Archéologie du Midi médiéval De l’archéologie du monument chrétien à l’archéolo

Archéologie du Midi médiéval De l’archéologie du monument chrétien à l’archéologie des lieux de culte. Propos d’introduction et repères historiographiques Laurent Schneider Citer ce document / Cite this document : Schneider Laurent. De l’archéologie du monument chrétien à l’archéologie des lieux de culte. Propos d’introduction et repères historiographiques. In: Archéologie du Midi médiéval. Tome 28, 2010. pp. 131-145; doi : 10.3406/amime.2010.1921 http://www.persee.fr/doc/amime_0758-7708_2010_num_28_1_1921 Document généré le 02/12/2016 Depuis l’année 2006, le Séminaire d’Archéologie Médiévale Métropolitaine et Méditerranéenne organisé conjointement par les laboratoires Archéologie Médiévale Méditerranéenne (Aix-Marseille, UMR 6572) et Archéologie des Sociétés Méditerranéennes (Montpellier-Lattes, UMR 5140) avec la complicité scientifique et amicale des médiévistes de l’équipe Terrae (Toulouse UMR 5608/Traces et UMR 5136 Framespa) offre une tribune aux différents acteurs de l’archéologie médiévale du Midi de la France. à raison de six séances par an, des thèmes chers aux études médiévales sont revisités et réexaminés à la lumière de la documentation archéologique la plus récente. En rassemblant régulièrement les responsables de différentes fouilles réalisées dans des contextes et des structures différentes (associations, services régionaux de l’archéologie, services territoriaux, opérateurs privés agréés, INRAP, universités, CNRS), des échanges sont nés, de nouvelles habitudes de travail ont émergé, des corpus, des dossiers scientifiques ont été construits. Riche et complexe, cette nouvelle documentation est aussi très souvent inédite. C’est pourquoi il nous a paru utile, lorsque les dossiers étaient particulièrement consistants et originaux, de trouver une forme de publication qui puisse répondre aux besoins rapides de diffusion des données qu’exige la recherche mais ceci sans trop perturber les calendriers, les programmes et les stratégies internes que pouvait développer par ailleurs chaque équipe sur ses chantiers. La formule du dossier s’est révélée la plus adéquate. Les notices présentées ne se substituent pas aux publications monographiques qui sont ou seront engagées par chaque équipe selon des rythmes très divers, mais elles permettent d’ores et déjà de livrer à la communauté scientifique les plans et les argumentations chronologiques des phasages réalisés. Le principe du dossier thématique surtout contribue à animer des thèmes de recherche qui, dans les faits, ne sont pas toujours structurés dans des programmes de laboratoire ou des projets collectifs du Ministère de la Culture. Tel était le cas du thème de la journée du 13 mai 2009 consacrée à L’archéologie des églises et des cimetières ruraux en Languedoc et sur ses marges. Un programme du Conseil de la Recherche Archéologique identifie clairement un thème de recherche intitulé établissements religieux et nécropoles depuis la fin de l’Antiquité : origine, évolution, fonctions, mais d’une part l’accent est mis principalement sur les origines des lieux de culte, autrement dit sur le processus de christianisation, et d’autre part aucun projet collectif ne regroupe en région les acteurs de ce programme. Pourtant, au cours de la dernière décennie, le nombre de fouilles d’églises et de cimetières ruraux a sensiblement augmenté en Languedoc-Roussillon et sur tout type d’édifice. Ces fouilles, on doit le souligner avec force, ont gagné en qualité. Aussi, la situation pouvait paraître assez paradoxale. Les données produites ces dernières années sont riches mais dispersées et souvent difficiles d’accès, tandis que du point de vue des stratégies, des techniques et des méthodes d’exploration, ces nouvelles fouilles livrent des informations désormais techniquement plus homogènes. Le recours à des datations par le radiocarbone notamment est maintenant systématiquement pratiqué pour aider à l’établissement des chronologies. Tout cela participe d’un nouveau climat scientifique dans la mesure où la documentation archéologique régionale est * CNRS - Aix-Marseille Université, LAMM UMR 6572 Laurent SCHNEIDER* 131 De l’archéologie du monument chrétien à l’archéologie des lieux de culte. Propos d’introduction et repères historiographiques ARCHÉOLOGIE DU MIDI MÉDIÉVAL, TOME 28 - 2010, 131-146 à même désormais de contribuer à l’enrichissement de débats spécialisés. Avant de présenter et de remercier les archéologues qui ont accepté de venir évoquer leurs travaux, d’essuyer le jeu de la critique collective lors du séminaire puis de rédiger un texte pour donner corps à cette publication, je souhaiterais préalablement rappeler combien l’étude exhaustive, par la fouille, des églises et des cimetières paroissiaux, demeure une idée neuve ou, du moins, dans quels contextes de telles recherches ont pu émerger en Languedoc-Roussillon. Autant que faire se peut, je propose ici quelques éléments de bibliographie et d’historiographie régionales qui permettront de mieux saisir l’originalité de la documentation aujourd’hui présentée. L’égLise : un monument En Languedoc méditerranéen comme ailleurs, longtemps l’archéologie des églises s’est entendue comme une archéologie monumentale restreinte à l’étude du bâti en élévation et presque toujours asservie aux documents écrits. Cette tradition des études médiévales s’enracine en région au seuil des années 1830 avec des personnages comme Jules Renouvier, qui fut inspecteur d’État des Monuments Historiques, député de l’Hérault en 1848, correspondant du Ministère de l’Instruction Publique et auteur posthume d’un ouvrage consacré à l’Histoire de l’art pendant la Révolution. Inspecteur divisionnaire local de la toute nouvelle Société Française d’Archéologie fondée en 1834 par Arcisse de Caumont, il consacra en fait ses premières publications à l’étude de Monuments de quelques anciens diocèses du Bas Languedoc expliqués dans leur histoire et leur architecture. Édités à Montpellier entre 1835 et 1841, en six livraisons, mais en une centaine d’exemplaires seulement, ces premiers opuscules ont eu de fait une diffusion véritablement confidentielle (Renouvier 1835- 1841). Ils n’en constituent pas moins, quelques décennies seulement après la Révolution et la nationalisation des biens du clergé, l’une des premières tentatives d’approche méthodique consacrée à des monuments emblématiques du Moyen âge languedocien comme la cathédrale insulaire de Maguelone ou l’ancienne abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert. Ses Anciennes églises du département de l’Hérault, publiées en deux parties, l’une en 1836 l’autre en 1838 dans les Mémoires de la Société Archéologique de Montpellier, connurent néanmoins une plus grande postérité et marquent en quelque sorte le démarrage d’une première tradition régionale d’archéologie médiévale languedocienne. Dans le milieu des antiquaires régionaux comme Requien, Pelet, Tournal, Cros-Mayrevieille, Du Mège, cette tradition est surtout fondée sur des 132 1 à cette date, la Société comptait 18 membres dans l’Hérault (dont 9 ecclésiastiques) mais seulement 5 dans le Gard et les Pyrénées-Orientales, 4 en Lozère (dont l’évêque de Mende et son vicaire général) et 3 dans l’Aude. ARCHéOLOGIE DU MIDI MéDIéVAL – TOME 28- 2010 confrontations d’expériences à partir de l’examen direct de monuments et de matériaux jusqu’alors inédits. En Roussillon, terre où les vestiges de Rome étaient moins présents, l’un d’eux, François Jaubert de Passa qui s’intéressa à quelques édifices médiévaux, s’illustre plus particulièrement parce qu’il entretint une correspondance avec Arcisse de Caumont, Mérimée et Taylor (Carbonell- Lamothe et al., 1987, 399). Mais la relecture récente de la Vénus d’Ille réalisée par Olivier Poisson (1999, 30) montre à quel point le conflit pouvait être latent entre l’érudition régionale qui se portait naturellement à l’exercice de la responsabilité collective sur les monuments et la légitimité institutionnelle de l’État et de sa nouvelle administration des monuments historiques. Ces premières études locales, entreprises par J. Renouvier ou F. Jaubert de Passa, coïncident en effet peu ou prou, sur le plan national, avec la publication de différents récits de voyages. Le tome II des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France de J. Taylor, C. Nodier et A. Cailleux consacré au Languedoc parait en 1835 tandis que Prosper Mérimée parcourt le Midi en 1834 et publie ses notes l’année suivante (Williams 1981). Les récits de l’inspecteur général des Monuments Historiques font dès lors connaître sur la scène nationale quelques monuments régionaux, y compris des édifices mineurs car il n’hésitait pas à s’écarter des grands chemins. Malgré ces débuts plutôt favorables, l’étude des monuments médiévaux du Midi méditerranéen ne semble guère avoir passionné les savants français du XIXe siècle. La Société Française d’Archéologie, qui engagea nombre de légitimistes rentrés sur leurs terres à de nouvelles préoccupations, ne tient son premier congrès en Languedoc méditerranéen qu’en 1868 (1), soit 34 ans après sa fondation ! Arcisse de Caumont (CAF 1868, 348) peut y déplorer que dans l’Hérault « un pays aussi riche en monuments de toute sorte, les fouilles aient été si peu nombreuses et aient donné si peu de résultats », il faudra attendre à nouveau trente ans pour que la société revienne dans la région. Mais c’est à Nîmes qu’elle tient son congrès en 1897, ville, on le devine, où le prestige des monuments antiques devait l’emporter sur le domaine des études médiévales. C’est en fait un architecte de la commission des monuments historiques, Henry Révoil que la ville de Nîmes honorera d’ailleurs d’un monument, qui reprit et enrichit le corpus initial dans son Architecture romane du Midi de la France, publiée en 1873 (Man 1906). Outre les cathédrales et de grandes abbayes rurales comme Saint-Guilhem-le-Désert y figurent désormais des églises de village retenues pour la singularité de leur plan (Saint-Martin-de-Londres, Hérault) ou parce que l’auteur pouvait disposer de notices historiques préexistantes comme dans le cas de l’ancien diocèse de Béziers où avaient œuvré E. Sabatier (1856) et L. Noguier (1870). Par la qualité des illustrations proposées (plans, coupe et relevé d’élévation), l’ouvrage de l’architecte Révoil offre une nouvelle base documentaire, précieuse aujourd’hui encore uploads/Histoire/ de-l-x27-archeologie-du-monument-chretien-a-l-x27-archeologie-des-lieux-de-culte.pdf

  • 11
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Oct 29, 2022
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
  • Taille du fichier 2.3034MB