- 1 - 1 ANDRE CHARPENTIER L'ABBAYE D'AYWIERS AUX ORIGINES DE LASNE… ET DE L'EUR
- 1 - 1 ANDRE CHARPENTIER L'ABBAYE D'AYWIERS AUX ORIGINES DE LASNE… ET DE L'EUROPE - 2 - 2 A la mémoire d’Yvonne Limauge . - 3 - 3 AVERTISSEMENT Ce petit ouvrage (1) s'adresse aux personnes encore intéressées à juste titre par une généalogie authentique, qui n'est pas seulement l'histoire de leur famille, ni même celle de leur environnement régional, mais, comme on le verra, de toute la "maison Europe". Maison aujourd'hui divisée contre elle-même, avec toutes les conséquences qu'on peut prévoir.. Mais sa culture la plus ancienne, aujourd'hui plus que menacée, garde de "beaux restes " qu'on va tenter de remettre en lumière Et ce qui va nous aider à le faire, c'est un incident infime survenu à propos des armoiries de notre commune, et qui a pris par la suite des dimensions imprévisibles. En effet, il a permis d'appliquer à notre abbaye - peut-être le plus modeste des mille monastères cisterciens recouvrant toute l'Europe - cette formule adaptée de Virgile : "Ab una disce omnes " ( "A partir de celle-ci, apprenez à connaître toutes les autres"). Et de rappeler le rôle civilisateur unique de ce réseau, à l'origine de la civilisation médiévale, trop tôt minée par la destruction de l'Ordre du Temple. (2) Car on a cessé depuis longtemps, en dépit des opinions vulgaires, de tenir le moyen âge pour une époque obscure (3) (1) Il ne fait nullement double emploi avec celui de Désiré Denuit Les Blanches Dames d'Atwiers , dont l'histoire commence là où s'achève la nôtre. (2) Voir Georges Duby, l'Art Cistercien. (2) Ce sont des Renaissants qui ont traité les cathédrales, auxquelles ils ne comprenaient plus rien, de gothiques (barbares). On n'en est heureusement plus là, quoique le symbolisme sur lequel elles se fondent reste toujours très largement incompris. - 4 - 4 Mais qu'est-ce qu'une civilisation ? Quand on emploie ce terme, on doit penser d'abord à une certaine prospérité matérielle. Car avant de philosopher, il faut vivre : et c'est à quoi contribuaient les six millions (sic) d'hectares mis en culture au XIIIème siècle Cela dit, il faut admettre que l'organisation matérielle, plus que jamais prioritaire pour nos contemporains, leur fait trop souvent oublier qu'à l'origine elle était entièrement subordonnée au projet spirituel et politique - à savoir cistercien et templier - dont on verra qu'il allait faire revivre la seule "Europe Unie" qui ait jamais existé. En face de ce phénomène monastique, nous avons bien dû constater que les progrès matériels de notre "modernité" tant vantée, n'arriveront jamais à compenser la destruction, désormais irréversible, de l'ordre naturel. Mais en cette matière, on ne doit cultiver ni pessimisme, ni optimisme, qui ne sont que les deux faces d'une même erreur. (1) Nous espérons donc montrer, par l'exemple de notre modeste abbaye, que sa destruction matérielle pourrait bien être compensée par une survie, voire une renaissance d'un tout autre ordre. Ce sera au lecteur d'en juger. (1) Voir à ce propos René Guénon, Orient et Occident, chap.I : Civilisation et progrès. (2) Selon Georges Bernanos, le pessimiste est un imbécile triste, et l'optimiste, un imbécile heureux. - 5 - 5 LA VRAIE HISTOIRE D’AYWIERS "ll y a deux histoires : l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète, où sont les véritables causes des événements." Honoré de Balzac AVANT-PROPOS Petite cause, grands effets . Tout récemment, comme par un caprice du destin, se produisit un fait, d'aspect anodin, mais qui allait se révéler pour nous riche de conséquences. Il s’agit de la remise en usage par nos services communaux des armoiries de Lasne, entité à laquelle appartient aujourd’hui le site d’Aywiers. (1) Elles figurent désormais à ce titre sur tous nos documents officiels; y compris les plus modestes. (2) Episode strictement local, donc, du moins en apparence. On verra pourtant qu'il permet, en remettant au jour les origines lointaines de notre monastère, d'éclairer un mode de vie dont le monde actuel, s'il en est encore temps, pourrait tirer certaines leçons. (1 ) Prononcer Evières. (2- Les voici, telles qu'elles triomphent sur nos "sacs-poubelles" (sic). - 6 - 6 Notre étude se divise en trois parties, dont.la première s’intéresse avant tout à l'héritage intellectuel sur lequel se fondaient les institutions médiévales, aussi bien politiques que religieuses, dont relevait notre monastère. Celui-ci n’est donc pas notre objet exclusif. ni même principal. Nous ne voyons en lui qu’un témoin, plus accessible que bien d'autres, puisque tout proche – d’un état de civilisation aussi remarquable qu’oublié. il s’agit en fait de retrouver, dans un passé lointain, les traces d’un "style de vie" tout autre, seul moyen de juger le nôtre à sa juste valeur. En effet, comme l’a fort bien remarqué le romancier Evelyn Waugh :- "Comment comprendre un monde d’où l’on a chassé tous les éléments de comparaison ? " C'est pourquoi nous ne contenterons pas de récuser la légende encore trop répandue des "ténèbres du moyen âge". Car c'est ce moyen âge qui, au temps de sa splendeur, a construit, dans la foulée de l’Empire romain, une vraie unité européenne, et de la seule façon qui soit durable, par la solidarité et le dévouement au bien commun. Le lecteur qui s'intéresserait plus à cette activité acharnée qu'aux principes sur lesquels elle se fondait pourra sans inconvénient passer directement à la seconde partie, qui tire les leçons de l’histoire sous le titre assez actuel d’ "Ecosystème idéal ".. Quabt à la troisième, elle envisage des origines encore plus reculées dans le temps, et dont les "mythes", si invraisemblanles qu'il paraissent aujourd'hui, sont pourtant plus véritablement réels que la plupart de nos prétendues "réalités". - 7 - 7 PREMIERE PARTIE CH. I LES ORIGINES (PRE)HISTORIQUES Comme nous le laissions entendre, toute cette histoire commence par une anecdote d’apparence assez futile. Il faut savoir que notre florissante commune s'était avisée récemment, selon un usage fort répandu, de se doter d'armoiries en bonne et due forme. Et même d'en imaginer de toutes pièces, s'il en était besoin … C’est ici que le Destin intervint, en remettant en lumière le seul blason authentique de l’Abbaye, qui est d'ailleurs toujours attribué à Lasne par l'Armorial des communes belges. Or, sans que nul ne s'en doute, ces armoiries évoquent en tous points les origines les plus lointaines de l'abbaye d'Aywiers . Encore faut-il pour cela apprendre à les "lire". Or l'héraldique actuelle (1), trop étroitement spécialisée, n'y suffit pas, et voici pourquoi. - D'abord, la langue des symboles sur laquelle elle se fonde est aujourd'hui très largement oubliée, y compris des experts. - De plus, son code, assez simple à l'origine, est devenu, justement vers la fin du moyen âge, et sous l'effet de divers intérêts "claniques", d'une complication à peu près inextricable. Il s'agira donc pour nous d'en revenir à ses origines, dont on verra quelles sont littéralement préhistoriques. - 8 - 8 (1) L'héraldique, ou science du blason, est un langage codé, usant, en place de mots, d'images symboliques,.ou plus simplement encore de couleurs (comme en Ecosse, et jusque dans la forêt amazonienne ! On a vu que forme et couleur interviennent l'unE et l'autre dans nos armoiries... Et comme notre lecteur a sans doute autre chose à faire que de se plonger dans les traités de symbolisme, proposons-lui la méthode naïve, mais éprouvée, qui consiste à s'instruire sur le tas . Jetons donc un premier coup d'oeil à cette devinette lasnoise. Elle se compose de trois éléments, dont on va voir que chacun a un sens très précis et participe à la parfaite cohérence de l'ensemble. Il s'agit d'un écu mi-parti , présentant à la gauche du spectateur - c'est-à- dire à dextre (1) - une crosse entourée de sept étoiles d’or, sur fond bleu (céleste), et à senestre trois coquilles, originellement rouges, sur fond blanc. (Voir notre page de couverture) (1) Première leçon : dextre et senestre sont notre droite et notre gauche. On voit que l’héraldique les inverse , car elle se me, par respect, ”à la place” du symbole. La droite ayant ( comme elle l'a encore pour nous) priorité sur la gauche ( réservée à l'humanité , et donc toujours susceptible de quelque sinistre gaucherie ), on y trouvera donc la partie la plus sacrée du blason. Ce dernier avait été enregistré officiellement en 1694 dans les termes suivants : d’argent à trois tourteaux de gueules ( autrement dit : blanc et rouge.) Or, assez récemment (1925), ces coquilles rouges sont devenues noires, sans qu’on sache trop pourquoi. Retenons les couleurs d’origine, qui ont leur importance, comme on le verra dans la suite. - 9 - 9 Commençons par ces coquilles , dont l'interprétation va de soi, puisqu'elles évoquent sans doute possible le pèlerinage à St Jacques de Compostelle. Et si elles sont là, c'est pour témoigner que notre abbaye, avec celle de Villers, était jadis une étape importante sur le parcours des célèbres "chemins " (caminos ). (1) Mis c'est la dextre du blason qui nous pose une vraie énigme avec sa crosse abbatiale encadrée de sept étoiles, emblème qui la sacralise visiblement. Cette uploads/Histoire/ abbaye-d-aywiers.pdf
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- Publié le Jan 12, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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