1 ESCHATOLOGIE : PRÉTÉRISME ou FUTURISME ? Par Tribonien Bracton1 Dernière m-à-

1 ESCHATOLOGIE : PRÉTÉRISME ou FUTURISME ? Par Tribonien Bracton1 Dernière m-à-j : 12 mai 2019 « Vous n’aurez pas fini de parcourir les villes d’Israël, que le Fils de l’homme sera venu. » (Matthieu 10:23) « Quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir dans son règne. » (Matthieu 16:28) Tables des matières 1. Introduction — Les termes du débat ..................................................................................................... 2 2. Pas de consensus historique ..................................................................................................................... 3 3. Pas de sophisme de faute par association, s’il vous plaît !.................................................................... 4 4. Les lettres aux sept églises d’Asie mineure : un ancrage prétériste ..................................................... 5 5. « Tout œil le verra »... au Ier siècle ............................................................................................................ 6 6. La séquence logique et chronologique de l’Apocalypse ....................................................................... 7 7. La Bête qui monte de la Mer = “666” = Néron César ........................................................................ 9 8. Les « derniers jours »... de l’Ancienne Alliance .................................................................................... 12 9. Un jour est comme mille ans ?............................................................................................................... 14 10. L’homme impie et celui qui le retient ont vécus au Ier siècle ........................................................... 14 11. Connexité entre Jérusalem & les chrétiens d’Asie mineure ............................................................. 16 12. Gog et Magog : L’annihilateur annihilé .............................................................................................. 16 13. Bibliographie .......................................................................................................................................... 18 14. Annexe 1 — La nécessaire pertinence de l’Apocalypse au Ier siècle .............................................. 21 15. Annexe 2 — Citations historiques de protestants prétéristes ......................................................... 22 1 L’auteur, Canadien français, est réformé baptiste de conviction, et historien & juriste de formation. 2 Dans le présent document, sauf indication contraire, les extraits textuels de la Bible proviennent de la version Louis Segond 1910, les citations traduites de l’anglais au français le furent par l’auteur, les emphases (caractères gras ou soulignés) furent ajoutées par l’auteur, et la typographie (guillemets, ponctuation, etc.) fut standardisée par ce dernier. 1. Introduction — Les termes du débat L’eschatologie est la doctrine qui pointe vers l’Eschaton, terme grec signifiant la Fin du temps, c’est-à-dire la Fin de l’histoire. Aujourd’hui, dans les milieux protestants, il existe deux principaux courants théologiques en ce qui a trait à savoir si une certaine sélection de textes prophétiques de la Bible (Apocalypse 1 à 19, 2 Thessaloniciens 2, 2 Pierre 2:1 à 3:10, 2 Timothée 3:1 à 4:5, etc.) se rapportent à des événements historiques du Ier siècle de l’ère chrétienne ou bien s’ils se rapportent à des événements de la Fin du monde, c’est-à-dire l’Eschaton. Le courant prétériste (du latin praeteritus, « passé ») soutient que l’accomplissement de cette sélection de textes clés est survenu au Ier siècle, et consiste principalement en la Révolte juive qui a ravagé la Terre sainte de 66 à 74 et plus particulièrement le siège de Jérusalem par trois légions romaines et la destruction du Temple par Titus en l’an 70. Le bilan de ce cataclysme est la cessation définitive du système sacrificiel de l’Ancien Testament, un million de juifs morts et cent mille juifs réduits en esclavage. Le courant futuriste soutient que l’accomplissement de cette sélection de textes clés surviendra dans un futur indéterminé (quoique toujours supposément imminent). La conclusion — parfois consciente et avouée, parfois inconsciente et inavouée — de la position futuriste est que les tribulations décrites dans ces textes tomberont tôt ou tard sur l’Église chrétienne et que l’histoire (= passé-présent-futur) se dirige irrémédiablement vers le chaos, l’apostasie, le désespoir et l’impiété. Le présent document est un argumentaire succinct en faveur de la position prétériste. L’école prétériste soutient, sans intention d’offense, qu’elle met de l’avant une eschatologie plus sobre et terre-à-terre que l’école futuriste, laquelle ouvre davantage la porte à la fabulation et à l'extrapolation. Au chapitre de la sobriété exégétique, le prétérisme soutient notamment que les « antéchrists » mentionnés quatre fois par l’apôtre Jean dans ses deux épîtres (1 Jean 2:18/22 et 4:3 ; 2 Jean 7) ne décrivent pas un personnage unique et spécifique, mais n’importe quel individu, entité, organe, institution ou mouvement qui blasphème la 3 Trinité... et cela dès le Ier siècle. Le prétérisme soutient aussi que l’enlèvement n’implique pas la disparition des chrétiens hors de la Terre2. Avant de poursuivre, précisons que la vaste gamme de passages bibliques pertinents fait en sorte qu'il est inévitable, pour maintenir une théologie cohérente, de faire une lecture futuriste d’au moins quelques passages3. Sinon, on tombe dans l’erreur de l’hyper-prétérisme, aussi appelé prétérisme plein. Celui-ci soutient faussement que le retour corporel de Jésus, la résurrection corporelle des justes & des injustes, et le Jugement dernier ne sont qu’allégoriques et qu’ils sont déjà survenus au Ier siècle. L’hyper-prétérisme est une hétérodoxie (ou peut-être même une hérésie) qui sort clairement du cadre de l’orthodoxie protestante et qui est rejetée par le prétérisme orthodoxe, aussi appelé modéré ou partiel, qui affirme que ces trois événements auront lieu à l’Eschaton et qu’ils seront littéraux4. C’est le prétérisme orthodoxe qui est mis de l’avant dans la présente étude, pas l’hyper-prétérisme. 2. Pas de consensus historique Comme les travaux de recherche et de traduction de l’érudit Francis Gumerlock le démontrent, les positions prétériste et futuriste coexistent depuis le IIe siècle de l’ère chrétienne. Au cours de l’histoire de l’Église, différents théologiens ont eu des opinions extrêmement variées sur l’eschatologie, entremêlant et combinant souvent interprétations prétéristes et futuristes, et acceptant parfois la recevabilité des deux5. Le prétérisme a compté beaucoup d'adhérents parmi les Pères de l'Église. Par la suite, le prétérisme a aussi gagné de nombreux adhérents dans les Églises byzantine, syriaque, occidentale médiévale, et même russe. Historiquement, il est incontestable que le prétérisme, au même titre que le futurisme, était largement reçu dans la théologie chrétienne longtemps avant que le jésuite Luis Alcasar ne systématise tardivement cette doctrine au XVIIe siècle. 2 Tribonien Bracton, « L’“antéchrist” n’est pas un personnage précis, mais quiconque s’oppose à Christ », 16 novembre 2013, Le Monarchomaque, http://wp.me/pAowO-1uD ; Maxime Georgel, « L’enlèvement : c’est quoi, c’est quand ? », Par la foi, 16 février 2018, http://parlafoi.fr/2018/02/16/lenlevement-cest-quoi/. 3 Tribonien Bracton, « Tableau de répartition des textes dans une perspective prétériste », Le Monarchomaque, 5 avril 2014, http://wp.me/pAowO-1EK. 4 Pour des critiques réformées de l’hyper-prétérisme, consultez : Keith Mathison, When Shall These Things Be ? A Reformed Response to Hyper-Preterism, Phillipsburg (New Jersey), Presbyterian & Reformed Publishing, 2004, 376 p. ; Kenneth Gentry, Have We Missed the Second Coming ? A Critique of the Hyper-preterist Error, Fountain Inn (Caroline du Sud), Victorious Hope Publishing 2016, 154 p. ; Joel McDurmon, We Shall All Be Changed : A Critique of Full (Hyper) Preterism, Powder Springs (Géorgie), American Vison Press, 2012, 131 p. 5 Tribonien Bracton, « Tableaux d’histoire de l’eschatologie », Le Monarchomaque, 23 juin 2014, http://wp.me/pAowO-1Kw. 4 Le prétérisme semble avoir été introduit dans les cercles réformés par Heinrich Bullinger en Suisse alémanique grâce à son Commentaire sur Matthieu publié en 1542 et ses Cent sermons sur l’Apocalypse de Jésus- Christ publiés en 1557. Ensuite, le prétérisme fut relayé par le savant écossais John Napier dans son Plaine Discovery of the Whole Revelation of St John publié en 1593 (puis traduit en français en 1602). La Geneva Bible anglaise de 1599 — la traduction des puritains non-conformistes — fit une lecture prétériste d’Apocalypse 12:4, où elle identifia la clause « un temps, des temps et la moitié d’un temps » comme étant la période allant « de la très grave Rébellion des juifs jusqu’à la destruction de la cité et du Temple, puisque leur destruction & chute débutèrent en la douzième année de Néron [...]. Trois ans et demi après que les juifs débutèrent cette défection, et que ces phénomènes se produisirent, la cité fut prise de force, le Temple renversé, et cette place abandonnée par Dieu : c’est cette computation des années que Jean avait noté en premier lieu6. » Au XVIIe siècle, le prétérisme fut promu par l’épiscopalien high-church Henry Hammond (1605-1660), le presbytérien John Lightfoot (1602-1675) — un des Westminster Divines puis vice-chancelier de l’Université de Cambridge, et le dirigeant congrégationaliste John Owen (1616-1683) — surnommé le « Prince des puritains ». Au XVIIIe siècle, c’est nul autre que le chef de file des réformés baptistes en Angleterre, le révérend John Gill (1697-1771), et l’épiscopalien low-church Nehemiah Nisbett (professeur au Glasgow College en Écosse), qui prônèrent le prétérisme sur plusieurs passages clés. Il n’existe donc pas de consensus historique que l’ont puisse opposer aux prétéristes d’aujourd’hui. Historiquement, prétérisme et futurisme ont largement coexisté dans la théologie des diverses dénominations, avant qu’une variante inusitée du futurisme, le dispensationalisme7, soit concoctée par Nelson Darby au XIXe siècle puis popularisée au XXe par Cyrus Scofield grâce à sa Bible d’étude Scofield. 3. Pas de sophisme de faute par association, s’il vous plaît ! Maintenir que les protestants prétéristes contemporains sont dans l’erreur parce que le premier auteur à avoir systématisé le prétérisme est (supposément) le jésuite Luis Alcazar (en réalité, le dominicain Jean Henten le précéda) est un sophisme de faute par association. On pourrait tout aussi facilement dire que les protestants futuristes contemporains sont dans l’erreur car le premier auteur à avoir systématisé le 6 Francis Gumerlock, Revelation and the uploads/Histoire/ eschatologie-preterisme-ou-futurisme.pdf

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  • Publié le Fev 08, 2022
  • Catégorie History / Histoire
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