Anae BETITO GEOPO 1e2 L'âge d'or de la presse française débute à la fin du XIXe

Anae BETITO GEOPO 1e2 L'âge d'or de la presse française débute à la fin du XIXe siècle, comme en témoigne l'incident de Dreyfus. En effet, la presse a joué un rôle important dans la reconnaissance de l'innocence de Dreyfus, permettant de faire exploser cette affaire et de mobiliser l'opinion publique. Cependant, la liberté d'information a été constamment menacée tout au long du XXe siècle, que ce soit dans les régimes autoritaires ou dans les démocraties. Quelles sont les menaces à la liberté d'information ? Au début, la relation entre les médias et le pouvoir était compliquée : l'information pouvait être contrôlée pour limiter les freins et contrepoids. Dans la deuxième étape, cela peut conduire à un système d'examen qui peut prendre plusieurs formes. Enfin, l'information peut être manipulée pour servir ses intérêts. Dans un premier temps, la question du contrôle de l'information est un enjeu politique majeur au xxe siècle. En France, la loi de 1881 confère une liberté quasi totale à la presse écrite, ce qui aboutit à la multiplication de journaux d'opinion et d'information. Longtemps seule source d'accès à l'information, elle est concurrencée au début du xxe siècle par la radio, qui se répand en Europe et aux États-Unis dans les années 1920, puis après 1945 par la télévision, qui devient progressivement un média de masse. Ces deux nouveaux médias audiovisuels deviennent des outils de communication politique et restent longtemps dépendants du pouvoir. Ainsi, en France, une ordonnance de 1945 établit un monopole d'État sur la radio et la télévision, par la RTF (Radiodiffusion-télévision française) qui devient l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) en 1964. Charles de Gaulle considère les médias audiovisuels comme un service public national, c'est-à-dire une administration comme les autres au service du public et du pouvoir. Le chef d'État multiplie d'ailleurs ses allocutions radiophoniques et télévisuelles. La crise de mai 1968 constitue une véritable remise en cause du contrôle étatique sur l'information. Lorsque la crise étudiante devient sociale et politique, l'ORTF refuse de relayer les déclarations hostiles au pouvoir en place. En réaction, de nombreuses radios périphériques comme Radio Luxembourg ou Europe 1 voient le jour. Elles émettent depuis l'étranger pour échapper au contrôle de l'État et donnent la parole aux manifestants. La question de la liberté d'expression est au cœur de débats, ce qui ouvre la voie au renouvellement médiatique. En 1974, le monopole d'État sur l'audiovisuel s'assouplit. Il prend fin en 1982, ce qui permet une multiplication des chaînes de radio et de télévision sans lien financier avec l'État. La liberté des médias vis-à-vis du pouvoir politique n'évacue pas pour autant la question du contrôle de la production d'information. En effet, au tournant du xxie siècle, la concentration de la propriété des grands médias entre les mains de quelques groupes industriels et financiers s'accentue. Par exemple, en France, les groupes Dassault et Lagardère, deux fabricants d'armes, possèdent plusieurs journaux et médias. Cela a pour conséquence un risque de perte d'indépendance des médias vis-à-vis du système économique et politique, ainsi qu'un risque d'uniformité de l'information sous couvert d'une diversité de médias. Cela alimente la défiance de la population française à l'égard des journalistes et des médias traditionnels. Avec la révolution numérique des années 1990, l'apparition d'Internet et des réseaux sociaux, il est de plus en plus difficile de contrôler l'information qui circule. En effet, les sources d'information se sont démultipliées : chacun peut devenir émetteur d'information. Toutefois, la constitution de grands groupes de médias numériques comme Facebook ou Google réactualise l'enjeu du contrôle de l'information. Contrôler l'information permet de limiter sa production, sa diffusion et son accès. C'est ce qu'on appelle la censure. Cette dernière peut prendre plusieurs formes et provenir de plusieurs acteurs. D'abord, la censure est souvent utilisée en temps de guerre dans les pays démocratiques au xxe siècle. Ainsi, malgré la loi de 1881, la liberté de la presse est suspendue en France pendant la Première Guerre mondiale. Il s'agit en effet d'endiguer la propagation de nouvelles défaitistes ou alarmistes du front pour éviter la démoralisation des populations de l'arrière, mais aussi la diffusion de renseignements à l'ennemi. Les journaux sont systématiquement contrôlés et doivent s'appuyer sur des communiqués officiels pour la rédaction de leurs articles.À partir de 1940, sous l'Occupation, la censure est également rétablie dans les médias. Cela donne lieu à une véritable « guerre des ondes » entre les autorités vichystes (Radio-Vichy en zone libre) et les autorités allemandes (Radio-Paris en zone occupée) d'une part et la France libre du général de Gaulle d'autre part (qui s'exprime depuis le Royaume-Uni, par Radio-Londres sur la BBC). Certains États laissent une grande liberté d'expression aux médias en temps de guerre, ce qui peut tourner en leur défaveur. C'est le cas des États-Unis lors de la guerre du Vietnam (1964-1973). Les médias américains sont encouragés à couvrir le conflit et sont laissés relativement libres. Cette guerre est ainsi le premier conflit filmé en continu. Les images chocs de la guerre qui se diffusent dans les foyers, la connaissance des exactions commises par l'armée américaine participent à l'affaiblissement du soutien des citoyens et au retournement de l'opinion publique. Forte de ce constat, l'armée limite considérablement la liberté des journalistes lors de la guerre du Golfe (1991). La censure des médias n'a pas seulement lieu en temps de guerre. Ainsi, au tournant du xxie siècle, la question de la liberté d'expression demeure dans de nombreux régimes autoritaires. Selon l'ONG Reporters sans frontières, qui défend la liberté de la presse, plus de 70 pays menacent aujourd'hui gravement cette dernière. L'ONG a forgé la notion de prédateurs de l'information pour désigner les chefs d'État qui entravent la liberté d'informer des journalistes, allant parfois jusqu'à la maltraitance ou l'assassinat. Des États comme la Chine de Xi Jinping ou la Turquie d' Erdogan musèlent la presse afin d'empêcher toute critique du régime. Enfin, si l'accès à l'information est plus facile depuis la révolution numérique des années 1990 et la démocratisation d'Internet, ce média connaît également des tentatives de censure. Ainsi, la puissance de Google, Apple et Facebook leur permet de s'autoriser un droit de censure, en bloquant ce qu'ils considèrent comme des « discours de la haine » ou des images susceptibles de contrevenir à la décence. Ces actions sont difficilement maîtrisables par les États, qui se révèlent relativement impuissants face au pouvoir de ces géants du numérique.Certains États cherchent toutefois à les contrôler, afin de restreindre l'accès à l'information. C'est le cas en Chine, où Internet est encadré par un système complexe de censure. Facebook, Twitter, Google et YouTube sont notamment bloqués, ceci afin de neutraliser toute forme d'opinion critique. La surveillance permanente des utilisateurs par les autorités chinoises encourage l'autocensure. En dernier lieu, contrôler l'information permet de la manipuler dans le but de servir ses propres intérêts ou idées. L'enjeu d'un média libre est de diffuser des informations véridiques et objectives ; certains acteurs peuvent toutefois être tentés de manipuler l'opinion en leur faveur, en présentant une information sous un jour particulier. Ainsi, les États ont pu avoir recours à une certaine manipulation de l'opinion, notamment en temps de guerre. Pendant la Première Guerre mondiale, les gouvernements allemand et français cherchent respectivement à créer une opinion publique unanime favorable à la guerre. C'est pourquoi ils utilisent les journaux comme instruments de propagande. Le décalage entre les discours écrits dans les médias et la réalité vécue sur le front est alors qualifié par les soldats français de « bourrage de crâne » : les poilus sont systématiquement représentés comme héroïques et victorieux face à un ennemi diabolisé. Après l'intermède de l'entre-deux-guerres, la censure et la propagande sont réactualisées par le gouvernement de Vichy. Les journaux d'opinion publient des articles antisémites et maréchalistes. Cependant, une contre-propagande s'organise par le biais du développement d'une presse clandestine, issue de la Résistance. Par ailleurs, l'opinion publique, majoritairement hostile à l'occupant, se détourne largement de la presse d'opinion. La période d'occupation voit ainsi l'effondrement des tirages de la presse. La Seconde Guerre mondiale montre donc les limites de la propagande et révèle la capacité de l'opinion publique à conserver une certaine autonomie. Cette autonomie de l'opinion publique se vérifie après la révolution numérique des années 1990. Ainsi, les électeurs français ont refusé majoritairement la constitution européenne en 2005, malgré le fait que la campagne du « oui » a été bien plus relancée que la campagne du « non » par les médias traditionnels. La prolifération des sources d'information induite par Internet, la possibilité d'échanger sur les réseaux sociaux et de relayer son propre avis contribuent à cette autonomie. Cependant, cela contribue également à la dissémination des opinions individuelles et à l'affaiblissement des paroles autorisées. La défiance des populations à l'égard des médias traditionnels augmente, d'autant plus qu'ils sont attaqués par les politiques. Par exemple, Donald Trump a basé une partie de sa campagne sur la critique des médias, qu'il accuse de diffuser de fausses nouvelles. Pourtant, les médias traditionnels sont les garants d'une information vérifiée et documentée, par le biais du travail de journalistes professionnels. Ce n'est pas le cas uploads/Histoire/ anae.pdf

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  • Publié le Oct 03, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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