Jean-Claude BARBIER Images du Togo d'autrefois nOS # SOKODE UN SIÈCLE D'IMAGES
Jean-Claude BARBIER Images du Togo d'autrefois nOS # SOKODE UN SIÈCLE D'IMAGES Bernard KLEIN .1 Edifions HAHO Lomé' Editions KARTHALA Paris Sokodé, un siècle d'images Collection « IMAGES DU TOGO D'AUTREFOIS» dirigée par Yves MARGUERAT Titres déjà parus nO1 - Yves Marguerat, Lomé, une brève histoire de la capitale du Togo. 1992, 64 p. nO 2 - Yves Marguerat et Lucien Roux; Trésors cachés vieux Lomé, l'architecturepopulaire ancienne de la capitale du Togo. 1993, 164 p. nO 3 - Philippe David, Hommage à AlexAcolatsé, l'un despremiersphotographes togolais (1890-1975). 1993,48 p. no 4 - Yves Marguerat, L'architecturefrançaise et lœuvre de Georges Coustère au Togo. 1999, 114 p. A paraître nO 6 - Nicoué Gayibor, Michel Goeh-Akué et Yves Marguerat, . Aného et sa région à l'époque coloniale. Couverture La résidmce du préfet de Sokod!, dessin de Nicolas Chambon, 1991. Jean-Claude BARBIER Images du Togo d'autrefois n° 5 Sokodé, un siècle d'images 2007 Bernard KLEIN Edifions HAHO Lomé Editions KARTHAlA Paris des mêmes auteurs Sokoc/é, ville multicentrée du Nord-Togo ORSTOM Editions, Paris, 1995, 135 p. format 27 x 27 cm, série « Petit atlas urbain» L'édition de cet ouvrage a été réalisée grâce à l'appui de l'Institut régional de coopération développement IRCOD Région Champagne-Ardenne (France) Coordination technique: Elisabeth Blanchet Mise en page: Didier Massart Tous droits de traduction, de représentation, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays © Editions HAHO 2001 ISBN 2-913746-15-2 Introduction Après un siècle de changements, une agglomération comme Sokodé, qui est née d'un conglomérat de petits hameaux et villages pour devenir une ville de plus de 80 000 habitants, a besoin de regarder son passé. Dès lors que de nombreuses personnalités, autochtones ou étrangères, qui ont contribué à son histoire, sont encore vivantes, nous pouvons recueillir auprès d'elles l'histoire vécue, avec ses anecdotes, ses détails révélateurs des rapports sociaux d'une époque révolue, son ambiance, ses émotions. Nous avons particulièrement besoin de cette histoire-là, après des décennies d'action militante liée à la décolonisation et à l'indépendance, et qui, comme toute action engagée, n'est pas sans véhiculer des clichés et des slogans. Retrouver, grâce aux photographies, l'ambiance du temps et la façon dont les gens vivaient réellement permet de retracer, en quelque sorte, une histoire de la vie quotidienne. Bien sûr, la photographie de l'époque coloniale - ou le dessin, ou la peinture - ne dit pas tout. Elle a l'œil exotique, s'étonnant de l'habileté des artisans, admirant la richesse des parures traditionnelles, fouillant la densité des marchés en personnes et en produits, étalant les édifices monumentaux du pouvoir colonial, indiquant le « progrès» à travers une école ou un centre de santé. Elle n'est pas encore la photographie du journaliste pour s'insurger contre la misère, les épidémies qui frappent les hommes et les mauvais traitements infligés aux « indigènes ». Une ville qui a déjà un siècle d'existence possède une mémoire: les personnalités encore vivantes - qui apparaissent comme les sages, ceux qu'on doit consulter avant d'entreprendre toute chose - , mais aussi des sites antiques et d'anciennes maisons. A chaque ville, bien sûr, de les cacher ou de les montrer, de les détruire pour construire du « neuf» ou de les restaurer, de les laisser en friche ou de les inclure dans un circuit touristique afin de les valoriser. Le cheminement de la ville que nous proposons est tout simplement celui de l'histoire chronologique. Nous sommes d'abord en « pays kotokoli », où la société s'est organisée autour de chefferies coutumières qui, à la veille de l'arrivée des premiers Allemands, s'étaient dotées d'une magnifique cavalerie, les fameux sémassi (terme qui, en tem, la langue locale, désigne des cavaliers armés). Viennent ensuite les premières réalisations allemandes, faites avec méthode et conviction; puis l'émergence, à l'époque française, d'une agglomération qui deviendra une véritable ville. Grâce aux photographies et autres illustrations, c'est un cheminement dans la sérénité, où les personnes et les choses se donnent à voir, parfois comme des revenants d'un autre siècle qu'on accueillerait avec bonté. Nous ne ferons ni l'apologie du passé (apologie de la tradition ou du régime colonial), ni sa dénonciation. Nous appelons à la simple curiosité, à la contemplation. Connaître, ce n'est pas seulement enfermer les faits dans des « périodes historiques », des « politiques», des « systèmes socio- économiques» qui auraient été cohérents et systématiques. C'est aussi regarder avec les yeux, avec ses sens; c'est savoir accompagner du cœur et de l'esprit les anciens qui ont vécu avec toute leur densité d'hommes et de femmes. 3 Une savane giboyeuse Chasseur en 1954 (n° 1) Retour d'une chasse au phacochère dans la région de Sokodé. ranima! abattu est suspendu à un bois, qui est tenu par deux aides sur leur tête. Le chasseur porte son fusil, dont on voit l'extrémité des deux canons, à l'épaule droite. Il arbore une chemise tissée en coton local par les tisserands kotokoli, très réputés en cet art. Les anciens se souviennent que le site de la ville était très giboyeux, d'où le nom de « Sogodaï» anribué à cette région, indépendamment des noms des villages qui y existaient et de leur terroir (Kpangalam, Didaouré, Kouloungdè et Komah). Il s'agit du chasseur Moumouni Kparé, que nous retrouverons plus loin à la cour royale de Komah. 4 1- EN PAYS KOTOKOLI Portraits Parlant une langue, le tem, très proche du kabyè, les Kotokoli font indéniablement partie du paysage ethnologique du Nord-Togo. Ils sont entrés, avec les populations voisines, dans une dynamique générale établissant des différences culturelles comme autant de marqueurs identitaires, qui a abouti à une mosaïque de peuples. Ils sont ainsi restés à l'écart de la formidable dynamique homogénéisante de la civilisation adjatado qui a concerné les populations .plus m.: sud, tant au Togo qu'au Bénin. Il a suffi qu'un ancêtre, venu du pays gourma, introduise une semence politique pour coordonner des segments claniques au sein de chefferies villageoises, pour voir naître une culture originale, signifiée par des différences culturelles et des comportements économiques et politiques spécifiques. Grâce à une chefferie suprême, celle du Tchaoudjo, regroupant plusieurs chefferies entre lesquelles la royauté tournait, les Kotoko!i exerçaient, à la veille de l'arrivée des Allemands, une assez forte hégémonie régionale. Des portraits d'hommes el- de femmes, de chefs et de notables, de chasseurs et de guerriers, nous invitent à une lecture de ces différences qui individualisent tant un pays par rapport à d'autres. Femme au mouchoir de tête coloré, en 1914 (n° 2) Peinte par le paysagiste allemand Ernst Vollbehr, qui effectua un séjour au Togo du 26 janvier au 28 mars 1914. Elle porte au cou un pendentif avec une chaîne, plus un autre collier qui lui serre le cou avec une sangle et présente un large disque métallique. Sans doute le peintre lui a-t-il demandé de le regarder droit dans les yeux car ce n'est pas l'habitude des femmes (qui plus est mariée, comme l'indique le port du mouchoir) de regarder ainsi les hommes ou les personnes plus âgées_ 5 Portraits Jeunes hommes kotocoli en 1914 (n 0 3 et 4) Sur la première aquarelle, le personnage pone le grand boubou indigo brodé à la mode haoussa. Sur la seconde, le bonner de couleur rouge fair égalemenr panie des renues rradirionneJ1es. Hérirage - dir-on - de l'ancêrre Gadao, lequel s'enfonça dans le sol avec un rel couvre-chef, l'une de ses femmes n'ayanr alors que le remps de rerenir le bonner par son exrrémiré. Les scarificarions sur la joue révèlenr son idenriré clanique. 6 Portraits (nO 5 ,16) Femme et homme kotocoli en 1930 Le pagne qui sert de corsage à la femme est en coton tissé localement; celui qui couvre le bas de son corps semble de facture européenne (la femme est d'un rang social élevé pour pouvoir ainsi exhiber des pagnes). Lhomme, identifié comme étant Kérim Alidjo, originaire de Paratao, porte également des habits de coton traditionnels: bonnet, chemise et sous- vêtement. Lhabitat, couvert de chaume, reste rural. 7 Portraits 8 Femmes kotocoli en l'an 2000 (nO 7 et 8) Femmes de la famille Ayéva. Pagnes en coton rissé er voile de popeline « à la mode haoussa» sonr encore de rigueur de nos jours. Portraits 9 Chefs suprêmes du Tchaoudjo Cadao (n° 9) Lancêtre du clan mola, d'où sont issus les chefs du Tchaoudjo, est un nommé Gadao. riginaire du pays gourma, il s'installa en contrebas des montagnes du Malfakassa, à l'ouest, enrre Sokodé et Bassar, précisément à la source de la rivière Toumbou, affluent de la Mô. C'est là que se développa le premier village, Tabalo (celui-ci ayant été déplacé par la suite). Les pierres marquent J'endroit où l'ancêtre se serait enfoncé en terre. 10 Chefs suprêmes du Tchaoudjo Ouro Agoro Dam (ri 0 10) Premier chef suprême du Tchaoudjo (à Kpangalam), avanr 1800. Dam, en langue rem ancienne, corre pond à da, qui désigne une habirarion. Venu direcremenr de Tabalo, il fur le chef du village de Kpangalam. Ce chef enua dans cerre case, au lieu-tfir Modjolobo, pour y disparaîrre mysrérieusemenr, devenanr ainsi une diviniré prorecrrice de son village. 11 Chefs suprêmes du Tchaoudjo uploads/Histoire/ capture-d-x27-ecran-2021-10-12-a-23-04-38.pdf
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- Publié le Mar 10, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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