Comment parler d’art contemporain en milieu scolaire L’Association des groupes

Comment parler d’art contemporain en milieu scolaire L’Association des groupes en arts visuels (AGAVF) tient à remercier le ministère du Patrimoine canadien pour sa participation financière à ce projet. Recherche et rédaction : Marie-France Beaudoin Graphisme : Martine Maksud Comment parler d’art contemporain en milieu scolaire Qu’est-ce que l’art contemporain? / 3 Ressources / 7 Mouvements artistiques en art contemporain / 8 Lexique / 9 Atelier / 13 | 3 ­ — Il n’est pas surprenant que le public se sente largué, voire non connaissant devant une œuvre d’art contemporain. Ainsi, pour le spectateur l’œuvre se métamorphose souvent en cube de Rubick, simpliste au premier coup d’œil, complexe quant on tente de le manipuler. Et pourtant, avec quelques outils et de la curiosité, il est possible d’apprécier l’art contem­ porain et d’y voir un sens. Un des prérequis est de se fier à son intelligence ainsi qu’à ses expé- riences de vie. Le spectateur doit prendre le temps de découvrir ce qui s’offre au regard et s’engager dans un face-à-face qui rend le dialogue possible. C’est alors que l’inattendu se révèle, que l’art advient, que l’expérience esthétique émerge. Depuis la Renaissance, les artistes ne cessent d’innover dans la manière de faire image, de penser la pratique artistique, de revoir leur rôle de créateur, de solliciter le spectateur. Cette tradition se poursuit avec rigueur, intelligence et sensibilité dans l’art contem- porain dont les fondements sont issus des expérimentations de l’art moderne qui le précède. C’est la capacité du spectateur à imaginer qui est sollicitée, une invitation à la com­ munion davan- tage qu’à la communication. qu’est-ce que « contemporain »? Abordons, dans un premier temps, la notion de « contemporain ». Si l’on s’en tient au sens strict, contemporain veut dire « qui est du temps présent » (Larousse). L’art contemporain serait donc l’art qui se fait aujourd’hui. Toutefois, les productions contemporaines n’appartiennent pas toutes à l’art contemporain. L’art contemporain s’inscrit à la suite de l’art moderne et tend moins à y mettre fin qu’à repousser les limites de la pratique déjà explorées par celui-ci, soit notamment le désir de sortir l’art des lieux conventionnels de présentation. Où finit l’art moderne et où commence l’art contemporain? Difficile de trancher et deux propositions sont retenues, la première affirme que c’est avec le postmodernisme que l’art contemporain s’impose dans les années’80. L’autre considère que l’art contemporain naît avec Marcel Duchamp et l’art conceptuel, et comprend tous les mouvements des années ’60 à nos jours, notamment le Pop art, aux États-Unis, et Fluxus, en France. La question demeure aujourd’hui encore énigmatique. « Pour une première fois, l’art au travers duquel une époque s’identifie et ne se caractérise pas par un style ou une combi- naison de styles définis, mais par un éclectisme total qui fait du monde des formes un domaine plus morcelé que la maison de Picassiette » (Catherine Millet). Et c’est probablement devant cet éclectisme que le spectateur se sent désemparé. Pour affronter l’art contemporain, il faut se débarrasser du « cadre », ce dispositif issu de l’histoire de l’art qui fait figure de limite imposée. Il faut donc accepter de vivre avec un certain vertige devant l’aventure. comment s’en sortir dans cet univers éclectique ? L’art contemporain est accessible, mais, comme pour toute chose, pour mieux le comprendre, il faut disposer d’une base de connais- sances. Ceci implique une connaissance, au moins rudimentaire, de l’histoire de l’art occidental depuis l’Antiquité et plus particuliè- rement depuis la Renaissance. Aussi, il est impératif de connaître les grands courants de l’histoire de l’art : La Renaissance (XVe-XVIe siècle), le Maniérisme (XVIe siècle), le Baroque (XVIIe siècle), le Rococo (Rocaille) (XVIIIe siècle), le Néo-classicisme (seconde moitié du XVIIIe siècle), le Romantisme (XIXe siècle) et le Modernisme (fin XIXe et XXe siècle) qui comprend l’Impression- nisme, l’Art nouveau, le Fauvisme, le Cubisme, le Dadaïsme, le Surréalisme, l’Expressionnisme abstrait et le Pop Art. Les artistes de ces grands courants ont établi des façons de faire, de créer, et ont porté, à la fois, un regard critique sur les pratiques qui les ont précédés et ont offert une nouvelle façon de voir. Au XVIIe siècle, soit deux cents ans après la reconnaissance de la pratique artistique comme étant une profession libérale, s’instaure l’Académie, l’École des Beaux-arts. ˘ ˘ ˘ Qu’est-ce que l’art contemporain? Parler d’art contemporain peut être à la fois un plaisir et un défi pour l’enseignant du niveau primaire et du niveau secondaire. Un plaisir parce que ce sujet permet un rapprochement avec l’élève qui vit dans un monde médiatique dont les références à l’art contemporain sont constantes. En témoigne la fameuse «robe de chair» portée par Lady Gaga lors d’un concert et dont la référence renvoie à l’œuvre de l’artiste canadienne, Jana Sterbak, Vanitas – Robe de chair pour albinos anorexique, (1987). C’est aussi un défi car le sujet est éclectique et peu d’ouvrages de vulgarisation offrent des outils pour s’y retrouver. Nous souhaitons contribuer à combler cette lacune. | 4 ­ — Les canons de l’académisme qui réglemente la pratique artis- tique sont élaborés. Deux catégories sont établies, les arts majeurs et les arts mineurs. Cette dernière regroupe les artisans qui ont une bonne maîtrise technique et les arts majeurs ras- semblent les artistes qui maîtrisent la technique et possèdent une aptitude pour la conception, la création d’un langage visuel qui leur est propre. Ces canons seront exploités jusqu’à leurs limites par le Modernisme. En art contemporain, c’est l’éclate- ment des canons; tout est permis, on fait place à l’hybride. Les sujets d’arts majeurs sont religieux, historiques, mythologi- ques et le portrait lorsque celui-ci est d’un personnage illustre. Les sujets mineurs sont la nature morte, le paysage, le portrait de gens simples, les scènes de genre, soit de la vie quotidienne. Les arts majeurs sont la peinture et la sculpture, faits de maté- riaux nobles sont soit l’huile ou la tempera pour la peinture et la marbre et le bronze pour la sculpture. En art mineur l’aquarelle, la gravure et le dessin sont retenus. Ces références sont impératives dans la compréhension de l’art, pour l’art traditionnel et pour l’art contemporain. L’artiste en art contemporain est très au fait de l’histoire de l’art et parcourt les siècles et les thèmes avec allégresse dans sa réflexion sur le monde et la condition humaine. Il y a des critères qui permettent d’identifier ce qui est art contemporain et qui aident à mieux saisir les enjeux des prati- ques actuelles. Je vous propose dix clefs pour ouvrir cette boîte de Pandore aux mille merveilles. Ces outils vous permettront de développer votre propre sens critique. (À titre indicatif, des suggestions d’artistes en art contemporain francophones du Canada complètent chacune des clefs. Veuillez noter que le travail de ces artistes peut s’inscrire sous plusieurs clefs, nous avons choisi celle qui est plus significative au moment de la mise sous presse de la publication.) 1 / La notion du « beau » revisitée La rupture avec la notion de «beaux-arts», amorcée depuis le Romantisme, se confirme dans l’art contemporain. L’artiste affirme son indépendance face à l’académisme traditionnel, aux beaux- arts, à la notion du « Beau ». L’art contemporain n’est pas obli- gatoirement « beau » au sens classique du terme, mais il porte sens, produit de l’effet, sollicite nos émotions et notre intellect. La beauté s’inscrit alors dans les liens établis entre l’œuvre et le spectateur, dans l’expérience esthétique même et non plus dans l’objet. Artistes : Mélanie Authier, Jennifer Bélanger, Francois Gaudet, Mélanie Rocan 2 / Le rôle du spectateur s’intensifie L’œuvre contemporaine offre une place de choix au spectateur qui prend le temps de la regarder. En effet, elle fait appel à l’inter- vention du spectateur tant physiquement qu’intellectuellement. Ceci intensifie le rôle du spectateur qui doit prendre conscience de la place centrale qu’il occupe dans l’œuvre. C’est par son intervention active, soit dans la mobilité de son corps ou dans la réflexion, que l’art advient et non pas dans la contemplation passive de l’œuvre. C’est la réalisation de la vision de Duchamp qui a dit, au sujet de l’œuvre : « Je donne à celui qui la regarde autant d’importance qu’à celui qui l’a faite ». Artistes : Normand Fortin, Mariana Lafrance, Collectif Taupe, Séripop - Chloe Lum et Yannick Desranleau 3 / Multiplication des matériaux Suite aux médiums classiques (peinture à l’huile, sanguine, bronze, marbre, etc.), l’art contemporain est particulièrement friand de matériaux nouveaux, voire de non-matériaux. Les matériaux sont hétéroclites, parfois objets de manufactures ou encore matières naturelles et périssables. Notamment, la vocation éphémère ou in progress (en cours) de nombreuses œuvres questionne la notion même de matériau. Tous les procédés sont permis afin de rendre la forme efficace. L’art contemporain comprend aussi les nouvel- les technologies, la fine pointe des recherches scientifiques, qui demandent un savoir faire et des connaissances hautement spé- cialisées. De ces recherches naissent des collaborations interdis- ciplinaires, propres à notre ère. Artistes : Jocelyne Belcourt Salem, Luc Charette, Anyse Ducharme, Annie Martin, Samuel Roy-Bois 4 / Un art ludique qui uploads/Histoire/ comment-parler-d-x27-art-a-l-x27-ecole.pdf

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  • Publié le Aoû 27, 2022
  • Catégorie History / Histoire
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