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1 Au moment où une nouvelle mandature communale et provinciale commence et où en maints endroits, de nouveaux Échevins ou Députés provinciaux vont recevoir le Patrimoine dans leurs attri- butions, l’Institut du Patrimoine wallon a pris plusieurs initiatives, comme il y a six ans, pour sensibiliser les gestion- naires locaux à la politique de protec- tion du Patrimoine architectural et au rôle qu’ils peuvent – et même doivent – jouer dans celle-ci à l’échelle de leur commune ou de leur province. Début janvier, chaque Collège com- munal a reçu, à destination de l’Échevin en charge du Patrimoine (identifié comme tel ou intégré dans d’autres matières telles qu’aménagement du terri- toire, travaux, culture parfois) une invi- tation du Centre de Perfectionnement aux Métiers du Patrimoine basé à la Paix- Dieu (voir le cahier central de ce maga- zine) à participer le 16 février 2007 aux Moulins de Beez à Namur, seul ou accompagné du principal fonctionnaire communal concerné, à une journée de formation sur la politique du patrimoine: les enjeux de celle-ci pour les communes (enjeux humains, culturels, écono- miques, sociaux et politiques), les notions fondamentales de la matière (les classements, les inventaires, etc.), les acteurs et les règles du jeu (administra- tions, commissions, autorisa- tions, procédures), enfin les sources de financement et de subsidiation. Ce programme de formation avait déjà été proposé dans les mêmes circonstances (mais sur deux journées à l’époque) voici six ans et il avait obtenu un certain succès, d’au- tant plus qu’il permettait aux responsables locaux de ren- contrer directement plusieurs acteurs régionaux. Or, chacun sait que, dans toutes les matières, une gestion objective et impar- tiale des dossiers et des besoins est encore meilleure lorsqu’elle peut s’appuyer sur de bons contacts humains. Dans ce numéro de La Lettre du Patrimoine, adressé à toutes les commune de Wallonie, le Direc- teur f.f. de la Restauration fait un brillant plaidoyer pour la réaf- fectation des monuments en attirant l’at- tention sur les multiples atouts de cette démarche (voir p. 3), cependant que notre partenaire «Wallonia Nostra» consa- crera un prochain cahier à l’action des pouvoirs provinciaux en matière de Patri- moine. On rappellera ici que le budget régional pour le Patrimoine – comme celui de certaines Provinces ensuite – a été en forte augmentation depuis la régio- nalisation, passant de 7,1 millions € en 1989 à 38,4 millions € en 2004 au début de l’actuelle législature régionale, et que le patrimoine architectural de Wallonie, ce sont environ 500 sites et 2.800 monuments classés. La politique wallonne en matière de Patrimoine repose d’abord sur des mesures de protection: un inventaire par communes (37 volumes réalisés de 1973 à 1999) dont l’actualisation est en cours, des inventaires thématiques (sites industriels, donjons, orgues, parcs et jardins, et, bientôt, églises paroissiales XIXe-XXe siècles), une liste de sauvegarde assurant aux biens menacés une protec- tion provisoire d’un an et, enfin, le clas- sement, ouvrant la voie à des subsides à la restauration des monuments classés s’élevant actuellement à 60 % en général (montant de base), parfois 80 % (si intérêt collectif) et même 95 % pour le patri- moine exceptionnel. Aux côtés du Cabinet du Ministre (en l’occurrence Michel Daerden), la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles donne des avis consultatifs mais souvent respectés, l’Administration procède aux classements, aux autorisations et à la subsidiation des travaux, à la mise en œuvre des fouilles et, depuis 1999, l’Ins- titut du Patrimoine wallon assume quatre missions spécifiques: des opérations immobilières, la gestion de certaines propriétés classées appartenant à la Région wallonne, la gestion du Centre des Métiers du Patrimoine situé dans l’ancienne abbaye de la Paix-Dieu à Amay, enfin, la sensibilisation du grand public au patrimoine. On terminera ce bref rappel à l’atten- tion de nos nouveaux lecteurs dans les Collèges communaux et provinciaux en soulignant que la réaffectation des monu- ments est au cœur de la politique régio- nale en la matière depuis plusieurs années et que l’impact économique et social de la politique du Patrimoine est loin d’être négligeable puisqu’environ 60 % du budget régional du Patrimoine est consacré au subventionnement de travaux de restauration (soit environ 22 à 25 millions € par an) qui représentent eux-mêmes des chantiers pour environ 62 millions € par an (en ajoutant 60 % de travaux de réaffectation non subsidiés par le budget du Patrimoine), ce qui correspond à quelque 1.000 emplois directs dans le secteur de la construc- tion et sans doute 500 emplois indirects dans d’autres secteurs. Bref, un effet économique et social incontestable pour les 250 entreprises wallonnes agréées pour la restauration des monuments et des chantiers potentiels – mais aux résul- tats toujours appréciés par les citoyens – dans bien des communes wallonnes! La Lettredu Patrimoine TRIMESTRIEL – JANVIER – FÉVRIER – MARS 2007 – No 5 – BUREAU DE DÉPÔT : LIÈGE X BELGIË – BELGIQUE P.B./P.P. B – 78 Bureau de dépôt 4099 Liège X P501407 Le Patrimoine, un atout pour les pouvoirs locaux Namur, les Moulins de Beez. G. Focant, DPat © MRW En France, la politique de l’État en faveur des monuments historiques a traversé depuis trois années une crise qui s’est traduite par l’arrêt d’un nombre crois- sant de chantiers de restauration – 200 en 2005, 300 en 2006 – et par le report de la plupart des nouveaux projets. La gravité de cette situation a conduit la Commission des affaires culturelles du Sénat à créer une mission d’information pour analyser les causes de cette crise sans précédent. Celle-ci trouvait son origine dans l’incapacité du ministère de la Culture à consommer dans les délais requis les crédits substantiels qu’il avait obtenus dans l’urgence pour remédier Œuvre de l’architecte communal Adolphe Thirion, édifié en 1852, classé comme monument en 1982 et restauré par la Région wallonne en 1994, le kiosque qui trône au milieu du parc de l’Harmonie à Verviers est reconnu comme étant l’un des plus beaux et des plus imposants du pays par ses dimen- sions. Peu de Verviétois, semble-t-il, savent pourtant qu’il a un frère jumeau à… Bruges, au cœur du parc Reine Astrid, quasi depuis toujours. En 1858, en effet, après avoir refusé un projet de kiosque trop fade dessiné par leur architecte communal, les édiles brugeois avaient contacté à Jupille près de Liège l’Atelier de ferronnerie Le Soinne et Witmeur, qui leur proposa de réaliser une copie du kiosque de Thirion que l’Atelier avait construit six ans plus tôt. Les deux kiosques sont donc rigoureu- sement identiques, si ce n’est que celui de Verviers, rehaussé en 1906, est sobrement peint en blanc, tandis que sa copie brugeoise, peinte en vert, a reçu une composition de couleurs vives en 1995. Si un lecteur connaît l’existence d’un troisième exemplaire ailleurs, merci de nous le signaler… Retour aux sources… Le microcosme patrimonial wallon connaît, ne serait-ce que de nom, Nicole Plumier. Licenciée en histoire, elle fut attachée jusqu’en 2004 à la Division du Patrimoine de la DGATLP, où elle a assuré pendant quinze années l’organisation des Journées du Patri- moine, en hissant cette manifestation à un très haut degré de qualité, à telle enseigne que le savoir-faire acquis en cette matière s’exporte désormais en dehors de nos frontières. Après un passage au Cabinet du Ministre Michel Daerden comme conseillère en matière… patri- moniale, Nicole Plumier vient de rejoindre, à nouveau, la Cellule des Journées du Patrimoine, qui est désormais installée à la Paix-Dieu à Amay et qui dépend depuis 2005 de l’Institut du Patrimoine wallon. Nul doute que sa longue expérience dans le domaine contribuera à accroître encore davantage le succès des Journées à venir. aux dégâts causés par les tempêtes de décembre 1999, puis dans une politique budgétaire qui s’était attachée en 2003 à résorber ces reports de crédits. Le rapport de la Commission sénatoriale française vient d’être publié (il est dispo- nible via le site espace-librairie@senat.fr). Après avoir brossé un tableau alarmant des conséquences de ces fluctuations budgétaires sur l’état sanitaire des monu- ments et sur la situation des entreprises spécialisées dans la restauration de ces derniers, la mission d’information avance des propositions pour remettre sur pied la politique en faveur du patrimoine monumental et pour remédier aux diffi- cultés particulières que rencontrent les monuments n’appartenant pas à l’État, en soulignant que cette refondation de la politique du patrimoine est d’autant plus indispensable que ce dernier, outre sa valeur historique et esthétique, constitue pour l’emploi et le dévelop- pement économique un facteur trop souvent sous-estimé. Même si le contexte wallon est fort différent, la qualité de ce rapport, la cohérence des démonstrations et la perti- nence des propositions sont telles qu’on ne peut qu’en recommander la lecture et souhaiter à l’occasion pareil débat de fond chez nous. 2 Suite à la page 19 La crise du Patrimoine en France Clin d’œil. Le kiosque du parc de l’Harmonie à Verviers Bruges, le kiosque © Cyrielle Joris Verviers, le kiosque du parc de l’Harmonie. G. Focant, DPat © MRW La Lettre du Patrimoine – No 5 – 2007 20 Plusieurs temps forts ont marqué les uploads/Histoire/ lettre-du-patrimoine-5.pdf

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  • Publié le Nov 06, 2022
  • Catégorie History / Histoire
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