l’art du cinema Jean-Michel Frodon 2 — L’Art du cinéma L ’Art du cinéma raconte

l’art du cinema Jean-Michel Frodon 2 — L’Art du cinéma L ’Art du cinéma raconte l’immense aventure d’une technique et d’un loisir inventés à la fin du xixe siècle et devenus un mode d’expression à part entière. Un art riche de la diversité des grands auteurs qui l’ont mis en œuvre, témoin des grandes mutations historiques, traduction par les images et les sons, des réalités et des imaginaires, de la diversité d’un monde en expansion perpétuelle. Attentif aux créateurs et aux styles aussi bien qu’aux enjeux économiques, techniques et sociologiques qui travaillent le cinéma, le stimulent ou le perturbent, cet ouvrage accompagne les tribulations d’un art qui n’aura cessé d’être contemporain, au prix d’une constante réinvention de lui-même, à Paris et à Berlin, à Los Angeles et à Moscou, mais aussi en Chine, en Inde et en Amérique latine, dans le creuset du grand spectacle comme aux limites des recherches esthétiques les plus innovantes. À travers près de 700 reproductions illustrant plus 1000 films, réalisateurs et acteurs, ce volume offre une synthèse magistrale sans précédent sur le septième art. L’écran est un support magique. Il a tellement de force qu’il peut retenir l’attention en transmettant des émotions et des humeurs telles qu’aucune autre forme d’art ne puisse lutter. Stanley Kubrick En couverture (non définitif) Wong Kar Wai 2046, 2004 Avec Tony Leung Chiu Wai, Gong Li Charlie Chaplin Les Lumières de la ville (City Lights), 1931 Paris, La Cinémathèque française Stanley Kubrick 2001, l’Odysée de l’espace (2001: A Space Odyssey), 1968 Avec Keir Dullea Sommaire INTRODUCTION Les débuts Invention du cinématographe, découverte du cinéma Un nouveau monde Figures fondatrices : inventeurs, vedettes et réalisateurs La montée en puissance d’Hollywood (1914-1927) En France, la guerre et la paix Ombres et lumières allemandes La révolution soviétique Le règne du cinéma Hollywood en pleine gloire Demi-teintes françaises Éclats d’Europe Trois géants asiatiques Basculement moderne Hollywood, âge d’or et crépuscule : guerres, crises et ruptures Hollywood, âge d’or et crépuscule : des films et des hommes L’Italie survivante et féconde La Nouvelle Vague, une révolution française Une traînée de poudre à travers le monde Le nouvel Hollywood la planète cinéma change de forme À l’Est, du nouveau Frémissements globalisés Ruissellement français Hollywood change de siècle CONCLUSION Bibliographie index George Fitzmaurice Le Fils du Cheik (Son of Sheik), 1926 Avec Rudolph Valentino et Vilma Banky Paris, La Cinémathèque française 4 — L’Art du cinéma elle est discutable, elle n’est pas sans légitimité. Que se passe-t-il en effet ce fameux 28 décembre ? La réponse classique à cette ques- tion est : la première séance publique du Cinématographe Lumière au Salon indien du Grand Café, 14 boulevard des Capucines. Une autre réponse possible serait : la rencontre, à Paris, entre une com- position d’images enregistrées puis projetées et des personnes assem- blées dans l’obscurité, et qui ont payé pour les voir. Cette seconde formulation a le mérite de souligner certaines caractéristiques décisives de ce qui se produit alors. Elle insiste sur l’importance de l’enregistrement, à la différence des projections de dessins, qui existent depuis longtemps, de manière fixe ou ani- mée. Cet enregistrement est une trace du monde. Les dix bandes de 38 à 49 secondes qui ont été présentées ce jour-là gardent la Georges Méliès Le Voyage dans la lune, 1902 Paris, La Cinémathèque française Marcel Auzolie Affiche pour le Cinématographe Lumière, 1896 Paris, La Cinémathèque française Georges Méliès Le Voyage dans la lune, 1902 © Lobster-Fondation Groupama Gan-Fondation Technicolor Que s’est-il passé le 28 décembre 1895 ? Il y a une date : 28 décembre 1895. C’est le jalon le plus fréquemment choisi pour marquer la naissance du cinéma. Comme toujours en pareil cas, cette date est contestable, et contestée. Parce qu’il y a bien des étapes auparavant qui pourraient elles aussi prétendre à servir de référence, parce qu’une telle date privilégie certains aspects au détriment d’autres, et aussi un pays plutôt que les autres. Cette date a le mérite de servir de repère, de fixer les idées. Et si Invention du Cinématographe, découverte du cinéma 6 — L’Art du cinéma Buster Keaton et Clyde Bruckman Le Mécano de la Générale (The General), 1926 Avec Buster Keaton Paris, La Cinémathèque française Affiche Les Temps modernes (Modern Times), 1936 Paris, La Cinémathèque française Affiche pour Le Cameraman (The Cameraman), 1928 Hal Roach Pour le cœur de Jenny ou Virée à l’ouest (An Eastern Westerner), 1920 Avec Harold Lloyd 8 — L’Art du cinéma Serguei Eisenstein Le Cuirassé Potemkine, 1925 Avec Repnikova Paris, La Cinémathèque française Friedrich Wilhelm Murnau Nosferatu, le vampire (Nosferatu, eine Symphonie Des Grauens), 1922 Avec Max Schreck Paris, La Cinémathèque française Josef von Sternberg L’Ange bleu (Der Blaue Engel), 1929 Avec Marlene Dietrich Paris, La Cinémathèque française trace matérielle de choses et d’êtres vivants tels qu’ils ont effec- tivement été là, dans les quatre dimensions de la réalité – dans l’espace et dans le temps, tandis que la photo n’enregistre pas le temps. Ces bandes – qu’on n’appelle pas encore des films – sont aussi des compositions : il a fallu choisir un point de vue, décider quand commencer à tourner. Celle qui inaugure la séance, le tout premier film Lumière, La Sortie des usines Lumière, compte d’ail- leurs trois versions successives, qui témoignent de la singularité de chaque moment et de chaque prise de vues. Au cours de cette séance (où, contrairement à une idée reçue, ne figurait pas L’Entrée d’un train en gare de La Ciotat), on trouve aussi le premier film de fiction, petite mise en scène comique jouée par des acteurs, pré- sentée sous le titre Le Jardinier mais qui deviendra célèbre comme L’Arroseur arrosé. La formule proposée plus haut insiste aussi sur le procédé même de la projection, qui produit des effets très particuliers, notam- ment liés à la taille de l’écran, et sur son corollaire, l’existence d’une collectivité créée par ce dispositif : un public. Elle souligne l’importance de l’écart dans le temps entre le moment de l’enre- gistrement et celui de la monstration. Elle nomme une ville, Paris, qui occupera de fait une place décisive dans l’histoire du cinéma, alors même que l’invention s’est faite dans une autre cité française, Lyon. Rappeler que la scène se passe à Paris, c’est indiquer le rôle singulier de la France, qui sera durant une quinzaine d’années la plus grande nation de cinéma et bien après, de manière pérenne, entretiendra avec lui une relation privilégiée qui ne se retrouvera nulle par ailleurs avec la même intensité et la même complexité. Cette formule met enfin l’accent sur l’environnement spécifique, créé à la fois par la dimension commerciale (les gens ont payé – 1 franc et 2 centimes) et par un certain rapport avec le sacré : ce regroupement silencieux dans l’obscurité. La séance inaugurale du 28 décembre a encore une autre carac- téristique unique et qui légitime d’en faire une date fondatrice : ce qui a commencé ce soir-là ne s’arrêtera plus jamais. Dès lors, chaque jour, il y aura à Paris, en France et bientôt dans de plus en plus de pays du monde entier, des séances de cinéma. Auparavant, des projections avaient eu lieu à Londres, à Berlin ou à Paris, des dispositifs concurrents avaient tenté de s’imposer, notamment aux États-Unis : il s’agissait d’expériences, ou de prototypes. Si le 28 décembre 1895 inaugure sans conteste quelque chose, c’est que plus jamais il n’y aura une journée sans que des films soient montrés. […] 10 — L’Art du cinéma Howard Hawks L’Impossible Monsieur Bébé (Bringing up Baby), 1938 Avec Katharine Hepburn et Cary Grant Victor Fleming Autant en emporte le vent (Gone with the Wind), 1939 Avec Vivien Leigh et Clark Gable 12 — L’Art du cinéma Jean Renoir Partie de campagne, 1936 Avec Jane Marken et Jacques Brunius Marcel Carné Les Enfants du Paradis, 1943 Avec Jean-Louis Barrault 14 — L’Art du cinéma Satyajit Ray La Complainte du sentier (Pather Panchali), 1955 Paris, La Cinémathèque française Aki Kurosawa Les Sept Samouraïs, 1947 Paris, La Cinémathèque française Yasujirô Ozu Le Goût du saké, 1962 Avec Chishî Ryū, Shima Iwashita, Keiji Sada et Mariko Okada univers dont on ne parle guère et qui ne cesse de jouer un rôle pionnier, celui de la prostitution et de la pornographie. Avant 1900, on trouve de nombreuses projections dans les maisons closes, pour lesquelles des films spécialisés sont réalisés en quantité. Cet engouement attire d’emblée des industriels et des commer- çants en grand nombre. Tous ne feront pas fortune, loin de là, Le cinéma est d’abord perçu comme une curiosité. Le succès des projections Lumière suscite aussitôt de nombreuses vocations. Certains font affaire avec les industriels lyonnais, d’autres utilisent des appareils concurrents, qui se multiplient en Europe. Plusieurs innovations techniques améliorent la stabilité des images proje- tées, la sensibilité des pellicules, la luminosité, mais le principe essentiel est acquis et ne changera plus. D’interminables batailles de brevets, en Europe et aux États-Unis, tendent à faire attribuer les innovations et les bénéfices qui en découlent à tel ou tel, mais au-delà de ces uploads/Histoire/ brochure-art-du-cinema.pdf

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  • Publié le Nov 12, 2022
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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