Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm CHAPITRE 2 LA RENAISSANCE Plan du
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm CHAPITRE 2 LA RENAISSANCE Plan du chapitre I. Eléments de culture musicale A. Josquin Desprez B. Les innovations de la Renaissance 1. La chanson 2. Les premières grandes pièces instrumentales de l'histoire 3. Les danses à la mode et l'apparition de la suite instrumentale 4. Le métier de facteur d’instruments II. Ce qu'il faut retenir III. Lexique du chapitre IV. Quizz et QCM : testez vos connaissances V. Bibliographie, discographie, sites internet Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm 2 I. ELEMENTS DE CULTURE MUSICALE La guerre de Cent ans, opposant anglais et français, s'est terminée en 1453 (dernier traité de paix signé en 1475). Désormais, chacun veut vivre en paix. L'architecture civile change. Les châteaux s'ouvrent sur l'extérieur (galeries, jardins, perrons, terrasses, pavillons…), les hôtels particuliers se multiplient. C'en est fini des châteaux forts et de leurs donjons. La Renaissance musicale débute vers 1460 à travers, entre autres, l'œuvre du compositeur Josquin Desprez (vers 1440-1521). Elle se poursuit tout au long de la brillante époque que fut le XVIe siècle. C'est François Ier (roi de France, première moitié du XVIe siècle) qui, le premier, accueille à sa cour une grande quantité de musiciens (chanteurs et surtout instrumentistes) : ceux-ci sont répartis entre la Musique de la Chambre (instrumentistes, chanteurs, musique de divertissement, de fêtes, instruments dits « nobles » : luth, guiterne, harpe, flûtes, épinette…), la Musique de l'Ecurie (musique militaire : bois et cuivres), la Musique de la Chapelle (chanteurs religieux). Cette tripartition de la musique (qui ne sera supprimée qu'à la Révolution) est toute nouvelle et offre de véritables emplois aux instrumentistes, facteurs d'instruments et autres musiciens. Les métiers de musicien et de facteur d’instruments s’officialisent. La Renaissance est la grande époque de l'épanouissement de la musique profane. Deux événements de première importance participent de cet essor : - Les progrès de la facture instrumentale (les ateliers de lutherie sont nombreux à Paris au XVIe siècle, environ 70). Il en est de même dans les grandes villes du royaume. - L'apparition de l'imprimerie musicale en 1501 (première partition imprimée à Venise). François Ier, roi de France de 1515 à 1547 Impression d'un livre au XVIe siècle Chanson Adieu mes amours de Josquin Desprez publiée par le vénitien Ottaviano Petrucci, le premier imprimeur européen à publier des partitions. Au temps de la Renaissance, beaucoup de pays accordent à la musique une grande place (France, Italie, Espagne, Empire germanique de Charles Quint…). Les mœurs ont évolué. Le plaisir est essentiel et chacun souhaite s'amuser. C'est pourquoi la chanson et la musique instrumentale sont à l'honneur dans l'œuvre des compositeurs. Sur le plan vocal, la Renaissance, en cultivant toutes sortes de genres musicaux, est considérée comme un âge d'or de la polyphonie. Les œuvres polyphoniques vocales sont également interprétées aux instruments mais peuvent également combiner voix et instruments. Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm 3 A. Josquin Desprez Josquin Desprez d'après un frontispice de partition Josquin Desprez. Portrait imaginaire réalisé sur la base du portrait de gauche. Conservé à l'hôtel de ville de Condé sur Escaut (près de Valenciennes), commune natale de Josquin. Josquin Desprez est un des premiers grands compositeurs de la Renaissance. Il travaille en France et en Italie. Prêtre, il sert diverses chapelles de musique. Son ministère religieux ne l'empêche nullement de composer beaucoup de chansons profanes, selon la mode de l'époque (Ecoute 1). Analyse de l'écoute 1 : - La « boudine » signifie le nombril. Le mot « boudinette » n'existe pas dans les dictionnaires de l'époque. - La chanson débute par des « imitations » : on dit que les voix entrent « en imitation » c'est-à-dire l'une après l'autre et en s'imitant. L'imitation est également cultivée dans le corps de la chanson. Elle masque la compréhension du texte. Il est difficile de saisir le sens des paroles sans avoir le texte sous les yeux (voir paroles ci-contre). - En revanche sur le refrain « Dessoubz la boudinette » les voix ne procèdent plus par imitation mais chantent en homorythmie (même rythme). Il semble que Josquin, avec son sens de l’humour, veuille nous faire comprendre les paroles sur ce passage. - Cette chanson allie ainsi les 2 techniques d'écriture appréciées des compositeurs de la Renaissance : l'imitation et l'homorythmie. - D'autre part, cette chanson se situe dans la veine grivoise, poétique et rieuse des chansons de l'époque. Ecoute 1 : Josquin Desprez, Allegez moy. 6 voix avec accompagnement de luth. Paroles de la chanson Allégez moy doulce plaisant brunette, Dessoubz la boudinette, Allégez moy de toutes mes douleurs. Vostre beaulté me tient en amourette, Dessoubz la boudinette. B. Les innovations de la Renaissance 1. La chanson La chanson après Josquin évolue de façon éblouissante. Parmi les nombreux compositeurs en activité, citons le très original Clément Janequin (vers 1485-vers 1560). Ce compositeur officie à Bordeaux entre 1505 et 1533. Après un détour à la cathédrale d’Auch, il rejoint son frère à Angers avant de s'installer, à la fin de sa Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm 4 vie, à Paris. Il est membre de la chapelle du duc François Ier de Guise dit « le balafré » avant de porter le titre de compositeur du roi Henri II (fils de François Ier) en 1555. Il compose peu de musique religieuse et illustre surtout son talent dans la chanson. Ce compositeur déborde d’humour et d’imagination. L’univers populaire imprègne la très drôle chanson Martin menoit son pourceau où un jeune couple se rend au marché et entreprend, en chemin, de s’adonner au « pêché de l’ung sur l’aultre ». Le texte de cette chanson a été écrit par le très célèbre poète au service de François Ier, Clément Marot. Paroles de la chanson Martin menoit son pourceau au marché. Avec Alix qui en la plaine grande Pria Martin de faire le péché De l'ung sur l'aultre, et Martin luy demande : « Et qui tiendroit nostre pourceau, friande ? « « Qui, dist Alix, bon remede il y a ». Lors le pourceau à sa jambe lya. Et Martin juche qui lourdement engaine. Le porc eut peur et Alix s'escria : « Serre Martin, nostre pourceau m'entraîne ». Ecoute 2 : Martin menoit son pourceau au marché, Clément Janequin (texte de Clément Marot) . Sous la plume de Janequin, Le chant des oiseaux s’anime laissant s’extérioriser le gai gazouillis de petits volatiles (merle, étourneau, roitelet, coucou, rossignol, oiseaux divers). Le compositeur introduit des onomatopées (mot évoquant un bruit, un son particulier) dans ses chansons. Véritable peinture onomatopéique, le chant du rossignol (Ecoute 3) est magistralement traité par Janequin (tutu, coquicoqui, fitifiti, trr trr, quibiquibi, turituri). En 1545, Nicolas Gombert (ca 1495- ca 1560) compositeur flamand au service de l'empereur Charles Quint, réalise un arrangement pour 3 flûtes de cette chanson (le rossignol prend plus que jamais vie à travers les nombreuses diminutions se mariant si bien à la flûte). Les diminutions consistent à utiliser des valeurs plus petites que celles qui sont initialement écrites (voir lexique) pour donner un effet plus virtuose (on dit que l’on « monnaye » les notes en valeurs plus petites). Vidéo 1 : Clément Janequin, Le chant des oiseaux. Ecoute 3 : Clément Janequin, Le chant des oiseaux, mettre la plage à 2'35 et écouter « le chant du rossignol » jusqu'à 4'02. Paroles : Clément Janequin, Le chant des oiseaux, (le chant du rossignol). Rousignol du boys ioly a qui la voix resonne pour vo’ mettre hors dennuy vostre gorge iargonne frian frian tr tar tar tu velici ticun tu tu qui lara fereli fi fi coqui oy ty trr turri huit teo turri quibi frian fi ti trr tycun quio fouquet fi fi frr Fuiez regretz pleurs et souci car la saison est bonne De même La chasse met en scène une chasse royale dont l’ordonnancement très strict est ponctué d’appels vocaux, de cris (parcy, va par cy), d’aboiements désordonnés de la meute (gnof gnof, iouf iouf), au son des trompes et des cornes. Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm 5 Le texte des chansons est un véritable enchevêtrement de mots traités en de nombreuses imitations par les voix. Ce style musical de la Renaissance magnifie le style polyphonique. Dans Le caquet des femmes, Janequin raconte qu’« estant oysif quelque journée », il surprit une conversation entre dames. Indiscret et curieux « je m’approchay et me mussay [dissimuler] près d’elles » pour « ouyr leur devis ». De simple babil, le commérage éclate en un véritable feu d’artifice de critiques des uns, de ouï-dire sur d’autres, de messes basses ou révélations secrètes, le tout assorti de rires, d’emportements ou de fâcheries. Janequin joue sur la phonétique des mots (ça caquète ça caquette, oye, oye, oye). Autre magistrale adaptation musicale d’une scène de vie, Les cris de Paris recrée l’ambiance des ruelles et places d’autrefois qui résonnaient alors de « cris » tour à tour populaires (marchands ambulants, petits camelots allant et venant criant leurs denrées uploads/Histoire/ chapitre-2-itemm-culture-musicale.pdf
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- Publié le Mar 09, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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