ENCYCLOPÉDIE BERBERE X X V I Judaïsme - Kabylie EDISUD ENCYCLOPÉDIE BERBÈRE FON
ENCYCLOPÉDIE BERBERE X X V I Judaïsme - Kabylie EDISUD ENCYCLOPÉDIE BERBÈRE FONDATEUR DE LA PUBLICATION GABRIEL CAMPS † DIRECTEUR DE LA PUBLICATION SALEM CHAKER Professeur à l'INALCO (Paris) CONSEILLERS SCIENTIFIQUES H. CAMPS-FABRER (Préhistoire et Technologie) A. BOUNFOUR (Littérature) J. DESANGES (Histoire ancienne) C. ROUBET (Préhistoire) M. GAST (Ethnologie) H. CLAUDOT-HAWAD (Anthropologie sociale et culturelle) COMITÉ DE RÉDACTION D. ABROUS (Anthropologie) M. ARKOUN (Islam) E. BERNUS (Ethnologie, géographie) M. FANTAR (Punique) S. HACHI (Préhistoire) J.-M. LASSERE (Sociétés antiques) M.-J. VIGUERA-MOLINS (Al-Andalus) J. LECLANT (Égypte) K.G. PRASSE (Linguistique) L. SERRA (Linguistique) K. SLIMANI-DIRECHE (Histoire moderne et contemporaine) G. SOUVILLE (Préhistoire) P. TROUSSET (Antiquité romaine) Illustration de couverture : Seconde stèle de Souama, Kabylie. Musée des Antiquités d'Alger. Dessin de J.-P Laporte. ISBN 2-85744-201-7 et 2-7449-0452-X La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, « que les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utili- sation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consente- ment de ses auteurs ou de ses ayants-droit ou ayants-cause, est illicite » (alinéa 1 er de l'article 40). Cette représentation ou reproduction par quelque procédé que ce soit constituerait donc une contre- façon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © Édisud, 2004 Secrétariat : Centre de Recherche Berbère, INALCO, 2, rue de Lille, 75007 Paris ENCYCLOPÉDIE BERBÈRE XXVI J U D A I S M E - KABYLIE É D I S U D La Calade, 13090 Aix-en-Provence, France Fig. 1 : Les communautés juives dans l'Afrique antique (attestations archéologiques, épigraphiques ou littéraires. Fig. 2 : Plan de la Synagogue de Naro (Hammam Lif), d'après Antiquités Africaines, 17, 1981, p. 176. Fig. 3 : Epitaphe d'Abedo, rédigée en latin, suivie de Shalom lho en hébreu. Thaenae (Henchir Tina), Tunisie. Inscriptions latines d'Algérie, n° 36. Cliché Musée du Bardo. Judaïsme / 3939 J14. JUDAISME (DANS L'ANTIQUITÉ) Les origines Notre connaissance du passé juif est très inégale selon les régions du monde berbère : alors qu'on dispose de sources littéraires et épigraphiques largement antérieures à notre ère pour la Cyrénaïque, c'est le vide complet à l'ouest de la Grande Syrte avant le II e siècle après J.-C Cette constatation décevante est faite en particulier par H.Z. Hirschberg (1974, p. 10 et 39) qui pourtant ne la déve- loppe pas. On peut observer que : - tous les vestiges archéologiques du judaïsme (monuments ou objets) correspondent à la période qui va du II e au IV e siècle après J.-C, à l'excep- tion d'une bague portant un nom d'homme et retrouvée dans la tombe d'une femme de la Carthage punique ; comment y est-elle arrivée ? - aucune des inscriptions n'est explicitement datée, mais leur contexte archéo- logique suggère également une tranche chronologique de la fin du II e à la fin du IV e siècle après J.-C. (Le Bohec, Ant Afr, 1981, p. 202-203) ; - on ne relève aucune mention d'un judaïsme de la Berbérie occidentale dans la littérature juive sacrée (la Bible, avant la Septante, ignore jusqu'au nom de l'Afrique ; une seule rapide allusion est faite dans le Livre des Jubilés, IX, 1 - que l'on propose de dater du I e r siècle après J.-C. - au partage du nord de l'Afrique par Cham entre ses enfants) ou profane : rien dans les œuvres de Flavius Josèphe et de Philon, non plus d'ailleurs que dans la littérature gréco-romaine (Salluste, le pseudo César, Tacite ou Dion Cassius) ; au contraire les régions africaines font l'objet de mentions dans le corpus talmu- dique, en particulier la ville de Carthage et ses rabbins ; - dernier argument : les tombes de Juifs de la diaspora qui ont été retrouvées à Jérusalem dans la vallée du Cédron sont souvent celles de Cyrénéens, jamais à ce jour celles d'Africains de l'Ouest ; seuls les Actes des Apôtres (2, 10) font allusion à « la Libye voisine de Cyrène ». Pourtant, les légendes sur l'origine palestinienne des Berbères (Fl. Jos., Ant. iud., I, 15, suivi par Eusèbe, Praep. euang. I, 20, sur les descendants de Madian, fils d'Abraham et de Khetura, mais il s'agit des Berbères de Cyrène), les traditions sur les Israélites chassés de Palestine par Josué et réfugiés en Libye (Procope, Bell. Vand., 20, 10), ou sur la victoire de David sur Goliath considéré comme l'ancêtre des Berbères (Ibn Khaldûn, Hist. des Berbères, I, p. 176) ne sont que des intrusions tardives : la plus ancienne, sur l'installation en Afrique de Guirgashi - et qu'une ressemblance toute formelle avec le toponyme Gergis a pu favoriser - apparaît dans le midrash lévitique rabba, XVII; le texte serait du II e siècle après J.-C. Née dans le milieu juif de Cyrène selon N. Slouschz, plus généralement dans la littérature hébraïque selon M. Simon, ou dans les œuvres des chrétiens selon Gsell (H.A.A.N., I, p. 341, n. 3), cette tradition est encore considérée comme représentative d'une grande antiquité des établissements juifs par certains érudits qui se fondent, pour la défendre, sur un autre argument, l'ancienneté, plus hypothétique que prouvée, de l'usage de l'hébreu dans les communautés du Maghreb (pourtant l'épitaphe volubilitaine I.L.M., Inscr. hébraïques, n° 6, rédigée en hébreu, de Matrona, fille de rabbi Yehuda, considérée par M. Simon comme « la plus ancienne inscription hébraïque actuellement connue en dehors de la Palestine », n'est sans doute que d'une antiquité relative car le nom Matrona semble plus latin qu'hébreu; on a proposé de la dater du IV e siècle après J.-C). D'où l'idée que l'installation des Juifs au Maghreb se placerait à une époque antérieure à l'utilisation généralisée de l'ara- méen en Palestine. Hirschberg accepte ainsi qu'elle remonte peut-être à la coloni- sation tyrienne et sidonienne et explique l'absence de documents par une possible 3940 /Judaïsme assimilation des Juifs aux Puniques (ce qui est une vue surprenante du point de vue religieux). Une seconde hypothèse moins ambitieuse, qui se fonde sur trois passages d'Isaïe à vrai dire assez obscurs (43, 5-6 ; 49, 12 ; 66, 19-20), y verrait une suite de la destruction du Temple en 586. Cette tradition est très vivace autour de la synagogue de la Ghriba à Jerba, mais N. Slouschz lui-même y avait constaté que les plus anciennes tombes étaient médiévales, et que la liste des rabbins remontait, au plus haut, au VIII e siècle après J.-C. Les Juifs de l'Afrique à l'ouest des Syrtes n'apparaissent donc dans une lumière historique qu'au II e siècle de notre ère, et surtout au III e siècle : c'est à peu près l'époque (d'ailleurs controversée: Hirschberg, 1974, p. 28, voudrait la faire remonter à la fin du règne de Trajan) où R. Aqiba aurait visité les communautés d'Afrique (Talm. de Babylone, Roch hachana, 26 a). La Cyrénaïque En revanche, nous sommes mieux renseignés, pour une période plus ancienne, sur les Juifs dans la partie orientale du monde berbère, la Cyrénaïque. Si Héro- dote (IV, 186) signale des Juifs dans quelques ports et quelques cités plus ou moins bien identifiés, on peut considérer que l'essentiel des effectifs du judaïsme cyrénéen est vraisemblablement d'origine égypto-ptolémaïque. Flavius Josèphe admet que c'est la conquête de Cyrène par Ptolémée I er à la fin du IV e siècle avant J.-C. qui provoqua l'installation des Juifs dans ce secteur de la Libye, où le judaïsme n'apparaît que comme un prolongement de la diaspora d'Égypte. L'existence des Juifs est attestée par un témoignage épigraphique, le sceau de Obadiah fils de YSB, et par la mention de Jason de Cyrène dans le second livre des Macchabées (2, 19-24). Selon Flavius Josèphe (Ant. iud., IV, 72), 500 000 Juifs sont installés en Cyrénaïque (chiffre sans aucun doute exagéré quand on sait que la population totale du pays n'atteignait probablement pas cet effectif) ; ils y constituent la quatrième classe de la population, mais leur organisation administrative reste malheureusement mal connue. La constitution d'une province romaine en 96 avant J.-C. ne paraît pas avoir modifié leur statut, ni amélioré leurs relations avec les Grecs : comme à Alexan- drie, elles demeurent toujours tendues, et expliquent sans doute les troubles de 87 avant J . - C , qui conduisirent Sylla à dépêcher des renforts pour rétablir l'ordre ; mais on ignore le détail. En revanche, à l'époque de César et d'Auguste, la situation des Juifs est favorable; ils jouissaient d'une certaine autonomie cultu- relle et religieuse, et d'immunités qu'Auguste a confirmées ; le gouverneur avait toutefois un droit de contrôle. Selon Flavius Josèphe, l'effectif des communautés aurait crû de façon notable. Diverses inscriptions montrent les Juifs de Berenikè témoignant leur reconnaissance au gouverneur M. Titius vers 9-8 avant J.-C, assumant la dépense de réparations à l'amphithéâtre (qui semble avoir été le lieu où leur politeuma [communauté] se rassemblait), restaurant une synagogue en 54 après J.-C. Il ne semble pas que les difficultés surgies vers 40 entre uploads/Histoire/ encyclopedie-berbere-n-26 1 .pdf
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- Publié le Oct 05, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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