Commentaires après-guerre Jacques d’Andurain Commentaires après-guerre InLibroV
Commentaires après-guerre Jacques d’Andurain Commentaires après-guerre InLibroVeritas 3 4 5 Du même auteur : Drôle de mère 6 Table des matières Introduction ..........................................................................9 Étudiants pour le Maréchal....................................................11 1 - Étudiants pour le Maréchal...........................................13 2 - Le vrai double jeu ........................................................27 3 - À Libération Sud...........................................................31 4 - L'homme se nommait Jean Moulin...............................41 5 - Mon 18 juin 1940, à moi .............................................43 6 - Quarante millions de pétainistes ..................................49 7 - Ma carrière militaire - 1935-1945 ................................53 8 - Dans l'armée d'armistice..............................................57 9 - La coupe « de La Vayssière » ........................................61 Évasion de Pierre Hervé.........................................................63 1 - Une grande première ...................................................65 2 - Arrestation....................................................................71 3 - Palais de justice de Paris...............................................73 4 - Guerre Germano-Soviétique.........................................75 5 - « C'est nous, qui brisons, les barreaux, des prisons, pour nos frères »...........................................................81 6 - Où le canular de mardi devient dans la presse, la bombe politique du mercredi ...................................91 Le 6,35 de Marga D’Andurain ...............................................99 1 - Préambule....................................................................101 2 - Débuts de la résistance armée organisée en France ......103 3 - L'incendie des isolants de Vitry (13 août 1941).............105 4 - Visite au Colonel Marchand, Deuxième bureau: Ministère de la Guerre, Paris ........................................119 5 - Les ballades d'un Brûlot ...............................................123 7 La Bande à René ....................................................................133 1 - Préambule....................................................................135 2 - Recrutement des premiers effectifs - Une rumeur .........141 3 - La rumeur orange.........................................................145 4 - Errances en forêt...........................................................147 5 - Sécurité........................................................................155 6 - Nos trois Soviétiques....................................................159 7 - Encore Montségur, sept cents ans après........................163 8 - Toujours la rumeur ou, comment fut racontée la bataille de l'Affrau....................................................169 9 - Les seins d'Hélène - Un rêve pour Napoléon ...............177 10 - Premier bilan de la stèle de la Frau...............................183 11 - Tueur à gages ...............................................................185 12 - Un préfet régional et son intendant de police...............189 13 - Le roman de la Montagne Noire...................................191 14 - Le Plo del may .............................................................193 15 - Le lieutenant Müller .....................................................197 16 - Le corps franc de la Montagne Noire............................199 17 - Le M.5.F. à Montalric les 2 et 3 juin 1944 ....................203 18 - L'éphémère M.5.F.........................................................209 19 - Toulouse prise ou libérée .............................................215 20 - le groupe Armagnac, colonel Galinier, corps franc de la libération N° 1 du Tarn ........................................219 21 - Le 20 juillet 1944 au Plo del May en forêt d'Hautaniboul, le C.F.M.N. perd Toulouse ............................................225 22 - Mort de Riton et fin du M.5.F........................................227 8 Introduction Au début de l’an 2001 Bernard Pivot, recevant Jorge Semprun à « Bouillon de Culture » soulignait la raréfaction des témoins vivants de la guerre 39-45, et surtout la disparition des acteurs et victimes de la déportation, des prisons et des camps de concentration, ou des organisations de Résistance. Et il ne restait plus personne, qui, ayant commencé la Résistance dès le début — 1940 — l’ait terminée, encore combattant, en août 1944. Omission de sa documentation: quelques-uns, dont moi. J’ai résisté depuis le 18 juin 1940 à Sablet (Vaucluse), soldat rampant de l’escadrille de reconnaissance de l’Armée des Alpes, et j’étais, carabine Remington en mains, en août 1944, sur la place du Vigan à Albi, où, écœuré, je vis les résistants de la dernière heure tondre les filles qui avaient couché avec les « Boches ». L’omission est la mienne: je n’ai rien écrit. Quelques mois auparavant, je téléphonais à Lucie Aubrac pour lui dire mon indignation devant les accusations du Testament de Barbie exhumées par Maître Vergès qui la désignait comme la dénonciatrice de Jean Moulin et de l’historique réunion de Caluire en juin 1943. Elle m’avait demandé comment j’expliquais l’attitude de Vergès : j’émis une supposition, et Lucie, avec sa véhémence habituelle me cria « Écris le! Écris, écris ». Écrire - J’y songeais depuis longtemps, mais, plus sur ma mère, Marga d’Andurain que sur moi; ma mère qui la dernière soirée où je la vis à Tanger, avant son assassinat sur son yacht le « Djeilan », m’avait demandé: - Que feras-tu après ma mort? - J’écrirai votre histoire… Mais… La vérité. C’était en 1948. Je voudrais d’abord répondre à quelques notes me concernant parues dans divers livres sur la Résistance, avec l’impression d’être comme un ramasseur de balles de tennis qui se raconterait en disant, avec quelque prétention: c’est moi qui ai donné à Yannick Noah sa balle de match le jour de sa victoire à Roland Garros. Pour parler de Résistance un préambule s’impose, il est d’Henri 9 Jeanson dans « Le Canard Enchaîne » du 30 avril 1947: « Un pur trouve toujours un plus pur qui l’épure ». Parce que l’oubli n’est pas si total que ça, même aujourd’hui. Mais aussi et surtout parce que le récit qui en est donné, encore aujourd’hui, comme déjà hier, est plein d’inexactitudes; alors, bien que pas le moins du monde historien, je veux écrire une illustration de la fragilité du témoignage, écrit et publié du vivant des témoins eux-mêmes. Mon témoignage. 10 Étudiants pour le Maréchal 11 12 1 - Étudiants pour le Maréchal Après les manifestations du 11 novembre 1940 sur les Champs Élysées, la seule véritable répression avait été, d’abord, l’arrestation de la majorité des Étudiants communistes organisés, nous l’avions envisagée, comme la pire conséquence possible pour nous. Puis la punition collective la plus manifeste et la plus péniblement ressentie par la totalité des étudiants Parisiens : la fermeture, sine die, de l’université (où les étudiants communistes, à l’appel de l’U.N.E.F. dirigée par notre meilleur sous-marin, François de Lescure, avaient appelé à la manifestation). Nous l’avions envisagée comme le piège dans lequel nous espérions faire tomber les Allemands. « Seront-ils assez cons pour fermer l’Université comme à Prague, après les accords de Munich » et se mettre tout le monde à dos, alors que nous voyions tous les jours des étudiantes au bras d’officiers allemands en uniforme, disant partout: ils sont si corrects, ils sont si cultivés, poètes, mélomanes. Parenthèse: un pétard à la bibliothèque Sainte Geneviève. Je n’étais pas encore inscrit en Sorbonne, mais j’allais à la bibliothèque Sainte Ginette, Place du Panthéon feuilletant psychologie, ou sociologie, contactant les uns et les autres, toujours très discrètement. Mes nouvelles connaissances avaient remarqué, avec moi, depuis trois jours un pimpant officier allemand, blond et délicieux, au bras d’une jeune fille, elle aussi très blonde et sexy; sans leur avoir adressé la parole nous avions décidé qu’elle était française. En d’autres temps j’aurais jugé très « progressiste » et charmante cette fraternisation si internationaliste. Mais il portait un uniforme, celui de l’occupant National Socialiste. Donc pas fraternisation, mais trahison. Rassurez-vous: je n’allai pas chercher une tondeuse, comme certains, à la Libération. Non, j’allai rue des Carmes, fouiller un magasin de Farces et Attrapes, qui existe toujours au XXe siècle. J’achetai une amorce, une seule: ce genre de truc qu’on place sous un verre ou une assiette, qui pète quand on les soulève. Dans l’entrée de la bibliothèque, il y avait une série de casiers, avec les fiches des livres dont on devait demander la communication à l’appariteur. Long stationnement des lecteurs dans 13 un couloir bordé d’une verrière qui le séparait de la salle de lecture, où tout le monde pouvait voir les impétrants faire la queue. C ‘était là que les jours précédents j’avais pu à loisir observer le charmant, et scandaleux, couple collaborateur. Appuyée tout au long de la verrière, une table de plus de deux mètres était couverte de dictionnaires de toutes les langues auxquels leur épaisseur permettait de tenir debout, mais dont chaque retrait pour consultation, faisait s’effondrer le bel alignement. Ces consultations et ces effondrements se répétaient à chaque instant. Vous l’avez deviné: je plaçai l’amorce entre deux dictionnaires dès que je vis mes blondeurs derrière la verrière, et à peine revenu à ma place, on entendit l’explosion. Ca fait beaucoup, beaucoup de bruit, une minuscule amorce, sous les hauts plafonds d’une bibliothèque toute silencieuse ; tout le monde leva et tourna le nez vers la verrière, et tout le monde aperçut l’objet de ma farce. À peine quelques instants après, tous refixaient leurs bouquins. Le couple, croyant à une blague normale, avait souri, sans soupçonner ma vilenie. Le lendemain j’achetai une autre amorce, et quand les tourtereaux revinrent: rebelote. Re belote aussi des nez sur l’officier nazi, et long arrêt de tous sur image: ils avaient compris, les lèvres se fendaient, les yeux vrillaient. Ils avaient compris. L’officier allemand aussi. Il rougit. Le sang de ses pommettes ne vint pas sacraliser le plancher de Sainte Ginette. Le sacrifice fut le même: il ne revint jamais, du moins sous l’uniforme. C’est ainsi que je me permets de revendiquer le titre d’acteur de la première déculottée de l’armée allemande car le rire aussi, tue. N’est-ce pas, mon cher Canard Enchaîné? Fin de la parenthèse. « S’ils sont assez astucieux, ils n’en parleront pas et la censure empêchera tout le monde, sauf les participants, de commenter ce non-évènement ». Ce fut la police française, déjà collaborationniste, d’un Vichy bien décidé à faire sa collaboration à sa façon, se créer un état fort, et fasciste, sur le modèle nazi : uploads/Histoire/ commentaires-apres-guerre.pdf
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- Publié le Jul 21, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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