Claude Tresmontant ENQUÊTE SUR L’APOCALYPSE I Sommaire II Avertissement au lect

Claude Tresmontant ENQUÊTE SUR L’APOCALYPSE I Sommaire II Avertissement au lecteur Nous prions notre lecteur de nous tenir pour excusé : nous nous sommes efforcés de traduire en français courant les mots hébreux, grecs et latins des textes que nous citons. Nous ne nous sommes pas contenté de décalquer en français des mots latins qui sont des transcriptions en caractères latins de mots grecs, et des mots grecs qui sont des traductions de mots hébreux, comme c'est généralement l'habitude. En effet des gouvernements successifs en France ont exterminé l'étude des langues grecque et latine. Ces transcriptions et décalques de mots grecs et de mots latins sont donc devenus inintelligibles. Nous avons laissé en hébreu, dans leur hébreu natif, quelques termes techniques qui ne sont pas traduisibles en français courant, parce qu'il n'existe pas dans notre langue de mot correspondant. Dans ce cas-là nous avons expliqué le sens de ces termes techniques. Nous avons donc fait dans notre traduction en langue française ce qu'ont fait les inconnus qui, à partir du Ve siècle avant notre ère, ont entrepris de traduire de ''hébreu en grec, le grec classique du Ve siècle avant notre ère, la sainte Bibliothèque hébraïque. Lorsqu'ils ne trouvaient pas dans la langue grecque des mots capables de traduire les termes techniques concernant le Temple, la liturgie, les fêtes, etc., ils ont purement et simplement transcrit en caractères grecs les mots hébreux intraduisibles, ou bien ils ont forgé des mots grecs nouveaux qui n'existaient pas en grec naturel. Nous avons dans nos traductions, autant que possible, suivi l'ordre des mots de la phrase hébraïque, tout comme l'ont fait nos lointains prédécesseurs, les traducteurs de l'hébreu en grec. La phrase hébraïque commence généralement par le verbe : l'information entre dans l'oreille et donc dans l'esprit par l'action. Le verbe est suivi du sujet. Dans nombre de cas, le verbe au singulier est suivi de plusieurs sujets. Si le sujet est en tête, le sens est différent. On reconnaît immédiatement qu'un texte grec est traduit de l'hébreu à la forme de la phrase, — puisque les traducteurs en langue grecque suivent le texte hébreu mot à mot et pas à pas ; I — au fait que le lexique hébreu-grec traditionnel depuis le Ve siècle avant notre ère fonctionne d'une manière régulière ; — et au fait que, tout comme un pudding est farci de raisins secs et de fruits confits, le texte grec est farci d'expressions hébraïques intraduisibles en grec, et que pour cette raison les traducteurs les ont laissées en hébreu, simplement transcrit en caractères grecs. Mais pourquoi donc les antiques traducteurs de la sainte Bibliothèque hébraïque de l'hébreu en grec ont-ils adopté et suivi constamment ce système de traduction littérale, mot à mot, pas à pas, proposition par proposition, qui suit l'ordre de la phrase hébraïque mais renverse par là même l'ordre naturel de la phrase grecque? Tout simplement parce que cette traduction en langue grecque des textes hébreux sacrés était destinée aux frères et aux sœurs des communautés hébraïques de la Diaspora (Dispersion) dans les pays de langue grecque, tout autour du bassin de la Méditerranée. Ainsi les frères et les sœurs des communautés judéennes pouvaient-ils suivre avec le doigt la lecture de la sainte Torah et des prophètes, grâce à la traduction grecque littérale. C'est ce qui explique aussi que la traduction en langue grecque renferme des mots hébreux simplement transcrits en caractères grecs, mots qui étaient inintelligibles pour les Grecs : ce sont des mots familiers aux frères et aux sœurs des communautés dispersées sur tout le bassin de la Méditerranée. Les mots de cette traduction sont les mots de Platon, d'Eschyle, d'Euripide et de Sophocle, comme chacun peut le vérifier avec son dictionnaire grec-français préféré. La forme de la phrase est la forme hébraïque, puisque les traducteurs suivent le texte hébreu mot à mot. Il nous est ainsi possible de reconstituer le lexique hébreu-grec dont se sont servis les inconnus, des Judéens, qui ont commencé à traduire cette bibliothèque à partir du Ve siècle avant notre ère. Ce lexique est resté en vigueur et en exercice jusqu'au Ier et même au IIe siècle de notre ère. Au Ier et au IIe siècle de notre ère, les mots grecs de ce lexique hébreu-grec traditionnel étaient donc du grec archaïque, et non pas du tout le grec populaire des marchands, des soldats, des marins, etc. Pourquoi avoir conservé ce lexique hébreu-grec traditionnel ? Pour que les nouveaux textes hébreux que l'on traduisait de l'hébreu en grec II soient intelligibles pour les frères et les sœurs des communautés de la Dispersion dans les pays de langue grecque, habitués au vieux lexique hébreu-grec traditionnel. Le vocabulaire grec de ces traductions est un vocabulaire fixé et donc inamovible. Les traducteurs en langue grecque ont bien fait de conserver pour les traductions nouvelles la langue devenue archaïque de Platon, Eschyle, Sophocle et Euripide. Car rien n'est plus changeant, variable, et donc fragile, que les divers argots qui pullulent et disparaissent au cours des siècles. C'est la raison pour laquelle les grands théologiens des XIIe, XIIIe, XIVe siècles n'écrivaient pas leurs sommes théologiques dans leur patois italien natif, ni dans leur patois irlandais, mais dans un latin stabilisé et devenu immuable. Les traductions se faisaient de la manière suivante. Un compagnon lisait tout haut (hébreu qara) le texte hébreu sacré, proposition par proposition. Un compagnon bilingue entendait le texte hébreu et le traduisait oralement en grec. Un troisième compagnon, qui n'était pas tenu de savoir l'hébreu, écrivait proposition par proposition le texte grec de la traduction. C'est ce qui explique un certain nombre d'erreurs dans la traduction en langue grecque. Le compagnon bilingue a confondu un mot hébreu avec un autre qui avait le même son. L'erreur n'était pas possible s'il avait vu le mot hébreu écrit. Nous retrouverons une affaire de ce genre dans la traduction en langue grecque de l'œuvre de Joseph surnommé Flavius. Nous avons laissé aux noms propres hébreux, qui ont tous un sens, et aux surnoms, leur caractère natif et originel. Nous n'avons pas vu l'utilité ni l'avantage de transcrire en caractères français des transcriptions latines de transcriptions grecques de noms propres hébreux, devenus méconnaissables à travers toutes ces transcriptions, et dont la signification n'est plus discernable dans les transcriptions françaises. Or la signification des noms propres et des surnoms est très importante dans toute cette littérature hébraïque, comme nous aurons l'occasion de l'observer à plusieurs reprises, ainsi que les jeux de mots sur les noms et les surnoms. Il faut se rendre compte que dans le passage de l'hébreu au grec, du grec au latin, et du latin au français contemporain, il se produit un phénomène de diffraction ou mieux de réfraction, comme les rayons lumineux qui traversent un corps diaphane. Presque tous les termes de nos III traductions en langue française ont subi une telle déviation et sont donc des approximations. Lorsque nous lisons une traduction française moderne de la Bibliothèque hébraïque ou du Nouveau Testament grec, nous ne lisons pas le texte lui-même mais ce qu'il est devenu après ces diverses déviations de sens. C'est pourquoi, pour notre part, nous nous efforçons de nous tenir au plus près du sens originel. Dans nombre de cas, ce phénomène de réfraction à travers des milieux optiques différents aboutit à des contresens, des non-sens et des faux sens. En théologie cela a donné lieu à quelques catastrophes. Pour comprendre exactement le sens des concepts fondamentaux de la théologie catholique, il faut toujours remonter à la source, à la racine, c'est-à-dire à la signification hébraïque des termes. C'est ce que le pape Damase et son ami saint Jérôme ont appelé la veritas hebraica. IV PROLOGUE Nous avons déjà traduit et annoté l'Apocalypse en 1984 aux mêmes éditions. Nous supposons cette traduction connue du lecteur. Ici nous reprenons l'analyse de quelques textes, que nous traduisons à nouveau pour la commodité du lecteur afin d'essayer de découvrir — qui est Iohannam, — quand l'Apocalypse a été composée, — et quelle est sa signification générale. Ces trois questions sont d'ailleurs connexes. Selon la date que l'on attribue à l'Apocalypse, la signification et la portée du texte sont différentes. Le prophétisme hébreu fait partie de l'histoire de l'Univers, de la nature et de l'Homme, et à ce titre il doit être examiné scientifiquement et philosophiquement, tout d'abord pour savoir s'il existe, s'il est réel, et puis pour savoir ce qu'il signifie, ce qu'il enseigne. Essentiellement le prophétisme hébreu enseigne la finalité de la Création. Il n'y a aucune raison de laisser ce fait entre les faits, en dehors de l'analyse philosophique. Pour l'Apocalypse comme pour les prophètes hébreux antérieurs, il faut tout d'abord essayer de déterminer aussi exactement que possible ce que le prophète connaît, — ce qui est pour lui du passé ou du présent, — ce qu'il ignore, — ce qu'il peut prévoir à vues humaines, — et ce qu'il ne peut prévoir tout seul, — ce qu'il annonce pour l'avenir. Et comme nous venons presque vingt siècles après lui, uploads/Histoire/ claude-tresmontant-enquete-sur-l-apocalypse.pdf

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  • Publié le Mai 30, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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