Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient Etudes sur la phonétique histori
Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient Etudes sur la phonétique historique de la langue annamite. Les initiales Henri Maspero Citer ce document / Cite this document : Maspero Henri. Etudes sur la phonétique historique de la langue annamite. Les initiales. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 12, 1912. pp. 1-124; doi : https://doi.org/10.3406/befeo.1912.2713 https://www.persee.fr/doc/befeo_0336-1519_1912_num_12_1_2713 Fichier pdf généré le 07/02/2019 ÉTUDES SUR LA PHONETIQUE HISTORIQUE DE LA LANGUE ANNAMITE. LES INITIALES. Par Henri MASPERO, Professeur à l'Ecole française d'Extrême-Orient. INTRODUCTION. La langue annamite est actuellement la plus importante et la plus largement répandue d'une petite Famille linguistique, aux affinités encore mal définies, qui domine parmi les populations du Nord-Est de l'Indochine, entre la Mer de Chine à l'Est et les tribus de langue thai et de langue mon-khmer à l'Ouest. Cette famille est constituée par deux langages, l'annamite et le mtrcrng, chacun d'eux subdivisé en plusieurs dialectes. Aucune étude d'ensemble n'en a été taite encore; la plupart des dialectes sont restés jusqu'ici inconnus; aussi quelques notions générales sont-elles nécessaires. I. Annamite. — Les parlers locaux sont très nombreux; mais ils peuvent tous se classer en deux groupes : tonkinois-cochinchinois d'une part, dialecte du Haut-Annam de l'autre. Le dialecte du Haut-Annam (1) est caractérisé surtout par la conservation des formes archaïques. Il a gardé fréquemment les voyelles anciennes : ï en face (!) Sous le nom de dialecte du Haut-Annam, j'entends la série des parlers locaux très nombreux qui sont usités depuis le Nord du Nghè-an jusqu'au Sud du Thira-thièn. Ce dialecte est encore mal connu : l'étude que le P. Cadière a publiée sous le titre de Phonétique Annamite, porte exclusivement sur la région méridionale, Quàng-binh et Quàng-tri, et malheureusement elle ne donne qu'un petit nombre d'exemples et n'indique que rarement avec précision le lieu d'origine de chacune des formes citées. Sur la région située au Nord du Hoành-scn il n'existe aucun travail ; j'ai pu moi-même étudier sur place pendant mon séjour au Nghè-an une dizaine de parlers de cette province, en particulier ceux de Cao-xá fisj ^, de Nhô-ldm ]ffî ffl, de Quinh-liru ïj| Щ et de Yèn-dung з£ Щ, qui sont les plus intéressants parmi ceux que je connais. Pour les parlers de Hà-tïnh, de Quàng-trach et de Hué, je me suis servi de plusieurs lettrés originaires de ces localités que j'ai rencontrés à Vïnh et à Hà-nôi. L'aire de chaque в. E. F. E.-O. T. XII. — 1 _ 2 du tonkinois et cochinchinois 6", ï contre ai (écrit ây) et même parfois ai (écrit ay) ; п contre âu (écrit au) ; â contre wœ (1), etc. Il en est de même pour les consonnes : il a gardé souvent la sourde ancienne dans des mots où le tonkinois et le cochinchinois l'ont transformée en sonore (2). Certains parlers locaux ont conservé un groupe initial consonantique qui a disparu depuis un siècle du tonkinois et du cochinchinois, le tl : buffle, Quáng-binh tlu, tk.-coch. trâu.. Enfin quelques mots usuels sont complètement différents: il, Quinh-liru hán,. Hà-tïnh hân, tk.-coch. nó; faire, mân, tk.-coch. làm, etc.. Le tonkinois et le cochinchinois (3) forment un groupe assez homogène, et les différences qu'ils présentent entre eux sont peu importantes. Elles sont de parler est extrêmement restreinte (au moins au Nghê-an), et ne dépasse guère deux ou. trois villages pour les plus importants ; mais les différences entre les parlers sont plus apparentes que réelles, et, bien qu'ils n'aient pas tous au même degré toutes les caractéristiques du dialecte du Haut-Annam, ils n'en sont pas moins nettement apparentés entre eux, et séparés des dialectes tonkinois et cochinchinois ; et ce n'est pas seulement: un groupement géographique qui les réunit. (!) Voici quelques exemples de ces diverses formes: Pied Près Fille Se lever Tu Ce Buffle Profond Bétel Eau Chemin Homme Tonkin $ <rn go-n1 gay2 „a; i U maii naif čyáu sdu ť4 nwok~ dwoň-. ňway i COCHINCHINE cJó-n gfrn gay~> y\ mai3 n a i?> tfu fu tfu. nw(rk'J dwcrňo ň w(ry ■] QUINH-LCU 1 • () c'ïn gin í =1 ai, ai, ay g i" duii mi ni ii = dU ts и su tsu y á = wo пак"' daň v navo Nho-làm c-'vn1 gin1 gi. ďJi{ mi' ni' tsdu' fu' tfu3 nwokc, claňs ňay3 H A- TIN1 H cJïn gin gar dyi4 mi ni tsu su tsu3 nalc daňs ňay3 QUÁN'G-TRI mn< {ňin1) k% ( fil ) mi ni1 tsu', Ни' su1 t§ LI o пак:,, nwok.) daň с. ňay3 (-) II va de soi que ce fait se produit seulement dans des cas où les sourdes et les sonores ont la même origine, les palatales, par exemple (quoi ? chi, tk.-coch. gi), ou les labiales (phô, tk.-coch. vô, etc. ) ; mais non dans ceux où sourdes et sonores actuelles ont une etymologie différente (dentales, sifflantes). (3) Le cochinchinois parait présenter assez peu de variétés au moins en Cochinchine française. Cependant pour les parlers locaux du Binh-dinh, voir Cadière, Le dialecte du Bas-Annam, BEFEO, XI (îgii), 67-100. On remarquera que les différences entre les formes de cette région et celle de Saigon sont en somme assez faibles. — 3 — deux sortes : tantôt l'inaptitude des populations chaînes annamitisées à prononcer certains sons annamites a donné naissance, en cochmchinois, à des sons nouveaux : p" pour /, et bu pour v ; tantôt l'évolution récente d'un même son ancien n'a pas été la même : tandis que Ы et tl, après s'être transformés en tr, gardaient cette forme en cochinchinois, en tonkinois l'évolution se poursuivait, et tr lui-même disparaissait en donnant naissance tantôt à gi, tantôt à ch: garçon, blai, tk. giai, coch. irai. De même, le cochinchinois actuel confond entre elles certaines consonnes finales (k et t qu'il prononce l'un et l'autre k; et aussi n, ň, Л), alors que le tonkinois distingue chacune d'elles. Ces différences sont d'origine moderne ; si on compare le tonkinois du XVIIe siècle et le cochinchinois actuel, elles disparaissent presque toutes : la transformation tl ^>gi du tonkinois est postérieure à cette époque ; la confusion des nasales en cochinchinois ne parait pas avoir été aussi nette au début du XIXe siècle que de nos jours, car Taberd dans son dictionnaire n'en fait pas mention. Au contraire les différences entre ces deux dialectes et celui du Haut-Annam paraissent d'origine ancienne : c'est ainsi que la vocalisation tonkinoise se trouve dès le XVe siècle, dans le vocabulaire chinois-annamite du Houa yi yi yu : au et non и (Щ leou = (t)làu buffle) ; ai et non i (^ ngai = gai, jeune fille). Il semble donc que le tonkinois et le cochinchinois soient les produits de l'évolution moderne d'un même dialecte différencié récemment, s'opposant au dialecte du Haut-Annam dont ils se sont très anciennement séparés. Les faits historiques viennent à l'appui de cette théorie : Tonkin, Thanh-hoá, Nghê-an ont été de tout temps pays annamite; et le Nord du Quáng-binh, conquis dès le XIe siècle, paraît avoir été colonisé par des gens du Nghè-an. Au contraire le Sud de l'Annam où se parle le cochinchinois n'a commencé à être occupé qu'à la fin du XVe siècle, et la Basse-Cochinchine a été peuplée plus récemment encore par des colons venus surtout du Binh-dinh. Le dialecte cochinchinois n'a donc pu suivre une évolution propre qu'à une époque peu ancienne. Au point de vue historique, la comparaison du tonkinois et du cochinchinois, qui appartiennent au même groupe, est la moins intéressante ; celle de ces dialectes avec celui du Haut-Annam est beaucoup plus importante : malheureusement elle n'a pas encore été faite de façon complète. II. Mu'à'NG (1). — Le mirô'ng est parlé par des populations dispersées dans les vallées de la chaîne annamitique, depuis la Rivière Noire jusqu'au Quáng- binh. Tous ces parlers, comparés à l'annamite, forment une unité pourvue de f1) Les dialectes minrng n'ont jamais fait l'objet d'aucune étude d'ensemble, et même c'est à peine si trois ou quatre d'entre eux ont été étudiés sommairement dans de courtes notices. M. Chéon a publié une note succincte sur le dialecte de Vàn-mông avec un vocabulaire d'environ deux cents mots (Notes sur les Mw&ng de la province de So'n-tay, BEFEO, V (1Ç05), 328-368); un article contenant deux vocabulaires a été publié par le P. Cadière sur les dialectes nguôn (150 mots) et sek (124 mots), mais sans aucun essai de notation des tons (Les hautes vallées du Sông-giang, BEFEO, V (1905), т. xn. — 1. — 4 caractéristiques nettement déterminées. Les principales sont les suivantes : aux sonores annamites correspondent des sourdes mirô'ng ([) ; les nasales et les douces non sonores, confondues en annamite, restent distinctes ; le traitement des préfixes y est différent ; enfin / et r finaux, disparus en annamite, 349-367) ; et M. Chéon, dans un article paru postérieurement (Note sur les dialectes nguon-sâc et mw&ng, BEFEO, VII (1907), 87-100), a démontré, mais uniquement d'après les notes du P. Cadière et sans apporter de documents nouveaux, la parenté de ces deux dialectes avec les parlers mirô'ng uploads/Histoire/ befeo-0336-1519-1912-num-12-1-2713-pdf.pdf
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- Publié le Mar 30, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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