Expérimentations totalitaires (1917-1939) -Accroche : Lev et Svetlana (récit dé

Expérimentations totalitaires (1917-1939) -Accroche : Lev et Svetlana (récit découverte de leur histoire et narration de leur histoire) I. Des idéologies différentes, mais qui se rapprochent sur certains points cruciaux. II. Des pratiques politiques communes : des sociétés sous surveillance à nuancer résistance (de Lev aux tentatives d’assassinat contre Hitler) III. Des diplomaties antagonistes, qui vont finir par converger et conduire le monde à la guerre. -point de passage : Guerre d’Espagne. -rapprochement germano-soviétique Les expérimentations totalitaires 1917-1939. -La Première Guerre Mondiale constitue un choc si déstabilisant qu’elle amène certaines sociétés désespérées à se tourner vers un nouveau modèle de dictature, le régime totalitaire. C’est tout d’abord le cas de la Russie qui, après la Révolution d’Octobre 1917 menée par Lénine, expérimente une révolution communiste bien plus radicale que celles qui avaient la France et l’Europe depuis 1789. Puis, c’est autour de l’Italie de se tourner vers un régime totalitaire fasciste à partir de 1922. En Allemagne, c’est plus tardif ; il faut que les effets de la crise de 1929 s’ajoutent à ceux du Traité de Versailles pour qu’Hitler parvienne en 1933 au pouvoir démocratiquement contrairement à Lenine et Mussolini. Il instaure un IIIème Reich qui pousse à l’extrême la logique fasciste avec le nazisme. -Pourquoi range-t-on dans la même catégorie les régimes fascistes et communiste alors que leurs idéologies sont opposées ? En quoi ces régimes totalitaires se distinguent-ils des dictatures « traditionnelles » ? Pourquoi les régimes nazi et soviétique, après s’être combattus lors de la Guerre d’Espagne, concluent-ils un pacte en 1939 qui va précipiter le monde vers la 2 nde Guerre Mondiale ? I. Des idéologies opposées, mais convergentes : le culte de l’Homme Nouveau. A. Des idéologies à 1 ère vue antagonistes : communisme contre fascisme. -Le communisme, inspiré par Marx, a pour objectif de supprimer les inégalités et les classes sociales, mais aussi les frontières et les nations grâce à une révolution mondiale qui unira les peuples pour instaurer enfin l’Egalité. Il aspire à révolutionner tant l’économie pour la collectiviser que la société : il faut détruire la bourgeoisie, les religions et émanciper les femmes. -A l’inverse, les fascismes rejettent violemment le communisme et son idée d’égalité entre les êtres humains. Il y a des races et des hommes supérieurs qui doivent dominer : l’impérialisme, la colonisation et la guerre nationaliste, combattues par les marxistes, sont tout à fait légitimes. Le nationalisme imprégné de racisme et d’antisémitisme des nazis est à l’opposé de l’idéologie communiste internationaliste et antiraciste. De plus, si les fascistes veulent changer la société, ils sont tout de même plus conservateurs que les révolutionnaires soviétiques ; ils ne comptent supprimer ni les classes sociales ni le modèle patriarcal machiste ni les religions, même s’ils ne les aiment pas. B. mais, malgré tout, des convergences idéologiques cruciales. -D’une part, ces 3 régimes totalitaires se rejoignent dans la certitude qu’il faut aller bien plus loin dans le contrôle de la société que les dictatures classiques. Il ne faut pas se focaliser sur le pouvoir politique, comme dans l’ancien régime tsariste; il faut contrôler jusqu’à l’économie, la société et les arts. La terreur est nécessaire pour contrôler la société et réussir à créer un « Homme Nouveau ». - C’est une différence avec les dictatures traditionnelles ; elles n’entraient pas dans l’intimité des gens pour changer en profondeur leurs valeurs et leur psychologie. Les fascistes sont obsédés par l’idée de créer un Homme Nouveau ayant l’esprit de sacrifice pour sa Nation, un guerrier courageux et cruel, la femme étant vouée à être une mère reproductrice de la Race. Pour les communistes, hommes et femmes doivent poursuivre le même objectif : mettre de côté leur individualité pour travailler le plus possible (Stakhanov) non pas pour l’argent comme dans le capitalisme, mais pour construire un nouveau monde solidaire. Même les appartements sont redessinés et redivisés pour devenir collectifs. -D’autre part, malgré leurs différences, les idéologies totalitaires se rejoignent dans certaines de leurs haines : elles exècrent le capitalisme et la démocratie libérale ainsi que les libertés individuelles. II. Des pratiques communes pour encadrer les sociétés. A. Beaucoup d’analogies dans leurs modes de fonctionnement. -Ces 3 régimes présentent de nombreuses caractéristiques communes : culte du chef, parti unique, interdiction des syndicats et des opinions dissidents, propagande permanente, police politique et déportations de masse vers les camps de concentration ou le réseau du Goulag. B. Deux tempos et usages différents de la violence : « nuit de cristal »/grande terreur - Les dirigeants soviétiques sont confrontés à une équation complexe : ils ont le projet totalitaire le plus radical qu’ils veulent appliquer à un pays « arriéré », la Russie, où les communistes sont minoritaires, surtout dans les campagnes. Lenine (1917/24) puis Staline (1924/29-1953) estiment qu’il n’y a pas d’autre choix que d’user d’une violence de masse extrême dès le début afin de changer le monde à tout prix ; des millions d’exécutions et de déportations au Goulag ont lieu dès 1918-1919. Le processus est différent avec le IIIème Reich : jusqu’à 1939, il se restreint dans l’usage de la terreur. - Certes, dès le début, le régime nazi commence à déporter massivement les opposants, surtout des communistes et socialistes. Toutefois, les mises à mort restent relativement peu nombreuses. Le sort des Juifs, ennemi obsessionnel, est significatif. Dès 1933, ils sont victimes de vexations et de persécutions. Les Lois de Nuremberg de 1935 en font des citoyens de seconde zone soumis à un implacable apartheid social et même sexuel, interdits de nombreuses professions pour briser leur influence et écartés des lieux publics. Toutefois, la violence physique de masse contre les Juifs n’arrive qu’en 1938 lors de la « nuit de cristal » ; des milliers de synagogues et de commerces « juifs » sont attaqués, des centaines d’individus battus à mort. L’objectif est bien de terroriser les Juifs, d’habituer la société allemande à haïr et maltraiter les minorités . Cependant, il ne s’agit pas encore de déporter ou d’exterminer tous les Juifs ; on les encourage à émigrer. C’est lors de la Guerre que la brutalité du régime nazi va atteindre son paroxysme et révéler toute son effroyable brutalité. -La majorité de la société allemande peut être d’autant plus tentée de fermer les yeux que la violence du régime nazi se concentre sur des minorités clairement identifiées et pas toujours aimées. Beaucoup d’Allemands peuvent se dire que s’ils jouent le jeu, prêtant serment et adhérant au parti nazi, ils ne risquent rien dès lors qu’ils ne sont ni Juifs ni Tsiganes ni handicapés ni homosexuels …En revanche, la terreur de masse soviétique devient avec Staline si systématique et imprévisible que nul ne peut se sentir en sécurité : lors de la grande terreur de 1938, 2 millions d’individus sont exécutés et déportés. Or, si avec Lénine, on se concentrait sur les ennemis de la Révolution ; avec Staline, tout le monde devient suspect. 80% des cadres du parti communiste et des généraux sont exécutés. Même les héros de la Révolution communiste de 1917 peuvent être arrêtés, torturés jusqu’à ce qu’ils avouent être des « traîtres », voire des espions à la solde des « impérialistes ». Kamenev, Zinoviev, Boukarine et le brillant général Toukatchevski sont les victimes les plus célèbres. (- Faut-il voir dans Staline un Machiavel usant du communisme et de son système de terreur pour satisfaire à la fois sa paranoïa et sa soif de pouvoir absolu ? Ou un communiste convaincu, fanatique prêt à livrer une guerre sans merci à toute la société russe pour lui faire accepter la collectivisation, l’industrialisation et la modernisation à marche forcée ? Staline est-il un croyant de la cause communiste pour qui quelques millions de morts et de déportations sont un prix acceptable si cela permet de changer le pays, et de faire avancer l’humanité vers le « paradis socialiste » ? A moins que la situation ne soit plus ambiguë ; le climat de terreur instauré par Staline pousse ses subordonnés à voir des traîtres partout pour être bien vus….Et plus on arrête, et plus les captifs torturés dénoncent des traîtres, ce qui conforte Staline et le régime dans l’idée qu’il y a bien un complot avec de multiples ramifications…Ces questions sur les origines et les dynamiques de la Grande Terreur divisent les historiens.) ( C. Une terreur de masse qui n’empêche pas des résistances. -Même en URSS, où dans les années 1930, le contrôle totalitaire atteint des niveaux inimaginables qui vont inspirer George Orwell (La ferme des animaux, 1984), des êtres humains trouvent la force de résister. C’est notamment le cas du poète Ossip Mandelstam veut à tout prix écrire pour témoigner de la souffrance du peuple russe livré à la déportation par cette révolution qui avait promis de le libérer. Il attaque Staline dans l’un de ses poèmes quitte à en mourir. Il est déporté et retrouvé défenestré (1938) ; sa veuve Nadejda, qui a appris par cœur ses poèmes, va risquer sa vie pour sauvegarder son œuvre. C’est également le cas de « Russes uploads/Histoire/ experimentations-totalitaires-de-1917-a-1939.pdf

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  • Publié le Jul 07, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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