Bulletin Monumental Les vitraux de la cathédrale d'Évreux Louis Grodecki, Marce

Bulletin Monumental Les vitraux de la cathédrale d'Évreux Louis Grodecki, Marcel Baudot, René Dubuc Citer ce document / Cite this document : Grodecki Louis, Baudot Marcel, Dubuc René. Les vitraux de la cathédrale d'Évreux. In: Bulletin Monumental, tome 126, n°1, année 1968. pp. 55-73; doi : https://doi.org/10.3406/bulmo.1968.4898 https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1968_num_126_1_4898 Fichier pdf généré le 28/10/2019 MÉLANGES Les vitraux de la cathédrale d'Évreux N. D. L. R. — La publication par M. Marcel Baudot d'un article suivi d'un ouvrage sur les vitraux de la cathédrale d'Evreux vient de soulever entre spécialistes une petite polémique concernant l'identification de plusieurs d'entre eux. L'importance de ce qui pourrait sembler à première vue un détail se révèle en fait à la lecture de ces articles. Aussi la Rédaction du Bulletin monumental a-t-elle jugé nécessaire d'ouvrir ses colonnes A cette joute amicale dont le seul but est de faire avancer nos connaissances sur Vart du vitrail au XIVe siècle (1). . — -^ Note, par Louis GRODECKl Les études des vingt-cinq dernières années ont confirmé l'avis d'Emile Mâle, selon lequel les chefs-d'œuvre du vitrail français du xive siècle se trouvent à la cathé- (1) Pour plus de clarté, nous résumons ici les identifications proposées pour les personnages représentés sur ces vitraux et ces dessins. — Vitrail baie 115 (fig. 1). Charles II le Mauvais (tradition du xixe siècle). Pierre de Mortain, comte d'Évreux (Mme Honoré-Duvergé, MM. J. Lafond et L. Grodecki). Charles III le Noble (première opinion de M. Baudot). Charles II le Mauvais, en tant que fondateur de la confrérie du Pardon (seconde opinion de M. Baudot). — Dessin de Boudan pour Roger de Gaignières (Bouchot n° 447) (fig. 2). Charles III le Noble (inscription portée sur le dessin). Pierre de Mortain (hypothèse de Mme Honoré-Duvergé ; le dessin reproduit le vitrail de la baie 115). Charles III le Noble (M. Baudot; le vitrail reproduit par ce dessin est perdu). — Vitrail baie 125 (fig. 3). Charles III le Noble (tradition du xixe siècle). Charles VI, roi de France (Mme Honoré-Duvergé et M. J. Lafond). Philippe VI, roi de France (M. Baudot). — Dessin de Boudan pour Roger de Gaignières (Bouchot n° 540) (fig. 4). Charles le Mauvais (inscription portée sur le dessin). Charles VI, roi de France (Mme Honoré-Duvergé et M. J. Lafond, pour qui ce dessin reproduit le vitrail de la baie 125). Philippe, comte d'Évreux, père de Charles le Mauvais (hypothèse de M. Baudot, selon lequel le vitrail reproduit par ce dessin est perdu). 56 LES VITRAUX DE LA CATHÉDRALE d'ÉVREUX drale d'Évreux ; depuis, les travaux de Jean Lafond ont permis de mettre en parallèle avec ceux-ci les verrières de Saint-Ouen et de la cathédrale de Rouen, d'une qualité égale et d'un style semblable (1). Il n'est pas exagéré d'affirmer aujourd'hui que ces séries normandes constituent, pour cette période, le meilleur de toute la peinture française, dont la qualité n'est pas toujours atteinte par les miniaturistes, Jean Pu- celle ou les enlumineurs de Charles V. Aussi tout ce qui concerne ces vitraux nous paraît être de grande importance ; l'intérêt historique des vitraux d'Évreux s'augmente du fait qu'ils ont été offerts par de hauts dignitaires ecclésiastiques ou civils et, finalement, par la maison royale d'Évreux-Navarre. Dernièrement, M. Marcel Baudot reprit ces questions dans deux textes (un article des Nouvelles de VEure et un volume de belles diapositives) (2). Les conclusions historiques fort nouvelles qu'il nous propose méritent une considération attentive. Il existe à, Ëvreux un certain nombre de panneaux du xine siècle, outre les grisailles — en mauvais état et presque « dévitrifiées » des fenêtres hautes de la nef. Ces panneaux, provenant des fenêtres basses, ne constituent plus aujourd'hui aucun ensemble complet ; ce sont pour la plupart des scènes de la vie du Christ, sous architectures peintes, qui appartiennent au dernier quart du siècle (3). Au début du xive doivent appartenir des « portraits » de donateurs (l'évêque agenouillé de la fenêtre 12 d'une des chapelles nord du chœur) (4), une très belle Vierge assise, où l'influence italienne se fait sentir dans le traitement de la perspective linéaire, une admirable scène de saint Martin, où l'on voit l'emploi du jaune d'argent (5). L'essentiel appartient aux xive et xvè siècles : dans le chœur, décoré après son achèvement de 1318, mais remanié dès le xve siècle en sa travée la plus occidentale et dans le pourtour de ses chapelles rayonnantes; aux fenêtres hautes de la nef, où des vitraux nouveaux ont remplacé partiellement les grisailles du xine ; au transept, (1) É. Mâle, La peinture sur verre en France, dans Histoire de l'art d'A. Michel, vol. II, 1, p. 895 ; J. Lafond, Le vitrail du XIVe siècle en France, dans L'art du XIVe siècle en France, de L. Lefrançois- Pillion et J. Lafond, Paris, 1954, p. 191-204. (2) M. Baudot et R. Dubuc, Les verrières de la cathédrale d' Évreux : cinq siècles d'histoire, dans Nouvelles de VEure, n° 27, p. 26-55, et Vitraux et boiseries de la cathédrale d'Évreux, numéro spécial des Nouvelles de l'Eure, juin 1967 ; le texte sur le vitrail de M. Baudot, p. 3-37, fîg1. et diapositives. (3) Je ne pense pas que l'on trouve des panneaux antérieurs à 1270 environ; la présentation architecturale et le style excluent une telle date : notamment pour la Vierge de l'Annonciation (diape- sitive n° 2) ou la Crucifixion (diapositive n° 1). (4) La fenêtre est composite ; les panneaux nos 5-6 que M. Baudot attribue au temps de l'évêque Geoffroi de Bar (1298-1299) sont nettement plus récents : le jaune d'argent y est employé à profusion, le décor d'architecture est identique à celui des vitraux des chapelles droites du chœur de Saint- Ouen de Rouen (vers 1315-1325). On peut penser que le personnage représenté est Geoffroy du Plessis (avant 1327). (5) J. Lafond, op. cit., p. 201-202. LES VITRAUX DE LA CATHEDRALE D EVREUX 57 qui fut rebâti et redécoré, aux frais de Louis XI, pendant le dernier tiers du xve siècle et plus tard jusque vers 1525. C'est dans ces séries que surgissent les problèmes les plus difficiles, qui tiennent pour beaucoup à ces remaniements de la fin du Moyen Age, mais surtout aux nombreux transferts et nombreuses restaurations du xixe siècle, que M. Baudot décrit rapidement. La décoration primitive du haut chœur, entre 1318 et 1345 environ, a été certainement modifiée dès 1420 par l'installation de deux verrières auxquelles nous reviendrons, dites de Bernard Carit, et vers 1450, lors de la reconstruction de la travée la plus occidentale, ce qui nous a valu le « Vitrail des Trois Marie », lié à toute une suite d'événements historiques intéressant la Normandie et la ville d'Évreux. Ce qui subsiste de l'état primitif est bien connu et bien daté : le vitrail de Guillaume d'Harcourt, grand queux de France (mort en 1327), et de sa femme, Blanche d'Avaugour ; celui d'un chanoine (?) « mestre R. de Molin », avec les figures de saint Taurin et de saint Aquilin ; celui de Raoul de Ferrière, chanoine mort en 1330, qui est un pur chef- d'œuvre et que, sur l'initiative de Jean Verrier, Jean-Jacques Gruber isola, après la dernière guerre, entre deux lancettes de grisaille (1). Tous ces vitraux, exécutés entre 1325 et 1335 environ, ne posent guère de problèmes historiques ; une étude attentive de leur style n'a pas encore été faite. La plupart des verrières du rond-point, d'une époque semblable, offertes par les évêques Jean du Pré (1328-1334) et Geofîroi Faé (1335-1340) — il se peut pourtant que certaines soient légèrement plus récentes que 1350 — d'une extraordinaire qualité, à la fois « monumentales » par l'échelle et « raffinées » par l'exécution et l'ornement — n'ont été, rare privilège, presque pas modifiées depuis le Moyen Age. Les choses se gâtent, et considérablement, quand on aborde les vitraux de la fin du xive siècle, dits « royaux » depuis une mémorable étude de Mme Ho- noré7Duvergé et Jean Lafond (2). Il s'agit surtout de deux verrières à quatre lancettes, installées, depuis 1954- 1955, dans les baies hautes de la troisième travée du chœur. Au nord, recomposée alors, apparaît la scène de « présentation » d'un prince de la famille Évreux-Navarre à la Vierge par un saint Pierre et un saint Denis ; au sud, on voit un roi de France, agenouillé, occupant deux lancettes, présenté à la Vierge par saint Denis. On rappellera que ces verrières étaient dispersées, avant la dernière guerre, dans plusieurs (1) Sur cette restauration, que précédèrent des « essais » aux expositions de Rotterdam en 1952 et de Paris en 1953, voir L. Grodecki, La restitution des vitraux « royaux » de la cathédrale d'Évreux, dans Les monuments historiques de la France, 1956, p. 201-208 et fig. p. 207. (2) S. Honoré- Duvergé, Le prétendu vitrail de Charles le Mauvais à la cathédrale d'Évreux, et J. Lafond, Les vitraux « royaux » du XIVe siècle à la cathédrale d'Évreux, dans Bulletin monumental, 1944, p. 3-39. Cf. aussi Le vitrail français, Paris, 1958, p. 185-187 (texte uploads/Histoire/ bulmo-0007-473x-1968-num-126-1-4898.pdf

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  • Publié le Nov 26, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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