i - . ; Louis* Jean Calyet linguistique et ' , c colonialisme petit traité de g

i - . ; Louis* Jean Calyet linguistique et ' , c colonialisme petit traité de glottophagie D U M ÊM E A U T E U R , A LA M ÊM E L IB R A IR IE l Roland Barlhes : un regard politique sur le signe ( P B P 225). Pour et contre Saussure ( P B P 266). La production révolutionnaire. Slogans, affiches, chan­ sons. Marxisme et linguistique. Les jeux de la société. Langue, corps, société. louis-jean calvet linguistique et colonialisme petit traité de glottophagie 352 petite bibliothèque payot 106, boulevard saint-germain, 75006 paris « Voler son langage à un homme au nom même du langage, tous les meurtres légaux commencent par là. > (Roland Barthes) « Jack wold be a gentilman if he coude speke frensske. * (proverbe anglais du moyen âge) Cet ouvrage a été précédemment publié dans la • Bibliothèque Scientifique > aux Éditions Payot. Nouvelle édition revue pour la • Petite Bibliothèque Payot * . Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Copyright © Payot, Paris, 1974. QUATRE ANS APRÈS.. Deux avril 1974 : la première édition de ce livre sortait des presses le jour où mourait Georges Pompidou. Et, trois ou quatre jours plus tard, l’avion devant me mener à Abidjan partait avec deux heures de retard, attendant un personnage de marque, le président Houphouët-Boigny qui, avec nombre d'autres chefs d’E tat africain, venait d'assister à l'enterrement du susdit. Mûri sous De Gaulle, écrit sous Pompidou, ce livre a donc jusqu’ici vécu sous Giscard d’Estaing. Mais ces changements successifs ne changent pas grand-chose du point de vue africain : Foccart en moins, chasse aux fauves en sus, certes, tandis que les interventions au Zaïre, au Tchad, en Mauritanie et ailleurs continuent de fournir aux électeurs un petit frisson d'aventure, colorant le présent de couleurs militaristes empruntées à un passé bien proche... Les présidents passent donc sans que trépasse le néo-colo­ nialisme, ce qui bien sûr ne surprendra pas ceux pour qui l’histoire n'est pas faite par quelques hommes, fussent- ils autoproclamés « providentiels », mais bien par des luttes, des rapports de forces, des intérêts économiques antagonistes. Linguistique et colonialisme mêlait, mêle toujours, déli­ bérément deux propos et deux tons. Décrivant de façon 6 QUATRE ANS A PR È S ... très classique, « universitaire », dans sa seconde moitié (!) des situations particulières empruntées à l’Afrique ou à l’Europe, il tentait (tente) dans sa première moitié une approche des liens idéologiques entre une science, la linguistique, et l’Histoire dans sa version coloniale. S’il faut tenter aujourd'hui d'en apprécier l’impact et la postérité, ils seront très différents selon le propos retenu Du point de vue des études particulières, nombreux sont les textes qui nous apportent de nouveaux matériaux, de nouvelles analyses. Deux ouvrages (Balibar, Laporte 1974; Certeau, Julia, Revel 1975) ont approfondi l’analyse de cette période ambiguë où, au cœur de la révolution française, le pouvoir commençait d'imposer une langue « nationale », rejetant du même coup vers la gesticu­ lation folklorique les langues et les cultures régionales. D'autres sur un mode plus passionnel relataient le choc créé chez eux par l’imposition de la langue centrali­ satrice (Duneton 1973). Par ailleurs, dans des études plus proprement linguistiques, une critique idéologique et épis- témologique des fondements de la science a lentement vu le jour (Corsetti 1976; Boukous 1977), non sans quelques emprunts au présent ouvrage, pas toujours signalés : mais n’est-ce pas ainsi que les idées progressent... Lors d'un tout récent congrès tenu au Pays de Galles, à Aberystwyth, de nombreuses communications effleu­ raient le même problème en tentant de répondre à la question : comment les langues gagnent-elles du terrain (Dressier 1978; Lewis 1978; Mahmud 1978)? Et l’année précédente à Alger (mai-juin 1977), un colloque posait d'emblée le problème des liens entre les instances cul­ turelles (langue, littérature, cinéma) et le colonialisme. Les choses n'ont pas pour autant évolué au sein même de la linguistique. Certes on utilise désormais les termes dialecte ou patois avec plus de prudence, mais la ter­ minologie américaine continue allègrement de jeter pêle- mêle sous le terme lingua franca des situations très (■) D ont j'a i retran ch é pour cette édition en livre de poche un ch ap itre tro p spécialisé. « Les em p ru n ts du bam bara à l'arab e et au français ». Ql ATftE ans après... 7 diverses, langue coloniale, langue véhiculaire (Scotton 1978)... Quoi qu'il en soit, les vrais changements, si changement il y a, sont ailleurs : dans les mentalités. En Algérie et au Maroc, où l’on ignore superbement les langues du peuple, les seules langues parlées (arabe, kabyle, berbère) pour imposer comme langue officielle une langue morte, les gens commencent à relever la tête. Un peu partout en Afrique les locuteurs se déculpabilisent, n’ont plus honte de parler autre chose que le français ou l’anglais. Le reste, je veux dire les changements de politique linguistique, les choix administratifs ou scolaires, viendra peut-être, mais le terrain est peu à peu en train de s’y préparer, et c’est là le plus important. Le cas de la Guinée, de la Tanzanie, de Madagascar, où les langues nationales sont enseignées à l’école, toujours minoritaire certes, a ainsi quelques chances de s'étendre. E t lorsqu'en 1977, confronté au Mozambique à un choix linguistique aberrant, celui du portugais comme langue d’enseignement et d'alphabétisation, j'exprimais mes réticences, j ’eus la surprise de trouver en face de moi des interlocuteurs justifiant leur politique mais ouverts au dialogue, à la discussion. Il ne s’agissait plus d’une évidence (le portugais comme seule langue « apte » à remplir ces fonctions) mais d'un choix que l’on pouvait mettre en question : les mentalités changent. En ce sens la volonté militante de ce livre est toujours actuelle. Les changements dépendent des luttes populaires et de leur traduction politique, mais ils sont toujours à l’ordre du jour. Moins nette, par contre, est l’évolution de la linguistique elle-même. La redécouverte et la traduction en anglais puis en français d’un texte sovié­ tique de 1929 (Bakhtine/Volochinov 1977) nous fournit enfin le cadre potentiel d’une critique idéologique : si le signe est le phénomène idéologique par excellence, il faudra bien en venir à l’approche idéologique des sciences 8 QUATRE ANS A PRÈS.., sémiologiques. Sur ce terrain les choses vont lentement. La linguistique tente, ici ou là, de se repeindre à neuf, aux couleurs de la sociolinguistique, mais les vrais chan­ gements ne seront possibles qu'après une évaluation sérieuse des fondements du structuralisme dont nous sommes, que nous le voulions ou non, les héritiers. Si les changements politiques dont nous parlions plus haut relèvent des luttes populaires, ces changements relèvent de notre propre pratique. La critique de la linguistique concerne tout le monde, singulièrement dans les pays où, par le biais de la planification linguistique, la science se transmue en politique. Mais elle concerne tout de même au premier chef les linguistes. Et un énorme travail reste ici à faire : notre travail... L.-J. C., octobre 1978 RÉFÉR E N C E S Mikhail Bakhtine (V. N. Volochinov), Le marxisme et la philo­ sophie du langage, Paris 1977. Renée Balibar, Dominique Laporte, Le français national Paris 1974. Ahmed Boukous, Langage et culture populaire au Maroc, Casa­ blanca 1977. Michel de Certeau, Dominique Julia, Jacques Revel, Une politique de la langue, la révolution française et les patois, Paris 1975. Renato Corsetti (ed.). Lingua e politica, imperialismi identità nazionali e politiche linguistiche in asia africa omerica latina, Roma 1976. Wolfang Dressier, Acceleration, retardation and reversal in lan­ guage decay, communication à la « Conference on language ■ spread », Aberystwyth 1978. Claude Duneton, Parler croquant. Paris 1973. Glynn Lewis, The numerical decline of the welsh language, and the agencies and characteristics of its functional advance, Aberystwyth 1978. I'shari Mahmud, Language spread as a wave-like diffusion process : arabic in the southern sudan, Aberystwyth 1978. Carol Myers Scotton, Lingua Francas as White Elephants, Aberystwyth 1978. INTRODUCTION Ce livre est né d’une double expérience. Celle de la linguis­ tique, que l’auteur enseigne depuis cinq ans, celle des pays coloniaux et néocoloniaux où il a passé la moitié de sa vie. Une science humaine et le colonialisme : quels rapports? On verra au centre de cet ouvrage la postulation d’une double relation entre celle-là et celui-ci : une relation de production partielle, au plan idéologique, et une relation de description. Nous disposons aujourd’hui d’un certain nombre d'études sur l’histoire de la linguistique ou plutôt, la linguistique en tant que science étant d’apparition récente, sur l’histoire de l’approche du langage et des langues. Pour ne citer que des textes récents, Georges Mounin, R. H. Robins, Maurice Le­ roy, G. Lepschy, C. Tagliavini, d’autres encore, ont rassemblé et mis en forme d’importants documents. Sans parler des études particulières, C. G. Dubois pour le xvi» siècle, M. Du- chet et C. Porcet pour le x v i i i ® , ainsi que S. Auroux, etc. Ces travaux, bien informés, très bien uploads/Histoire/ calvet-linguistique-et-colonialisme-petit-traite-de-glottophagie.pdf

  • 16
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Mai 18, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
  • Taille du fichier 4.8947MB