Remerciez-le!

Remerciez @Admin pour avoir partagé cet document gratuitement, de la manière la plus simple, en partageant sur les réseaux sociaux.

Monsieur Noël Duval Sufetula : l'histoire d'une ville romaine de la Haute Stepp

Monsieur Noël Duval Sufetula : l'histoire d'une ville romaine de la Haute Steppe à la lumière des recherches récentes In: L'Afrique dans l'Occident romain (Ier siècle av. J.-C. - IVe siècle ap. J.-C.) Actes du colloque de Rome (3-5 décembre 1987) Rome : École Française de Rome, 1990. pp. 495-536. (Publications de l'École française de Rome, 134) Résumé Noël Duval, Sufetula : l'histoire d'une ville romaine de la Haute Steppe à la lumière des études récentes, p. 495-535. La communication fait le point des acquis de la recherche de ces dernières années sur cette ville du centre de la Byzacène, nœud de communications et grand centre de l'oléiculture, après l'état des lieux dressé en 1970-1973 (bibliographie raisonnée et guide du site). Les fouilles ont été peu nombreuses (alors qu'on a restauré plusieurs monuments), donc les découvertes. On n'a pas beaucoup avancé pour le problème de la date de la fondation et du statut primitif (le terme municipium a été lu à tort sur une dédicace). Seuls des travaux généraux permettent de préciser quelque peu l'étude des institutions, la prosopographie et l'onomastique (voir l'inventaire des inscriptions et un index détaillé dans MEFRA, 1989). Il n'y a pas lieu de retenir les hypothèses souvent arbitraires présentées par R. Br. Hitchner dans une thèse récente. L'étude du territoire de la cité à laquelle s'est livré ce jeune savant américain mérite d'être complétée par la publication intégrale d'une enquête menée en 1894 par le géomètre des Domaines Dubiez. Citer ce document / Cite this document : Duval Noël. Sufetula : l'histoire d'une ville romaine de la Haute Steppe à la lumière des recherches récentes. In: L'Afrique dans l'Occident romain (Ier siècle av. J.-C. - IVe siècle ap. J.-C.) Actes du colloque de Rome (3-5 décembre 1987) Rome : École Française de Rome, 1990. pp. 495-536. (Publications de l'École française de Rome, 134) http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1990_act_134_1_3889 NOEL DUVAL SUFETULA : L'HISTOIRE D'UNE VILLE ROMAINE DE LA HAUTE-STEPPE À LA LUMIÈRE DES RECHERCHES RÉCENTES En dehors des notices du CIL, de Y Atlas archéologique et des ency clopédies1, cette ville, l'un des cinq ou six sites les plus spectaculaires et les plus visités de Tunisie, n'avait fait l'objet que d'une monographie au début du siècle, qui était plutôt un compte rendu des fouilles menées de 1907 à 1912, accompagné de considérations historiques2. Après une première période de recherches sur place, j'ai tenté en 1963, au Collo que de Sousse, d'esquisser l'histoire urbanistique de la cité, démont rant, à un moment où l'on croyait souvent encore au déclin des villes au IIIe siècle, que Sufetula avait au contraire accru la surface bâtie jus qu'au IVe siècle et connu encore une phase active de constructions chrétiennes et profanes jusqu'au VIe siècle3. Les travaux de notre équi pe sur le terrain ont duré jusqu'en 1970. À cette date, j'ai dressé une bibliographie complète du site4 et rédigé avec F. Baratte un guide offrant pour la première fois une description, au moins sommaire, de 1 Surtout H. Leclercq, 5.v. Sbeitla, dans DACL, XI (1950), d'après les rapports de fouille de Merlin (avant 1914) et la notice de L. Poinssot sur la «chapelle d'Honorius»; N. Duval, Sufetula, Enciclopedia dell'Arte antica, VII (1967 mais rédigé en 1964), p. 349- 351 (Supplément à paraître); A. Ennabli, s.v. Sufetula, The Princeton Encyclopedia of Classical Sites, Princeton, 1978 (mais rédigé vers 1970), p. 865-866. 2 A. Merlin, Forum et églises de Sufetula (Notes et documents de la Direction des anti quités et arts de Tunisie, V), Paris, 1912, 48 p. 3 N. Duval, Observations sur l'urbanisme tardif de Sufetula, dans Cahiers de Tunisie, XII, 1964, p. 87-102. 4 N. Duval, Histoire et bibliographie du site de Sbeitla (1724-1970), paru en appendice à Recherches archéologiques à Sbeitla, I, p. 391-447 et en tiré à part, Paris, De Boccard, 1971. Dans ce tome ont paru aussi un nouveau plan du site et une bonne photographie aérienne datant de 1954 (fig. 1-2). (dessin J. Lentie) Fig. 1 - Plan de Sufetula (état en 1970). I. «Petite basilique près de l'amphithéâtre» (sans doute une maison). - 2. Arc nord. - 3. Temple (non identifié). - 4. Ane. maison des fouilles. - 5. Édifice des Saisons (sans doute une maison). - 6. Maison (incomplètement fouillée). - 7. Absides partiellement fouillées (thermes?). - 8. Fontaine. - 9. Thermes (incomplètement fouillés). - 10. Thermes. - II. Basilique II dite de Vitalis. - 12. Baptistère primitif ou «chapelle de Jucundus». - 13. Basilique I dite de Bellator. - 14. Thermes (incomplètement fouillés). - 15. Thermes. - 16. Basilique IV. - 17. Forum avec les trois temples du Capitole. - 18. Fontaine sur une place. - 19. Boutiques et logements le long du decumanus. - 20. Basilique III dite de Ser- vus, ancien temple à cour. - 21. Fontaine. - 22. Monument public incomplètement fouillé. - 23. Grands thermes d'hiver et d'été. - 24. Réservoir. - 25. Basilique V des Saints-Gervais- Protais-et-Tryphon. - 26. Petits thermes tardifs. - 27-29. Fortins d'époque byzantine. - 30. (à 3 km au S.-E. de la ville) Basilique VII ou «chapelle de l'évêque Honorius». - 31. Arc sud (de la Tetrarchie). - 32. Tombes d'époque chrétienne. - 33. Colline de cendres (avec stèle à Saturne). - 34. Basilique VI des Saints-Sylvain-et-Fortunat. - 35. Mausolée. SUFETULA À LA LUMIÈRE DES RECHERCHES RÉCENTES 497 tous les monuments fouillés (avec un certain nombre de plans nou veaux ou totalement inédits), qui a paru en 1973 5. À l'occasion de la préparation du volume d'Aufstieg und Niedergang der römischen Welt consacré à l'Afrique, il a semblé utile de reprendre, à la lumière des recherches des dix dernières années, le tableau fourni en 1963 : un arti cle, rédigé en 1975-1976 mais paru en 1982 seulement6, a décrit plus systématiquement l'évolution urbanistique de Sufetula, illustrée par des croquis où, avec H. Broise, nous avons cherché à exprimer notre vision des principales étapes et que nous reproduisons ici (fig. 3-5). Depuis cette date, le site n'a pas été délaissé par l'Institut national d'archéologie et d'art. Les restaurations et nettoyages entrepris dans les années 60 ont continué : on a notamment restauré les mosaïques du groupe episcopal catholique et, à cette occasion, dégagé plus complète ment les maisons sous-jacentes à l'église II; remonté la façade de l'égli se V; fait des réparations à la curie; déblayé les sous-sols des trois tem ples du Capitole (celui du temple central est bien conservé). La clôture du site a permis un meilleur gardiennage et un petit musée, projeté dans les années 70, vient d'être ouvert. En contre-partie, la création d'un quartier nouveau autour du lycée interdit tout espoir d'étudier plus complètement la partie longtemps délaissée de la ville et de la nécropole, qui a été malencontreusement isolée du site archéologique par le tracé de la piste de la fin du XIXe siècle, devenue maintenant une grande route. Naturellement, ces travaux ont permis quelques découvertes sporadiques d'inscriptions et de sculptures encore inédi tes. Dans les environs, fort riches au XIXe siècle - en un temps où le pays était encore (fort peu) peuplé exclusivement de nomades - en rui nes romaines (parfois en monuments intacts), que R. Cagnat et l'archi tecte qui lui était associé, H. Saladin, avaient explorées sommairement7, un groupe de jeunes Anglais encadrés par quelques professeurs avait visité en 1962 et 1966 les sites, effectué quelques sondages et des 5 N. Duval et F. Baratte, Les ruines de Sufetula-Sbeitla, Tunis (S.T.D.), 1973, 116 p. 6 N. Duval, L'urbanisme de Sufetula-Sbeitla en Tunisie (avec des plans nouveaux d'H. Broise), dans Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II, 2, 1982, p. 596-632, 13 plan ches. 7 R. Cagnat, Rapport sur une maison faite en Tunisie en 1882-1883, Archives des mis sions scientifiques et littéraires, 3e série, XII, 1885, p. 132-145 pour Sbeitla, passim pour les environs; H. Saladin, même tire, ibid., XIII, 1886, p. 64-95 pour Sbeitla et passim pour les environs. Fig. 2 - Plan du quartier central de Sufetula (d'après un relevé de SUFETULA À LA LUMIÈRE DES RECHERCHES RÉCENTES 499 ramassages de surface et essayé d'aboutir à des conclusions sur la mise en valeur. Les rapports polycopiés du «Brathey Exploration Group» sont un document confidentiel8. Malgré le caractère peu professionnel de ces séjours - qui tenaient plus de l'expédition de scouts que d'un «survey» systématique - et le manque de préparation à l'Afrique des leaders (son archéologie était encore restée à l'époque une exclusivité franco-tunisienne et l'étude systématique de la céramique commençait juste, avec Salomonson et Ennabli en Tunisie, Février et Guéry en Algér ie, Euzennat et Rebuffat au Maroc), l'apport de ces explorations n'est pas négligeable puiqu'elles se situaient au moment où commençait la mise en culture des steppes qui devait bouleverser complètement le paysage des environs de Sbeitla et détruire la plupart des vestiges observés. Après un hiatus d'une dizaine d'années dans la recherche de ter rain et dans la bibliographie, un jeune savant américain qui avait parti cipé aux campagnes de l'ASOR à Carthage, dans le cadre de la campa gne internationale de sauvetage conduite uploads/Histoire/ article-efr-0000-0000-1990-act-134-1-3889.pdf