Majoliques italiennes de la Renaissance COLLECTION PAUL GILLET FONDATION BEMBER

Majoliques italiennes de la Renaissance COLLECTION PAUL GILLET FONDATION BEMBERG Majoliques italiennes de la Renaissance musée des arts décoratifs de lyon COLLECTION PAUL GILLET FONDATION BEMBERG Majoliques italiennes de la Renaissance collection paul gillet du 25 juin au 27 septembre 2015 FONDATION BEMBERG Hôtel d’Assézat - Place d’Assézat 31000 Toulouse tél.: 33 (0)5 61 12 06 89 · fax: 33 (0)5 61 12 34 47 accueil@fondation-bemberg.fr · www.fondation-bemberg.fr Horaires d’ouvertures: La Fondation est ouverte du Mardi au Dimanche, de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18 h. Le Jeudi de 10h à 12h30 et de 13h30 à 20h30. La Fondation Bemberg aimerait remercier très particulièrement monsieur Maximilien Durand, directeur du MTMAD de Lyon et l’équipe du musée des Arts décoratifs de Lyon Cette exposition a été organisée en partenariat avec le musée des Arts décoratifs de Lyon S O M M A I R E La Collection Paul Gillet à la Fondation Bemberg par guillermo de osma 5 La majolique : un art et une technique par philippe cros 6 L’Attribution des majoliques istoriato de la Renaissance par timothy wilson 9 Les centres de production de la majolique italienne de la Renaissance par philippe cros 27 Catalogue des œuvres Notices par mesdames carola fiocco, gabriella gherardi et liliane sfeir fakhri 67 Bibliographie 255 5 LaCollectionPaulGilletàlaFondationBemberg L a FondationBembergaouvertsesportesàToulouseilyavingtans,aucœurdel’undesplusmagnifiques bâtimentsdelaRenaissancefrançaise,l’Hôteld’Assézat.Afindecommémorercetanniversaire,nous présentons,du25juinau27septembre,unesélectionde85piècesappartenantàl’extraordinairecollec- tiondemajoliquesdelaRenaissance,qu’arassemblée,toutaulongdesavie,PaulGillet(1874-1971),important industriel de la ville de Lyon. Cet ensemble, qui regroupe plus de deux cent pièces, constitue l’un des plus précieuxaumonde,accumuléparunseulcollectionneur.P.GilletafaitdondesacollectionauMuséedesArts décoratifs de Lyon, où ces pièces sont montrées parmi ses trésors les plus inestimables et qui, maintenant, nous les prête de manière tout à fait exceptionnelle. À travers cette exposition nous souhaitons également rendre hommage à Georges Bemberg (1916-2011), créateur de la Fondation et grand collectionneur. Vrai cosmopolite, né en Argentine, il a partagé sa vie entre Paris, New York et Buenos Aires. Homme de profonde culture, pianiste, compositeur, écrivain, financier et in- dustriel,G.Bembergaconsacréunegrandepartiedesonénergie,desapassionetdesesconnaissances— sans oublier sa fortune — à créer sa collection. Ensemble éclectique et encyclopédique, qui regroupe bronzes, pein- ture ancienne — de Cranach à Guardi —, mobilier, majoliques, porcelaines, horloges, orfèvrerie, reliures, tapisseries et autres objets artistiques datant du xv e jusqu’au début du xx e siècle, avec un ensemble important de tableaux impressionnistes et post-impressionnistes, couronné par une trentaine d’œuvres de Bonnard. LaCollectionPaulGilletdialogueparfaitementaveclaCollectionBemberg,quiprésenteaussicertainesmajo- liqueshorspaird’unedespériodesfavoritesdesoncréateur:laRenaissance.Nousaimerionsquecetévénement ouvre une série d’expositions annuelles consacrées à une grande collection particulière. Une collection qui soit conservée dans la demeure de son propriétaire ou qui ait trouvé sa place définitive dans une fondation ou dans les salles d’un musée, souvent le destin des collections privées, comme celles de P. Gillet et de G. Bemberg. Le collectionneur est un personnage atypique — curieux, passionné, libre, indépendant, sagace, connais- seur, capable de prendre des risques et de miser sur ce qu’il aime —, entouré très souvent d’un halo de mythe et de légende, mais qui ne reçoit pas, en général, le prestige qu’il mérite. Le collectionneur est une figure centraledansl’Histoiredel’Art.Grâceàcesexpositions— toujoursaccompagnéesd’unimportantcatalogue, documenté et illustré —, nous désirons rendre hommage et analyser le personnage du collectionneur dans toute sa complexité et la fascination qu’il exerce. Parallèlement, nous souhaitons également faire découvrir à un large public — spécialistes, mais aussi amateurs et curieux — des collections inédites ou méconnues. Collectionner est un acte fascinant, personnel et créatif mais aussi insolite, car il consiste pour l’essentiel à s’approprier de certains objets pour les regrouper dans un nouveau contexte. Collectionner n’est pas seulement une façon de comprendre le monde, mais de vouloir créer un univers propre, un microcosme marqué par la personnalitéducollectionneuret,enmêmetemps,révélateurdecettepersonnalité.Commeledisaientlesfrères Goncourt,c’estlacollection,etnonlesobjets,quidoitêtresignéedunomducollectionneur.C’estlecas,incon- testablement, des collections Gillet et Bemberg, constituées par deux personnes discrètes qui, de façon silen- cieuseetélégantemaisaniméesdelamêmepassion,duplaisirqueconfèrel’aventuredelarechercheetdugoût de la possession qui anime tout collectionneur, ont réussi à créer leurs univers personnels et enrichissants, éléments indissociables de leurs vies. Ces deux collectionneurs en sont arrivés à vivre leurs aventures comme un destin à vocation publique, notammentenraisond’undésirdepostérité—niP.GilletniG.Bembergn’avaientdedescendantdirect—,allié sans aucun doute à une volonté sincère et généreuse de partager avec la société cet univers de beauté, de connaissance et d’excellence qui est la clé de toute collection. Guillermo de Osma President de la Fondation Bemberg 6 L e choix d’accueillir une grande partie de la collection de majoliques italiennes du musée des Arts décoratifs de Lyon, de loin l’une des plus importantes conservées en France, est en résonnance profondeavecl’âmemêmedenotremusée.Eneffet,parmilesensemblesconstituésparM.Bemberg, la collection de majoliques italiennes est importante car, à l’image de la collection de bronzes, elle présente un tour d’horizon des différents ateliers de la Renaissance, les mêmes ateliers richement représentés dans la collection amoureusement constituée par Paul Gillet. Le visiteur curieux pourra ainsi confronter la collection du musée à l’éventail plus large des œuvres de Lyon. Si peu de néophytes savent que le terme de majolique désignelafaïenceitaliennedelaRenaissance,cetteexposition,àlafoisdidactiqueetimmédiatedeparlafraicheur colorée des œuvres et l’immédiateté des scènes représentées, permettra au public de découvrir un véritable phénomèneculturelpropreàlaRenaissanceItalienne.Lescentresdeproductiondesmajoliquesétaientsurtout situés dans la partie nord de l’Italie. Les plus importants étaient notamment Faenza, Urbino et Deruta, mais on en produisait également à en Toscane ou à Venise. Le nom de majolique donné par les Italiens, provient en fait de la déformation du nom de l’île de Majorque par où transitaient les céramiques lustrées d’Espagne, dites« hispano-mauresques ».Techniquementlesfaïencessecaractérisentparuneglaçureopacifiéeàl’oxyde d’étain permettant d’obtenir une surface blanche parfaitement adaptée à un décor peint. Plus précisément, la pâte argileuse est recouverte d’un émail composé de silice et d’oxyde de plomb et rendu opaque et blanc grâceàl’oxyded’étain.Surcerevêtementvientseposerledécorpeintàl’aided’oxydesmétalliques.Lamajolique subitplusieurscuissons.Lapremière(vers1000-1100°C),permetlarigiditédel’objetpourfacilitersamanipulation. La majolique est ensuite recouverte de l’émail sur lequel le peintre peint le décor à partir d’oxydes colorants : rouge de fer, jaune d’antimoine bleu de cobalt, vert de cuivre, brun et violet de manganèse essentiellement. L’opérationinterdittoutrepentircarlaterreencoreporeuseabsorbelesoxydes.Unesecondecuisson,àtempérature un peu plus basse, fixe le décor en vitrifiant l’émail désormais brillant et imperméable.Un décor de « lustre » peutéventuellementêtreensuiteappliquésurlapièce.Ils’agitd’unmélangedeparticulesdecuivreetd’argent qui,suiteàunetroisièmecuisson,sefixeàlasurfacedelamajoliqueetdonneàcettedernière,grâceàdesreflets La majolique:un a 7 rt etunetechnique argentésoudorés,l’éclatdespiècesmétalliques.Cettetroisièmecuissonàbassetempérature(autourde600° C) a lieu dans un four maintenu en atmosphère « réductrice », empêchant, contrairement aux deux cuissons précédentes faites en atmosphère oxydante, l’oxygène d’entrer cette fois ci dans le four. Durant la première moitié du xv e siècle, le passage de la céramique émaillée au plomb, caractérisant le Moyen Âge, à l’utilisa- tion de l’émail stannifère typique de la majolique fut progressif. Encore aujourd’hui, on connaît mal le rôle exact joué aux origines par les différents centres, mais il est certain que le répertoire de la majolique italienne duxvesiècleprésenteàlafoisdesformesdéjàutiliséesauparavantetdenouvellesformesrépondantauxexigen- ces de la société contemporaine. Aux origines de la majolique, on retrouve l’influence moyen-orientale et les motifsgothiquestardifs.Lesdécorssomptueuxsediversifièrentrapidement,grâcesurtoutàlavariétédecouleurs offerteparl’utilisationdel’émailstannifère.Lesexemplairesconservésduxvesièclepermettent decomprendre comment,àl’origine,lamajoliqueitaliennepuisadanslatraditiongothiquetardiveetadoptadesdécorsd’origine islamique,toutenassimilantprogressivementlesthèmesornementauxliésaurépertoirehumaniste.Cesthèmes récurrents, notamment ceux inspirés des produits manufacturés orientaux, rencontrèrent un succès dura- ble. Si nombre d’œuvres révèlent les liens intenses entre le répertoire arabe et la majolique italienne, l’origine même de l’albarello, forme dont on conserve de nombreux exemples dans les musées, nous apporte confirmation de cette influence. Conçu en Orient pour contenir les épices, il fut adopté par les apothicai- res de la Renaissance, car il permettait une bonne conservation des médicaments. Déjà à la fin du xve siècle, cettefaïencedafarmacia,mieuxconservéeetenplusgrandequantitéquecelledetable,conjuguaitlescultures arabe et humaniste. Enfin, durant tout le xvi e siècle, les cours se transformèrent en ateliers de recherche inté- ressés par tous les domaines du savoir humain. Dans cette optique, les potiers italiens utilisèrent la surface blanche de la majolique comme support pour un décor de scènes historiées peintes, créant un genre ori- ginal : l’istoriato. Ce genre devait se développer au début du xvi e siècle à Urbino et dans les Marches. C’est donc dans ce contexte mêlant l’utilitaire et l’ostentation qu’on doit considérer les majoliques qui, souvent, nous éclairent sur des aspects essentiels de la culture de la Renaissance. Philippe Cros Directeur de la Fondation Bemberg 9 L e typedemajoliqueitalienneconnuesouslenomd’istoriato(quoiqueletermeplus en usage au seizième siècle ait été figurato) se développa durant les années précédantledébutduxviesiècledansplusieurscentresdeproductioncéramiques du centre-nord de l’Italie. L’istoriato devint pendant près de cent ans le plus prestigieux typedeproductionmajoliquedelaRenaissance,etsesmécènesfurentparmileshommes et les femmes des plus érudits et raffinés de l’époque. Lorsqu’ils sont peints de sujets historiés, les assiettes, bols, ou pichets en majolique sont une expression à part entière de la peinture de la Renaissance composée d’un large faisceau iconographique et plas- tique allant de la fresque et de la peinture de chevalet, à la décoration de mobilier, de tissus, de verrerie, ainsi qu’aux estampes. Si un panneau de cassone du quinzième siècle estàlafoisunmeuble,revêtantunefonctionsocialeetdomestique,maisaussiunexem- ple de la maitrise du peintre; c’est aussi le cas pour une assiette istoriato. La majolique mérite amplement l’intérêt de ceux qui s’intéressent à la Renaissance italienne. Elle fait partie des rares formes de l’art de la Renaissance dans lesquelles la couleur nous est parvenue telle qu’elle était lorsqu’elle quitta l’atelier, sans altération aucune. La majeure partie de la majolique dépeint le monde de l’Antiquité classique ou relate des scènes de la vie contemporaine ou de la littérature, et nous offre ainsi un des plusgrandsensemblesdesujetsprofanesdel’artduseizièmesiècle.Cetartdomestique, dans lequel les femmes étaient souvent actives en tant que mécènes, commanditaires, ousimplementdestinatricesdecadeaux,nousfait« toucherdudoigt »laviedelaRenais- sancedefaçonplusintimeetquotidiennequelaplupartdesautresformesd’art.Deplus, ungrandnombredecesdélicatescéramiquesontsurvécu,malgréleurfragilité;j’estime que plus de dix mille spécimens istoriato du seizième siècle nous sont parvenus. Lorsqu’onsepenchesurlaquestiondel’istoriatoilfautgarderdeuxchosesprésentes àl’esprit.Premièrement,l’istoriaton’ajamaisreprésentéplusqu’unetoutepetitepartde la production de chaque centre de production des majoliques de la Renaissance. Même pourdesvillescélèbrespourleuristoriatotellesqueFaenza,UrbinoouPesaro,lesfouilles et les découvertes fortuites révèlent pour un simple fragment d’istoriato des uploads/Histoire/ bemberg-majoliques.pdf

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  • Publié le Sep 11, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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