des Artisans du Patrimoine) et que l’entreprise générale veille particulièrement à la qualité des autres interventions, la taille des pierres étant par exemple réalisée sur place. Le ministre Maxime Prévot a d’ailleurs tenu à visiter le chantier le 17 mai dernier en compagnie du propriétaire et à rencontrer longuement les artisans faisant renaître le monument. La fin des travaux est ici prévue pour 2018. Publications : 200 titres en 11 ans Cet automne 2016, cela fera un peu plus de onze ans que la responsabilité des activités de sensibilisation du public au patrimoine wallon a été confiée par décret à l’IPW, en ce compris l’édition de publications. Or, sans même compter le trimestriel que vous lisez à l’instant (né en 2006) ni les 44 volumes publiés par l’IPW pour le compte du Département du Patrimoine du SPW (17 Chroniques de l’Archéologie et 27 Études et documents), le chiffre de 200 publications réalisées et commercialisées par l’Institut sera atteint bientôt ! Les Carnets du Patrimoine, collection-phare s’il en est, seront passés, sous un nouveau look, de 38 titres fin 2004 à 138 cet automne (avec le Carnet sur Hannut prévu pour début décembre), auxquels s’ajoutent trois versions en langues étrangères. Le 21e Dossier de l’IPW, série créée en 2005, est déjà au stade des épreuves et sera consacré à l’ancienne faïencerie Boch à La Louvière. Après 34 monographies éditées de 2005 à 2015, une 35e, pour le millénaire de Saint-Jacques à Liège, est au même stade. Un 12e numéro dans la collection de prestige Le Patrimoine de Wallonie, et le 4e édité par l’IPW (inventoriant l’ensemble de la statuaire wallonne), est sorti de presse début de cette année, de même qu’un 5e titre de la série de guides techniques réalisés avec l’Administration (Les indispensables du Patrimoine). Enfin, un 9e Itinéraire du patrimoine wallon paraît à l’occasion des Journées du Patrimoine (consacré aux cathédrales, basiliques et collégiales, il complète la Route des abbayes qui inaugura la collection en 2006). Si on ajoute à cela la publication de 7 inventaires et de 8 titres dans la série Archéobook ainsi que quelques rééditions et hors-séries, le total de 200 titres est atteint. Cette politique éditoriale a un coût certes, mais aussi des retombées. Non seulement on trouve les publications de la Région sur le patrimoine dans toutes les bonnes librairies de Wallonie, mais le produit de leur vente n’est pas négligeable : les 130.532 volumes vendus entre 2005 et 2015 ont rapporté plus de 1 million d’euros en onze ans, qui ont pu être réinjectés dans la politique wallonne du patrimoine. Le cap des 200 titres atteint valait donc la peine de ce rapide bilan ! Pôle de la Pierre à Soignies : report de la Journée Portes ouvertes Si les activités du Pôle de la Pierre à Soignies débuteront effectivement en octobre 2016 (voir pages 18 et 19 de ce numéro) comme annoncé dans la brochure des Formations aux métiers du patrimoine diffusée par l’IPW cet été, la « Journée Portes ouvertes » annoncée à la page 56 de cette même brochure est reportée au printemps 2017. Il a paru plus indiqué en effet, comme cela avait été le cas pour la Paix-Dieu en 2001, de laisser aux bâtiments restaurés et aux nouvelles installations le temps nécessaire pour « faire leurs maladies de jeunesse » avant d’ouvrir le site à un uploads/Histoire/ lettre-patrimoine43.pdf

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  • Publié le Jan 10, 2022
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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