NB : L’enregistrement sur cassette comporte l’ensemble des consignes ainsi que

NB : L’enregistrement sur cassette comporte l’ensemble des consignes ainsi que les temps de pause entre les écoutes. Le surveillant ne doit donc pas intervenir sur le magnétophone avant la fin de l’épreuve. Transcription des documents audio Page 1 sur 3 D O C U M E N T R É S E R V É A U X S U R V E I L L A N T S DALF C2 - Sciences / Lettres et sciences humaines [Mise en route du magnétophone] DALF C2 épreuve orale collective Vous allez entendre deux fois un enregistrement sonore de 15 minutes environ. Vous écouterez une première fois l’enregistrement. Concentrez-vous sur le document. Vous êtes invité(e)s à prendre des notes. Vous aurez ensuite 3 minutes de pause. Vous écouterez une deuxième fois l’enregistrement. Vous aurez alors 1 h 00 pour préparer votre intervention. Cette intervention se fera en 3 parties : • présentation du contenu du document sonore • développement personnel à partir de la problématique exposée dans la consigne • débat avec le jury. Première écoute Le journaliste : Chers auditeurs, bonjour, nous nous retrouvons aujourd’hui dans le studio de votre émission cul- turelle préférée, « Un monde des idées », pour poser à nos invités une question que vous vous posez tous : «l’école doit-elle tout enseigner ? ». Avec nous ce soir pour tenter de répondre à cette question plusieurs personnali- tés, tout d’abord M. Jean Cruchon, Inspecteur de l’Education nationale et auteur d’un ouvrage sorti aux éditions « éducation », « le miracle de l’école » ; M. Cruchon bonsoir. Mlle Marie-Paule Lesueur, lycéenne au lycée Henry Wallon de La Courneuve en banlieue parisienne, bonsoir, et Mme Polanque, sociologue, anthropologue et spé- cialiste du monde éducatif. Alors j’ai envie de vous poser une première question, l’école a-t-elle aujourd’hui la même fonction qu’hier ? Mme Polanque. Mme Polanque : Non, bien sûr que non. L’école n’a plus la même fonction qu’hier parce que le monde a changé. Lorsque Jules Ferry instaure l’école laïque, gratuite et obligatoire pour tous, nous sommes à la fin du XIXe siècle, dans un pays en pleine expansion économique, un pays colonialiste qui fait sa Révolution industrielle mais qui reste encore très rural. Cette école avait une vocation première, peut-être non avouée, celle de finaliser l’uni- fication du pays. Il s’agissait avant tout de franciser la République, de faire en sorte que tous les petits Français parlent français. Le journaliste : Vous voulez dire que l’on ne parlait pas français en France ? Mme P : Absolument. L’unité linguistique était loin d’être faite. Les Bretons parlaient breton, les Occitans occi- tan et les Corses corse. Le journaliste : Mlle Lesueur, vous qui êtes toute jeune, vous saviez cela ? Mlle Lesueur : Non je savais pas, mais de toute façon je crois pas que l’école serve à ça. Mme P : Vous ne croyez pas mais je peux pourtant vous assurer que c’était l’une des préoccupations majeures du ministère de l’Education de l’époque. M. Cruchon : Je ne peux pas vous laisser dire cela, Madame. L’école de la République qui a été fondée au XIXe reste aujourd’hui extrêmement actuelle, et on ne peut pas dire qu’elle a simplement servi à franciser les Fran- çais. Laissez-moi vous dire d’abord que beaucoup de gens parlaient français ; n’oubliez pas que le français s’est imposé comme langue de l’administration au XVIe siècle, au traité de Villers-Cotteret. Mme P : Oui, c’est vrai, mais qu’est-ce que ça change ? Page 2 sur 3 D O C U M E N T R É S E R V É A U X S U R V E I L L A N T S DALF C2 - Sciences / Lettres et sciences humaines M. C : Ça change que tout le monde au XIXe siècle était obligé de comprendre le français pour aller à la mairie, au service militaire ou encore pour lire la presse. Mme P : Mais entre eux les gens parlaient leur langue maternelle, je suis désolée. M. C :Bon, mais ce qui compte c’est que l’école de Jules Ferry c’est une école qui a introduit de nouvelles valeurs pour l’époque, des valeurs qui fondent notre société aujourd’hui et qui sont directement héritées de l’esprit des grands philosophes. Respect des droits de l’homme, laïcité, égalité… C’est cela le grand apport de l’école du XIXe. Le journaliste : Et vous trouvez que cette mission a changé ? M. C : Non. Absolument pas. Je trouve que la mission est la même mais simplement on a tendance à l’oublier. Mlle L :Moi je suis pas vraiment d’accord avec ce que dit Monsieur. Pour moi l’école d’aujourd’hui elle ne marche pas parce que justement on tente de la faire reposer sur des histoires, enfin sur des valeurs comme vous dites, qui sont du passé. Le journaliste : Vous trouvez que les droits de l’homme et l’égalité sont des valeurs du passé ? Mlle L :Non, bien sûr ; mais ce que je veux dire c’est que nos préoccupations ont changé. Nous les jeunes aujour- d’hui on veut être plus écoutés ; on veut que l’école nous prépare à trouver du boulot, enfin du travail, quoi. L’histoire, l’éducation civique tout ça c’est bien, mais ça ne nous prépare pas à trouver du travail. Mme P : Je suis tout à fait d’accord avec la jeune fille. C’est exactement ce que je dis. La mission de l’école a changé. Aujourd’hui il faut ouvrir l’école au monde de l’entreprise, revaloriser les apprentissages, s’ouvrir aux nouvelles technologies et oublier un peu les grandes missions d’hier pour être plus pragmatiques. Plus concrets. M. C : Vous avez, madame, une bien curieuse conception de l’éducation. Je peux comprendre ce discours de la part d’une lycéenne, mais de la part d’une spécialiste cela me surprend. Je crois pour ma part… Mme P : cela vous surprend parce que vous n’êtes pas à l’écoute des jeunes. Ecoutez ce que vient de dire cette jeune fille ; c’est elle qui le dit, pas moi. Et avec elle tous les jeunes de France. M. C : Je ne vois pas ce qu’il y a d’incompatible à enseigner des valeurs et en même temps de nouvelles tech- niques. Vous prônez une ouverture de l’école sur le monde d’aujourd’hui, je suis tout à fait d’accord avec vous. Vive Internet, vive l’informatique. Mais croyez-vous pour autant que ce monde n’a pas besoin d’apprendre la tolérance ? Le respect ? Le droit à la différence ? Mlle L : Mais les jeunes ils attendent ça depuis longtemps. Le respect, l’égalité tout ça, c’est ce qu’ils veulent les jeunes. Le problème c’est que quand ils arrivent dans le monde du travail y a pas de respect. C’est la jungle. Si tu portes un nom arabe, tu as plus de mal à trouver du travail que si tu t’appelles François ou Sylvie. Alors l’école elle doit nous préparer à affronter ce monde là. M. C : A affronter ce monde là et à le corriger, à l’améliorer. Vous êtes les citoyens de demain et nous devons vous donner de bonnes bases, non seulement pour vous préparer face au monde moderne mais aussi pour que vous fassiez changer ce monde. Le journaliste : C’est une idée généreuse M. Cruchon, mais l’école a-t-elle fait changer le monde ? M. C : Sans aucun doute. Notre société s’est développée parce que ses citoyens se sont éduqués. Mme P :C’est vrai ; pourtant les inégalités persistent. On constate que la plupart des jeunes qui réussissent sont issus de milieux socioculturels favorisés. Combien de jeunes réussissent dans votre banlieue mademoiselle ? Mlle L : Je ne sais pas ; pas beaucoup peut-être ; pas assez en tout cas. Ce que je sais par contre c’est que beaucoup de jeunes restent sur le carreau. Pas de diplôme, pas de boulot. Et ça c’est à cause de l’école, parce que l’école les a dégoûtés, ils avaient plus envie d’apprendre ; alors maintenant ils sont dans la rue et ils font n’importe quoi. Page 3 sur 3 D O C U M E N T R É S E R V É A U X S U R V E I L L A N T S DALF C2 - Sciences / Lettres et sciences humaines Le journaliste : Y en a beaucoup comme ça ? Mlle L : Bon, peut-être qu’il y en pas encore beaucoup mais de plus en plus. Mme P : Vous voyez, le rôle de l’école a changé. Nous avons aujourd’hui un taux de scolarisation proche de 100 % ; c’est formidable. Ce n’était pas le cas il y a cent ans, et c’est très bien. Mais la société a évolué et si l’école ne le fait pas il y aura de plus en plus de jeunes comme ceux que décrit Mlle Lesueur. M. C : L’école évolue, croyez-moi. Elle fait face à de nombreux défis et elle les relève. Le niveau des études ne cesse d’augmenter. On uploads/Histoire/ c2-l-ex2-transcriptions.pdf

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  • Publié le Apv 23, 2022
  • Catégorie History / Histoire
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